Le Fils perdu
151 pages
Français

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Le Fils perdu , livre ebook

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Description

Dans ce dernier roman de sa « trilogie filiale » commencée avec Fou-Bar et Le Dernier lit, il pose de bien graves questions sur la paternité, la vraie et la fictive, et sur le destin actuel des fils. Voici un impressionnant tableau des couples de la mi-trentaine et de leurs enfants, que ce soit à Montréal ou à Québec.
Un écrivain a-t-il le droit de raconter les grandes misères de sa vie? Sans aucun doute. Et celle de ses proches? De son propre enfant? Alors là... Et quand ce fils a été élevé puis perdu par son père adoptif? Vous le devinez, rien n'est simple quand les pères dérapent ou que la mère disparaît. C'est pourtant ce que nous raconte Alain Beaulieu. Avec sobriété et efficacité.
Avec ce dernier roman de sa « trilogie filiale » commencée avec Fou-Bar et Le Dernier lit, Alain Beaulieu s'affirme définitivement comme l'un des écrivains les plus importants de sa génération.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 janvier 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764417249
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
 
 
 
Fou-Bar , roman, Montréal,
Éditions Québec Amérique, 1997.
 
Le Dernier Lit , roman, Montréal,
Éditions Québec Amérique, 1998.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Beaulieu, Alain, 1962-
 
Le Fils perdu
9782764417249
1. Titre.
 
PS8553.E221F54 1999
C843’.54 C99-981102-0
PS9553.E221F54 1999
PQ3919.2.B42F54 1999
 
 
L’auteur tient à remercier le Conseil des Arts du Canada pour son soutien à la rédaction de cet ouvrage.


Les Éditions Québec Amérique tiennent également à remercier la SODEC


pour son appui financier. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition
 
 
 
(PADIÉ) pour nos activités d’édition.
Il est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
 
 
©1999 ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE INC.
www.quebec-amerique.com
 
Dépôt légal: 4 e trimestre 1999 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
 
Mise en pages: PAGEXPRESS
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Remerciements PREMIÈRE PARTIE - La petite tribu
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
DEUXIÈME PARTIE - Le fils perdu
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Épilogue
à mon père
 
à Évelyne et Gabriel
 
aux jeunes qui, malgré tout, choisissent la vie
Des remerciements tout particuliers à Carl Gallant pour son indéfectible appui
parce que la paternité est une bien belle invention
PREMIÈRE PARTIE
La petite tribu
1
Simon a la tête pleine de visions qui se bousculent sur la face cachée de ses paupières. Il aimerait en saisir une, comme ça, au vol, et la coucher sur le papier pour se donner l’illusion que tout n’est pas terminé, qu’une sève fraîche va bientôt se mettre à couler du bout de sa plume, stérile depuis des mois.
Il reçoit toujours une maigre redevance de droits d’auteur pour son dernier roman qui, s’il fait le compte, ne s’est pas très bien vendu. Il encaisse chacun de ces chèques comme une gifle au visage. Paniqué devant la possibilité de ne jamais voir sa panne d’inspiration se résorber, il se rassoit devant son cahier noir et se met à écrire n’importe quoi en attendant que se produise un miracle, l’émergence d’une idée assez forte pour soutenir un récit, assez belle pour donner naissance à quelques personnages qui, bientôt autonomes, le porteront ailleurs, plus loin, au-delà de ses propres limites, dans le no man’s land brumeux où il rencontrera l’autre, l’inconnu lecteur.
Mais le miracle ne se produit pas : les feuilles jaunies de son cahier noir regorgent d’inepties. Une telle profusion de mots creux le pousse, au bout de quelques pages, à tout abandonner.
Tout cela n’est pas nouveau. N’eût été de Camille, sa compagne de vie dont l’intarissable joie de vivre contamine même les cancéreux du pavillon où, chaque jeudi soir, elle joue au piano des standards de jazz, Simon se serait depuis longtemps remis à la peinture.
Quand il est au plus bas, cette femme a le don de trouver le mot juste pour semer en lui les germes d’une nouvelle intrigue capable pour un temps de le réanimer. Elle le lance sur une piste inusitée et l’attend à la sortie, toujours sensible à ce qu’il en aura tiré.
Quand, le soir venu, rien qui vaille n’est advenu, il s’étend près de son corps chaud et s’y love pour écouter la mer dans son souffle salin.

De mai à octobre, Simon est éclusier à la marina du Vieux-Port de Québec. Du haut de sa tour de contrôle, assis derrière un tableau de bord serti de boutons multicolores, il gère l’accès au bassin Louise. Comme le fleuve à cet endroit est soumis aux marées, l’écluse assure la stabilité du niveau de l’eau de la marina.
Quand des plaisanciers veulent entrer ou sortir du bassin, Simon soulève le tablier du pont-levis et actionne le mécanisme d’ouverture et de fermeture des énormes portes d’acier de l’écluse. Et lorsqu’aux premières gelées on hisse le dernier voilier sur la terre ferme, il reprend pour l’hiver son froc d’écrivain.
Cette année, novembre s’annonce froid; les ormes effeuillés plient sous le nordet qui s’amuse à faire claquer le vieux fleurdelisé du voisin d’en face. Hissé à la cime d’un mât oblique, il orne la corniche de la somptueuse demeure, un château d’une quinzaine de pièces dans lequel on a aménagé cinq minables trois-et-demie.
Il y a un mois, Simon a entrepris la rédaction d’une pièce de théâtre, une tragédie à deux personnages sur fond de révolte et de trahison. Un texte encore faible, sans ossature. Mais il persévère. Il s’installe tous les matins devant le clavier de sa machine à mots – qu’il appelle avec une certaine affection son « orgue de barbaries» – et il brave son destin jusqu’au déjeuner, puis du déjeuner jusqu’aux coups de quatorze heures.
Il enfile alors ses bottes pour une longue marche dans les rues de la ville.
Il a pris l’habitude de se rendre d’abord dans la main street des pauvres, l’impertinente rue Saint-Joseph, autrefois fripée comme une vieille racoleuse, placardée de partout, une artère qui transpirait la misère avec ses filles de rue et ses bars mal tenus. On l’a retapée un peu, on y a construit quelques condos puis on a rénové le cinéma Midi-Minuit devenu Les Folie’s de Paris où on présente des spectacles dignes d’un festival de la paillette. En annexe, pour que tout le monde comprenne de quoi il s’agit, on a ouvert un restaurant appelé Le Gamin. Dans ce coin de la ville reconnu comme le haut lieu de la prostitution adolescente, particulièrement masculine, il fallait le faire.
Dans les journaux, à la radio et à la télévision, les autorités municipales et les promoteurs immobiliers vendent à coups de publicité les bienfaits de la revitalisation de ce quartier chaud de la ville sans spécifier que, pour y arriver, ils ont dû chasser de leurs lieux de rencontre itinérants et autres « indésirables » – même par la force lorsqu’il le fallait.
Déjà la misère étend son territoire vers Limoilou et l’ouest de Saint-Sauveur, des quartiers devenus les royaumes de la piquerie et de tous les rackets – et qu’il faudra bien un jour « revitaliser » à leur tour pour faire bonne figure.
Simon s’arrête un moment devant la vitrine du Comptoir du Livre à la recherche de nouveautés à se mettre sous les yeux, puis file jusqu’au Mail, immense sarcophage dans lequel furent momifiées les grandes surfaces de la belle époque, les Norman, Greenberg, Woolworth, Metropolitan et autres fleurons de l’ establishment anglo.
Il bifurque ensuite vers la côte d’Abraham et longe le centre d’artistes Méduse, tout clinquant dans ses habits neufs.
Place d’Youville, sur une surface plus petite qu’un court de tennis, des patineurs dessinent des cercles sur la glace au son des plus récents tubes de la chanson populaire.
Souvent, Simon revient par la rue Saint-Jean, la Saint-Jean du Faubourg, blafarde et désabusée, dépourvue de cette douce folie qui, il n’y a pas si longtemps, la définissait encore. L’excentricité et l’originalité se portent plutôt mal en cette ère de misères sexuelles et financières : le mélange sida-récession a miné ce qui restait d’enthousiasme chez le petit peuple déjà fort mal en point.
Avant de rentrer, Simon s’arrête près des remparts de la rue Lavigueur pour admirer la basse-ville qui, comme une amante, s’offre sans pudeur. Son regard porte loin, jusqu’aux limites de Loretteville à l’ouest, par-dessus les Laurentides au nord et sur les rives de la baie de Beauport à l’est. Le soir, à cet endroit, une myriade de petites lumières scintille sur l’étendue alors que l’éclairage des pentes de ski de Lac-Beauport dessinent de courtes cicatrices sur l’horizon autrement invisible.
Il s’agit du seul endroit où Simon, sans qu’il sache trop pourquoi, se sent parfaitement libre. Comme si, quand il est là, rien ne pouvait lui être refusé. Nul autre paysage ne lui fait cet effet, sinon l’ouverture du fleuve en hiver, captée de

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