Gilgamesh
146 pages
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Gilgamesh , livre ebook

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Description

Il ne saurait s’agir dans ce livre de proposer une biographie d’un personnage dont aucune trace historique ne subsiste. Néanmoins, celui dont il est question dans cette narration a vraisemblablement existé ; le texte le plus ancien qui en a pour la première fois raconté l’épopée, aurait été composé il y a plus de 4 500 ans. On y fait mention de Gilgamesh, roi d’Uruk, ville à laquelle les historiens rattachent l’invention de l’écriture.
Ce texte, gravé sur des tablettes d’argile redécouvertes au XIXe siècle, fut, au moins partiellement, le fruit de l’imagination et des croyances des hommes de ce temps. Peut-on légitimement s’en servir aujourd’hui pour recréer une fiction ? Oui, si nous savons entendre les interrogations des contemporains de Gilgamesh et si nous considérons qu’il est des thèmes de réflexion qui sont universels et intemporels. Le temps alors n’efface rien, il est au contraire ce qui unit les pensées. Et c’est en fin de compte lui qui finit par s’évanouir, permettant aux idées de construire et de constituer un socle commun à diverses civilisations. Que dire par exemple, de l’amitié, de l ‘amour, de la mort ? Qu’est-ce que le pouvoir ? A ces questions, aucun évènement particulier ni aucun concept général ne permettent d’apporter une réponse satisfaisante et définitive. Aujourd’hui, comme il y a plusieurs millénaires, nous ne pouvons que constater nos tâtonnements et avouer notre faiblesse face à qui représente ce qu’il y a de plus essentiel et de plus fondamental dans la vie de chaque être humain.
Et c’est alors la question du sens qui est posée, question qui ne peut trouver de réponse, mais qu’il serait vain de vouloir éluder.

Après Voies Croisées, Jean-Luc GRAFF signe son deuxième ouvrage aux Éditions Edilivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332578334
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-57832-7

© Edilivre, 2014
Première partie
I
Moi, Gilgamesh, habitant de la ville d’Uruk, ville prospère construite sur les bords de l’Euphrate, j’en ai été le roi. J’ai connu l’ivresse des plaisirs et le désespoir que fait jaillir le plus cruel des tourments. J’ai su ce qu’étaient la plus folle des espérances, la plus insensée des vanités, la plus cruelle des désillusions, mais j’ai appris aussi ce que pouvait signifier le simple fait d’exister. J’ai su jouir, j’ai su asservir, j’ai voulu être l’égal des dieux, j’ai été l’objet de leur mépris et de leur indifférence ; j’ai alors découvert ce qu’était l’humanité et ce que d’en faire partie, impliquait. Je sais maintenant que si l’existence est une énigme, il est vain d’en chercher la solution en usant de subterfuges et de stratagèmes.
Pourquoi parler de l’existence comme d’une énigme ? C’est de l’errance née de cette interrogation dont il va être question ici ; en effet, je me souviens des multiples échanges et conversations que j’ai eus et j’en ai gardé la trace comme s’ils venaient de se produire. Tout est resté dans ma mémoire, le temps n’a rien effacé, au contraire il a imprimé de sa marque indélébile chaque évènement.
Ce que je recherchais et ce dont je me satisfaisais au début de mon règne étaient la multiplication des plaisirs et la griserie qu’engendre la possibilité de pouvoir tous les satisfaire. Roi j’étais, il importait donc que je susse si telle ou telle accorte jeune fille allait rendre son mari heureux, il fallait en conséquence que j’en goûtasse les charmes ; roi j’étais, il était de fait indispensable que je fisse combattre leurs prétendants, car un mauvais guerrier ne saurait être un bon amant, l’inverse étant vrai également. Beaucoup d’entre elles n’acceptèrent qu’avec réticence de devenir mes courtisanes d’un soir, beaucoup d’entre eux moururent avant d’avoir pu connaître la volupté que semblait leur assurer leur douce promise.
Le peuple se mit à murmurer, car il désapprouvait que je régnasse ainsi, mais je m’en moquais. Ne suis-je pas le fils de Lugalbanda et le petit-fils d’Enmerkar, qui ont été tous deux non seulement roi d’Uruk avant que je ne le sois, mais appartiennent l’un et l’autre à la race des dieux ? Lorsque mon père rejoignit Enmerkar dans le lointain empyrée céleste, lieu magique où habituellement séjournent les dieux et leurs serviteurs, la charge de gouverner la cité d’Uruk m’échut.
Mes sujets avaient craint et respecté mes honorables aïeux. Il est vrai, que fréquemment un peuple fait montre de zèle pour professer une probité qu’en réalité il méprise, entretenant ainsi l’espoir d’être considéré comme vertueux et digne d’intérêt par ceux qui le dirigent. De sorte que ces derniers trouvent naturel de le gratifier d’avantages et d’accommodements divers. Progressivement pourtant, la multitude d’Uruk ne voulut plus se soumettre à ses devoirs et à ses obligations. Mes conseillers ne cessaient de me répéter que le plus grand nombre de mes sujets étaient satisfaits, mais les prêtres, à plusieurs reprises, me firent savoir que de plus en plus souvent, des fidèles dépités et désabusés leur demandaient d’implorer les dieux et de leur faire tant d’offrandes que ceux-ci allaient finir par compatir et donner une suite favorable à ces suppliques répétées. Encore jamais ces hiérophantes, chargés de réciter les litanies des différents cultes, n’avaient reçu autant d’oblations : des fruits, des tartes, des bœufs, des moutons, des poissons, de la bière ; tout cela leur était livré en quantité telle qu’ils commençaient à avoir le teint rose qu’arborent ceux qui s’adonnent à la ripaille et finissent par y trouver l’unique raison de leur contentement. Je me persuadais que j’étais, sinon l’égal des dieux puisque j’étais roi et d’ascendance divine, mais du moins, qu’il ne se trouverait personne parmi les humains qui pourrait s’imaginer se mesurer à moi au combat et y avoir l’avantage sans être immédiatement terrassé par ma fureur. Je restais donc indifférent aux rumeurs et négligeais les recommandations qui se voulaient avisées, confiant dans l’innocence d’un devenir qui jamais, au grand jamais, ne saurait un jour m’être défavorable.
Un matin, alors que je me laissais aller aux pensées enjouées qui font fréquemment de chaque commencement de journée un moment d’optimisme – la sérénité du soir étant l’épilogue de l’entrain du matin –, on vint m’annoncer qu’un chasseur désirait me parler. Je pensais tout d’abord que l’objet de sa visite n’était lié qu’à une déplaisante affaire de cœur et que, de par mes prétentions et mes gaillardises, j’avais mis cet homme, en tant que futur époux, dans un embarras fâcheux. De manière générale, lorsque cela se produisait, je feignais de regretter ce qui s’était passé et je faisais remettre un ou deux moutons au plaignant, ce qui avait pour effet de transformer dans l’instant son affreuse irritation en un désagrément tout à fait passager. Je le fis donc entrer, prenant un air exprimant à la fois une compassion de mise, mais aussi un certain dédain car je rechignais à perdre trop de temps avec quelqu’un qui avait eu l’impudence de m’importuner pour une affaire somme toute sans importance. Il se présenta, et dit se nommer Shangasu. Il m’apparut immédiatement qu’il n’était ni énervé ni indigné par ma personne, je pris donc un air plus aimable et lui demanda sur un ton calme l’objet de sa venue. Il m’indiqua connaître parfaitement la steppe autour d’Uruk, qu’il parcourait depuis qu’il était enfant. Ce fut là un propos qui me sembla d’une insigne banalité ; je me gardai pourtant de le lui faire remarquer. Il est vrai que ceux qui sont de vile condition, lorsqu’ils sont en face d’un puissant, essaient d’exprimer le mépris qu’ils ressentent immanquablement par l’énonciation de sottes platitudes. Et le puissant, finalement tout aussi benêt, veut y percevoir au contraire le signe de son pouvoir d’influence, voire d’intimidation. Car cela évitera certainement l’impertinence de certains propos moins courtois ! Il me fit ensuite la description d’un homme qui errait depuis quelques temps dans la steppe, et qui avait pris la détestable habitude de détruire tous les pièges qu’il avait précédemment posés. Bien qu’il affirmait être un chasseur intrépide et brave, il n’osait s’opposer au vol du gibier qui s’y trouvait capturé. Comme je manifestai mon étonnement, la bravoure ne pouvant d’aucune manière s’accommoder d’une quelconque poltronnerie, il me décrivit ce malotru comme doté d’une force extraordinaire. De sorte que, tout intrépide chasseur qu’il était, il resssentait une grande colère à chaque fois qu’il le voyait, mais que simultanément, paralysé par la frayeur, il se laissait ravir son gibier. Il avait demandé conseil à son père, craignant que ce goujat ne finisse par faire fuir toute la faune de la steppe, pour ensuite attaquer et décimer les troupeaux des fermiers ; c’est en suivant l’avis de son géniteur qu’il était venu me voir afin de me décrire le comportement bien étrange de cet énergumène. J’écoutais son récit avec amusement, car ce n’était finalement pas de doléances dont il était venu me faire état, mais d’une simple demande d’aide. Il me vint alors à l’idée de faire venir, non un guerrier qui aurait pour tâche de l’accompagner pendant quelques jours, mais une courtisane.
« Shangasu, tu es un homme honnête et méritant, lui dis-je en usant d’un ton solennel, lorsque le serviteur que j’avais envoyé chercher une galante revint. Si je te fais accompagner par un guerrier, celui-ci considérera, à juste raison, qu’à parcourir la steppe, il perdra un temps précieux pendant lequel il aurait pu s’entraîner au combat et au maniement des armes. Voici Shamat, elle ira avec toi dans la steppe, puisque tu sembles craindre ce colosse.
– Une femme ? Mais jamais elle ne saura se battre.
– Homme pataud, pourquoi veux-tu qu’elle se batte ? Tu sais bien que la force des femmes ne réside pas dans l’art du combat mais dans celui de la séduction. Sais-tu où tu peux retrouver rapidement cet individu ?
– Oui, il y a un puits où il vient chaque soir.
– Très bien, tu demanderas à Shamat de l’y attendre. Dès qu’il y sera, elle le mettra en confiance, elle fera valoir ses charmes, et puis ensuite elle lui parlera de moi. Il voudra certainement savoir qui je suis, elle le fera venir ici et nul doute qu’alors, je pourrai le mettre à mort.
– Et s’il ne parle pas notre langue ?
– La fille qui t’accompagnera est très patiente, elle saura le persuader de prendre la bonne décision, dis-je d’un ton volontairement las.
– Shamat, continuai-je ensuite sur un ton ironique, tu escorteras Shangasu aussi longtemps qu’il te le demandera puisque, semble-t-il, il ne peut se débrouiller tout seul. Puis tu feras en sorte que le rustre dont il vient d’être question te suive et vienne jusqu’ici ».
Elle partit, accompagné du chasseur qui sembla tout d’abord ébahi de cette avenante compagnie, certainement très inhabituelle pour lui. Mais elle l’avait, durant un bref instant, froidement tancé du regard, lui faisant comprendre qu’elle n’avait nullement l’intention d’agrémenter ses soirées dans la nature sauvage.
Plusieurs jours s’écoulèrent ; j’avais naturellement rapidement oublié cet épisode qui sur le moment m’avait paru totalement insignifiant. Or un soir, alors que je déambulais dans la cité, j’entendis au loin une clameur. J’allai rapidement dans la direction d’où provenait ce tumulte, qui allait s’accroissant ; en m’en approchant, je vis que de nombreuses personnes s’étaient rassemblées devant un gaillard à la carrure extraordinaire et à la stature non moins imposante. Il lançait des

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