Je suis bi et alors ?
260 pages
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Description

Pouvant se prévaloir d’une belle réussite sociale, Nathan Ramirez, cadre administratif, bisexuel, marié, père de trois enfants, est cependant confronté à un sentiment de mariage raté. En quête permanente de bonheur et de sens sur sa vérité profonde, il tente depuis toujours de concilier sa sexualité et sa vie de famille. Pour échapper à sa peur irraisonnée de son homosexualité latente, il tente même un temps la réalisation de soi dans le sexe libre...

Au fil du temps, la réalité de la vie, les dysfonctionnements de son couple, les problèmes d’éducation de ses enfants, et surtout ceux de son plus jeune fils, finissent par le submerger. Malgré tous les obstacles qui se dressent devant lui, Nathan ne cesse jamais de penser qu’il a droit, comme tout le monde, au bonheur malgré ses différences.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414375059
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-38069-5
 
© Edilivre, 2019
Chapitre I La fêlure
«  Ô tristesse ! On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu’on aimera et l’autre moitié à quitter ceux qu’on aime.  »
Victor Hugo
Sihame pénètre dans le salon. Elle s’apprête à sortir. Nathan est déjà parti pour conduire les enfants à l’école. Elle aperçoit sur la table une liasse de feuilles griffonnées : c’est l’écriture de son mari et plus précisément une lettre à son attention. Intriguée, elle s’assied et commence à lire la volumineuse épître.
« Rouen le 16 juillet 1995
Tu n’es pas là, Sihame. Je regarde la maison vide. J’écoute le silence. Malgré l’absence, tu n’as jamais été aussi présente. Tu es peut-être la femme de ma vie, comme peut-être pas. On se fait tellement de fausses idées sur tout. Tu es sans aucun doute la personne que j’aime le plus au monde. Je ne sais pas si je pourrais vivre sans toi, vivre avec quelqu’un d’autre ? Ce serait une expérience inédite, sans doute douloureuse. As-tu seulement su à quel point je t’aimais ?
Pourquoi en sommes-nous là ? Je n’ai pas la réponse. Je constate que je perçois les choses de notre vie quotidienne d’une certaine manière qui ne coïncide pas avec ton analyse, comme si nous vivions, l’un et l’autre, dans des univers séparés.
J’ai beaucoup réfléchi avant de commencer cette lettre. Je me demandais si cela avait vraiment du sens de vouloir te faire connaître mes pensées. J’éprouvais aussi la crainte de commettre plus de dégâts que ce que je pourrais en réparer. Cependant, lorsque l’on en est arrivé à autant d’incompréhension, la vérité devient nécessaire, peut aider à sortir de l’impasse. J’aimerais qu’en retour, tu m’écrives une lettre identique où tu te dévoilerais, c’est-à-dire parlerais de ce que tu ressens d’essentiel au plus profond de toi-même, de ta manière de me percevoir, de ta façon de vivre notre relation (j’ai horreur, tu le sais, du mot “couple”, parce que dans ce mot, j’y vois un esclavage réciproque basé sur l’hypocrisie). Je me rends compte que finalement je ne te connais pas.
C’est parce que j’ai envie que tu apprécies mon interprétation des faits et des événements que je me décide à t’écrire. Peut-être qu’il est encore en notre pouvoir de changer le cours des choses ?
Tu as raison, je ne suis plus le même. Et comment rester permanent alors que nous avançons dans la vie qui transforme imperceptiblement, jour après jour, notre relation à l’extérieur et notre monde intérieur ?
Le passé a vécu et seul l’avenir dans ce qu’il a de mystérieux et d’inattendu est intéressant. Le changement n’est jamais soudain : on ne devient pas vraiment un autre, on évolue, c’est tout. Tu me perçois différent mais je suis bien toujours le même Nathan Ramirez.
Tu ne comprends pas ma soif de liberté et que je ne veuille pas être ton centre d’intérêt essentiel alors que je suis ton mari. Te voilà Sihame-Cannibale, arrangeuse de vérités.
Ma magicienne aux yeux noirs, tu m’accuses de te mentir et de mener double vie. Certes non ! Je ne t’ai jamais menti. Tu as toujours connu mes fractures et ma duplicité. Je t’en ai parlé, souviens-toi, dès nos premières rencontres. Tu trouvais que c’était ce qui me rendait si attrayant, ce qui t’avait irrésistiblement entraînée dans mon lit et dans ma vie.
Mon amour exclusif pour toi a apaisé pendant onze ans mes démons. Il ne les a pas anéantis. Tu me déclares que tu pensais me changer, m’assagir, me conserver tien coûte que coûte. Tu as assumé ton destin de femme en somme.
Tu ne m’as pas acheté et je ne suis pas ton esclave. Il ne te suffit pas de vouloir obtenir obstinément de moi ta réalité sociale à mes dépens. Tu es essentiellement un être qui vit et se nourrit de son image. Mes mensonges et mes omissions ne sont que la résultante de cet état de choses : j’évite de te nuire ainsi qu’à nos petits lutins.
Tu souhaitais un mari attentionné, des enfants sages et obéissants. Tu déplores de n’avoir ni l’un ni l’autre. Je ne suis pas le pire des hommes. Ta liberté ne peut pas consister en un long travail de sape du moral de ton mari et de celui de tes enfants sous prétexte que nous ne correspondons pas à ce que tu t’es imaginé que nous devions être. Les solutions existent : compromis, séparation, divorce.
Tu me fais endosser ton mal-être. Or, l’affliction était déjà en toi lorsque je t’ai connue. J’avais pris cela pour de la révolte, une ferme volonté de rupture avec ton passé et un désir ardent d’avenir radieux à inventer. Il ne s’agissait que d’états d’âme névrotiques. Je n’irai certainement pas jusqu’à déclarer que je suis un exemple d’équilibre psychologique, mais je connais ma vérité et j’ai trouvé, un tant soit peu, un juste milieu pour me permettre de tenir et progresser dans la vie.
Je sais, ma bien-aimée, tu ne me reproches pas mes maîtresses mais mes amants. Diantre ! Que je couche avec Anna ou Lise voire les deux ensemble, me précises-tu, ne te remets pas en cause comme c’est le cas avec un homme. J’avoue ne pas comprendre ton mode de raisonnement, mais c’est sans doute parce que je ne suis pas une femme. Quoi qu’il en soit, tes pensées me sont hermétiques.
Revenons-en aux hommes. Christophe et Bruno font partie du passé. Tu n’as pas soupçonné l’existence du premier, alors que le second n’a finalement pas pris beaucoup de place dans ma vie. En effet, Bruno n’a été qu’une étape dans la construction de ma personnalité. Il fallait en passer par lui. Je le savais lorsque je l’ai rencontré, comme je savais aussi que je me lasserais de lui, comme je me lasse de tout, sauf de toi, ma femme. Alors que ce n’était qu’une question de temps, je n’ai trouvé auprès de toi qu’incompréhension et méchanceté. Je crois que tu as sous-estimé la situation et multiplié les erreurs. Tu m’as tellement blessé et tourmenté !
Et ma tendresse pour toi s’est progressivement retirée. Je ne peux désirer que dans l’harmonie. Quel désastre que de te perdre. Je ne suis pas préparé à cela et à ce que cela engendrera : altération du sens de ma vie, chagrin, tourment. Et c’est au plus fort de ma détresse que Brian est entré dans notre existence.
Ce jeune homme m’a redonné le goût de la vie sans t’exclure car tu fais toujours partie de moi. Tu te sens trahie face à la fraîcheur de ses vingt ans. Tu refuses de respecter ses déchirements, sa soif d’amour et de reconnaissance. Je t’ai présenté ce garçon, un peu par hasard, dans le but de te faire connaître un être comme tu n’en avais jamais rencontré. Il t’avait séduite. Je pensais que tu avais compris la nature exacte de ma relation avec lui, que tu avais mûri et que finalement tu jugeais sagement que ce n’était pas important dans la mesure où cela ne nuisait pas à notre famille. Brian ne demandait qu’à être là, parmi nous de temps en temps, car cela le rendait meilleur et heureux d’être accepté par nous et savoir que chez nous, il y avait des êtres pour qui il comptait. Il t’appréciait et travaillait pour toi dans mon esprit. Grâce à lui je te regardais d’un regard neuf. Tu me surprenais de nouveau. Je m’apaisais et me disais que les choses suivraient leur cours, sans heurts.
Je croyais, dans ma grande naïveté, que tu avais apprécié la situation et que tu avais admis qu’il y avait des sujets qu’il n’était pas nécessaire d’évoquer, que Brian pouvait rester dans le secret de ma vie. La suite, tu la connais. Tu as mené ton enquête, tendu ton piège, fait éclater la vérité.
Cela ne te suffisait pas. Un départ pour un week-end prolongé chez ta mère. Ton retour inopiné dans la nuit précédant la date prévue. Une mise en scène parfaitement réussie. Voilà sans doute ce que l’on peut appeler une entrée en fanfare. Tout y était : effet de surprise, nuit obscure, panique en étant surpris tous les deux dans notre sommeil et en faute, pompiers pour ouvrir une porte qui restait fermée car nous dormions profondément, ivres, et une femme en furie. Pris sur le fait, Brian et moi étions coupables de perfidie et de nous livrer aux pires cochonneries. À présent, j’ai peur de toi, mon cœur.
Que va être notre vie ? J’ai besoin d’une femme mais j’ai aussi besoin d’amitiés masculines.
J’ai besoin d’une femme-reine, être d’exception, être de poésie, intelligente, peu ordinaire. Être de patience, idéal de féminité, l’organisatrice, la mère, l’inspiratrice de l’action : ma Femme-Arrimeuse-de-Vie.
L’univers masculin est fait de ce qui constitue l’essence même de l’aventure, du risque, des sensations fortes, des remises en question perpétuelles.
Tout est de ma faute, me dis-tu, je ne te mérite pas, ce que tu supportes, aucune autre femme n’accepterait de le supporter. Tu as peut-être raison. Je voudrais seulement vivre en paix avec moi-même. Or, sous l’impact et l’emprise des événements extérieurs, je perds pied. Notre vie conjugale se résume, conflit après conflit, au jeu du chat et de la souris.
J’ai trente-cinq ans. Je ressens au fond de moi la vie qui pousse, qui hurle, qui me mène à vouloir tenter toutes les expériences du possible. Faut-il se contraindre à demeurer en deçà de soi ? Au commencement, j’avais peur de moi-même parce que je ne savais pas où étaient mes limites. Je me rends compte que ma personnalité est un garde-fou efficace. Je voudrais cesser de me poser des questions inutiles qui me déstabilisent et me font souffrir. Je me sens aujourd’hui écartelé entre différents pôles : le père, le mari et l’être en construction, celui-là même que je ne connais pas.
Le père de famille que je suis et que je veux continuer à être. Je ne peux pas être qu’un père exemplaire. Si mes enfants sont mon œuvre d’art, l’artiste a besoin d’entretenir son inspiration dans la l

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