La Robe d amertume
102 pages
Français

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Description

Ce livre est né d’une promesse faite il y a fort longtemps. Commencé, abandonné, repris, abandonné de nouveau et repris encore.
Je ne saurais dire qu’il est pure fiction. J’y ai mêlé des femmes et des hommes réels ou imaginés. Générations d’hier et d’aujourd’hui.
Ces personnages ont pris vie, m’ont habitée, accompagnée, entraînée dans une course infernale jusqu’à l’émergence de l’urgence, jusqu’à la tenue de ma promesse.
Au seuil de la mort, Blanche, la narratrice, voit défiler sa vie. Elle dit, raconte. Les espoirs, les souffrances, les désirs, les non-dits. La vie dans les aléas du quotidien. Le sien. Celui de ces mères qui nous construisent ou nous détruisent.
Sa fille Anaïs l’accompagne jusqu’au bout. Puis le chagrin dépassé, à son tour raconte, se donne la chance d’un ultime départ.

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029008696
Langue Français

Extrait

La Robe d’amertume
Danièle Élise Gressard-Blanchet
La Robe d’amertume
Roman
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2018
ISBN : 979-10-290-0869-6
Prologue
Ce livre est né d’une promesse faite il y a fort longtemps. Commencé, abandonné, repris, abandonné de nouveau et repris encore.
Je ne saurais dire qu’il est pure fiction. J’y ai mêlé des femmes et des hommes réels ou imaginés. Générations d’hier et d’aujourd’hui.
Ces personnages ont pris vie, m’ont habitée, accompagnée, entraînée dans une course infernale jusqu’à l’émergence de l’urgence, jusqu’à la tenue de ma promesse.
Au seuil de la mort, Blanche, la narratrice, voit défiler sa vie. Elle dit, raconte. Les espoirs, les souffrances, les désirs, les non-dits. La vie dans les aléas du quotidien. Le sien. Celui de ces mères qui nous construisent ou nous détruisent.
Sa fille Anaïs l’accompagne jusqu’au bout. Puis le chagrin dépassé, à son tour raconte, se donne la chance d’un ultime départ.
Danièle Élise G.B.
L ES P ERSONNAGES
Première génération
Clémentine sœur de Mariette
Désiré et Mariette MEROT parents de Charles et René
Ginou et Philibert parents de Louise


Deuxième génération
Louise et Charles MEROT parents de Raymonde et Blanche
Etienne et Mado GINER parents d’Edmond


Troisième génération
Raymonde et Henri sans enfant
Blanche et Edmond GINER parents d’Anaïs et Jean
Jacques le journaliste


Quatrième génération
Anaïs et Jacques parents d’Océane
Jean et Khadija GINER parents de Sami et Mouna
Philippe le libraire


Cinquième génération
Océane mère de Jade et Manon
P REMIÈRE PARTIE : Blanche et Autres temps…

« Le roman est l’histoire éternelle du cœur humain.
L’histoire vous parle des autres
Le roman vous parle de vous. »
Alphonse Karr
Je m’appelle Blanche. J’ai soixante ans et je vais bientôt mourir…
Je les entends, je les vois, s’agiter sans bruit autour de moi. Mon corps gît inerte sur les draps blancs, mon regard est vide. Mon cerveau me trahit. Je sens que peu à peu il m’abandonne.
On dit que lorsque vient la mort, la vie offre un dernier spectacle.
Déjà le défilé des images a commencé.
Flash-back
Des visages grimaçants me scrutent, me narguent, m’entraînent dans les méandres d’un passé que je croyais enfoui.
Le jardin. Ma mère, ma sœur et moi. Trio infernal.
Elles deux, installées près du cerisier. Offertes aux regards indiscrets des passants. Moi, seule dans mon coin, assise sur le petit banc de pierre. Protégée par les thuyas hauts et touffus.
Le rosier exalte son incarnat. Le prunier le ventre arrondi de ses fruits mûrs, les giroflées leur parfum enivrant. Les oiseaux sautillent à deux pas de moi. Je parle à Bleuette.
Ses grands yeux bleus et ses pommettes roses illuminent son visage de porcelaine.
« Blanche ! Viens mettre le couvert s’il te plait ! ». La voix de ma mère péremptoire.
Sourcils froncés, la mine boudeuse, à contrecœur j’obtempère.
Raymonde. Ma sœur. Huit ans, de deux ans mon aînée. Toujours absorbée aux moments stratégiques.
Plutôt forte, les traits un peu lourds. Petits yeux rapprochés et bouche légèrement proéminente, elle ressemble à ma mère. Je ne la trouve pas très jolie.
Je suis, dit-on, le portrait de mon père. Plutôt mince. Ma mère me dit malingre. Mes cheveux blonds retenus par des barrettes et mon sourire timide me donnent un air mélancolique.
Charles, mon père. Visage aimé. Pas souvent à la maison. Certificat d’études en poche, a embrassé très tôt le métier de cheminot, sur les traces de son père Désiré. Chez les Mérot, on est cheminot de père en fils. Mon père aime son métier. Enfant, je l’imaginais comme un genre de médecin des trains. Muni de son appareil de mesure, il arpentait et auscultait minutieusement les voies.
Lorsqu’il rentre en fin de semaine, il aspire à un repos que ma mère, épouse exigeante et irascible lui offre rarement.
Louise, ma mère. Visage austère. Cheveux gris tirés en arrière. A dû apprendre à se débrouiller seule dans son monde sans homme, son univers bien construit de la semaine…
Les souvenirs s’enchaînent malgré moi. Je ne maîtrise rien…
Comme grand-père Désiré, mon père aime les oiseaux et élève dans le grenier une dizaine de pigeons qu’il entraîne pour les concours du dimanche. Les trophées s’alignent sur le lourd buffet de la salle à manger.
Ma mère déteste ces pigeons qu’elle doit nourrir en l’absence de mon père. Les cloisons sont minces et leurs roucoulements nocturnes l’empêchent de dormir. J’imagine qu’elle souhaite secrètement leur mort.
Le drap blanc me recouvre comme un linceul. Je ferme les yeux. Les images défilent sans discontinuer… J’ai le tournis.
Flash-back
Samedi matin. Mon père est rentré hier !
Vêtue de ma robe bleue, celle avec un petit col blanc, mes guêtres lacées avec soin, un gros noeud blanc dans mes cheveux je monte allègrement l’échelle, précédée de mon père. Je guette ses moindres gestes que je connais par cœur. Il appelle ses pigeons, leur parle, les caresse. Il en prend dix préparés à l’avance qu’il place dans un panier d’osier.
Les dix pigeons bien fermés dans leur panier, je redescends prudemment, me retenant à chaque barreau pour ne pas tomber.
Baiser rapide à Raymonde et à ma mère. Mon père apprête sa bicyclette dans la cour. La selle du vélo est recouverte d’un béret plus très blanc. Il tient la bicyclette, tandis que je m’installe prestement sur le porte bagage protégé d’une petite couverture bleue pliée en quatre.
Il enfourche son véhicule. Je serre sa taille très fort, et tends les jambes pour ne pas me prendre les pieds dans les rayons. Mon père pédale vers le point de rencontre, tenant son guidon d’une main, de l’autre il maintient la caisse sur le cadre du vélo.
Le scénario se répète chaque dimanche ou presque. Les amis colombophiles de mon père sont déjà là, douze hommes environ. Tous se connaissent et discutent, misant sur les chances de leurs favoris. Un peu intimidée, j’imite mon père, serre des mains. Le groupe au complet, nous nous acheminons vers le local où un responsable officiel bague les pigeons tous rassemblés dans un grand panier. Un convoyeur les emmène au lieu dit où il les lâchera.
Une fois chaque pigeon parvenu à destination, la bague est retirée et introduite dans un système d’horlogerie qui enregistre l’heure d’arrivée. Tous ces préparatifs me semblent très compliqués. Je ne comprends pas comment les pigeons peuvent retrouver leurs pigeonniers. Cela me parait impossible. Je sirote néanmoins fièrement ma grenadine.
L’excitation du départ me gagne bien que je trouve cruelle la mise en veuvage de ces mâles séparés de leur femelle, qui le dimanche venu, regagnent leur pigeonnier au plus vite pour la revoir.
Les femelles dont les œufs sont prêts à éclore subissent le même sort et réalisent des performances pour retrouver leurs petits.
Retour à la maison. Je raconte avec effervescence la matinée à ma mère et à ma sœur qui ne partagent pas mon enthousiasme. Déçue, je vais rejoindre mon père au jardin. En ces temps d’après guerre, chacun entretient soigneusement son petit coin de potager. Haricots, petits pois, céleris, quelques poireaux et salades, et tout au fond les groseilliers.
Les dimanches me rendent complice de mon père.
Flash-back
Ma mère. Rictus sadique au bord des lèvres, tord le cou d’un pigeon. Ses mains serrent de plus en plus fort le petit cou fragile et doux. Raymonde est prise d’un fou rire nerveux, je cours me réfugier dans ma chambre. Cachée entre le mur et l’armoire j’y pleure toutes les larmes de mon corps.
Rituel du pigeon aux petits pois, ma hantise. Le dimanche matin, mon père remet deux pigeons à ma mère qui en fait son affaire avec jouissance.
Le repas prêt, il me faut bien quitter ma cachette. Les autres, habitués au massacre hebdomadaire, serviette autour du cou, se délectent copieusement. Je me force à trouver quelque grâce aux petits pois, mais il m’est impossible de toucher à quelque morceau que ce soit du pigeon.
Je déteste le dimanche autant que je l’aime.
Flash-back
Mon père a repris sa petite valise grise bordée de cuir marron. Je ne le quitte pas d’un pas, le supplie de m’emmener, promets d’être sage, de rattraper mes leçons. Peine perdue.
Il me confie ses pigeons. Me dit qu’il sera vite de retour. Me tend son grand mouch

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