L homme indigo
71 pages
Français

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L'homme indigo , livre ebook

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Description

Cyril, jeune interne en réanimation néonatale à l’Hôpital Necker, se rend en Bretagne pour l’enterrement de sa mère, Elsa. Une femme différente, solitaire et éthérée, autrefois mise au ban de son village paimpolais pour d’obscures raisons. Avec son amie d’enfance, il trouve des cahiers ayant appartenu à la défunte et découvre que pendant des années, sa mère a tenu un étrange journal. Elle a pris la plume à la place de son fils, s’immisçant dans son esprit et relatant sa vie comme si c’était la sienne. Cette mère qu’il connaissait si peu… Qui était donc Elsa en définitive ? Une criminelle ? Une sorcière ? Cyril décide de partir à la recherche d’un passé ancré dans une Bretagne colorée, authentique et sauvage, où le silence pèse, la souffrance se tait et la rumeur villageoise gronde.

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Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2019
Nombre de lectures 43
EAN13 9782756430485
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Muriel Lecou Sauvaire
L’Homme indigo

Cette histoire est inspirée de faits réels.
Pour plus d’informations sur nos parutions, suivez-nous sur Facebook, Instagram et Twitter. https://www.editions-pygmalion.fr/ © Pygmalion, département de Flammarion, 2019. ISBN : 978-2-7564-3041-6
 
ISBN Epub : 9782756430485
ISBN PDF Web : 9782756430492
Le livre a été imprimé sous les références :
ISBN : 9782756430416
Ouvrage composé par IGS-CP et converti par Pixellence (59100 Roubaix)
Présentation de l'éditeur
 
Cyril, jeune interne en réanimation néonatale à l’Hôpital Necker, se rend en Bretagne pour l’enterrement de sa mère, Elsa. Une femme différente, solitaire et éthérée, autrefois mise au ban de son village paimpolais pour d’obscures raisons. Avec son amie d’enfance, il trouve des cahiers ayant appartenu à la défunte et découvre que pendant des années, sa mère a tenu un étrange journal. Elle a pris la plume à la place de son fils, s’immisçant dans son esprit et relatant sa vie comme si c’était la sienne. Cette mère qu’il connaissait si peu… Qui était donc Elsa en définitive ? Une criminelle ? Une sorcière ? Cyril décide de partir à la recherche d’un passé ancré dans une Bretagne colorée, authentique et sauvage, où le silence pèse, la souffrance se tait et la rumeur villageoise gronde.
MURIEL LECOU SAUVAIRE s’est installée avec sa famille dans le massif de l’Étoile entre Aix-en-Provence et Marseille après vingt ans à Paris. Les montagnes et la lumière sont devenues le cadre naturel de cette experte en stratégie d’entreprise à la vie professionnelle prenante. Elle est également l’auteur d’ À l’heure où parle la rose et Paris sous influence .
Du même auteur
À l’heure où parle la rose , Pygmalion, 2018 ; J’ai lu, 2019.
Paris sous influence , Pygmalion, 2018.
L’Homme indigo
Pour Hervé, mon mari. En souvenir d’Anna.
Prologue

Yann écarta le voile de dentelle et le vent siffla à travers le chambranle. Au bout du chemin, silhouette sombre fondue dans l’azur bleu marine, Elsa, leur voisine, se tenait immobile.
— Qu’est-ce qu’elle fait, plantée là ? demanda le vieil homme.
Brigitte s’approcha de la fenêtre et admira l’arc irisé de soleil et de pluie enjambant son amie et plongeant au-delà d’elle, dans les eaux qui tourmentaient les roches bretonnes de Bréhat.
— Je ne sais pas.
— À mon avis, tu le sais très bien, grinça Yann. Chaque fois qu’un arc-en-ciel se forme, elle est là, dehors, à attendre. Trente ans que ça dure, et toi, ça ne t’étonne jamais !
— Tu ne comprendrais pas.
— Décidément, tu es aussi folle qu’elle.
Brigitte toisa son mari.
— Elle a le droit d’aimer les arcs-en-ciel sans que vous en fassiez toute une histoire ! Vous ne pouvez pas arrêter de l’épier, toi et tes camarades du village ?
Elle sortit en claquant la porte. Yann appuya son front sur la vitre. Sa femme traversait leur jardin à grandes enjambées, serrant son châle contre son cœur. Quand elle fut près d’Elsa, il rabattit le voilage.
1

Ils ouvrirent le caveau. Cyril détourna les yeux et sentit son cœur s’emballer comme celui d’un enfant. Il faisait beau, c’était l’essentiel, sa mère aurait aimé cet enterrement sous le soleil. Le cercueil glissa au fond de la tombe dans un douloureux grincement.
Odile s’avança la première et jeta une fleur, une agapanthe violette, en murmurant : « À toi, Elsa. »
Il sentit qu’il n’allait pas très bien. Il sentit surtout que cela n’avait plus guère d’importance maintenant pour elle, qu’il fasse beau ou pas.
Peut-être aurait-il dû la faire incinérer ? Il n’avait pas osé le suggérer à la dame des pompes funèbres. Il ignorait tout des dernières volontés de sa mère. Pourtant il y avait songé, la veille, à son chevet, scrutant ses yeux à jamais clos, son visage gris, si fragile avec ses longs cheveux peignés et son corps perdu dans sa robe noire. La même que pour les obsèques de son père.
Il faudrait qu’il joigne Catherine pour s’excuser d’être parti sans la prévenir. Après l’appel de Brigitte – la voisine de sa mère –, il s’était écroulé sur son lit, étreint par un vide glacé, déchirant, la respiration coupée. Une fois le vertige dissipé, il avait entassé des affaires dans une valise, contacté l’hôpital pour prendre un congé, et il avait roulé vers Loguivy, comme anesthésié, ses sentiments ensevelis sous une bienheureuse chape d’indifférence.
Ils replacèrent la plaque en béton.
Le curé s’était tu. Il contemplait la haute croix de la sépulture familiale et pensait sans doute à sa prochaine messe. Une honnête homélie, pour quelqu’un ne connaissant guère la défunte… En l’écoutant, Cyril l’avait revu le jour de l’enterrement de son père, dix ans plus jeune et beaucoup plus ému, les yeux brillants, la voix brisée. Guidé par son émotion, il avait composé une oraison dont tous ici, amis chers de Georges, devaient se souvenir. Sa mère n’avait pas la même chance aujourd’hui. Mais que pouvait-on lui reprocher ? Il était là, avec les habits et l’air de circonstance, il avait même dit quelques mots. Alors…
 
Le cercueil d’Elsa reposait désormais sous la dalle.
Un silence dénué de l’écho lointain de la mer avait suivi sa mise en terre. Pas de vent, aucun bruit ni mouvement dans le petit cimetière. Au milieu des tombes grises et roses marbrées abritant leurs aïeux, les Anciens semblaient statufiés. Cyril les observait, tous vêtus de noir comme il convient, serrés les uns contre les autres. Fuyants et vaguement haineux. Ou peut-être se faisait-il des idées ? Non… Il retrouvait sur les faciès vieillis cette animosité dont il était coutumier sans toutefois la comprendre, elle imprégnait chaque souvenir de son enfance. Pour quelque obscure raison, ils haïssaient Elsa.
À l’écart du cortège hostile se tenaient Odile et Brigitte, mère et fille appuyées l’une contre l’autre, et le curé, silencieux et mal à l’aise, fixant obstinément un horizon au-delà de son cimetière.
Enfant, ses parents ne l’avaient jamais emmené ici… Cyril avait découvert le tombeau de famille après le décès de son père et n’avait pas eu l’envie d’y retourner depuis. Ce jour-là, ils étaient disposés de la même façon. Les autres étaient massés à bonne distance de sa mère et lui. Seules Brigitte et Odile avaient refusé de choisir, alors que Yann se fondait dans l’alignement des nuques hargneuses rivées au sol. L’ordre des choses restait le même, immuable, Elsa était mise au ban de tout événement quel qu’il soit. C’était ce qu’il avait pensé à l’époque.
*
S’il y avait un arc-en-ciel, là, maintenant, cela signifierait quelque chose , songeait Brigitte, posant son visage contre la chevelure de sa fille. Un dernier signe de son amie. Une larme glissa sur sa joue fatiguée. Elle aurait tant aimé que le curé accepte un « Ave Maria ». Elsa aurait été heureuse là où elle se trouvait. Il lui avait refusé ce cadeau, par crainte de se mettre les autres à dos, avait-elle supposé. Elle était morte pourtant, que pouvaient-ils encore craindre tous ? Brigitte se mordit les lèvres.
Cyril sentit le sourire d’Odile posé sur lui, il leva les yeux vers son amie d’enfance. Elle n’avait pas changé, c’était incroyable ! Tout était rond chez elle, ses yeux, sa bouche, son menton, et même ses boucles blondes. Peut-être était-elle même plus mignonne et petite que dans son souvenir. Qu’avait-elle fait durant toutes ces années ? Était-elle toujours mariée à son avocat ? Avaient-ils des enfants ? Elle était apparemment venue seule. Pour sa mère ou pour lui ? Ou pour Brigitte, peut-être, qui semblait sincèrement souffrir du départ de sa complice de toujours.
Pendant le défilé des condoléances, il s’entendit seriner qu’il resterait un peu, l’hôpital se passerait de lui un temps, que sa dernière visite à Loguivy remontait à trois ans… « Elle n’a pas souffert », lui assura-t-on à plusieurs reprises. Qu’en savaient-ils donc ? Lui-même se le répétait pourtant comme un mantra la veille, alors qu’il roulait sans s’en apercevoir et retrouvait son chemin d’instinct. À mesure qu’il s’éloignait de Paris, la température chutait et la route rétrécissait. Comme avant.
Elle n’a pas souffert …
Ultime visite. Aujourd’hui, au bout du voyage sur sa terre natale de Bretagne, l’attendait sa petite maison amputée de son enfance ; et les autres, ici, au milieu de leurs tombes, inchangés.
Puis il ne resta plus qu’Odile. Odile et lui. Le jour commençait à baisser et le froid marin s’infiltrait sous sa peau. Les couleurs du cimetière – le bleu du ciel, le rose des tombes et le chatoiement des couronnes de fleurs – s’étaient figées sur de pâles teintes automnales. Comme si la lourde dalle funéraire en se refermant avait aspiré les teintes vives de leur région. Comme si l’hostilité de tous, sans limite aucune désormais, avait recouvert le ciel d’un voile grisâtre uniforme et terne. Était-ce possible ? Il secoua la tête.
— Alors, tu restes quelques jours ? demanda-t-elle en le fixant.
— Oui.
— Moi aussi.
2

Cyril pénétra dans sa maison alors qu’Odile, timide, restait sur le seuil. Il suspendit les clés au petit bateau en émail près de l’entrée puis ramassa de vieilles pantoufles et les aligna sous le portemanteau avant d’inspecter le désordre. Éparpillés par les va-et-vient des dernières heures, les lunettes de sa mère, un recueil de poèmes bretons, des catalogues de vente par correspondance, un châle et quelques torchons sales. De la vaisselle était empilée sur la table du coin cuisine, et même devant la cheminée. Cela lui avait paru déplacé d’organiser une réception après l’enterrement. Maintenant, le rez-de-chaussée déserté et sombre suait la désolation.
Désemparé, il s’approcha de la fenêtre. Le ciel était bleu sur l’archipel de Bréhat, et laiteux au-dessus, comme si le froid s’apprêtait à recouvrir de vagues blanches leur horizon de mer et de roches brunâtres.
Odile claquait des dents devant la porte, il suggéra de faire un feu et ils allèrent chercher ensemble des bûches empilées derrière la maison.
— Tu as souvent vu ma mère ces dernières années ?
— Oui, chaque fois que je venais vo

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