La lecture à portée de main
128
pages
Français
Ebooks
2012
Écrit par
Lina Savignac
Publié par
Éditions la Caboche
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
24 septembre 2012
Nombre de lectures
2
EAN13
9782924187036
Langue
Français
Publié par
Date de parution
24 septembre 2012
Nombre de lectures
2
EAN13
9782924187036
Langue
Français
Couverture : une idée originale de
Raymond Gallant
Révision
Nicolas Gallant
Mise en pages
Pyxis
Photo
Pierre R. Chapleau, Prac Photo
Catalogage avant publication de
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
et Bibliothèque et Archives Canada
Lina Savignac, 1949 -
L’Irlandais... : Roman
Sommaire: [1] Elwin. [2] Martin.
ISBN 978-2-923447-55-1 (v. 1)
ISBN 978-2-924187-01-2 (v. 2)
ISNB ePub : 978-2-924187-03-6
ISBN PDF : 978-2-924187-02-9
I. Titre. II. Titre: Elwin. III. Titre: Martin.
PS8637.A87I74 2011 C843’.6 C2011-942073-2
PS9637.A87I74 2011
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 Bibliothèque nationale du Canada, 2012
Éditions la Caboche Téléphones : 450 714-4037
1-888-714-4037
Courriel : info@editionslacaboche.qc.ca www.editionslacaboche.qc.ca
Vous pouvez communiquer avec l’auteur par courriel : lina.savignac@gmail.com
Toute ressemblance avec les événements ou les personnages ne pourrait être que fortuite.
Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Avis au lecteur
Je tiens à souligner le caractère spécifique de ce roman d’époque. Basée sur des faits réels et véridiques, cette trilogie a exigé beaucoup de recherches. Par contre, je me suis octroyée le droit de romancer certains faits et quelques lieux. Des personnages imaginaires ont pris d’assaut les pages de ce livre, calquant leur vie à mon privilège de romancière.
L’auteure
À mes deux fils sans qui Elwin et Martin
seraient restés dans l’ombre des pages.
1
LE FILS DE L’IRLANDAIS
Automne 1869. Appuyé contre la jambe de son père, Martin O’Reilly s’efforçait d’admirer le coucher de soleil qui disparaissait derrière le boisé. Cela ne faisait pas très longtemps qu’il avait ce nouveau papa et habitait dans cette maison. Il y avait de ça quelques jours, une petite sœur de la Miséricorde avait pris sa main et l’avait amené dans le bureau de la directrice. Cette promenade n’augurait rien de bon, sinon une remontrance qui lui vaudrait peut-être un coup de règle sur les fesses. La responsable de la Crèche de la Miséricorde ne se montrait pas très patiente avec les rebelles. Martin fut des plus étonnés lorsqu’il aperçut un gaillard le crâne garni de cheveux roux comme les siens. L’homme se tenait droit et dominait sœur Thérèse-de-Jésus d’une tête. En voyant arriver son fils, le grand diable rouge s’était jeté sur lui et l’avait serré dans ses bras jusqu’à ce qu’il étouffe. Et le voilà qui s’élevait dans les airs. Ignorant comment se dégager, Martin s’était mis à lui pousser sur les épaules et l’abdomen afin de se soustraire à cette étreinte trop rapprochée et non désirée. Cet homme était-il fou ? Il semblait déborder d’amour pour lui et ne savait pas où répandre ses bisous mouillés. Dès qu’il fut libéré, Martin recula, car depuis qu’il avait goûté aux prétendues joies de la famille, il craignait tout excès. Il y avait quelque temps, un homme bourru, accompagné d’une dame se prénommant Bérangère, lui avait fait valoir le bonheur d’avoir des parents et d’appartenir à une tribu. Tous les trois, ils avaient quitté la crèche, puis étaient montés dans un train où ils étaient restés près de vingt-quatre heures, sans pouvoir en descendre. Difficile de se tenir tranquille pour un jeune garçon habitué de se tirailler avec ses comparses, surtout en l’absence de sœur Marthe.
Il n’avait fallu que quelques jours pour que les Falardeau retournent cet enfant turbulent et paresseux. Ils avaient pris ce gamin en élève dans le but d’en faire un bon habitant, mais bien vite, Joseph Falardeau s’était aperçu que cet orphelin était de la mauvaise graine et qu’il valait mieux s’en défaire tout de suite. Les parents adoptifs conclurent donc qu’ils avaient choisi une pomme pourrie. Heureusement, le fait de vivre isolé sur une ferme située à la bordure d’un bois avait permis de garder la chose secrète. Ainsi, sans tarder, ils se débarrassèrent de l’enfant en le plaçant dans un train en direction de Montréal avec l’espoir qu’une religieuse l’attendrait à sa descente. Ces gens n’étaient pas riches et avec la somme versée à la directrice de la crèche pour ses bonnes œuvres, ils n’avaient plus assez d’argent pour payer leurs propres passages allers-retours. Par conséquent, Martin devrait se débrouiller seul. Et puis, que voulez-vous qu’il lui arrive dans un wagon ?
Martin fit donc l’expérience de voyager sans escorte. Lui qui vivait toujours en compagnie d’autres garçons s’ennuya à mourir. Puisqu’à force de tout règlementer, les religieuses avaient involontairement inculqué la désobéissance comme valeur nécessaire à la survie psychologique des enfants, Martin se leva et quitta son siège de bois dur pour se dégourdir un peu. Pourquoi ne pas se délier les jambes en courant dans ce corridor ? Quel bonheur de se sentir enfin libre ! Soudainement, son élan fut stoppé par une main puissante. Derrière lui, un mastodonte à la peau noire, habit de la même couleur, casquette ronde sur l’occiput, lui demanda de s’identifier.
— Je m’appelle Martin, déclara-t-il en examinant le monstre qui le surplombait.
— Et ton nom de famille ? grogna l’homme.
— Je ne sais pas. Je m’appelle Martin, s’impatienta l’enfant.
— Où vas-tu, monsieur Martin ?
— À Montréal, monsieur Noir.
Contrairement à Martin, le steward n’apprécia pas le jeu de mots et agrippa fermement le voyageur par le bras et le reconduisit dans une cabine vide.
— Si tu bouges d’ici, je sors mon chaudron et je te fais cuire aussi vrai que ta peau est blanche et appétissante. Crois-moi, tu as intérêt à te tenir tranquille.
Martin comprit que ce type n’entendait pas à rire et que s’il ne voulait pas finir dans une marmite suspendue au-dessus d’un feu de bois, il aurait avantage à l’écouter. À la gare Bonaventure, une religieuse attendait le jeune voyageur et le ramena séance tenante à la Crèche de la Miséricorde. Martin reprit sa place au sein des trois et quatre ans sous la gouverne de sœur Marthe. Quel plaisir de retrouver ses amis et ses bonnes vieilles habitudes ! Malheureusement, c’est un fait reconnu, le bonheur a la queue glissante. Voici que la directrice le confiait à un autre homme, mais cette fois, il n’y avait pas de maman. Celui-ci lui parlait de paternité, prétendait être son père naturel et l’invitait à venir vivre dans sa maison située à Belœil. Martin doutait de la véracité de la déclaration, bien qu’il ignorait sur quels critères fonder cette observation. Une fois les papiers signés, sœur Thérèse-de-Jésus l’embrassa sur le front, puis lui chuchota à l’oreille :
— Martin, je ne veux plus te revoir à l’orphelinat. Tu as bien compris ?
L’enfant fit signe que oui. Puis en implorant la directrice, il osa une réflexion.
— Attendez, je n’ai pas dit bonjour à mes camarades et à sœur Marthe.
— Une autre fois, conclut la religieuse en le poussant dans le dos afin qu’il sorte de son bureau.
Alors, la pupille des sœurs de la Miséricorde mit sa main dans celle du grand rouquin qui se réclamait d’être son père.
Elwin venait de l’échapper belle. Il aurait pu perdre son enfant à cause d’une nonne peu consciencieuse. Dans le fond, ne fallait-il pas remercier les Falardeau qui l’avaient renvoyé à la crèche ? L’Irlandais choisit de s’adresser à Martin en français, seule langue que le bambin connaissait. Il serait toujours temps de lui apprendre les expressions propres au peuple de Gaël. Fier comme un paon, Elwin trimballait son fils à travers le village, le présentant à tout le monde. Martin, ne voyant pas d’intérêt à ces exhibitions publiques, préférait jouer avec Mika ou chez le voisin. Il y avait là quatre jeunes enfants qui s’amusaient dans un grand carré de sable avec un petit cheval de bois, une charrette miniature, une panoplie de pelles et de bols. Il fallut peu de temps à Martin pour faire partie de la compagnie et inventer quelques histoires aussi invraisemblables les unes que les autres. On lui laissait l’entière jouissance des jeux pourvu qu’il respecte ses nouveaux amis. Le maître des lieux se prénommait Hector et était le garçon le plus âgé. Ici, les filles ne géraient pas grand-chose. En vérité, on refusait leur présence, si bien que le chef les refoulait, poupées en main, jusque sur la galerie. On ne se forgeait pas un caractère d’homme en se distrayant avec des catins. Lorsqu’un litige survenait, tout le monde s’en référait à Hector.
Martin avait r