L Île errante
132 pages
Français

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L'Île errante , livre ebook

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Description

Qui sont les vingt-quatre écrivains de ce recueil ? Certains vivent à Cuba, d'autres pas. Certains sont dissidents, d'autres pas. Certains sont jeunes, d'autres… moins. Certains, diffusés de par le monde, traduits, restent inconnus dans leur pays natal. Tous évoquent Cuba, certains directement, avec une double casquette d'écrivains et de journalistes ; d'autres, la plupart, empruntent des chemins de traverse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296676428
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel Cohen éditeur
 
www.editionsorizons.com
 
Littératures, une collection dirigée par Daniel Cohen
Littératures est une collection ouverte, tout entière, à l'écrire, quelle qu'en soit la forme : roman, récit, nouvelles, autofiction, journal ; démarche éditoriale aussi vieille que l'édition elle-même. S'il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d'avoir eu le goût des genres qui lui ont rallié un large public, il reste que, prescripteurs ici, concepteurs de la forme romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont, jusqu'à un degré critique, asséché le vivier des talents.
L'approche de Littératures, chez Orizons, est simple —il eût été vain de l'indiquer en d'autres temps : publier des auteurs que leur force personnelle, leur attachement aux formes multiples du littéraire, ont conduits au désir de faire partager leur expérience intérieure. Du texte dépouillé à l'écrit porté par le souffle de l'aventure mentale et physique, nous vénérons, entre tous les critères supposant déterminer l'œuvre littéraire, le style. Flaubert écrivant : « J'estime par-dessus tout d'abord le style, et ensuite le vrai » ; plus tard, le philosophe Alain professant : « c'est toujours le goût qui éclaire le jugement », ils savaient avoir raison contre nos dépérissements. Nous en faisons notre credo. D.C.
 
 
 
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
ISBN : 978-2-296-08791-0
© Orizons, Paris, 2011
 
 
 
L'Île errante
 
Nouvelles cubaines
 
 
 
DANS LA MÊME COLLECTION
 
Marcel Baraffe, Brume de sang, 2009
Jean-Pierre Barbier Jardet, Et Cætera, 2009
Jean-Pierre Barbier Jardet, Amarré à un corps-mort, 2010
Michèle Bayar, Ali Amour, 2011
Jacques-Emmanuel Bernard, Sous le soleil de Jerusalem, 2010
François G. Bussac, Les garçons sensibles, 2010
François G. Bussac, Nouvelles de la rue Linné, 2010
Patrick Cardon, Le Grand Écart, 2010
Bertrand du Chambon, La lionne, 2011
Daniel Cohen, Eaux dérobées, 2010
Monique Lise Cohen, Le parchemin du désir, 2009
Eric Colombo, La métamorphose de Ailes, 2011
Patrick Corneau, Îles sans océan, 2010
Maurice Couturier, Ziama, 2009
Charles Dobzynski, le bal de baleines et autres fictions, 2011
Serge Dufoulon, Les Jours de papier, 2011
Raymond Espinose, Libertad, 2010
Jean Gillibert, À demi-barbares, 2011
Jean Gillibert, Exils, 2011
Jean Gillibert, Nunuche, suivi de Les Pompes néantes, 2011
Gérard Glatt, L'Impasse Héloïse, 2009
Charles Guerrin, La cérémonie des aveux, 2009
Henri Heinemann, L'Éternité pliée, Journal, édition intégrale.
François Labbé, Le Cahier rouge, 2011
Didier Mansuy, Cas de figures, 2011
Gérard Mansuy, Le Merveilleux, 2009
Kristina Manusardi, Au tout début, 2011
Lucette Mouline, Faux et usage de faux, 2009
Lucette Mouline, Du côté de l'ennemi, 2010
Anne Mounic, (X)de nom et prénom inconnu, 2011
Béatrix Ulysse, L'écho du corail perdu, 2009
Antoine de Vial, Debout près de la mer, 2009
 
Nos autres collections : Profils d'un classique, Cardinales, Domaine littéraire se corrèlent au substrat littéraire. Les autres, Philosophie —La main d'Athéna, Homosexualités et même Témoins, ne peuvent pas y être étrangères. Voir notre site (décliné en page 2 de cet ouvrage)
 
 
 
L'Île errante
 
Nouvelles cubaines
 
 
Sélection et traduction de l'espagnol (Cuba)
Liliane Hasson
 
 
Postface
Armando Valdés-Zamora
 
 

2011
 
 
 
Pour Carlos Victoria
In memoriam
 
 
 
Antonio Benítez Rojo
 
Le petit-fils
El nieto
 
 
L 'homme devait être l'un des architectes chargés des travaux de restauration du bourg, car il allait dans tous les sens, avec des crayons et des feutres de couleurs plein les poches. Il pouvait avoir dans les trente ans, guère plus, à en juger par sa barbe fournie d'un châtain uniforme ; il avait plutôt belle allure avec son pantalon de travail moulant, sa chemise à carreaux, ses bottes espagnoles, son rouleau de plans dans la main, sa vieille casquette vert olive, passablement délavée.
Il était midi, c'est pourquoi il n'y avait pas de maçons sur les échafaudages, ni à côté des monticules de sable et de gravats, ni sur l'armature en planches qui laissait à peine entrevoir la façade de la grande maison, édifiée depuis bien longtemps en haut de la place aux pavés d'époque. Le soleil découpait les corniches aux tuiles rouges déjà restaurées des bâtiments voisins et dardait ses rayons sur la maisonnette basse aux murs lézardés, fichée dans l'enfilade des constructions ravalées, comme une dent gâtée.
L'homme descendit la rue, arriva devant la maisonnette, se retourna pour observer la place et peut-être pour contrôler l'avancement des travaux de la grande maison. Ensuite, il déplia le plan, observa encore le haut de la rue, l'air mécontent, en laissant le plan s'enrouler de lui-même. Il s'aperçut alors que le soleil tapait fort, car il quitta la rue pour s'adosser contre la fenêtre fermée de cette maison ; il s'épongea le front avec son mouchoir et, une fois de plus, il regarda les travaux.
— Désirez-vous un verre de limonade ? demanda la vieille dame à tête ronde, qui avait entrouvert le volet.
L'homme fit volte-face, surpris, la remercia d'un sourire et accepta. Aussitôt, la porte s'ouvrit et une aimable silhouette trapue se présenta sur le seuil et l'invita à entrer.
Sur le moment, l'homme distinguait mal l'intérieur du salon, car il heurta un rocking-chair au cannage défoncé, troué par endroits, qui alla se balancer en grinçant.
— Asseyez-vous, dit la femme en souriant. Je vous apporte tout de suite votre limonade. Je vais d'abord piler de la glace, ajouta-t-elle comme pour s'excuser par avance de le faire attendre.
L'homme stoppa le balancement du siège, l'examina et s'assit prudemment. Déjà adapté à la pénombre, il regarda autour de lui : la console au miroir piqué, l'autre rocking-chair, le canapé au dossier à médaillons, les paysages ternes accrochés aux murs. Son regard indifférent glissa sur les autres objets de la pièce mais, soudain, il se figea sur la photo d'identité posée sur le guéridon du milieu dans un petit cadre d'argent.
Précipitamment, l'homme se leva et s'empara du portrait qu'il approcha de ses yeux. Il resta ainsi, le faisant tourner dans ses mains, jusqu'au moment où il entendit marcher dans le couloir. Alors, il le remit en place et alla se rasseoir avec des gestes hésitants.
La vieille dame lui tendit un verre posé sur une soucoupe.
— Vous en désirez un autre ? demanda-t-elle de sa voix claire et cordiale, pendant que l'homme buvait d'un trait.
— Non, merci. Il se leva pour poser son verre à côté de la photo. Il fait frais chez vous, dit-il sans trop de conviction.
— Enfin, si on ne laisse pas passer le soleil sur le devant, on est bien. Derrière, dans la cour, pas de problèmes avec le soleil ; à la cuisine non plus.
— Vous vivez seule ?
— Non, avec mon mari, répondit-elle. Il est très content que l'on répare les maisons, par ici. Il est allé faire les courses à l'épicerie... Est-ce que vous savez s'ils ont l'intention d'arranger notre maison ?
— Eh bien, c'est à voir...
Elle l'interrompit d'une voix ferme :
— C'est ce que je dis à mon mari. Cette maison n'est pas muséable. Ce n'est pas comme ça qu'on dit ? J'ai lu ça dans un magazine.
L'homme sourit avec embarras et prit congé. Il se dirigea vers la sortie, suivi de la femme.
— Je vous remercie beaucoup. Votre limonade était délicieuse.
— Ce n'est rien, répondit-elle en ouvrant la porte sur la fulgurance de la rue. Si vous êtes encore dans les parages demain et si vous avez soif, frappez sans vous gêner.
— Cette personne sur la photo... c'est un proche ? demanda l'homme comme s'il avait du mal à trouver ses mots.
— Mon petit-fils. Cette photo date de l'époque où il combattait la dictature dans nos montagnes. Maintenant, il est marié et il vit à La Havane.
L'homme se contenta de hocher la tête et se hâta de sortir. Dans la rue, il s'arrêta, cligna des yeux sous le soleil ardent et regarda la porte, déjà refermée.
— Allez-vous réparer notre maison ? lui demanda un vieillard qui portait deux grands sacs en papier calés sur son bras ; une flûte de pain dépassait.
— Nous essaierons. Mais vous savez comment ça marche, ces choses-là... Enfin, il me semble que oui. D'ailleurs, elle en vaut la peine.
— Elle ferait mauvais effet par rapport à l'ensemble, fit le vieil homme. Elle jurerait par rapport aux autres, ajouta-t-il, non sans malice.
— Oui, vous avez raison, répondit l'homme, les yeux tournés vers la maison. J'ai examiné l'intérieur. À l'intérieur, elle n'est pas mal.
— Eh bien, tant mieux. Le problème, c'est le toit, hein ?
Mais ça ne serait pas un grand problème, n'est-ce pas ? Celle d'à-côté n'avait pas non plus de toit de tuiles et maintenant, regardez comme elle est belle.
Soudain, le vieillard s'approcha de l'homme et, bouche bée, il scruta longuement son visage.
— Vous êtes..., commença-t-il d'une voix étranglée.
—Oui.
— Vous a-t-elle reconnu ? demanda le vieil homme en s'humectant les lèvres.
— Je ne crois pas. Il faisait un peu sombre à l'intérieur. Et puis, les années passent et maintenant, j'ai une barbe.
Le vieux avança tête basse vers le banc près de l'entrée, déposa ses emplettes sur la pierre et s'assit péniblement à côté.
— Nous habitions à La Havane, mais nous sommes tous les deux d'ici. C'est une bourgade ancienne. Nous avons voulu passer ici nos dernières années ? Nous n'avons pas eu d'enfants. C'est normal, n'est-ce pas ? dit le vieillard en fixant le bout tordu de ses chaussures usées. Le jour même de notre retour... Juste ici — il désigna un point sur le trottoir — juste ici, se trouvait la photo. Vous habitiez à côté ?
— Non, j'étais dans les montagnes. Mais parfois, je descendais au bourg. J'avais une petite amie qui habitait... J'aimais bien me promener sur c

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