Ezza Agha Malak. A la croisée des regards
315 pages
Français

Ezza Agha Malak. A la croisée des regards , livre ebook

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315 pages
Français

Description

Cet ouvrage se présente comme un outil au service de ceux qui s'intéressent à la littérature francophone en général et à l'exploration du monde féminin en particulier. La richesse majeure de ce collectif réside dans les regards de ses réalisateurs. Universitaires, journalistes, ingénieurs d'études, critiques littéraires, enseignants du FLS et FLE interrogent et explorent, à travers des perspectives variées, les dessous, la typograpghie et les enjeux de l'oeuvre de l'écrivaine Ezza Agha Malak.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 138
EAN13 9782296252059
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉFACE de Romain VIGNEST Président de l’Association des Professeurs de Lettres
Il est désormais coutumier d’évoquer Baudelaire, Rimbaud et Proust à propos d’Ezza Agha Malak. De fait, spécialiste, entre autres, de la littérature française du XIXe et du XXe siècles, Ezza s’est assimilé, en artiste, l’objet de son étude universitaire et le lecteur de ce recueil de textes analytiques que forment cet ouvrage collectif, prendra la mesure de cette innutrition en lisant notamment les articles de Cynthia T. Hahn ou de Badia Mazboudi : la synesthésie n’est pas chez elle un jeu rhétorique, mais bien la concrétion d’une exploration intime de l’humain. On a aussi, à juste titre, évoqué Diderot – celui deLa Lettre aux aveugles, ou ici aux anosmiques ! – pour son sensualisme et son esprit de subversion. J’aimerais pour ma part proposer un rapprochement avec Balzac. Ezza en effet, qui en cela s’inscrit dans une tradition bien française et francophone remontant à Mme de Lafayette, est un maître du roman psychologique. Ellemême le revendique et la plupart des études qu’on lira ici le manifestent avec bonheur. Mais, comme dansLa Comédie humaine, l’analyse psychologique procède chez notre romancière d’un vaetvient continu avec celle de l’environnement, du milieu, immédiat et lointain, elle prend tout son relief dans les « scènes » que sont ses déjà nombreuses œuvres : « scènes de la vie conjugale », « scènes de la vie militaire », « de la vie parisienne, beyrouthine, tripolitaine », « de la vie de province »… et même
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« documents touristiques » comme le note si justement Nisrine Khaled Harakeh à propos deLa Femme de mon mari. De sorte que l’on peut dire de ses personnages comme de Mme Vauquer : « enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. » Badia Mazboudi montre que Yaraest(oun’est plus) ses odeurs, sa mémoire, ses racines, que son corps réagit à la famille et aux lois qui l’oppriment. Ce caractère totalisant est en effet particulièrement patent dansAnosmiadans ou La Mallette, dont Georges Khoriaty livre à cet égard deux lectures fort éclairantes : le moi implique toute la société, il découle d’une histoire, son exploration nous amène au bout du compte à considérer toute l’humanité. L’œuvre d’Ezza illustre constamment et magistralement l’interdépendance du moi et du monde et combien le monde, proche et distant, celui de la maison et celui de la géopolitique, celui des parfums et celui des idéologies, façonne, pétrit et repétrit le moi, lequel, en retour, le recompose selon le kaléidoscope de ses sensations apprises et métamorphosées. Même quand Ezza est engagée – elle l’est toujours d’ailleurs, mais plus densément, ou plus évidemment, dans un roman commeBagdad –, plus balzacienne que sartrienne en cela, ses prises de position procèdent d’une perception totale du monde et de l’homme : son œuvre estengagéeau sens où elle estimpliquée,insérée,imbriquée. Aussi ne s’étonneraton pas du symbolisme de son écriture. Plusieurs de ses œuvres rayonnent autour d’un symbole, le nez et l’« o » dansAnosmia, le rat duRôdeur nocturne, laMallettela couleur bleue… Et ce évidemment,
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sont de véritables symboles, dans la mesure où ils ne se contentent pas d’être des signes, mais sont la chose elle même, à la fois sur un mode microcosmique et par leurs interférences avec le monde : ils cristallisent et relient le monde – ainsi d’un rongeur et d’un sommet diplomatique… Gilles Sicard, son compagnon et duettiste d’A quatre mainset àdeux cœursla poésie obéit à un, rappelle que « dieu Pan, qui rassemble et reconnaîttoutsa houlette »  sous : « Elle est lepan, qui veut dire “tout” ». Les études réunies ici montrent donc combien est poétique l’œuvre d’Ezza Agha Malak, parce que son écriture foisonnante, que Georges Khoriaty qualifie avec raison d’« heuristique », parcourt et condense l’homme et le monde tout entiers. Il y faut assurément une formidable capacité d’empathie. Aussi bien les qualités de la romancière et de la poétesse sontelles d’abord celles de la femme Ezza, douce, attentive, enthousiaste, envoûtante, à qui je dois dire ici la chance que j’eus de faire sa connaissance à Québec, l’an dernier, lors du Congrès mondial des Professeurs de Français. Elle y défendit et illustra cette « histoire d’amour » qui, depuis l’école primaire, l’unit au français, « langue salutaire », ditelle, dont elle perpétue à son tour les « subtilités inégalables » et l’inaltérable propension à l’universel. En mai dernier, elle illumina de son charme et de son érudition le colloque que notre association organisa à Marseille sur la langue française et la Méditerranée – cette mère dont Yéhia Taha Hassanein étudie magistralement la lumineuse prégnance dans son œuvre poétique. Profondément humaine, Ezza Agha Malak fait du français l’instrument renouvelé de l’exploration des âmes, si
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bien que les « dessous de l’œuvre » que notre lecteur s’apprête à visiter ne sont autres que ses propres abysses. Heureux quant à nous si nous avons pu l’engager à franchir plus fermement, comme Énée celles d’ivoire ou de corne dont parle Virgile, ces portes de la nuit qui lui sont si généreusement ouvertes. R.V. Juillet 2009 Paris
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