201
pages
Français
Ebooks
2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
22 septembre 2021
Nombre de lectures
3
EAN13
9782925144526
Langue
Français
Publié par
Date de parution
22 septembre 2021
Nombre de lectures
3
EAN13
9782925144526
Langue
Français
Claire Meilleur
L’ambre de tes yeux
Conception de la page couverture : © Essor-Livres Éditeur
Image originale de la couverture : Shutterstock 639745132
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur .
Distributeur : Distribulivre www.distribulivre.com Tél. : 1-450-887-2182 Télécopieur : 1-450-915-2224
© Essor-Livres Éditeur Lanoraie ( Québec) J 0K 1E0 Canada distribulivre@bell.net www.essor-livresediteur.com
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021 Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2021
ISBN papier : 978-2-925144-19-9
ISBN epub : 978-2-925144-52-6
Nous n’avons rien de plus précieux
que notre capacité à aimer
Louis Évely
C’est ce que vous êtes qui guérit, non pas ce que vous savez
Carl Jung
Prologue
Novembre 2006
Agenouillé dans la chapelle du monastère Saint-Yves-de-la-Rochette, le père Xavier Langevin vivait un des moments les plus pénibles de son existence. Quiconque l’aurait observé aurait pu croire que le moine était en profonde méditation, serein face à la présence de Dieu. En réalité, son esprit était en pleine agitation et aucune prière n’aurait pu l’apaiser. Prêt à s’effondrer, il crut réentendre la remarque malicieuse de Charlotte. Ses propos outrageants.
Le père Langevin, maître des novices, portait ses soixante-dix-ans, mais en paraissait dix de moins. La carrure de ses épaules, son port de tête et ses cheveux d’un blanc éclatant lui conféraient une allure de roi. Pour l’heure, ses traits trahissaient une peur viscérale et il nourrissait une colère tout à fait stérile, mais combien orageuse. Pourvu que ce ne soit pas vrai, pensa-t-il avec effroi. Les battements de son cœur lui résonnaient jusqu’aux tempes. Ce n’est qu’un mensonge, se répéta-t-il.
Charlotte ! Il ne s’était pas trompé sur son compte. Dangereux petit bout de femme. Elle avait semé le doute, poison vif qui minait son esprit habituellement paisible. Pourquoi s’en prendre à lui ? N’en avait-elle pas assez fait ? Bien sûr, il s’agissait d’un acte de vengeance. Le père abbé avait cru qu’elle se contenterait de l’arrangement, mais devant l’air perfide que Charlotte avait affiché, lui, il s’était méfié, pressentant sa force de caractère malgré son jeune âge. Comment pouvait-on receler en soi autant de mesquinerie ?
Il posa sa main sur sa poitrine et tenta de calmer son affolement. Il chavirait comme une chaloupe soulevée au gré des vagues sur un océan en pleine tempête. Non, il paniquait pour rien, il imaginait le pire. Pourtant, un sombre pressentiment lui clouait le cœur. Une intuition fulgurante, à deux doigts de le faire hurler.
Ce sourire… comment avait-il pu ne rien voir ?
Les cloches du monastère se mirent à sonner sept fois, en rappel aux sept péchés capitaux. Les épaules du père Langevin se voûtèrent dans l’attente d’un châtiment, écrasées sous le joug de Dieu.
♦
Chapitre 1
Septembre 2005
Roxane scruta l’horizon et balaya d’un regard rapide la chaussée sur laquelle résonnaient ses pas de course. La chaleur se répandait dans ses veines comme un philtre puissant, rendant ses jambes légères et souples comme un roseau. Un battement sourd dans tout son corps. Ses cheveux fins d’un brun chocolat flottaient au-dessus de ses épaules, s’emmêlaient et lui fouettaient les joues. Elle sortit un élastique de la poche de son coupe-vent et les noua en queue de cheval. Vénus, une chienne au poil blond, croisement de Labrador et de Golden retriever, courait fidèlement à sa suite.
Roxane pensa à Christopher. Il n’avait rien fait de mal, pourtant, elle lui en voulait un peu. Elle s’était réveillée pratiquement à l’aube avec l’envie de se nicher contre lui et de rester ainsi toute la matinée ; il n’avait pas eu la même idée. Il s’était levé pour préparer le café dont l’arôme était monté jusqu’à la chambre, puis s’était enfermé pour travailler. Frustrée, Roxane avait sauté du lit à son tour et enfilé ses vêtements de jogging. Quand elle était descendue, Christopher lui avait souri au travers des portes françaises qui séparent l’atelier de la cuisine, demeurant toutefois devant son chevalet. Déception stade deux. Il ne pouvait pas toujours lâcher son pinceau sous prétexte qu’elle venait chez lui le week-end. Il profitait du peu de temps dont il disposait pour peindre. Elle aurait dû se sentir heureuse de le voir aussi captivé par son art, pourtant elle ressentait de l’agacement. Leurs moments d’intimité n’étaient pas si fréquents. À qui la faute ? lui dirait-il. Lui, il n’attendait que cela, qu’elle s’installe définitivement. Il ne l’avait pas habituée à cet empressement au début de leur relation et elle s’émouvait de toute la place qu’il voulait lui laisser.
Je suis juste fatiguée et à rebrousse-poil, pensa-t-elle. Même si en général elle se sentait heureuse de reprendre le boulot, la rentrée de septembre comportait son lot de stress. Tous ces nouveaux visages qui l’observaient d’un air grave, qu’elle tentait de rassurer. Elle ne voulait négliger aucun de ces petits, mais devait également respecter le programme et le calendrier scolaires qui, eux, n’en avaient rien à faire de l’angoisse de tout un chacun. Le climat de la saison et l’obscurité précoce ne favorisaient pas son humeur. Au lever, elle s’était demandé si elle aurait la force de parcourir le périmètre habituel. Et voilà, elle eut son premier sourire de la journée. Elle avait oublié le bien fou que ça lui faisait. Elle tourna la tête pour voir si Vénus la suivait toujours. Le bitume était glissant par endroit à cause des feuilles éparses et imprégnées d’humidité qui longeaient le bord des trottoirs.
Sa bouderie diminua. Fougueux et tendre Christopher. Elle mesurait sa chance de l’avoir rencontré. Seule dans son appartement les soirs de la semaine, elle se languissait de lui, mais passer tout un week-end chez lui, en compagnie de ses deux garçons l’épuisait. Elle avait l’impression de vivre entre parenthèses au milieu de leur famille. Leur vie était si différente de la sienne. Elle n’avait pas l’habitude de son cœur occupé à aimer et n’était guère accoutumée à son corps jamais au repos, si perméable à la présence de Christopher. Un centre névralgique. Elle l’observait constamment, le regardait s’affairer et trouvait même attendrissante sa manière de plisser les yeux. Elle adorait passer ses doigts dans ses cheveux blond-fauve, replacer son toupet qui lui retombait sans cesse sur le front. Il était beau dans ses jeans et voir ses cuisses se mouvoir la distrayait. Un peu trop. Lorsqu’il se penchait vers sa machine à café, elle en profitait pour admirer sa silhouette. Plus grand qu’elle, juste assez musclé, terriblement sexy. Même à l’école, entourée de ses élèves, elle pensait encore à lui. Elle avait si hâte d’être dans ses bras. Dans ses draps aussi. Faire l’amour avec Christopher, c’était comme nager dans ce lac qu’il avait peint, s’y immerger totalement pour étancher la soif qu’ils avaient l’un de l’autre. Un seul plongeon et ils s’enluminaient comme ces couleurs qu’il malaxait de son couteau à palette pour en créer une teinte unique. Lui, au plus profond de son bassin, et elle, emportée par ce courant impétueux, limpide et doux comme l’eau de ce vert turquoise sur la toile. Sans jamais se heurter, leur corps s’amalgamaient, leurs jambes s’entrelaçaient et elle s’étonnait encore de leur mouvance naturelle. L’odeur de leurs étreintes lui était si familière qu’elle se demandait comment elle avait pu vivre aussi longtemps loin de lui