Le délit des libérateurs
117 pages
Français

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Le délit des libérateurs , livre ebook

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Description

Des cadavres en putréfaction étalés partout on dirait une expositiond’objets d'art, du sang par-ci par-là, des cris stridents, des êtresblessés dans leur chair et âme, des maisons détruites, la dignitéassassinée, la peur qui plane sur tout le village, l'incertitude devenuela gardienne du village Kob... c'est le délit des libérateurs. Aprèsdes rumeurs qui courent sur l’état de santé du président mourant,son fils fut annoncé comme son successeur. Non content de cetteattitude monarchique, une rébellion se forme au sud du pays etéchappe au contrôle de l'armée nationale warlandaise. Cette armée,composée du clan du président mourant, considère tout le sudcomme rebelle alors que ce sud subit les affres de ces rebellesautoproclamés « libérateurs » qui au lieu de le libérer, le fait plutôtbaigner dans le sang. Dans ce climat morose, Yolaldom verra safamille, son avenir, ses rêves lui être enlevés par ces « libérateurs »dans des conditions atroces. Dès lors, il errera, sera emprisonnéinnocemment, maltraité chez son oncle pour finir par mourir lorsd’une manifestation. Ici, règnent en maître la terreur, la violence, latragédie, la mort, etc.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2022
Nombre de lectures 89
EAN13 9782376702207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le délit des libérateurs ROMAN 1
2
NARAMADJI MEKONNE
Le délit des libérateurs ROMAN Éditions Toumaï L’éditeur de nouveaux talents3
4
Ce texte publié aux Éditions Toumaï est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code de la Propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur.Éditions Toumaï Avenue Taïwan B.P : 5451 N’Djaména-Tchad Tél : +235 63 05 65 02 e-mail: editionstoumai30@yahoo.com ISBN :978-2-37670-220-7Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Toumaï en Décembre 20225
Je dédie cet ouvrage à papa MEKONNE Bernard, Maman DENEMBETE Hélène, mon épouse NEMADJILEM Adeline et mes quatre enfants.6
I Cette nuit-là, Ndangker se réveilla plustôt que d’habitude. La nuit n’était plutôt pas bonne. Il avait passé tout le temps à se tourner et à se retourner sur son lit. Il hésitait à descendre du lit comme les Africains à embrasser la démocratie. Son vieux corps commença à lui jouer des sales tours. Ses jambes étaient en proie à une goutte insolente. Il attisa le feu comme s’il voulait se réchauffer mais se leva aussitôt. Il contempla le corps nu de sa femme étendue sur le lit. Ndangker vouait à son épouse une admiration presque mystique. Il l’observait toujours avec la même passion, le même amour qu’à la nuit des noces. Des annéesde vie commune n’ont pu oblitérer la sensation capiteuse du grand diable pour celle qu’il appelait des années auparavantaffectueusement son bébé. Son regard parcourut tout le corps de Madjilem, fané sous le poids de la vie et se cloua envieusement sur son organe génital. Intuition féminine ou instinct, elle ouvrit ses beaux yeux ronds et releva nonchalamment la tête, saoule de sommeil. Une honte monstrueuses’empara de Ndangker. Il détourna la tête et se dirigea vers la porte. Pourquoi avoir honte ? se demanda-t-il. C’est tout de même une partie de moi.L’homme était costaud,; cassant, dominateur et matamore un véritable grand diable. Il pouvait marcher sur une bouteille et la briser sans se blesser les plantes de pied. Il ne riait jamais, même pendant les moments les plus enthousiastes. Regard pénétrant, démarche juvénile et élastique, gestes sobres et précis, Ndangker souffraitd’une manie. Il se trituraitnez à chaque le 7
instant. Ndangker répugnait la mode. Il était monogame dans un village où la polygamie était à la mode. Il consacrait son temps aux travaux champêtres, à la chasse, à la course hippique et surtout à l’éducation de ses enfants. Ndangker animait une famille riche et noble. La situation familiale de cet homme suscitait au village une jalousie honteuse de son entourage.Que n’avait-on entendu dans ce village à propos des portes métalliques de Ndangker ? Ndangker jeta un regard soupçonneux sur toute la cour. Ses yeux fouillèrentl’étoile qui lui indiquait l’heure. Selon la place de l’habitant céleste, Ndangker déterminaità peu près l’heure qu’il faisait. L’aube pointait à l’horizon. Ndangker avait à peine mis une minute qu’il se vit entourer de ses huit chiens de chasse. Ses animaux le saluèrent dans leur langue de chien. Et en réponse, il les appela tous de leur nom : Goussedodé, Padole, Békain, Béro, Bendouni, Beral, Betoudji, Béélem-Walalem. Chacun des chienssemblait lui demander pourquoi il s’était réveillé à cette heure. Ils frétillaient leur queue en reconnaissance à leur maître. Ndangker inspecta la concession à la manière des démineurs. Il le fit non seulement parce qu’il était un bon maître de la maison mais aussi parce qu’il était depuis un certain temps l’objet de menaces diverses. Il avait retrouvé à plusieurs reprises des gris-gris, des guis, des solutions étranges ou des racines dans des calebasses blanches aux angles de ses murs. L’attention lui valait la peine et sa devise était désormais « être prudent de peur de tomber dans les pièges de l’ennemi.».Il s’arrêta, appuyasa main gauche sur son genou et se courba avec une nonchalance piteuse pour déplacer un morceau de brique, puis parla à ses chiens devenus ses complicescomme s’il s’adressait à des hommesNe pouvez-: « vous pas mettre de l’ordre dans cette concession ? ». Ndangker alla rendre visite au cheval de son fils qui venait de prouver sa 8
présence par un hennissement joyeux. Il salua tous les animaux de la concession avant de s’asseoir sur la margelle du puits, juste devant le poulailler. Ses volailles reconnaissaient même les bruits de ses pas. Et le coq, qui se faisait maître des lieux, entonna un cocorico pour prouver aumaître qu’ils étaient bien là. Ndangker sembla méditer sur un problème très important. Lequel ? Nul ne lesavait si ce n’était quele Bon Dieu. Lui, qui avait depuis toujours grondé ses enfants ou sa femme d’avoir l’air triste, soutint le menton de ses deux mains et fixa le grand pied de manguier d’un regard interrogatoire. Il piaffait d’impatience. Et comme pour le sortir de cette impatience, la petite tourterelle qui nichait dans l’arbre roucoula. Les premières lueurs de l’aurore commencèrent à renvoyer les ténèbres. Les étoiles quittèrent le ciel sans dire au revoir au père de Yo. Ndangker alla chercher les tiges de mil pour allumer le feu matinal. Le ciel que venaient de quitter les étoiles ne brilla plus. Il devintde plus en plus sombre. L’horizon de Kob s’obscurcit et le ciel, couleur de carbone, sembla pleurer sur le malheur des hommes. Pauvres hommes ! Ils ne savaient même pas ce qui arriverait à l’instant. Jamais le monde n’était aussi proche de l’irrationnel, de l’incertitude, du chaos, du néant. Le temps semblait venir oùDieu moissonnerait les bouts d’hommes qu’il avait semés et renverser sur terre les « sept coupes des derniers fléaux ». Il faisait lourd, si lourd queciel n’était parcouru par aucun oiseau. Etmême l’épervier qui, chaque matin venait vérifier les tentes à la recherche du rat fumé n’était pas au rendez-vous. La mère de Yo sortit de la case. Elle parla à son mari sans même le regarder : - il est déjà là avec son pois de terre sans même avoir le temps de constater que le ciel veut transmettre un malheureux 9
message aux hommes. Ne vois-tu pas que notre ciel est triste ? Je finirais par brûler tes greniers de pois de terre. ; - Femme, tu me casses les tympans avec ton astrologie inouïe. Tu parles des hommes ou de Ndangker ? Si ton ciel à un malheureux message pour les Hommes, je ne suis pas les Hommes, je suis un homme. Et puis quel malheur. Mon plus grand malheur est que notre fille Yanlom ait quitté son mari, qu’elle refuse de se remarieret passe tout son temps à fréquenter des gens mal intentionnés venus des villes, avec des nouveaux pantalons dénommés « baouli » et des coiffures qui rappellent mon vieux canard. Je t’assure, ces hommes-là sont des mollusques qui n’arrivent même pas à cultiver un centimètre carré de terre. Et que vaut un homme qui ne laboure pas la terre ? - Ndangker, ne dit-on pas que la femme est une chienne et qu’on ne peut arracher de sa gueule que ce qu’elle capture ? Nous ne pouvons pas amener notre fille dare-dare chez un homme. Mon chéri, le problème d’amour est un problème de cœur.Yanlom asa manière de voir les choses. Qu’on la laisse faire ! - Tais-toi, idiote. C’est donc toi qui apprends à ma fille à minimiser ma vie de villageois et à s’engager dans une vie de débauche? Tu l’as certainement conseillée de chercher un monsieur en ville, d’aller y habiter pour faire fortune. C’est ça? Je comprends maintenant pourquoi ces derniers temps c’est elle qui te remplace quand on part au marché en ville. Écoute Madjilem, si dans deux jours tu n’arrives pas à laver ce que tu lui as inculqué dans sa petite tête, vous vous verrez toutes deux hors de chez moi. Je ne supporte pas une bande d’arrivistes.L’enjeu du problèmeétait de taille. Madjilem venait de voir celui qui tenait la colère en horreur s’énerver. Peut-être que
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