Le Fantôme de Saint Guerzan
214 pages
Français

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Le Fantôme de Saint Guerzan , livre ebook

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Description

"Le Fantôme de Saint Guerzan" emmène son lecteur dans le monde féerique de l’imaginaire: Louis est un vieux comte vivant seul dans son château. Il apprend qu’à sa mort, en l’absence d’héritier, le maire du village compte mettre la main sur son bien. Par ailleurs, les villageois croient fermement à l’existence de fantômes dans le domaine : celui d’un ancien comte de Saint Guerzan et de son frère Templier. Louis va s’associer à ces derniers pour tenter d’empêcher le maire d’arriver à ses fins Henry Pefferkorn nous entraîne dans un roman merveilleux, ou créatures réelles et fantômes s’associent pour mener à bien le projet du héros. L’auteur décrit avec brio la vie mouvementée d’un petit village de province.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748377019
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Fantôme de Saint Guerzan
Henry Pefferkorn
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Fantôme de Saint Guerzan
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Septembre 1986.
« Monsieur le comte est servi ! »
Lentement, comme sortant d’un rêve, Louis, comte de Saint-Guerzan, général à la retraite, compagnon de la Libération, grand officier de la Légion d’honneur, Croix de la Libération, des TOE et de la Valeur militaire, se dirigea vers la grande salle à manger du château pour prendre place à la table. La grande taille de celle-ci comme celle de la pièce ne faisait que rendre plus pesante la solitude qui l’entourait. Seul, il l’était plus que jamais, même si dès sa plus tendre enfance, il avait senti un fossé entre lui et les autres. À l’école primaire du village, il était “L’enfant du château”, le petit-fils de M. le comte, le fils du colonel de Saint-Guerzan, mutilé de la Grande Guerre, qui arborait sa Légion d’honneur et ses décorations lors des cérémonies au cimetière. Il y allait avec l’école, comme ses copains. Mais devant le monument, son père et son grand-père était présents du côté des officiels, avec le maire qui les saluait avec respect. Il se souvenait bien de son père qui se déplaçait avec peine en s’appuyant sur ses cannes. Il devait souffrir, car son visage était grimaçant, mais il ne se plaignait jamais. Quand sa mère le plaignait en critiquant la guerre et ses stupidités, il coupait court à ses remarques : « Je n’ai pas à me plaindre, je suis là. Les autres dont le nom est inscrit sur le monument, eux, ils ne sont plus là. J’ai eu de la chance ! ».
Après les cérémonies, son grand-père, ou son père, il ne savait pas exactement lequel des deux, invitait le maire, le conseil municipal et les anciens combattants du village au château, où un déjeuner leur était servi. Louis observait ce rituel et avait compris que lui aussi, un jour, il serait « monsieur le comte », celui qui est admiré de tous parce qu’il n’est pas comme les autres, celui dont la générosité fait partie de son éducation. Il savait déjà à huit ans qu’il ferait carrière dans les Armes, comme son père et ses nombreux vaillants ancêtres qui avaient combattu dans ces batailles dont le maître parlait à l’école : Mansourah, Crécy, Marignan, Luxembourg, Nördlingen. Il sentait implicitement que ses camardes de classes l’avaient mis à part. Pourtant quelquefois, il aurait aimé être comme les autres et jouer sans complexe avec eux. Mais il sentait que ses camarades gardaient vis-à-vis de lui une certaine distance faite de respect, d’admiration et peut-être aussi de jalousie. Il était du côté des messieurs importants du village, de ceux que l’on envie et qui font peur. Il invitait souvent ses camarades de classe à venir jouer dans l’immense parc du château, à découvrir les coins mystérieux favorables aux parties de cache-cache. Pendant le jeu, ils étaient tous égaux, mais en dehors du château, les autres jouaient quelquefois sans l’inviter. Ils n’osaient pas lui proposer leurs jeux de pauvres. Ils n’osaient pas l’inviter à pénétrer à l’intérieur des fermes, par honte ou crainte qu’il ne se moque de la modestie de leurs logements. Et puis un jour, Bastien, un de ses copains de classe, refusa de venir jouer au château parce que… « il avait peur du fantôme ! ».
— Quel fantôme ?
— Tu sais bien, celui du comte Geoffroy, qui est enterré dans l’église !
— Il n’y a pas de fantôme au château, j’en ai jamais vu !
— Si, je t’assure. C’est mon père et ma mère qui me l’ont dit ! Tu devrais le savoir toi ! Le comte Geoffroy c’est bien ton ancêtre, à toi !
— Oui, c’est bien mon ancêtre, le comte Geoffroy, mais il n’y a pas de fantôme au château !
— Tu ne l’as peut-être jamais vu, mais c’est pas pour cela qu’il n’existe pas ! Tout le monde le dit, au village, il paraît qu’il vient avec des loups ! Moi, j’ai peur des loups, tu comprends… ? »
Non, Louis ne comprenait pas. Il rapporta l’événement à ses parents qui le rassurèrent. Il y avait bien une légende qui courait dans le village depuis des siècles, mais il ne fallait pas croire tout ce que racontent les gens. Et puis, le comte Geoffroy était un homme très bon qui avait été compagnon de Saint Louis et avait eu une vie aussi exemplaire que ce roi. De nombreuses chroniques en font état.
« Tu pourras le dire à ton copain, reprit son père, le comte Geoffroy, si jamais il le rencontrait, ne lui ferait que du bien ! Qu’il demande à ses parents ! Tu verras bien qu’ils lui diront la même chose !
— Ce n’est pas du comte qu’il a peur, mais des loups. Il dit que le comte Geoffroy vit entouré de loups !
— Des loups ? Cela fait bien un siècle qu’il n’y en a plus un seul dans la région, ils ont tous été exterminés. »
Malgré le ton rassurant de ses parents, Louis avait compris qu’il y avait un mystère autour du comte Geoffroy qui hantait ce château. Il sentait instinctivement que l’on ne lui avait pas tout dit pour ne pas l’effrayer. Mais ce jour-là, il crut comprendre pourquoi ses camardes de classe le considéraient comme un être différent des autres enfants. Il ferait avec ! Il ne savait plus s’il devait avoir peur ou être fier de son ancêtre mystérieux, le fameux comte Geoffroy dont le gisant couvrait la tombe dans le bas-côté de l’église. Mais dès ce jour-là, il avait voulu en savoir plus, ne serait-ce que pour pouvoir répondre aux autres. Mais au château, ses questions ne trouvèrent pas les réponses attendues. Les domestiques se refusaient à toute réponse. Ses parents comme sa gouvernante lui parlaient du comte Geoffroy comme d’un exemple à suivre. Il devait, comme son ancêtre, être fidèle aux grands principes de la religion, Foi, Espérance et Charité, mais aussi Justice, défense des pauvres, franchise et générosité. Sa noblesse ne lui donnait aucune supériorité mais beaucoup de devoirs, envers Dieu et envers les autres. Le comte Geoffroy avait reçu ces règles de conduite à Tunis, du roi saint Louis lui-même, peu avant sa mort. C’était un exemple, pas un fantôme. Depuis Geoffroy, premier de la lignée des comtes de Saint-Guerzan jusqu’à son père, tous les comtes de Saint-Guerzan s’étaient fait un devoir de respecter ces règles sacrées. Mais dès qu’il posait une question sur l’existence du fantôme, on lui répondait par des haussements d’épaules ou un sourire discret.
Son père avait voulu impérativement qu’il aille à l’école « comme tout le monde » et avait refusé de l’envoyer dans un établissement privé comme l’avait suggéré sa mère. Il s’était chargé, avec le curé du village, de lui donner l’instruction religieuse indispensable à un Saint-Guerzan. À Saint-Guerzan, dans ces années de l’entre-deux guerres où il avait passé son enfance, l’instituteur, bien que laïc convaincu, s’entendait bien avec le curé qui, de son côté, faisait son catéchisme le jeudi, sans se soucier de l’instituteur. Ils avaient tous les deux combattu pendant la guerre, ce qui les rapprochait. Ils faisaient partie des invités du 11 novembre et ils étaient placés à la table du comte avec les autres anciens combattants du village. Enfant spectateur de la vie de ce village où il avait une place privilégiée, Louis observait et écoutait. Mais jamais aucune personne du village n’osait parler du fantôme devant son père. Ce qu’il avait appris, c’était ce que ses petits copains de classe avaient entendu chez eux, avec consigne formelle de ne rien lui dire, ni d’en parler au château. « Pourquoi tous ces mystères ? » se demandait Louis. Ces mystères l’avaient isolé du reste du monde. Au lycée, où il était interne, car il y avait près de vingt kilomètres entre la ville et Saint-Guerzan, il se sentait moins isolé de ses camarades, sauf que le week-end, où chacun partait dans des directions opposées, il se retrouvait seul au château. Mais il ne s’inquiétait plus du fantôme. Il avait d’autres soucis. Il voulait, il le fallait, être un des meilleurs élèves de la classe pour pouvoir entrer, comme cela était déjà prévu, en classe préparatoire à Saint-Cyr, après le bac. Pour cela il bûchait dur et profitait des richesses de la bibliothèque du château. Mais lorsqu’en math-élem, il avait fait part de ses intentions de faire Saint-Cyr, ses copains l’avaient regardé comme une bête curieuse. Le professeur de mathématiques, matière où il excellait, lui avait simplement dit qu’il ferait mieux de s’orienter vers une taupe, car il était capable d’intégrer sinon Polytechnique, du moins une grande école d’ingénieurs. Mais il ne voulait pas devenir ingénieur. Sa place était à l’armée, pour servir le pays, comme à la messe le dimanche pour servir Dieu. Depuis le comte Geoffroy, tous les Saint-Guerzan étaient restés fidèles à la tradition et il ne pouvait ni ne voulait trahir. De plus, étant fils unique et le dernier descendant d’une longue lignée, ce choix s’imposait. Quand il s’en ouvrit à son meilleur copain, Jean, qui lui envisageait de faire taupe, il découvrit que le fossé qui le séparait du reste du monde n’existait pas seulement à Saint-Guerzan. « Quelle idée de faire Cyr, lui dit Jean, tu vas te retrouver sous-lieutenant avec une solde de misère, alors qu’avec un diplôme d’ingénieur, tu peux entrer dans l’industrie et gagner le double ! Et puis, en cas de guerre, tu seras aux premières loges pour le casse-pipes. Tu sais, dans les classes préparatoires, on dit que ce sont ceux qui sont trop c… pour faire taupe qui entrent en corniche. Je ne te comprends pas ! »
Bien sûr, Jean ne pouvait pas comprendre ! C’était le fils d’un modeste technicien pour qui être ingénieur éta

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