L amour a de la mémoire
186 pages
Français

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L'amour a de la mémoire , livre ebook

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Description

2018, Mathilde, grand-mère comblée, veut transmettre à ceux qu’elle aime ce qu’elle n’a jamais dit...


1969 , Paris. Mathilde a 17 ans, elle rencontre Prem, un Indien de 20 ans. La passion les emporte mais pour leur famille respective, cet amour est impensable.


Mathilde et Prem vont braver les interdits familiaux et partir en Inde vivre leur passion sous le soleil d’Auroville, cité expérimentale où leur vie rêvée semble enfin possible.


Mais Prem, victime des traditions ancestrales et de l’allégeance des siens au maharadjah, est promis à une autre et la mère de Mathilde, bourgeoise machiavélique, ne reculera devant rien pour détruire le jeune couple.


Mais l’amour a de la mémoire...


Brigitte Lechanteur est née en Belgique mais parisienne enthousiaste depuis trente ans. Comédienne, productrice phonographique et de spectacles vivants, Brigitte Lechanteur a également exercé dix ans les fonctions de directrice administrative d’un groupe audiovisuel avant de se lancer dans l’écriture.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782382110904
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’amour a de la mémoire
 
 


B r igitte Lechanteur
 
 
 
 
 
L’amour a de la mémoire
 
 
 
Roman
 
 
 
 
 
 
M+ ÉDITIONS
5, place Puvis de Chavannes
69006 Lyon
mpluseditions.fr


Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.   335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© M+ éditions Composition Marc DUTEIL
ISBN  978-2-38211-090-4
 
 
 
 
 
 
Il faut s’aimer,
et puis il faut se le dire,
et puis il faut se l’écrire,
et puis il faut se baiser sur la bouche,
sur les yeux et ailleurs.
 
Victor Hugo


 
 
 
 
 
 
Première partie


Chapitre 1
 
 
Lorsque Julie gare sa voiture en catastrophe avenue de Tourville, le véhicule de secours est encore là.
L’ascenseur est bloqué, elle grimpe les escaliers quatre à quatre. Au troisième étage, les portes de l’appartement sont grandes ouvertes.
Mathilde est assise, le dos remonté contre les oreillers, elle ouvre les yeux. Le visage crispé par la douleur, elle paraît dix ans de plus.
Un des pompiers pré pare le brancard.
— Je leur avais dit… de ne pas te déranger.
— Mais qu’est-ce que tu as ?
Le buste de sa mère se recroqueville sous l’effet d’un spasme.
— Maman !
Julie s ’approche du lit et lui prend la main.
— Ne t’ inqui ète pas, c’est… une crise… La maladie…
— Quelle maladie ?
—  La maladie de Crohn. On y va  ? J’ai trop mal, je ne tiendrai pas.
Julie se tourne vers le lieutenant :
— Où l’emmenez-vous ?
— À Saint-Antoine.
— C’est grave ?
—  Risque de péritonite.
— Mais… Mais ça fait longtemps qu’ elle a ça ?
— Le diagnostic tombe souvent autour de 30 ans. Préparez une petite valise. Votre mère restera certainement quelques jours. Prenez ses papiers, son dossier mé dical.
— Oui, bien sûr.
Mathilde, sous l’effet des sédatifs, est presque inconsciente. Julie retourne auprès d’elle et caresse son front. Sa mère ouvre les yeux ; dans un souffle, elle articule :
— Pardon.
—  Pardon  ? Pardon de quoi, maman  ? De m ’avoir caché cette maladie ?
— Attention, madame, nous allons déplacer votre mè re.
Julie s ’é carte, d étourne le regard. Elle se concentre : le passeport, la carte Vitale. Elle ouvre le premier tiroir de la table de nuit et pousse un soupir de soulagement. Les ordonnances sont rangées dans une pochette plastique avec les comptes rendus. Elle entre dans le dressing, prend le nécessaire et saisit la petite valise sur la derniè re planche.
Les larmes lui montent aux yeux.
— C’est bon, madame, vous êtes prête ?
Elle fonce dans la salle de bains. Serviettes de toilette, brosse à dents, les lunettes. Elle ferme la valise. Ses mains tremblent.
Les clés ? Dans la pochette intérieure du sac. Elle réalise qu’ elle n ’a pas de double, elle va refaire un nouveau jeu tout de suite. Un point de côté la transperce, elle dévale les escaliers.
La gardienne en bas lui fait un signe, c’est elle qui a ouvert aux secours :
— Vous me donnerez des nouvelles ?
Julie s ’approche de la femme, ses parents ont emménagé ici il y a cinq ans, elle l’ a aper çue quelques fois.
— C’est déjà arriv é que ma m ère soit emmenée par les pompiers, madame Goncalves ?
— Une fois, il y a un an, peut-être un peu plus.
— Et du vivant de mon père ?
— Non, jamais.
Son père est décédé il y a deux ans. Lui non plus ne lui a jamais parlé de cette maladie.
— Merci, je reviendrai demain.
Elle s’engouffre à l’ arri ère du véhicule.
Sirène hurlante, le camion fonce dans la nuit.
Sa mère est inconsciente.


Chapitre 2
 
 
Depuis quelques mois, ces maudites crampes au ventre sont revenues, mais cela n’empêche pas Mathilde de vivre normalement. Elle supprime les crudités, son sacro-saint verre de vin, les fibres. Elle connaît le régime par cœur, plus de trente ans que cela dure. Avec des crises plus fréquentes et plus aiguës ces deux dernières années. Elle a horreur de poser un nom sur la maladie, ça lui donne vie. Elle dit qu’elle a mal au ventre, point. Même son mari l’ignorait, elle allait le mettre au courant lorsqu’elle a appris qu’il avait un cancer du poumon. Deux mois plus tard, Guillaume était parti.
Quelquefois, Mathilde se sent déconnectée de la réalité, moins concernée. Elle vieillit, mais de cela non plus, elle ne parle pas. Est-ce qu’on cache ce qu’il est si fatigant de dire ?
Heureusement, il y a Thé o.
Elle serre la main de son petit-fils. Il trottine à ses côté s.
— T’ inqui ète pas, Mattie, on a le droit d’arriver jusqu’à 9 h.
— Je sais, je sais, maman me l’ a dit.
Le jeudi soir, Julie termine tard. Mattie ré cup ère Théo à l’école, il dort chez elle et, le lendemain, elle le dépose en classe.
—  Mattie, attention  !
Théo a hurlé. Ils ont traversé au rouge, un automobiliste les a évités de justesse. De peur ou de rage, l’homme klaxonne à tout-va. Le stress monte d’un cran.
Mathilde se sent agress ée quand elle sort, les voitures lui foncent dessus, les motos la frôlent, les vélos lui roulent sur les pieds.
 
 
Théo kiffe les baskets que sa Mattie lui a offertes ce matin : elles clignotent. Il se demande juste pourquoi elles sont violettes et pourquoi il porte une chemise vert pâle qui lui arrive aux genoux. Mattie lui a aussi montré comment attacher avec un lacet son nouveau pantalon, beaucoup plus large qu’un jean et dans lequel il s’est tout de suite senti à l’aise.
— C’est un sherwani avec un pantalon churidar, un costume courant en Inde, lui a expliqué Mattie en se plaçant derrière lui dans la glace.
Théo s’est regardé : c’était vraiment joli, peut-être qu’aujourd’hui, il y avait une fête dé guis ée à l’é cole  ?
Mattie avait l’air si contente, il a juste dit :
— Ça ne va pas faire fille ?
Elle a haussé les é paules.
À la place de sa tartine de Nutella et de son chocolat chaud, elle a préparé un jus d’orange et dressé deux assiettes de fruits : des quartiers de pomme, de la mangue et des litchis d’une belle couleur entre le rouge et le rose, dont Mattie lui a appris à presser la peau pour savourer une pulpe fondante d’un blanc presque transparent.
Mattie veut changer les habitudes.
Hier soir, ils n’ont pas continué leur puzzle, mais ils se sont amusés sur une musique que Théo entendait pour la première fois.
Sa Mattie danse bien, elle lui a montré comment accompagner les mouvements de son corps de gestes élégants, des bras et des mains.
Mathilde s ’arrête sur le trottoir, cambre son dos et inspire à fond, les yeux fermé s.
— On arrive, mon Théo, tu ne seras pas en retard.
L’enfant pose sa joue fraîche contre la main de sa grand-mère. Le visage de Mathilde se crispe sous l’effet de la douleur. Elle abandonne toute tentative de respiration-détente, son plexus est bloqué. Elle fouille dans la poche de son imperméable et en tire une minuscule boîte à pilules, elle l’ouvre, en saisit une, l’avale sans eau.
— C’est quoi, Mattie ?
— Pour mon ventre.
— Tu as encore mal, depuis hier ?
— Un petit peu, mais avec les cachets, c’est supportable.
— Tu vas chez le docteur ?
— Bien sûr, mon cœ ur, qu ’est-ce que tu crois ?
Ils avancent plus lentement.
Voilà l’école. Selon les consignes, Mathilde accompagne Théo jusque dans sa classe. Maintenant qu’elle est arrivée, elle ne se presse plus et monte les marches d’un pas lourd.
La ma îtresse les accueille sur le seuil de la porte. Son sourire se trouble lorsqu’ elle d écouvre la tenue de Théo. Les enfants le dévisagent également.
Le petit garç on l ève la jambe tel un karatéka et exhibe ses baskets clignotantes.


Chapitre 3
 
 
— Mais enfin, maman, qu’est-ce qui t’a pris ? Thé o a d û se sentir ridicule !
— Mais non, c’était pour se déguiser !
— Tais-toi, Thé o.
Mathilde n ’a pas l’air déstabilisée par les reproches de sa fille. Un léger sourire flotte sur ses lèvres. Elle remet souvent en place cette mè che d é color ée qui, depuis toujours, refuse de tenir derrière son oreille.
Julie tourne autour de sa mère. Elle, d’ordinaire douce et réservée, ne dé col ère pas :
— Théo, va dans ta chambre.
Sa grand-mère lui adresse un clin d’œ il.
C’en est trop :
— Mais à quoi tu joues, maman ? Tu deviens irresponsable ! Je ne vais plus pouvoir te laisser Théo à ce train-là !
—  Quel train  ?
Pas une once de moquerie dans sa voix.
— Maman, maman… Qu ’est-ce qu’il y a ?
Mathilde se mord la l èvre, elle s’est rendu compte de sa bé vue.
— Mais rien, Julie, rien. Un peu de fatigue, sans doute.
Mathilde a le souffle court, elle a pris du poids depuis le décès de son mari, Julie en a perdu.
— Papa te manque ?
— Non. Enfin si, bien sûr, mais je vais beaucoup mieux, grâce à Théo. Merci de me laisser m’ en occuper.
Les parents de Julie s’entendaient bien, mais au fil des années, cet amour lisse avait usé leur couple jusqu’à la corde. Sa m ère, surtout, tenait ses distances, son père avait renoncé.
Depuis son décès, Julie la trouve changée. Elle lui échappe, comme si son être se relâchait…
Mathilde s ’est rapprochée de sa fille. Sans prévenir, elle la prend dans ses bras.
Julie se raidit, cela fait bien longtemps que sa mère ne l’a plus serrée contre elle.
— Maman…
La voix de Julie est douce, aimante. Mathilde ne dit rien. Hé sitante, satur ée de pudeur, Julie esquisse un balancement puis s’ enhardit  ; elles se bercent.
Mathilde a enfoui son visage dans le cou de sa fille, elle sent sa veine battre contre sa tempe, son corps reprend des forces, lors

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