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Français
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Ebook
2016
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Publié par
Date de parution
28 juillet 2016
Nombre de lectures
1
EAN13
9782342054286
Langue
Français
En 1961, l'or était fixé à 35 $ l'once, l'inflation réduisait la valeur du dollar, des mines étaient de moins en moins rentables et certaines durent fermer. La prospection se paralysait, mais il se produisit une demande accrue de l'uranium et les prospecteurs se recyclèrent en apprenant le secret des compteurs Geiger et de compteurs analyseurs de différents types. Puis l'or se trouva libéré d'entraves monétaires et son cours commença à monter. À nouveau, les chercheurs d'or se lancèrent dans les jungles, taïgas et déserts du monde pour découvrir de nouveaux gisements aux teneurs bien plus basses que celles des anciennes mines... Le géologue explorateur sait que beaucoup de projets, à l'origine prometteurs, peuvent se terminer en fiasco. Mais le travail tenace et le souvenir de ses péripéties ont procuré un incomparable sentiment de liberté à ceux qui participèrent à l'aventure qu'a été la recherche de l'or au vingtième siècle. Sur une période de plus de cinquante ans, l'auteur a mené une vie nomade, quasi apatride, parcourant une trentaine de pays comme chercheur d'or et géologue. Il a également été impliqué dans la prospection et l'évaluation de gisements de cuivre et d'uranium, de minéraux industriels tels que le calcaire pour cimenteries, le sel ou encore la magnésite. De nombreux voyages et projets variés sur cinq continents en ont résulté. Aujourd'hui à la retraite, il a décidé de conter certaines aventures, authentiques ou plausibles qui, avec le recul du temps, intéresseront les jeunes et les plus âgés qui n'auraient pas eu l'occasion de goûter à la vie d'un tel globe-trotter. Chroniques aux airs de roman d'aventure, dépaysantes et immersives, les vingt-cinq récits de ce recueil ont été choisis parmi l'éventail de projets de prospection et raviront les curieux de toute connaissance scientifique, historique ou humaine.
Publié par
Date de parution
28 juillet 2016
Nombre de lectures
1
EAN13
9782342054286
Langue
Français
Histoires de prospecteurs et chercheurs d'or
Jacques Meillon
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Histoires de prospecteurs et chercheurs d'or
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Introduction
Jacques Meillon, l’auteur en tournée au Sahel.
Le chauffeur est un Guinéen prénommé Mamadou.
Ce recueil de vingt-cinq histoires ou récits a d’abord été écrit avec l’intention d’informer parents et amis, sur des missions géologiques dans des pays qu’ils ne connaissaient pas ou pas bien. Il a ensuite été approfondi et adapté pour intéresser un plus grand nombre de lecteurs.
Chaque titre correspond en général à une seule histoire et un seul pays. La table des récits permet au lecteur de choisir le pays où il aimerait d’abord flâner. Ce recueil ne suit pas d’ordre chronologique ou géographique contraignant. C’est en effet au hasard des missions de prospections minières, en se liant aux habitants et en les écoutant, que les choses et les évènements intéressants surviennent et sont racontés dans ces récits volontairement assaisonnés d’ironie picaresque.
Les faits rapportés sont authentiques ou plausibles, avec l’intention de rester au plus près du vécu ressenti par les prospecteurs. L’auteur a essayé d’éviter les termes techniques, mais ceux qui sont incontournables sont expliqués dans le texte ou mis en légende des photos prises par l’auteur. La gravure du XVI siècle est tirée d’Agricola, De re metallica.
Jacques Meillon, l’auteur de ce recueil, est issu d’une famille bien connue dans les Pyrénées ; il a passé son enfance dans les montagnes de Bigorre pendant l’occupation allemande (1942-1944). Après plusieurs années de prospection, il a complété ses études au Canada et a continué comme ingénieur géologue dans de nombreux pays sous toutes les latitudes et altitudes. À présent, il est établi au Québec, dans les Laurentides, où il écrit ses mémoires. Cependant, une partie de l’été le retrouve dans son fief pyrénéen, et, pendant les grands froids de l’hiver, il se réfugie à Cuba où son antre favori est sous le manguier d’un fermier éleveur de coqs de combat.
Le lecteur est invité à partager cette passion du monde par un grand voyage qui l’emmènera sur quatre des cinq continents sans avoir à subir les difficultés et contretemps fâcheux vécus par l’auteur de ces récits.
Pygmées
Cameroun
La saison sèche de 1954 venait de commencer au Cameroun, nous étions à Kribi sur la côte atlantique et c’était mon premier job comme chef d’une brigade d’exploration géologique et minière. Nous devions traverser une partie de la grande forêt tropicale pour en estimer le potentiel minier. Tous les travailleurs, le chasseur, le cuisinier, mon « boy » et les chefs d’équipe étaient des Noirs camerounais. Le chasseur devrait tuer assez de « viande » pour la brigade de prospection, et aussi nous guider, trouver les meilleurs passages et les gués à traverser.
— Patron, me dit Moïse le chasseur, il faut trouver des Pygmées qui connaissent les gués, ils savent aussi chercher du miel et des œufs dans la brousse.
— Oui, il a raison, ajouta M’Fomo, chef d’équipe principal que l’on appelait « Capita » dans le parler créole (portugais ?) de la côte ouest africaine
Au cours du deuxième jour de marche vers le sud, il fallait traverser la Lobé, un petit fleuve côtier qui se jette dans l’Atlantique par une belle chute d’eau et une vasque d’eau saumâtre entourée de roches où perchent des cormorans, pêcheurs attentifs et assidus.
Pour traverser la Lobé, nous avons bricolé un radeau avec quatre troncs de parasolier ( Musanga cecropioide ) fixés par de solides lianes, puis nous avons étendu un câble de lianes attaché aux deux rives. Le nageur qui avait traversé et attaché ce câble sur la rive sud bénéficia d’un bonus car il y avait peut-être des crocodiles dans les environs. Les hommes ont ensuite commencé à traverser deux par deux, avec un passeur amateur qui se tenait au câble de lianes et faisait avancer ce bac improvisé. Au quatrième voyage, mes bagages et le reste de la chargée pesaient trop vers l’amont, l’avant du radeau s’enfonça, les deux passagers bondirent vers l’arrière pour rétablir l’équilibre, mais les bagages avaient pris l’eau. Comme nous n’avions pas vu de crocodiles, ceux qui savaient nager traversèrent sans aide et nous avons établi notre camp sur la première éminence de l’autre rive.
La journée suivante a été occupée à sécher le linge, les papiers et voir ce que l’on pourrait récupérer de mes cigarettes, des Bastos à l’emballage bleu. J’étais sur le point de les balancer dans la brousse, mais un des manœuvres les prit, en défit l’emballage et ensuite déroula chaque cigarette pour mettre le tabac à sécher au soleil dans une batée, bassine normalement utilisée pour laver l’or des ruisseaux. Après plusieurs jours, le manœuvre vint me rendre le tabac sec en vrac, mais je le lui « cadeautais », comme on dit en Afrique. Je n’étais pas un grand fumeur et j’ai complètement arrêté plus tard au Canada.
Le soir même, un jeune Pygmée adulte, sorti en silence de nulle part, se trouva soudain entre les tentes et s’adressa aux travailleurs en langue ewondo. Après une courte discussion, il dit quelque chose à voix haute, puis un homme un peu grisonnant et un garçon de treize ou quatorze ans surgirent immédiatement du sous-bois. En plus de leurs paquetons, ces petits hommes, noirs au teint pâle, bien bâtis, avaient une arbalète, deux petites lances et une courte machette. Moïse, le chasseur, se joignit aux Pygmées et vint me les présenter en disant : « Ils vont m’aider à ouvrir la piste et à chasser pour notre viande. Le plus jeune des deux fils va t’aider à trouver des roches et te montrer les dangers ». Les trois nouveaux venus, contents, et souriant de leur embauche, s’approchèrent pour me serrer la main ou plutôt les mains et l’avant-bras, comme c’est la coutume dans cette partie du monde. En un peu plus d’une heure, les trois Pygmées se bâtirent une petite case en forme d’igloo et la couvrirent de grandes feuilles brillantes qui donnèrent à cet abri l’apparence d’une peau de reptile à écailles vertes, comme un pangolin enroulé !
Le lendemain matin, le coq du camp, qui avait fait le voyage dans sa cage sur la charge d’un des porteurs, se mit à chanter et réveilla tout le monde. Un peu plus tard, les hommes libérèrent aussi les poules de leurs paniers et elles commencèrent à picorer les insectes et les termites de la forêt. À six heures moins dix, les deux Pygmées adultes et Moïse le chasseur partirent en avant pendant que les autres travailleurs finissaient de se réveiller et préparaient leur déjeuner. Mon boy préparait le mien : du café au lait en poudre, des biscottes séchées au feu et tartinées de « Vache qui rit », deux œufs à la coque et deux mandarines. Je remarquai que, en forêt, le boy passait une grande partie de son temps à sécher la nourriture, les vêtements et la toile de tente. Parce que, même en saison sèche, une pluie de rosée matinale tombait des arbres de la jungle !
Le travail proprement dit commençait à huit heures : départ général pour l’étape, les porteurs partaient en file indienne derrière le plus expérimenté des hommes des bois qui, en plus de sa charge portée sur la tête, coupait quelques branches gênantes laissées par Moïse et les deux Pygmées de l’avant-garde. Il les coupait au passage, sans presque ralentir, avec une machette très raccourcie pour avoir été aiguisée pendant de longues années. Le premier jour, les porteurs trouvèrent deux petites antilopes des bois, tuées, liées par les pattes et suspendues bien en vue par Moïse et ses Pygmées le long de la piste qu’ils marquaient tout en chassant. Nous n’avions pas entendu les coups de feu à cause des distances et de l’épaisseur de la forêt. En arrière du groupe de porteurs, marchaient quatre équipes de deux prospecteurs qui, chacune, devaient creuser un puits dans le « flat » de chaque ruisseau et laver trois batées de gravier.
Trois Africains lavant des alluvions à la batée.
Je marchais en arrière de la colonne avec M’Fomo, le « Capita », et mon jeune mentor pygmée dont j’ai oublié le nom après presque soixante ans de vie aux quatre coins du monde (façon de parler, puisqu’une sphère, même un peu aplatie, n’a pas de coins).
À chaque ruisseau, nous devions nous arrêter pour vérifier que le puits avait bien atteint le « bedrock », avant de charger une « batée » avec du sable et du gravier prélevés sur ce « bedrock ». Ensuite le contenu de la batée était lavé, après en avoir dissous et éliminé l’argile. Avec des mouvements de rotation et de petites secousses, le gravier et le sable blanc étaient ensuite enlevés, puis on comptait les couleurs d’or (étincelles d’or microscopiques) qui restaient dans le sable noir. La couleur, les minéraux et leur taille étaient notés pour faire partie d’interprétations régionales de la géologie et du potentiel minier. Vers deux heures de l’après-midi, les premiers puits étaient terminés et leurs batées lavées, les concentrés de sable noir mis en fiole et étiquetés pour envoi au laboratoire. Vers trois ou quatre heures, j’arrivais au campement de l’étape où tout avait été érigé et où les feux brûlaient pour la préparation du souper, qui avait lieu avant ou juste après le coucher du soleil. La fumée montait et remplissait