Kaédi, ville éternelle de Mauritanie
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Kaédi, ville éternelle de Mauritanie , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ville mythique du sud mauritanien, Kaédi fut caractérisée pendant longtemps par une plaisante et joyeuse vie sociale. Elle fut porteuse de traditions séculaires qui en ont fait le plus grand centre culturel de la vallée du Sénégal. Mais tout a changé depuis l'avènement de la sécheresse au milieu des années 1970. Pour comprendre les mutations à l'œuvre, il faut interroger les politiques municipales. Il faut interroger les jeux d'enfants, les séjours des étudiants talibés et les activités culturelles d'autrefois. Il faut écouter les traditions, les légendes populaires et les discours des anciens... Pourquoi tant de changements ? Pourquoi tant de contradictions ? Pourquoi tant d'incapacités pour la reconquête collective d'un cadre de vie agréable et épanouissant pour tous ? L'avenir de la cité passera nécessairement par le rassemblement de tous les acteurs autour d'un projet commun. Il conviendra pour ce faire de mettre en œuvre une vraie politique de développement local afin de reconstruire un cadre de vie agréable... C'est l'exaltant défi qui est lancé aux Kaédiens pour la reconstruction d'une ville radieuse !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050004
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Kaédi, ville éternelle de Mauritanie
Tidiane Koïta
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Kaédi, ville éternelle de Mauritanie
 
 
 
À tous ceux qui ont sincèrement aimé un jour Kaédi.
 
 
 
 
« La poésie du bricoleur lui vient aussi, et surtout, de ce qu’il ne se borne pas à accomplir ou exécuter ; il parle, non seulement avec les choses… mais au moyen des choses ; racontant, par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur. Sans jamais remplir son projet, le bricoleur y met toujours quelque chose de soi ».
Claude Lévi-Strauss La Pensée sauvage , Paris, Presse Pocket, 1962, p. 35.
 
 
 
 
 
 
Kaédi lui a tout donné. À son tour, il voudrait lui être reconnaissant. Après plus d’un demi-siècle d’absence, ponctué par de cours séjours, Bangali le globe-trotter est définitivement revenu dans sa ville natale. L’éloignement physique n’a rien entamé à l’ambition qu’il a toujours nourrie pour cette cité mythique chargée de symboles. Capitale régionale du Gorgol, la commune s’étend le long du majestueux et nourricier fleuve Sénégal. De riches terres agricoles qui pourraient assurer, si elles sont bien exploitées, l’autosuffisance alimentaire à la Mauritanie bordent l’agglomération sur toute sa partie méridionale. Située dans le sud du pays, elle constitue l’une de ses plus importantes villes. À chacun de ses passages sur place, Bangali fut tiraillé par un poignant dilemme : rester ou repartir. Il bouillonnait de l’intérieur, se torturait et vivait mal la dégringolade de la cité qui lui tordait les boyaux. Souffrant face à la dégradation d’un territoire qui a beaucoup marqué son enfance, il culpabilisait régulièrement. Impuissant, mais ne cessant d’exhorter en vain ses concitoyens à se rassembler pour relever les défis à l’œuvre, il était devenu triste à l’idée d’une spirale descendante qui ne voulait point changer de sens. Meurtri par les profondes évolutions qui ont radicalement modifié la vie des citadins, Bangali n’a cessé alors d’exprimer son bouleversement face à la disparition de l’identité et des symboles tant enviés d’une agglomération qui avait pourtant un avenir prometteur. Aussi, passait-il de longues nuits d’insomnie à s’interroger et à cogiter sans avoir les moyens, ni la capacité d’agir. C’est tellement dur de se sentir démuni face à une situation préoccupante !
 
Face à la situation urbaine et sociale qui s’aggravait d’année en année, il a fait le pari de revenir s’installer dans sa commune natale lorsqu’il aura pris sa retraite afin d’apporter sa pierre à son nécessaire redressement. Une retraite de travail alors ! À chaque passage, il observait les changements à l’œuvre, parcourait les rues et les places publiques dans les différents quartiers afin de saisir les mutations qui s’y développent. Il prenait la température, photographiait les paysages changeants et discutait beaucoup avec les habitants pour comprendre les transformations sociales et culturelles qui se renforçaient. Cette ardente préoccupation l’a habité jusque dans la banlieue parisienne où il a conduit, avec d’autres compatriotes, de nombreuses actions de développement en direction de la cité. Sa détermination pour participer activement au développement futur de Kaédi est demeurée intacte. Elle n’a jamais varié pendant toute la durée de son exil.
Depuis l’avènement de la persistante sécheresse au milieu des années 1970, l’agglomération est frappée par d’importants changements qui n’ont rien épargné. Les mutations à l’œuvre bouleversent tous les pans du développement local. En outre, la double croissance démographique et spatiale, non maîtrisée, expose l’exécutif municipal à une incapacité majeure de proposer des services suffisants et des équipements adaptés aux attentes des nombreuses populations qui s’y sont installées pêle-mêle. Tout est chamboulé dans cette belle cité autrefois calme, propre et agréable. Les ruraux chassés par la violente sécheresse ont dès lors occupé tout le pays ouvert qui constituait jadis de riches terres agricoles qui ont nourri de nombreuses familles et contribué à la renommée de la cité. Certains habitats récemment sortis de terres se développent cependant sur des sites dangereux qui sont confrontés à de graves nuisances. Elles « décrochent » du reste de la commune du fait de l’absence de moyens de communication. Dépourvues de structures économiques et de services urbains, elles sont dépendantes de la cité-centre et ne pourraient survivre qu’en demeurant en lien avec elle. Étendu, le territoire communal est maintenant multiplié par plus de cinq. Les processus à l’œuvre ont produit de nombreux dysfonctionnements dont rien ne laisse entrevoir la fin. En outre, la coexistence de groupes sociaux, aux intérêts différents et parfois antagonistes, a entraîné des contradictions sociales qui tendent à hypothéquer l’avenir même de la cité. Aux portes du cimetière on distingue désormais de nombreuses habitations faites de bric et de broc. Les citadins se souviennent d’une époque où il n’existait à la périphérie qu’un vaste espace pour leurs activités agricoles. Les premiers ruraux n’ont pas oublié non plus le temps où il n’y avait que quelques groupements de tentes, parfois de misérables constructions en banco. La cité accueille maintenant un habitat aux visages multiples à travers lequel les rapports sociaux internes se sont profondément transformés et la structure urbaine dégradée. Quant aux établissements scolaires et les infrastructures économiques, ils sont délabrés et n’assurent plus suffisamment leurs fonctions originelles. Dans ce contexte de profonde mutation, la commune perd peu à peu son influence ancestrale sur l’arrière-pays qui tend même à la concurrencer dans de nombreux domaines.
 
L’heure de la retraite a maintenant sonné. C’est enfin le retour tant attendu de Bangali à Kaédi. Heureux de retrouver définitivement des lieux qui ont rempli son enfance, mais totalement métamorphosés, le vieil homme est confronté à sa propre histoire juvénile qui se confond avec une tranche de vie d’une cité chargée de grandes valeurs qui se sont progressivement évanouies dans les profondeurs des souvenirs populaires. De nombreux endroits ayant contribué à l’épanouissement de générations entières sont transfigurés. Les jeux d’enfants et les multiples animations qui donnaient vie aux quartiers anciens, qui créaient de solides liens sociaux entre les citadins et qui régissaient les rapports populaires à l’espace public ont disparu, remplacés par des préoccupations d’un autre genre. Aussi, les activités qui se déroulaient dans les rues et les places publiques se sont éteintes. Tristes, la plupart des espaces sont devenus uniquement traversants. De plus, les paysages alentour ont perdu leur charme et leur plaisante fonction. Désormais occupée par des habitations de qualité médiocre, la périphérie est totalement défigurée. Quant aux vieux quartiers historiques, ils sont en train de se vider doucement de leurs populations au profit d’une périphérie désorganisée et plus jeune.
 
Après avoir raconté son extraordinaire histoire dans «  le parcours inachevé d’un enfant noir  », Bangali a beaucoup de plaisir à parler de Kaédi qui lui est chevillée au corps. À plaider pour la construction d’un avenir radieux de cette cité du Fouta mauritanien. À parler de la vie d’autrefois dans l’emblématique agglomération éternelle du sud mauritanien qui rayonnait sur un immense territoire de part et d’autre du fleuve Sénégal. Ainsi, relate-t-il les changements récemment survenus dans l’agglomération mettant en cause les fonctionnements existants, modifiant les rapports entre les groupes sociaux et les modalités d’organisation. Ce poignant récit retrace l’histoire urbaine et sociale de la cité kaédienne, décrit les rapports des populations à leur habitat avant et après la double croissance démographique et spatiale qui l’a désorganisée. Il montre la manière dont la gestion urbaine s’effectue et la nature des changements sociaux à l’œuvre. Il esquisse en définitive des pistes de sortie de crises. C’est cette saisissante histoire qui est restituée dans le présent ouvrage.
 
 
 
 
 
Toute la cité kaédienne est en profonde crise depuis l’avènement de la sécheresse au milieu des années 1970. Complètement transformée, l’exclusion, la dégradation du cadre de vie et le chômage y explosent. Fondée il y a plusieurs siècles par des populations noires, la commune fut essentiellement habitée pendant longtemps par ces seuls groupes dont l’hétérogénéité n’avait jamais posé de problème majeur de cohabitation. La date exacte de sa fondation n’est pas connue. Aucun texte, ni information recueillie n’ont permis de déterminer de manière exacte les premières présences humaines dans le secteur. Malgré les mutations en cours, Kaédi demeure la cité la plus célèbre du Fouta. Elle avait rayonné pendant longtemps sur un large territoire sur la rive droite du fleuve Sénégal. Son influence dépassait en réalité les limites de la Mauritanie. Au Sénégal comme au Mali, elle symbolisait l’agglomération d’éveil et d’ouverture qui attirait de nombreuses populations en quête d’émancipation et d’emploi domestique. Jusqu’au début des années 1940, la présence permanente de nomades était insignifiante dans les établissements humains de la région du Gorgol, nombre d’entre eux y venant seulement de manière ponctuelle pour échanger et/ou écouler leurs produits contre ceux des sédentaires autochtones. Entre ces pop

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents