Ils ou elles sont débrouillards, un peu saltimbanques et comédiens, vivant sur le fil du rasoir, ou jouant avec le système… Ou en pleine dérive, cernés par la misère, tombés en bas de l’échelle sociale, un rien cyniques… Tous ont en commun un pays, la Bulgarie, terre natale qu’ils ont dû quitter après la pulvérisation du bloc de l’Est, pour la France, terre pseudo édénique… Dans la valse de ces nouvelles, au fil des portraits et des histoires qui se partagent et s’échangent, des expériences et des confessions qui se murmurent, une vision amère ou amusée, terrible de réalisme ou de résignation, subversive ou haute en couleurs, d’une communauté qui, dans l’ailleurs, cherche à retisser ses liens défaits… Sont-ils Bulgares en attente de nationalité française, franco-Bulgares ou déjà Français d’origine bulgare, les personnages de Jean Solomonof? Toutes et tous, qu’ils tapinent ou en soient réduits à tenir la fonction de bedeau dans une synagogue, ne vivraient-ils pas en marge de leur ancienne existence, refoulés aux portes de celle à laquelle ils prétendent? Ne sont-ils pas créatures de l’entre-deux, citoyens de ces contrées où l’on vit chichement et humblement, en se confiant aux vents bons ou mauvais? N’est-ce pas cette zone aux frontières mal connues, ce territoire au sein du territoire, cette Little Bulgaria éparpillée, que les nouvelles de Jean Solomonof dévoilent, proposant par la même occasion une lecture nouvelle de l’immigration et des confins auxquels elle conduit?
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