L ArtDeLaChute Tendre
37 pages
Français

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L'ArtDeLaChute Tendre , livre ebook

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Description

L’art de la chute, on peut, sans craindre de se tromper, affirmer que Claire Arnot le maîtrise au-delà du commun. Elle nous concocte des bijoux de textes, certains très courts, d’autres plus longs, des petits flashs du quotidien, des situations inattendues ou ordinaires, et toujours une chute comme un pavé dans la mare. Ils se déclinent en quatre catégories, les chutes noires, les chutes cocasses, les chutes tendres, et pour épicer un peu les choses, les chutes coquines.
Troisième recueil de la série L’ArtDeLaChute, le registre choisi par l’auteur est tout en tendresse, douceur et émotion se croisent entre les lignes.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374533858
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ArtDeLaChute Tendre
Claire Arnot
Page 38
L’imagination a été donnée à l’homme pour compenser ce qu’il n’est pas. L’humour pour le consoler de ce qu’il est. Saki Il faut se hâter de rire des choses pour n’être pas forcé d’en pleurer. Guy de Maupassant
Présentation
L’art de la chute, on peut, sans craindre de se tromper, affirmer que Claire Arnot le maîtrise au-delà du commun. Elle nous concocte des bijoux de textes, certains très courts, d’autres plus longs, des petits flashs du quotidien, des situations inattendues ou ordinaires, et toujours une chute comme un pavé dans la mare. Ils se déclinent en quatre catégories, les chutes noires, les chutes cocasses, les chutes tendres, et pour épicer un peu les choses, les chutes coquines.
Troisième recueil de la série L’ArtDeLaChute, le registre choisi par l’auteur est tout en tendresse, douceur et émotion se croisent entre les lignes.

« Je pourrais me lever tous les matins à 6 heures pour arpenter les collines puisque j’aime ça ; je pourrais rester chez moi, ronronnant entre mes livres et mon chat puisque j'aime ça ; je pourrais sortir tous les soirs au théâtre, au ciné, me remémorer mes jeunes années de comédienne puisque j’ai adoré ça ; je pourrais aller danser seule ou en compagnie, écumer les fiestas ou les boîtes de nuit car le swing, j’aime ça ; je pourrais voyager par mer et par air, faire le tour de la terre puisque je rêve de ça ; je pourrais passer mon temps à cuisiner, gourmande et gourmet car j'aime vraiment ça ; je pourrais me consacrer à fond dans mon boulot, combinant expérience et innovation puisque j'aime beaucoup enseigner le français aux étrangers ; je pourrais passer mes jours et mes nuits à cajoler, à créer des surprises d'amour, drôles, douces et sensuelles puisque j'adore aimer et être aimée… mais je sais déjà que je ne ferai rien de tout cela à fond… ou juste un peu en passant car feignasse comme je suis, au lieu de vivre mille vies, je préfère les inventer et vous les décrire. » Claire Arnot.
1. 24 h
J’ouvre les yeux à l’aube d’un jour nouveau en poussant un cri de délivrance ; le matin j’apprends, je ris, je marche, je parle, je dévore les livres, les amis, les amants… je cours, je voyage debout, je mords la vie à pleines dents. Puis l’amour me saisit, fulgurant, en plein midi. Le soleil au zénith éclaire mon bonheur. Après-midi câlin, certitudes, plénitude du corps et de l’esprit. Je me reproduis, je cajole mes enfants. Crépuscule en demi-teinte, vague à l’âme, angoisse du soir qui tombe… soirée chagrin, douleur, séparation. À minuit c’est la solitude, peu de remords, quelques regrets, je ferme les yeux, ma journée est finie et ma vie aussi…
2. Adieux
J’attends mon train sur le quai comme tous les matins ; on distingue d’un coup d’œil les habitués qui vont bosser de ceux qui voyagent avec anxiété : leur billet composté à la main, l’autre crispée sur leur valise, le nez en l’air, ils guettent l’arrivée du train et tentent de déchiffrer les panneaux lumineux en panne depuis des mois…
Ce grand gars-là semble plus décontracté, mais ses longs doigts serrent l’épaule d’une petite femme aux cheveux gris qui se colle à ses côtés. Mère et fils ? Elle doit avoir mon âge, mal porté et lui 25 ans à peine. Elle affiche un rouge à lèvres orange étrange, une veste à fleurs sur une jupe à rayures, des chaussures fatiguées… Elle parle russe, lui répond en russe ou en italien. Elle ne regarde que lui, avec de magnifiques yeux bleu lavande, noyés de chagrin. Je comprends, en voyant son gros sac à ses pieds, que c’est lui qui part. Fils d’immigrée russe, moldave, ukrainienne, au destin balloté… ? Elle lui parle très vite et à voix basse, elle lui fait probablement des recommandations et lui répond par des promesses… Oh comme ces deux-là m’intriguent, il y a tout un langage codé entre eux. Le quai n’existe plus, deux naufragés qui savent qu’ils vont se quitter, qui sont déjà séparés mentalement alors qu’ils sont encore physiquement tout proches l’un de l’autre….
Le temps nous broie. Comme je voudrais qu’un jour mon fils, aujourd’hui adolescent, me regarde aussi intensément, m’écoute aussi patiemment. Faut-il se séparer pour exprimer tout son amour maternel et filial ?
Le train entre en gare en soufflant ; les portières grincent, peu de gens descendent, beaucoup veulent monter. Je laisse passer les plus pressés, exprès, pour assister, curieuse, aux adieux que j’imagine déchirants. Et voici que le grand gaillard saisit à deux mains la tête de la femme et l’embrasse à pleine bouche avec passion, un long baiser profond, sensuel… ils ont tous deux les yeux fermés. Les voyageurs les dévisagent interloqués, mais moi troublée, je monte dans le train, car je comprends enfin que ce n’est pas sa maman…
3. Adresses
J’ai toujours beaucoup bougé. Père militaire : un déménagement tous les trois ans. Souvenirs hachés, arrachés, amitiés fragmentées. J’associe pourtant le bonheur parfait à un lilas blanc.
J’avais 4 ans. Au printemps, il pointait son nez fleuri sous mon balcon, enchantée je le respirais et le caressais du bout de mes petits doigts.
 À 6 ans, premier souvenir de déménagement : une ville bretonne, la brume, les embruns. Un petit port de pêche où j’appris à nager. Le varech gluant sous les pieds me terrorisait.
À 9 ans, nouvelle ville, nouveau quartier, rutilant, moderne. J’allais à l’école en tramway silencieux, je me laissais transporter en fermant les yeux.
À 12 ans, je découvre une capitale européenne ; j’apprends l’allemand et ma meilleure amie s’appelle Lorelei.
À 15 ans, drame : je tombe amoureuse d’un beau métis, lui aussi déraciné. Notre idylle dure un an, un exploit pour moi, mais je dois m’en aller. Mon Dieu, comme j’ai détesté mes parents !
À 18 ans je choisis une faculté où je peux enfin étudier, sans bouger, dans un grand campus boisé : cours, piaule, resto U, tout est sur place. Mais au bout de trois ans, je dois étoffer mon CV : Erasmus… quel intérêt ? J’avais passé ma vie à voyager ! Je m’exécute quand même ; j’enchaîne les stages, les CDD.
À 25 ans je décide d’épouser un viticulteur, convaincue qu’il ne voudrait pas bouger, mais lui, au contraire, ne rêvait que de contrées exotiques où vendre ses barriques ! Et puisque...

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