L éternité pliée. Tome III
408 pages
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L'éternité pliée. Tome III , livre ebook

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Description

Le journal littéraire s'élève à la qualité de chef-d'oeuvre quand son auteur a su associer, à l'écriture quotidienne, la réflexion et le style. Ainsi en est-il de L'Eternité pliée d'Henri Heinemann. Avec ce troisième volume, Graine de lumière, l'auteur élargit les frontières de son continent. De 1979 à 1983, défile une France qui semble lointaine, tant le nouveau siècle a foudroyé quasiment nos anciens réflexes historiques et culturels. D'où l'impression de toucher un édifice que prolongera, en 2011, le tome IV, Dialectique de l'instant (1984-1986).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 79
EAN13 9782296227682
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0197€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GRAINE DE LUMIÈRE
Daniel Cohen éditeur www.editionsorizons.comLittératuresune collection dirigée par Daniel Cohen Littératuresune collection ouverte, tout entière, à est l’écrire, quelle qu’en soit la forme : roman, récit, nouvelles, autofiction, journal ; démarche éditoriale aussi vieille que l’édition elle-même. S’il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d’avoir eu le goût des genres qui lui ont rallié un large public, il reste que, prescrip-teurs ici, concepteurs de la forme romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un de-gré critique, asséché le vivier des talents. L’approche deLittératures, chez Orizons, est simple — il eût été vain de l’indiquer en d’autres temps : publier des auteurs que leur force personnelle, leur attachement aux formes multiples du littéraire, ont conduits au désir de faire partager leur expérience intérieure. Du texte dépouillé à l’écrit porté par le souffle de l’aventure mentale et physique, nous vénérons, entre tous les cri-tères supposant déterminer l’œuvre littéraire, le style. Flaubert écrivant : « J’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le vrai » ; plus tard, le philosophe Alain professant : « c’est toujours le goût qui éclaire le jugement », ils savaient avoir raison contre nos dépérissements. Nous en faisons notre credo.D.C. ISBN 978-2-296-08742-2 © Orizons, Paris, 2010
Henri Heinemann
L’ÉTERNITÉ PLIÉE
Graine de lumière
TOME III, 1979-1983
2010
Du même auteur
Poésie Le Temps d’apprendre à vivre, Hervé-Anglard, Limoges,1970Jean, tel qu’en lui-même, Hervé-Anglard,1972Quarantaine, préface de Serge Brindeau, Hervé-Anglard,1974Je ne te parle que du ciel, relié, Hervé-Anglard,1981Sèves, Le Pont de l’Épée, Paris,1986L’heure Obsidienne, Groupe de Recherches Polypoétiques, Paris, (prix Monpezat de la Société de Gens de Lettres) L’Année du crabe, Vague Verte, Inval-Boiron,1996, (Bourse Poncetton de la Société des Gens de Lettres) Un jardin de Plein Vent, Vague Verte,2002, (Prix Paul Fort de la Fédéra-tion des Écrivains de France) Ouvre seulement les yeux, Cahiers Poétiques Européens,2004, Les Grands-le-Roi Nouvelles Quatuor et Élévation, L’Athanor,1976, Paris Tant l’on crie Noël, Le Pont de l’Épée,1984, Paris Avant l’an neuf, Vague Verte,1994Monsieur de Pont-Rémy et autres histoires, Vague Verte,2005
Mélanges littéraires
Le blé et l’ivraie, L’Amitié par le Livre,1993, Besançon Vingt ans, Groupe de Recherches Polypoétiques,2006, Paris Romans La Course, L’Amitié par le Livre,1978, postface de Suzanne Prou, (prix Hutin-Desgrées) Scènes de la vie de Benoît, Vague Verte,2001, (prix du Conseil Régional de Picardie)
Journal, éditions fragmentaires
Bois d’Amour, Pont de l’Épée,1983Si peu que ce soit, Vague Verte,1996Le Cahier22, Vague Verte,2003
Journal, édition intégrale
Sous le titre génériqueL’Éternité pliée : L’Éternité pliée, tome I, Orizons, Paris,2008La Rivière entre les doigts, tome II, Orizons,2008Graine de lumière, tome III, Orizons,2009En préparation Dialectique de l’instant, tome IV, Orizons,2011
Autobiographie
Le Moulin-Vert, L’Amitié par le Livre,1991Les Années Batignolles, L’Amitié par le Livre,1997, (Grand Prix de l’Académie des Provinces Françaises) Théâtre Philippe ou la mémoire, Vague Verte,1990
Ouvrages collectifs
Gens de Picardie, L’Amitié par le Livre,1988Gens de Franche-Comté, id.,1993Gens de Bourgogne, id.,1994Le Rire des poètes,1998, Paris, Poche-Hachette La Révolte des poètes, id., L’Amitié par le Livre,1998Balade dans l’Aisne, Alexandrines, Paris Balade dans la Somme, id.,2003Balade en Calvados, id.,2004Picardie, Auto-Portraits, La Wède,2005, Beauvais
L’auteur participe à la rédaction de plusieurs revues :Le Cerf-Volant,Le Bulletin de l’Association des Amis d’André Gide, L’Étrave, Jointure.Il pu-blie des nouvelles dansLe Courrier PicardetL’Éclaireur du Vimeu.Enfin, il est chroniqueur àRadio-Côte Picarde.
DANS LA MÊME COLLECTIONDERNIÈRES PARUTIONSMarcel Baraffe,Brume de sang,2009Jean-Pierre Barbier-Jardet,Et Cætera,2009Jean-Pierre Barbier-Jardet,Amarré à un corps-mort,2010Jacques-Emmanuel Bernard,sous le soleil de Jérusalem,2010François G. Bussac,Les garçons sensibles,2010François G. Bussac,Nouvelles de la rue Linné,2010Patrick Cardon,Le Grand Écart,2010Monique Lise Cohen,Le parchemin du désir,2009Patrick Corneau,Îles sans océan,2010Raymond Espinose,Libertad,2010Pierre Fréha,Vieil Alger,2009Gérard Glatt,L’Impasse Héloïse,2009Charles Guerrin,La cérémonie des aveux,2009Henri Heinemann,Graine de lumière,tomeIIIduJournalintitulé L’Éternité pliée,2010Olivier Larizza,La Cathédrale,2010Gérard Mansuy,Le Merveilleux,2009Lucette Mouline,Faux et usage de faux,2009Lucette Mouline,Du côté de l’ennemi,2010Béatrix Ulysse,L’écho du corail perdu,2009Antoine de Vial,Debout près de la mer,2009
er 1 janvier
1979
e matin, il me semblait que je reprenais goût à la lecture —Le Nain jau-Cne, dont je reparlerai — après une décade de semi-impotence, puis de torpeur due à l’absorption de trop de morphine. Le congé de Noël m’avait jeté dans un train, seul, prêt à affronter les festivités communales. J’admi-rais le décor sans cesse renouvelé d’une ligne que je connais pourtant par cœur. On entrait dans le jour... J’avais passé Amiens, ses rues mouillées qu’ondoyaient de lumières les reflets des magasins chamarrés de néons, puis percé des bosquets sombres, noirs même, au fond desquels s’éclairait un ciel, à la frange de nuées gorgées de pluie. Dans les sous-bois, les fla-ques obscures avaient des reflets blancs ; flaques et ornières jouaient un pareil jeu. À un moment, la ligne de bois s’interrompit, et parut un vaste é-tang, très gris, et au-dessus, sphérique et reine en son pan de ciel bleu, la lune... Oui, je me réjouissais de ce congé. Pourquoi suis-je monté, comme tout être civilisé, sur mes deux pieds, et pourquoi ai-je jugé bon de redescendre sur le dos, quatre ou cinq chaises me voltigeant par-dessus ? Bref, une déchirure musculaire d’excel-lente qualité. Le corps se détraque merveilleusement. Soudain, lacer ses
10L’ÉTERNITÉ PLIÉE
souliers, ramasser une feuille de papier, tenter de s’asseoir dans une bai-gnoire deviennent des actes d’héroïsme. Dormir vous tue. L’étrange est que j’avais envie de parler de mon corps depuis quel-que temps. La fatigue me prend au soir, alors que je résistais bien il y a trois ou quatre ans ; une course — que je continue d’adorer — m’essoufle à moins d’un kilomètre ; j’urine à tout bout de champ ; surtout, je paye la moindre imprudence, qui me faisait sourire, sourire. Me faudra-t-il dé-sormais veiller où je pose le pied, ou me méfier du vent et de la pluie ? ...À cette déchirure s’est ajoutée la torpeur, si bien que je n’ai plus su que tourner en rond, lentement, et me sentir estourbi au bout d’une page de lecture. Surtout depuis que les cérémonies de fin d’année m’ont ôté tout aiguillon. Car alors, j’aimais à faire le beau douloureux, à frapper 1 de mots rudes les allocutions d’usage : « ...Le pouvoir, c’est aussi être soi-même tout en respectant les autres. Je ne me sens pas de la race qui se dilue dans les mesquineries : quatre siècles de résistance à l’intolérance ont fait du protestant que je suis un homme assoiffé de langage direct. Quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un, je provoque le débat immédiat et j’aime ceux qui, amis ou adversaires, m’y soumettent. Je les respecte... Le pouvoir n’est pas une sinécure, et l’on y est plus facilement écorché qu’en-censé. La première joie, malgré tout, est d’espérer qu’on n’est pas totale-ment inutile ; la seconde, en suivant le programme pour lequel on s’est engagé, est de se mettre peu à peu en accord avec sa conscience. Plus soucieux de faire son devoir que de plaire, plus attentif aux intérêts de sa ville qu’on ne le croit, qu’on ne le dit, qu’on ne le murmure... » Était-ce le Mazarinde la télévision qui m’avait dicté certaines lignes ? Ce Mazarin que j’avais toujours peu aimé, quoique conscient de son talent.
5 janvier
Nous grelottons, toute l’Europe grelotte. À Cayeux, où je suis demeuré, c’est la débandade : on n’atteint plus les communes voisines, la route d’Abbeville est coupée, la descente vers Paris impossible. Un blizzard épouvantable transforme les ornières en congères. Puis... on le dit... les loups hurlent en Suède, et la grippe russe est à nos portes. La soupe ne gèle point encore dans les assiettes de l’Élysée comme elle gelait en 1709 à Versailles. Mais on y va !
1. Les vœux du Conseil Municipal (NDA).
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