Indiennes
138 pages
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Indiennes , livre ebook

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Description

Dans cette nouvelle, l'auteur relate l'expérience d'une Française débarquée de la banlieue parisienne en Inde du Sud dans les années 1980.



Alternant stupéfaction, indignation, frustration et incompréhension d'une Occidentale devant les coutumes séculaires de ce continent plurimillénaire, elle partage la vie des domestiques d'une maharani, plus particulièrement l'existence besogneuse et tragique des femmes.



Il faut leur rendre hommage, car leur combat est âpre dans ce pays aux traditions archaïques, aux mille aspects déroutants, mais fascinants ; il faut préciser que, très paradoxalement, l'Inde est le pays où des millions de femmes sont asservies, mais aussi où une femme a été élue Premier ministre en 1966 et où l'égalité des salaires hommes-femmes est une réalité.



L'Inde luxurieuse, avec ses bayadères lascives drapées dans des mousselines colorées et transparentes, ou l'Inde fantastique des maharajahs excentriques aux fabuleuses richesses, ou l'Inde des ascètes rigoristes et illuminés, a donné une fausse idée d'elle. L'Inde est maintenant tout, sauf ce cliché trompeur. Les princes indiens ont tout perdu de leurs privilèges lors de l'Indépendance, le Kâma-Sûtra est mieux connu et apprécié en Occident que dans son pays d'origine et les charlatans pullulent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414570447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-57045-4

© Edilivre, 2022
Remerciements
Un grand merci tout d’abord à mon mari qui a eu le courage de me lire et m’a donné des idées narratives et prodigué quelques conseils.
À Patricia, ma copine indienne, qui a bien voulu relire le manuscrit original.
A tous mes amis indiens dont je retrace quelques aspects de leur existence dans cette nouvelle.
Personnages
Claire : jeune femme française, préceptrice des enfants du maharajah Sir Rahul Sanjay
Paul : amoureux de Claire et futur époux
Alain : ex-fiancé de Claire
Sir Rahul Sanjay : maharajah de Vilianur, en Inde du Sud
Rani Ilana : épouse de Sir Rahul Sanjay
Maharani : mère du maharajah
Raj et Satya : jumeaux des époux Sanjay
Peter : précepteur anglais des jumeaux
Anjali : bonne de la maharani, amie de Claire
Ladah : bonne de la maharani, amie de Claire
Ashok : grand-père d’Anjali
Kamala : grand-mère d’Anjali
Amavaseï : mère d’Anjali
Krishnan : père d’Anjali
Slosna : mère de Ladah
Godendabani : père de Ladah
Vijay : mari de Ladah
Kartick : oncle de Ladah
Lucien : jardinier, époux d’Anjali
Marie-Thérèse : mère de Lucien
Marie-Joseph : père de Lucien
Mme Dupont : patronne et bienfaitrice de Marie-Thérèse et Marie-Joseph
Ananth : majordome du manoir
Bhavani : cuisinière des domestiques
Rama : chauffeur
Chandra : chauffeur
Prologue
Claire, en se couchant ce jour-là, regarda son calendrier et sursauta. Déjà une année qu’elle était revenue de Pondichéry après cinq ans passés là-bas, séjour qui avaient quotidiennement bouleversé son univers. Elle pensa à tous ses amis qu’elle avait laissés et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle avait bien reçu une lettre de la maharani mais qui ne donnait aucune nouvelle de ses domestiques.
Que devenaient tous ces anonymes parmi les anonymes de cet immense pays ? Elle songea aux événements joyeux et dramatiques qui avaient émaillé son séjour. Elle pensa surtout à Ladah et Anjali dont elle avait suivi les difficultés et les servitudes et avec lesquelles elle avait noué des relations amicales et confidentielles. Nulles mieux qu’elles deux ne lui avaient montré le destin laborieux de ces millions de femmes indiennes pauvres.
L’Inde, c’est la spiritualité et le sordide. Des mendiants faméliques qui survivent grâce à la poignée de riz quotidienne qu’ils réussissent à obtenir, et la modernité la plus innovante. Des centaines de milliers de diplômés, et plus de deux-cents millions d’intouchables victimes de maltraitances et de mépris.
L’Inde n’est pas un pays. C’est un continent, une culture phénoménale venue de la nuit des temps. C’est un système de castes révoltant et une démocratie qui possède, depuis des décennies, l’arme nucléaire.
Claire revit en fermant les yeux le centre de Pondichéry et ses petites rues calmes où il régnait une atmosphère spéciale et paradoxalement réjouissante malgré les odeurs, les immondices et les miséreux.
- I -
En août mille-neuf-cent-quarante-sept, après un siècle et demi de domination britannique et plus de vingt ans de lutte acharnée, l’Inde accédait à l’Indépendance. Mais cette liberté si ardemment convoitée se fit sur fond de guerre civile entre hindous et musulmans. L’Amiral Mountbatten, nommé vice-roi pour mener à bien le transfert, accéléra le processus et, le 14 août, Nehru et les leaders du Parti du Congrès s’engageaient solennellement à se consacrer à l’édification d’une Inde meilleure devant l’assemblée constituante. Le lendemain, l’indépendance était proclamée et Jinnah devenait le gouverneur général du Pays des Purs, le Pakistan. La joie populaire éclata dans toutes les villes et tous les villages.
Cette liesse n’avait guère affecté Kamala, qui venait d’accoucher de son septième enfant. Une fille ! La cinquième pour seulement deux garçons. Ashok accueillit la naissance par une grimace. Il jeta à peine un coup d’œil sur le bébé vagissant dans les bras de sa mère et ne donna aucun pourboire à l’accoucheuse qui avait aidé à la mise au monde.
Qu’allait-on faire de cette nouvelle fille ? Une charge de plus et une nouvelle dot, cause principale de l’endettement des familles. En revanche, la naissance des deux garçons avait été fêtée, d’autant plus que c’étaient des jumeaux, signe de chance et de prospérité.
« Chance, prospérité parlons-en ! » pensa amèrement Ashok, en train de fumer un bidie 1 , assis sur le seuil de sa cabane. Il regarda autour de lui…
Son village se trouvait près de Karaikkudi, une ville au milieu de nulle part, couverte de palais construits au XIX e siècle par de riches marchands qui avaient fait fortune dans le commerce maritime avec l’Asie du Sud-Est. Reconvertis en banquiers au début de XX e siècle, peu étaient restés sur place et les familles habitaient à Bombay ou Madras. Seuls les mariages, tous plus fastueux les uns que les autres, les voyaient revenir. La plupart de ces palaces, abandonnés et squattés par les intouchables, étaient dans un état pitoyable, malgré leur splendeur d’antan. Un seul était resté dans son état initial, celui du gouverneur de la province : plafonds en teck, piliers en marbre ou en bois précieux et carrelages en mosaïques colorées.
Les pensées d’Ashok, ce jour de la naissance de sa cinquième fille étaient moroses et il sentit le désespoir l’envahir.
Kamala avait vaguement compris que, maintenant, son pays n’appartenait plus aux anglais. Mais cela allait-il changer quelque chose à sa vie ? Mariée à quinze ans à Ashok, elle vivait depuis huit ans avec lui et sa belle-mère, dans cette cabane au toit en feuilles de bananiers tressées qui laissait passer l’eau des pluies, ajoutant mécaniquement un enfant chaque année ; que des filles qui plus est, au grand mécontentement de son mari qui le lui reprochait tous les jours. Elle avait beau prier la déesse Lakshmi 2 avec ferveur, rien n’y faisait…
Elle se sentit accablée. Son horizon se limitait aux pourtours du hameau où elle habitait avec les familles de paysans qui cultivaient la minuscule portion de terres allouée par le Chef hindou. Celui-ci régnait les armes à la main sur le monde rural, sans cesse à la merci des sbires des brahmanes ou des rajputs 3 qui agissaient pour le compte du propriétaire. La semaine dernière, le meilleur copain d’Ashok avait été durement tabassé avec un gourdin car il n’avait pas pu payer le loyer de la terre attribuée.
Ashok, paysan sans terre, était employé toute l’année sur plusieurs plantations. Pourtant le salaire était très maigre et ne suffisait en aucun cas à faire manger toute la famille. Que pouvait-il faire ?
Son cousin, ouvrier agricole saisonnier, lui avait dit que lors de la dernière récolte, il avait travaillé dans un champ près d’une ville, Pondichéry, à environ deux cents kilomètres et il y retournait dans quelques jours. Pourquoi Ashok n’essaierait-il pas d’émigrer là-bas ? Il trouverait certainement à se faire employer et Kamala pourrait peut-être trouver du travail pendant que sa mère s’occuperait des enfants ? Son cousin lui assura qu’il trouverait quelqu’un qui pourrait l’héberger le temps qu’il trouve un emploi.
Kamala, à l’annonce de cette décision, fondit en larmes. Quitter son village pour un lieu inconnu ? Avec les sept enfants dont un nouveau-né ? Ashok était-il devenu fou ? Mais c’était son mari qui décidait, elle ne pouvait qu’obéir sans protester.
Ashok lui dit qu’ils partiraient quelques jours plus tard. À elle d’organiser le départ. Elle baissa la tête et commença à faire les baluchons pour sa nombreuse famille. Elle fit cuire du riz et du dahl 4 et les mit dans des feuilles de bananier, emmena les réserves de riz cru et les fruits qui restaient. Elle emporta sa robe de mariée et ses deux saris. Combien de temps allait durer leur voyage ? Où allaient-ils dormir ? Le bébé supporterait-il ce déplacement ?
Enfin, peu après la naissance d’Amavaseï, ils partirent, à pied. En route, ils purent faire parfois une partie du voyage sur une charrette tirée par un zébu. Ils dormirent à la belle étoile, dans des granges ou parfois dans des dortoirs destinés aux pèlerins. Kamala était épuisée, tant par son accouchement récent et l’allaitement, que par les soucis et l’angoisse.


1 . Voir annexe : vocabulaire

2 . Voir annexe : vocabulaire

3 . Voir annexe : vocabulaire

4 . Voir annexe : vocabulaire
- II -
En ce matin du mois d’octobre mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq, Claire se réveilla subitement et se sentit complètement désemparée. Soudain, lui revinrent les mots cruels que lui avait assénés Alain, son fiancé, enfin son ex-fiancé depuis hier soir. « Tu es trop rêveuse, trop immature et ces idées de voyage en Inde, n’importe quoi ! Je ne te suivrai jamais, il n’en est pas question. Nous deux, c’est fini. De toutes façons, je ne t’aime plus » .
Après cinq ans de passion, du moins de sa part à elle, il la laissait, comme ça, sans élégance et brutalement. Pourquoi ? Au début, il avait aimé sa fougue, ses idéaux, et sa curiosité pour les pays lointains.
Elle se leva, abrutie par le somnifère qu’elle avait pris la veille au soir, avec une gorgée de vodka, après le départ d’Alain. Elle eut un sursaut de colère envers lui. Pas d’envergure, ce mec-là ! Médiocre, sans fantaisie, il voulait une vie plan-plan, casanière, à l’image de ses parents, tiens ! D’ailleurs, elle se serait ennuyée avec lui au bout de quelques années… Elle se mit à sangloter, de regret, d’amertume et de frustration. Qu’allait-elle faire maintenant ? Son emploi d’institutrice la comblait mais la banlieue parisienne où elle habitait lui paraissait, en ce samedi gris et pluvieux, bien sinistre.
Oui, l’Inde la passionnait depuis l’a

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