Là où je suis mort
472 pages
Français

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Là où je suis mort , livre ebook

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Description

« ... ce que j’attends de vous ce n’est pas de survoler l’île Cocos, mais de vous y écraser ! »








Jusqu’ici, l’existence de Dony Milan, ancien pilote de l’armée de l’air Française, expatrié sur l’île Ometepe, au Nicaragua, se résumait à une sorte de cuite sans fin entrecoupée de quelques vols dans son vieux coucou, lorsque de rares touristes acceptaient de lui faire confiance.








Alors, quand Sasha, le fils de son vieil ami, débarque, arrogant et sûr de lui en prononçant cette phrase, il comprend que les ennuis commencent. Mais il a fait une promesse et Dony Milan n’est pas homme à la renier. Commence alors une folle épopée dont le pire danger ne se situera peut-être pas là où il l’imagine.















Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414546541
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-54655-8

© Edilivre, 2021
Ometepe – 1984
Debout à l’avant de l’embarcation, Sasha regardait l’île approcher lentement, tout en cherchant vainement à éponger la sueur qui ruisselait sur son front et collait sa chemise contre sa peau. Après maintes discussions, il avait réservé ce bateau pour la journée, mais la désagréable impression que le Nicaraguayen qui tenait la barre faisait durer le plaisir ne le lâchait pas, comme s’il cherchait à justifier le tarif exorbitant qu’il lui avait demandé. Les odeurs de poissons en décomposition lui donnaient la nausée et il commençait à avoir le mal de mer. Depuis le début du voyage il se refusait à poser un morceau de son postérieur sur le banc à la peinture écaillée, parsemé de résidus indéterminés que son costume à trois mille francs n’aurait pas supportés.
— ¿Es posible ir más rápido? 1
L’homme à la peau ridée et tannée par le soleil, ne répondit pas, se contentant de hausser les épaules en crachant dans l’eau. Pourtant, le son du vieux moteur poussif qui propulsait l’embarcation monta de quelques octaves, preuve qu’il ne voulait pas contrarier ce touriste bizarre qui semblait être une mine d’or ambulante.
Sasha reporta son regard sur l’horizon, le lac Nicaragua, du même nom que le pays, était immense et l’île d’Ometepe, dont les contours en forme de huit se dessinaient maintenant nettement, la principale des cent trente îles qu’on pouvait y trouver. Une île particulière, puisque flanquée respectivement au nord et au sud des volcans, Concepción et Maderas. De gros nuages de brume s’accrochaient sur leurs cimes, semblant attendre un signal pour s’écraser sur l’île. Vue du lac, l’île paraissait comme prisonnière de ces deux masses imposantes et menaçantes.
Le jeune homme s’épongea une nouvelle fois le front, pestant contre cette humidité tropicale qui pénétrait par tous les pores de la peau. Il avait pesé le pour et le contre durant des semaines avant d’entreprendre ce voyage, finissant par admettre qu’aucun autre choix ne se présentait à lui. Des semaines de réflexion qui lui avaient fait perdre un temps précieux, dorénavant il n’y avait plus de place pour un plan B. Cela devait fonctionner.
Alors que l’embarcation s’approchait du port de San José Del Sur, le doute l’envahit à nouveau. Il avait été habitué très tôt à prendre des décisions cruciales, à trancher dans le vif, à ne pas laisser apparaître la moindre émotion qui aurait pu ouvrir une brèche à ses contradicteurs. Mais toutes ses décisions avaient toujours pris appui sur des dossiers en béton, des rapports ultra-détaillés, des évaluations des risques poussées à leurs extrêmes. Des équations sans inconnue qu’il résolvait haut la main.
Ici l’inconnu de l’équation s’appelait Milan et sans lui tout le plan tombait à l’eau.
« Et alors ? Tous tes rapports, tes études, tes dossiers, tes business plans ne t’ont pas empêché de te planter. Fais confiance à ton intuition, tu n’as pas d’autre choix de toute façon, c’est ça ou la clef sous la porte, et tu sais très bien que papa ne l’aurait pas supporté ».
La voix de la raison, celle qui le guidait depuis tant d’années venait encore une fois à sa rescousse pour le rassurer, comme à chaque fois qu’un doute s’immisçait dans son esprit.
— ¿A dónde va en la isla, Señor ? 2
La voix du pilote le sortit de ses pensées. Il se tourna vers l’homme
— Me voy al aeródromo 3
— ¿El aeródromo? Eres piloto o buscas uno? 4
Sasha sourit, s’il avait su piloter, tout aurait été plus simple et il n’aurait pas eu à venir se perdre dans ce trou.
— No soy piloto, veré uno. 5
— Ok, ¿quieres que te busque un medio de transporte? 6
Sasha le voyait venir, le type cernait le bon filon et il voulait en profiter jusqu’au bout. Heureusement, il avait profité des heures d’avions pour étudier un peu cette île et il savait qu’un bus pouvait l’emmener à l’aérodrome. Certes, l’idée de troquer cette embarcation puante contre un bus surchauffé et probablement bondé ne l’enchantait guère – à quand remontait son expérience des transports en commun, si tant est qu’il y en ait eu une un jour ? – mais il préférait cela plutôt que de continuer à se faire arnaquer par le vieux pêcheur.
— No gracias, tomaré el autobús. 7
— Como queráis. Y este piloto, ¿cómo se llama? Estoy seguro de que lo conozco. 8
Cette fois le type commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. De quoi se mêlait-il ? Il avait l’impression de revivre les rares fois où, son chauffeur étant indisponible, il avait été contraint de prendre un taxi pour se rendre à un rendez-vous. Ces types ne pouvaient pas s’empêcher de vous faire la conversation, pensant sans doute que c’était compris dans le prix de la course. Mais Sasha payait pour être transporté, pas pour qu’on lui tienne le bavoir. Heureusement que Julien, son chauffeur, savait se montrer beaucoup plus discret, trop même parfois, tant il aimait entendre sa voix de mâle sûr de lui. Ah si Julien n’avait pas été un simple chauffeur…
« Et ? Tu aurais fait quoi de plus ? Arrête de fantasmer et reviens un peu dans la réalité ! »
La réalité c’était qu’il fallait qu’il se débarrasse du pilote du bateau qui semblait décidé à jacasser pour de bon.
— Vengo a ver a Dony Milan. 9
Avant de se retourner à nouveau vers l’île qui emplissait dorénavant tout son champ de vision, il avait prononcé ces derniers mots d’un ton sec et tranchant, comme il savait si bien le faire pour couper court à toute velléité de réponse.
D’habitude, seul un silence pesant lui répondait, aussi, le rire tonitruant de l’homme derrière lui le laissa-t-il sans voix durant quelques secondes.
L’effet de stupeur passé il se retourna vivement, le visage fermé, fusillant des yeux l’homme hilare. Dans son entreprise, personne n’avait jamais osé lui tenir tête, ce n’était pas ce pêcheur paumé dans ce trou du cul du monde qui allait commencer. Emporté par la colère qu’il sentait monter, il s’adressa à lui en Français :
— Ça suffit maintenant, foutez-moi la paix. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle là-dedans !
— Ce qui est drôle, Señor, c’est que vous ne trouverez jamais Dony Milan à l’aérodrome, ça fait bien longtemps qu’il n’a plus le droit d’y poser son vieux coucou.
Encore une fois, Sasha resta sans voix ; malgré un accent à déchirer les tympans, ce type venait de s’adresser à lui en Français.
— Vous parlez Français ?
— Si Señor.
— Mais pourquoi vous ne me l’avez pas dit avant ?
— Parce que vous ne me l’avez pas demandé, et puis avec votre maîtrise de l’espagnol je ne pouvais pas me douter que vous étiez Français.
— Mais comment…
— Comment un misérable pêcheur du Nicaragua peut-il parler Français ? Je suis né et j’ai grandi à la Grande Borne à Grigny, j’ai vu mes parents s’éreinter dans des boulots qui ont fini par les tuer, en regrettant tous les jours d’avoir quitté leur pays natal. Alors dès que je l’ai pu, j’ai quitté la France pour venir retrouver mes racines. Je vis peut-être misérablement, mais je suis heureux.
Sasha se retint de lui faire remarquer que le terme « misérable » semblait mal choisi au vu de la somme rondelette demandée pour la privatisation du bateau. Il n’avait de toute façon pas envie de faire la causette avec ce type. Il revint au sujet qui l’intéressait : Dony Milan.
— Si Dony Milan ne peut plus pratiquer son activité de pilote à l’aérodrome, savez-vous où je peux le trouver ?
— Si Señor, il a acheté un bout de terrain au pied du volcan Concepción, c’est de là qu’il s’envole avec son vieux coucou. Mais aucun bus ne vous y amènera, il n’y a pas de route pour y aller, juste des pistes.
Sasha pestait intérieurement contre le détective privé, lui aussi grassement payé, qui lui avait assuré que Dony Milan possédait une petite société de transport aérien touristique qu’il exerçait depuis l’aérodrome d’Ometepe.
— Mais je peux peut-être vous aider, je connais quelqu’un qui peut vous y emmener.
Sasha semblait voir les dollars dérouler dans les yeux du pêcheur, telle une roulette de machine à sous.
— Combien ?
— Oh, no. Moi je veux simplement vous rendre service. Une fois débarqué, je vous présenterai mon contact, c’est lui qui vous donnera le prix, mais rassurez-vous, cela ne vous coûtera pas beaucoup plus cher que l’autobus.
Sasha avait un peu de mal à croire ce type, mais il n’était pas arrivé jusque-là pour ne pas aller au bout.
— Mais vous êtes bien sûr de vouloir voler avec Dony ? Vous savez, à l’aérodrome, je peux vous présenter quelques personnes qui font la même chose que lui, mais en toute sécurité. Parce que de vous à moi, à moins de vouloir vous suicider, voler avec Dony c’est une très mauvaise idée.
Sans répondre, Sasha se tourna à nouveau vers la proue, un demi-sourire s’afficha sur son visage.
« C’est parfait ! Cela n’en rendra notre plan que plus crédible ».
Malgré la moiteur qui finissait de lui coller la chemise au corps, il réajusta son costume, tout en gardant les yeux rivés sur la côte dont il pouvait maintenant voir tous les détails. Son existence gravitait uniquement autour de son entreprise depuis qu’il avait pris la suite de son père, son quotidien tournait autour des réunions, des négociations, des prises de décisions. Les week-ends, les vacances ? Il ne savait pas ce que c’était. Il vivait par et pour son entreprise, au point de s’être fait aménager un appartement en son sein même. C’est pour elle qu’il se trouvait là, sur cette coque de noix qui allait bientôt accoster sur une île du bout du monde en cette année 1984.
Il ne put pourtant s’empêcher de ressentir la beauté que lui renvoyait le paysage qui s’offrait à lui. Du vert, partout, à perte de vue, ou plutôt des nuances de

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