La Guerre des trois vallées
194 pages
Français

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La Guerre des trois vallées , livre ebook

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Description

Convergeant vers la « montagne sacrée » s’étendaient trois vallées. Chacune séparée des deux autres par des crêtes tapissées de forêts impénétrables et terrifiantes.

Chacune venant buter sur les premiers contreforts de la montagne et close par d’épaisses murailles de l’autre. Chacune peuplée de tribus s’ignorant ou se craignant sous la houlette de prêtres sectaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414544349
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-54435-6

© Edilivre, 2021
Dédicace

A Reine, toujours.
A Jérome et Frederic qui savent ce que veulent dire intolérance et exclusion.
A Tanguy. Que sera ton monde ?
Prologue
Convergeant vers la « Montagne sacrée », s’étendaient trois vallées.
Chacune séparée des deux autres par des crêtes tapissées de forêts impénétrables et terrifiantes.
Chacune venant buter sur les premiers contreforts de la montagne d’un côté et close par d’épaisses murailles de l’autre.
Dans la vallée de l’Est, habitaient les Jurites.
Ils étaient les habitants les plus anciens. Ils adoraient et craignaient l’Esprit de la Montagne sacrée qui les dominait et barrait le fond de la vallée. Ils l’honoraient de sacrifices, de processions et de dévotions.
Ils furent longtemps seuls sur cette terre sacrée mais fuyant des guerres, des famines ou des épidémies, d’autres peuples se hasardaient en cohortes de miséreux vers la protection des montagnes.
Devant l’arrivée de ces nouveaux migrants, les Jurites se barricadèrent.
Leur vallée fut close par de puissantes murailles afin d’empêcher ces loqueteux porteurs de maladies et de croyances douteuses de venir les contaminer.
Dans la vallée du Nord, rebutés par l’accueil hostile des Jurites, s’installèrent les Eurites.
Ils fermèrent à leur tour leur vallée se méfiant des voisins et de l’arrivée possible d’autres émigrés encore plus miséreux.
Ils se tournèrent vers la montagne qui fermait l’horizon de ses crêtes.
Ils ne craignaient pas l’esprit de la montagne mais adoraient et révéraient cette ombre tutélaire qui les rassurait.
Puis au cours de la même décennie arrivèrent les Bédites qui, de portes closes en murailles rébarbatives, n’eurent que l’ultime option de trouver refuge dans la vallée du Sud.
Ils décrétèrent divin l’esprit de la montagne et se prosternèrent devant elle.
Ainsi passèrent des siècles d’ignorance mutuelle et de cloisonnement.
Chapitre un
Dans la vallée de l’Est…
Aucun rayon n’effleurait encore les sommets déchirant le ciel de glace. La vallée se perdait entre les trainées de brume accrochées aux sapins, rampant le long des maisons endormies.
Aucun oiseau, frappé de mutisme, n’osait encore d’une trille éveiller le monde des hommes. Seuls le souffle d’un bœuf et son long frottement contre un tronc complice évoquaient une vie, une présence dans l’aube paresseuse.
Pourtant, venant du fond de la vallée du côté de la montagne, un bruit sourd commençait à solliciter les flancs des collines, leur imposant son rythme.
Pâles silhouettes bizarrement vêtues de longues robes blanches, à peine discernables dans la brume, des hommes gravissaient le sentier. Précédés du son monotone et angoissant d’un lourd tambour de bronze, ils traversaient les hameaux, les bergeries et les fermes éparses au long de la vallée.
Sur un chariot, naïvement décoré, tiré par deux robustes chevaux, se tenait, hiératique et sombre, un homme de haute taille, le front ceint d’un turban. A ses côtés, armé d’un heurtoir habillé de tissu, un petit homme replet rythmait la marche en frappant régulièrement le tambour de bronze. D’autres chariots suivaient. Vides, prêts à recevoir les dons.
Au passage de cette singulière cohorte, les maisons s’animaient. Les lourds volets de bois s’ouvraient et, sur le seuil des masures, se groupaient les familles.
Tous savaient que le jour était venu.
Figés, craintifs, sous le regard méprisant du prêtre qui les toisait, ils attendaient dans un respect frileux que la troupe s’éloigne avant de se précipiter dans leurs maisons pour les derniers préparatifs.
Ils connaissaient le programme.
Quand le cortège aurait atteint le mur fortifié qui scellait la vallée, quand toute la vallée, enfin éveillée, aurait rassemblé la population au long du chemin, la troupe des prêtres et des servants ferait demi-tour et retournerait vers le village et le temple. Alors, devant chaque maison, à côté d’une table chargée de victuailles, d’une chèvre ou d’un cochon décoré de guirlandes, se tiendrait le fils ou la fille de la maison.
C’était le jour du « don »
Chaque année, à la fin de l’automne, récoltes rentrées et bétail gras des alpages d’été, venait ce jour détesté. Chacun avait été avisé du montant de son obole… sacs de blé, avoine, fruits, volailles et bétail… tout était prévu, comptabilisé et, malheur à qui s’en croyait quitte. Malheur à ceux que la grêle avait ruinés, dont le troupeau avait été décimé par les loups ou dont les rats avaient rongé le grenier.
La sanction était immédiate. La famille devant fournir au grand prêtre un homme adulte de la famille… Esclave pour une année entière au service du temple. Il se retrouverait soldat, palefrenier ou domestique à la discrétion des prêtres qui régentaient la vallée. Si le collecteur d’impôts préférait, ce serai une jeune fille que l’on emmènerait, servante, vestale ou simplement livrée aux appétits des maîtres du temple.
Mais surtout et toujours, chaque enfant ayant atteint sa quinzième année devait se tenir vêtu de blanc, chaussé de sandales avec une couronne de fleurs à la main à côté des offrandes.
C’était le jour sacré de l’initiation au temple, le jour du serment à la Montagne et de la prestation de soumission et d’allégeance au grand prêtre et au temple.
C’était ce jour, tant redouté des parents et espéré des enfants, qui avait tenu Ari éveillé une grande partie de la nuit.
Il avait mille fois tenté de déchiffrer la pâle clarté des étoiles dans l’attente d’une promesse. Il s’était levé, avait écouté le sommeil paisible de ses parents. Réfrénant l’envie de les secouer, de les réveiller pour faire avancer l’aube. Il avait maugréé contre leur sommeil de paysans. Dans quelques heures, il serait au temple et aurait cessé d’être un enfant. Il connaîtrait enfin le secret de la Montagne mère. Il gravirait les escaliers de pierre du rocher sacré et verrait devant lui le grand prêtre Juri.
Combien de fois avait-il répété la cérémonie…
Je monte lentement, les yeux baissés derrière mes camarades, jusqu’à la vasque où brûle le feu sacré. J’y jette ma couronne de fleurs, symbole de l’enfance et je gravis encore quelques marches. L’intendant du temple me demande mon nom et ma filiation et me présente au grand prêtre qui me coiffe du cercle de métal à aigrette de bronze.
Puis je descends m’aligner avec les autres participants et nous attendons le discours de Juri et la suite des manifestations.
Le jour commençait à se lever at Ari avait replongé dans un vrai sommeil d’adolescent.
L’agitation extérieure le fit soudain émerger et réaliser qu’il était plus que temps de sauter du lit, se coiffer et vêtir la ridicule tenue de cérémonie. Empêtré dans sa toge, il sortit en trainant les pieds. Le soleil levant et les affectueuses bourrades de ses amis achevèrent de le reconnecter à la réalité.
Les assistants de Juri le grand prêtre, durent s’époumoner pour obtenir un semblant de silence et former la troupe d’adolescents en une colonne qui prit la direction du village bientôt renforcée par celles des hameaux voisins.
Une centaine de jeunes gens à peu près calmés s’installèrent en cercle autour du rocher au centre de l’esplanade. Le temple ceint de puissantes colonnes se dressait imposant, presque menaçant. Scintillant dans le soleil du matin, le grand prêtre fit pompeusement son apparition. Vêtu de sa robe d’or, il toisa la foule et s’avança. Il grimpa lentement sur le rocher et planta son regard sombre dans les yeux de chacun au milieu d’un silence lourd de frissons d’inquiétude.
Puis, enfin assuré de son emprise et de sa domination, il parla.
— Enfants !
Tournez vos regards vers cette montagne. Elle a l’air paisible dans ce matin lumineux. Elle est pourtant terrifiante quand les éclairs l’illuminent. Elle est mystérieuse quand elle se dissimule sous les nuées. Elle est aussi protectrice. Elle nous enrichit de ses milliers de ruisseaux qui viennent irriguer nos cultures. Elle est notre mère mais elle est aussi notre père dont le courroux peut être terrible si nous l’offensons. Courbez-vous devant elle car elle est dieu.
Sa voix s’était enflée jusqu’à rouler le tonnerre dont il menaçait l’assistance effrayée.
Après un long silence, laissant à ses ouailles le temps de se pénétrer de la puissance du propos, il reprit la parole.
Son discours ne fut plus qu’une longue suite d’interdits et de devoirs.
Il est interdit de… il est sacrilège de… il faut, il ne faut pas… On doit et surtout, on ne doit pas.
Dans tout ce fatras Ari nota surtout qu’il était interdit de gravir la montagne au-delà de la ferme de Yankel… La ferme bleue sur le chemin qui longe le torrent. Que nul n’était autorisé sous peine de châtiments dont le détail dans la diversité et dans l’horreur peupla ses nuits de cauchemars, à quitter la vallée pour aller voir ailleurs.
Cet ailleurs n’étant peuplé que d’hérétiques adorant l’esprit d’une autre montagne, pratiquant sans doute le cannibalisme et les sacrifices humains. Gens de sacs et de cordes ne rêvant que de massacrer les Jurites et de leur imposer de faux dieux. Il était bien entendu hors de question de pénétrer dans les forêts qui alourdissaient les crêtes. Elles étaient peuplées d’êtres maléfiques et terrifiants.
Ari se demanda avec malice comment le grand prêtre savait tout cela puisque personne n’avait le droit d’y aller.
Juri leur expliqua que si par hasard, un étranger venu d’une autre vallée se présentait aux portes, il fallait de suite en informer les responsables. En effet, ces hérétiques étaient haïssables mais comme nous étions bons et compatissants, sûrs de l’authenticité de notre foi, nous essayerions de l’amener à la vérité. Ce

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