Euskadi
112 pages
Français

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Description

La narratrice a archivé dans cet ouvrage un florilège d’époques, d’évènements, de personnages dont plusieurs sont le reflet de son identité. Ces derniers, à travers certains faits réels, portent ses espoirs, ses rêves les plus fous. Aussi, dans « l’isoloir » de l’écriture, séjourne un univers généreux d’amis sincères et dévoués.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414386505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-38760-1
 
© Edilivre, 2019
Exergue
 
Arcangues… Le 13 novembre 1978
Il y a parfois des choses étranges qui nous font penser que dans ce monde rien n’est « hasard ». Je ne veux surtout pas alimenter la polémique entre ce vocable et le mot « destin » ; je laisse à certains le droit de philosopher sur ces termes, de surcroit ambigus. Toutefois, certains événements particuliers me surprennent dans leurs déroulements et j’en conclus que parfois nous sommes faits pour nous « retrouver ».
Des êtres sont quelquefois aimantés à un passé, sans en connaitre l’histoire et, un jour, certaines rencontres s’imposent comme si un temps leur était consacré par je ne sais quelle volonté de les réunir.
Dès lors, s’entrelacent des lieux, des villes, des pensées, des passions et… des récits.
Joséphine C.
Eugenie
Elle arriva sur les Ramblas de Biarritz ; il était seize heures et le long voyage en voiture la rendait insensible à la vue de cette mer bouleversante et à ce panorama idyllique. Les heures au volant de sa « Clio » avaient engourdi ses membres et des tensions cervicales l’empêchaient de tourner la tête. Elle s’installa sur un banc de marbre, à côté d’un couple de sexagénaires, pour s’enfiler un sandwich au saumon fumé qui s’était réchauffé sur la banquette arrière de son automobile. Le bruit des voix des estivants l’accueillait et, se laissant porter par cette mélodie qu’elle aimait tant, elle sourit… Rien ne pouvait égaler ce spectacle ambiant qui contrastait avec la région parisienne qu’elle venait de quitter quelques heures auparavant. Elle savourait le plaisir de se retrouver seule face à la mer et dans l’antre d’une époque révolue qu’elle imaginait… L’ombre d’Eugenia de Montijo planait au dessus du monumental Hôtel du Palais. Dans son enfance, l’histoire de cette belle dame l’avait interpellée. Elle s’était contentée de quelques événements significatifs sur sa noblesse de cœur, annihilant complètement certains récits dévastateurs de la « de Montijo ». Eugénie reconnaissait le pouvoir de séduction de cette femme ainsi que sa beauté ravageuse qui avaient attiré les regards d’hommes influents, bien que son parcours ne l’eût pas fait rêver. Et pourtant… portant le même prénom qu’Elle, elle s’était plongée très tôt dans les mémoires de celle qui avait laissé sa trace sur la Côte des Basques.
Elle observa avec attention les promeneurs qui déambulaient au bord de l’eau ; leur nonchalance donnait à penser qu’ils n’avaient aucun but précis mais il n’en était pas ainsi. Leurs tenues vestimentaires évoquaient une activité dans les affaires. Leur passage sur le bitume paraissait leur apporter un bien-être grâce au contact des embruns de la mer agitée sur leur visage. Instinctivement, elle s’attarda sur la course de nombreux chiens qui passaient de la terre ferme au sable fin. Elle fut étonnée de la désinvolture des maîtres qui faisaient preuve de cécité à la vue de toutes les pancartes interdisant aux êtres à quatre pattes à occuper l’espace réservé aux humains. Son regard se porta sur une boule de poil. Un peu désorienté et sans personne pour le surveiller, il était différent des autres chiens par son surprenant va-et-vient. Il finit, fatigué, par s’allonger sur l’asphalte. Nul ne paraissait s’intéresser à lui, alors elle préféra flâner sur la « promenade », laissant derrière elle l’animal couché. Elle ne fit que quelques pas… le chien recommença à courir et aussitôt elle constata qu’il était en recherche… elle le suivit du regard et décida d’intervenir. La voyant s’approcher, il la fit courir sur le sable mouillé, zigzagant, aboyant. Elle arriva à l’agripper par le collier qu’il portait à son cou. Sur une petite médaille était inscrit minutieusement un numéro de portable ; elle le composa.
Une femme lui répondit lui disant que son chien était un fugueur et un habitué des escapades. Elle lui demanda poliment de bien vouloir le lui ramener à son cabinet vétérinaire qui se trouvait aux abords du quartier Saint-Charles, en lui proposant de la dédommager pour sa belle action de sauvetage. Eugénie déclina la deuxième proposition et l’invita à venir la rejoindre à l’entrée du Grand Hôtel vers dix-huit heures pour récupérer Spirou ; c’était son nom.
Elle lui attacha un de ses foulards qu’elle emportait à tous ses voyages et promena son nouveau compagnon aux alentours du lieu de rendez-vous.
La vétérinaire arriva à l’heure dans les jardins du grand bâtiment où Eugénie avait patiemment attendu. La femme était souriante, élégante dans un ensemble blanc et aucunement préoccupée par la situation.
– Venez, je vous offre un verre !
Elle changea machinalement l’attache du chien, rendit le carré de tissu bariolé à sa propriétaire, prit le bras de celle-ci pour la guider à travers une étroite allée. Au bout de celle-ci, une vue sur la ville étonnement sublime et aux abords du rivage une mer enveloppée d’écume ravirent Eugénie. Sur la droite, des estivants en peignoir de bain s’exposaient au soleil et, un peu plus loin, certains endimanchés consommaient des rafraichissements et dégustaient des petits-fours. La vétérinaire, très à son aise, s’installa autour d’une petite table abritée par un parasol blanc et commanda des cocktails au serveur qui arrivait avec empressement, et formula gracieusement à l’encontre de son invitée :
– Avec ou sans alcool ?
Eugénie, admirative de cette assurance si particulière qu’avaient par ailleurs les femmes de pouvoir, murmura :
– Sans alcool !
Elle se demanda alors si elle ne détenait pas à l’instant même un nouveau sujet de roman.
* *       *
Il y a bien longtemps, Eugénie avait percé dans le domaine littéraire. Au début, on ne peut pas dire que tout fut facile mais ses parents, des personnes d’un âge avancé à son arrivée dans la vie, lui avaient tracé le chemin en se faisant aider par un couple d’amis qui travaillaient en duo dans une maison d’édition. Des lors, elle fut embauchée par un journal où elle rédigeait de courtes histoires qui paraissaient sur les dernières pages de l’éditorial jusqu’au moment où elle se lança dans le roman. Aussi elle travailla dans sa chambre de jeunesse, en guise de bureau, et partit du cocon familial sur le tard pour vivre dans un petit appartement de la région ouest de Paris. Elle vivait ainsi de sa passion. Certes l’écriture la contraignait à une certaine discipline, celle de développer au fil du temps un sujet précis, de s’astreindre à des horaires, à une existence solitaire mais… elle savourait ces instants d’intimité avec ses personnages, ses voyages dans l’abstrait qu’elle décrivait, ses parcours exaltants d’une histoire à une autre, l’attente anxieuse de la fin de l’ouvrage comme une mère attendant la naissance de l’enfant. Elle parcourait les lignes, errante, à la recherche de mots qu’elle choisissait avec émotion, suffoquant par moment à l’aube de la conclusion comme si le point final fermerait enfin la porte des vies qu’elle avait portées. A cet instant, les douleurs de l’enfantement lui étaient cruelles et elle versait quelques larmes pour expulser son nouveau né ; c’était cela la vie qu’elle partageait désormais avec sa mère restée veuve. Cette femme distinguée savait discerner en elle la faculté de conteuse sans omettre les failles de l’écrivaine qu’elle était devenue. Eugénie se cherchait dans les méandres de ses anecdotes, quête déroutante de quelque chose qui lui manquait depuis toujours.
Dans sa petite ville de soixante quinze mille âmes, les journées étaient rythmées par son travail, le passage de sa mère qui passait de temps à autre lui apporter des petits plats soignés, les sorties avec de nombreux amis, ses activités bénévoles au sein de plusieurs organismes, ses présences régulières dans les salles de cinéma… et par ses refus de participer aux dédicaces proposées par son éditeur. Ce dernier dût s’accommoder, par la force des choses, à son fonctionnement étrange et à cette volonté de rester anonyme. Avait-elle peur du regard de « l’autre » ? S’était-elle appropriée le statut d’écrivaine « reconnue » sans donner l’occasion à ses lecteurs de la connaitre ? Eugénie ne s’attarda jamais à l’analyse de ses angoisses perpétuelles. Ne maitrisait-elle pas les divergences de sa nature incohérente, de ses conjectures sur les problématiques liées à l’enfance qui paraissaient la titiller par moment ?
Mère était là… Doña Simona à l’écoute de ses plaintes et de ses joies, attentive à ses manques, disponible à ses attentes ; elle était son tuteur, son alliée, sa conseillère. Eugénie avait toujours eu besoin d’elle et elle avait toujours été présente pour la soutenir. Il y a quelques années, c’était elle qui avait fait les démarches de rupture de son couple mettant ainsi fin à un véritable fiasco. Cette relation nocive avait laissé le goût amer de l’humiliation mais n’avait pas laissé place à l’amertume ni au désarroi, mais au mot Liberté. Tout cela, elle le devait à Mère.
* *       *
– Je m’appelle Sofia, et vous ?
– Eugénie, répondit-elle machinalement.
La vétérinaire lui souriait, intriguée par cette distance qu’Eugénie avait inconsciemment installée.
– Cet environnement me rappelle un endroit.
Elle s’arrêta un instant.
– Je me revois, arpentant les ruelles du quartier des Habous à Casablanca, vous savez, au Maroc, et je ne sais pas pourquoi. Là-bas se trouve un palais entouré de végétation luxuriante et j’ai eu envie d’y retourner.
Le son de sa voix baissa. Elle était intimidée par cette femme qui ne cessait de l’observer et à qui elle donnait la permission de pénétrer dans le jardin réservé aux siens.
– Vous avez vécu au Maroc ? lui demanda Sofia.
– Non, pas

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