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Description
Sujets
Informations
Publié par | Estelas Editions |
Date de parution | 01 septembre 2016 |
Nombre de lectures | 16 |
EAN13 | 9791093167428 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0495€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le jour
où
tout a basculé
Tous droits réservés
©Estelas Editions
4B Rte de Laure, 11800 Trèbes France
estelas.editions@gmail.com
http://estelaseditions.com
ISBN : 9791093167428
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Amandine Hupin
Le jour où tout a basculé
Roman
À tous ceux qui se refusent à un lendemain écrit pour eux, à tous ceux qui croient en leur propre pouvoir d'action sur l'avenir.
Première partie : Un monde à part
Première partie
Un monde à part
1
Elle était là ; avec un énorme ruban rouge sur son toit, elle trônait fièrement sur le trottoir. C’était une magnifique New Beetle noire, flambant neuve. Lisa sautillait comme une adolescente écervelée qu’elle était encore hier. Du moins était-elle adolescente peu de temps encore avant ce jour. En revanche, à bien y réfléchir, elle n’avait jamais été écervelée. Elle était même plutôt tout l’inverse : mûre et mature, douce et réfléchie. Mais une fois n’était pas coutume.
Cette voiture, elle en avait rêvé toute sa vie. Elle avait longtemps imaginé les périples qu’elle ferait à son volant. C’était celle-là qu’elle désirait ; pas une autre. Elle devait être noire et porter un sticker papillon sur son réservoir. Elle l’appellerait « Évasion ». Oui c’était sans doute idiot de donner un nom à une voiture mais qui s’en soucierait vraiment ? Lisa n’avait que faire des conventions d’usage. Elle se foutait comme d’une guigne du regard des autres et, dans la société actuelle, c’était plutôt un signe de bonne santé. Cela demeurait cependant mal accepté par le plus grand nombre.
Sentant peser sur elle le regard de son père et d’Achille, Lisa consentit à réprimer son agitation frénétique et fit embarquer son paternel et son amoureux à bord de son nouveau bolide.
— C’est officiel : tu es le meilleur papa du monde, s’enthousiasma-t-elle en prenant place derrière le volant.
S’ensuivit un silence inquiétant auquel elle ne prêta d’abord aucune attention tant elle était impatiente d’entendre rugir le moteur de l’engin. Puis, elle prit conscience de l’ambiance de plomb. Achille était resté sur le bas-côté et lui faisait signe d’un air désolé. Son père, assis à la place du passager, affichait le même visage contrit. C’était le plus beau jour de sa vie ; elle avait un amoureux génial, un papa formidable, une mère… oui, bon, une mère qui était morte beaucoup trop tôt mais elle en avait fait le deuil. Et, surtout, aujourd’hui marquait le début de sa véritable autonomie. Trois semaines plus tôt, elle avait obtenu avec grande distinction son diplôme d’architecte d’intérieur. Elle avait des projets plein la tête et un contrat assuré dans une boîte réputée ‒ où elle avait effectué son stage ‒ en attendant de monter sa propre affaire. Aujourd’hui, elle obtenait sa première voiture rien qu’à elle ; celle de ses rêves et elle n’avait même pas à la payer.
Alors, pourquoi Achille s’entêtait-il à rester sur le trottoir ? Pourquoi son père affichait-il une tête d’enterrement ? Lisa posa ses grands yeux noisette aux cils interminables sur ce dernier. Il se contenta de hausser les épaules.
— Roule s’il te plaît, ordonna-t-il.
— Pourquoi Ach ne vient-il pas ? demanda-t-elle.
Elle commençait à être inquiète.
— Roule s’il te plaît, répéta-t-il sans rien ajouter.
Elle soupira exaspérée mais consentit à démarrer le moteur. Dans son rétroviseur, elle vit Achille se détourner, il ne la regardait même pas.
— Vous faites chier ! Ce moment était parfait. Pourquoi faut-il que vous fassiez la tête ?
— Personne ne fait la tête, Lisa.
— Alors pourquoi Ach n’est pas monté avec nous ?
— Parce qu’il y a des choses que je dois t’avouer. Et que celles-ci pourraient bien changer ce que tu décideras ensuite. C’est au sujet de ta mère.
Lisa soupira et passa la troisième vitesse mais quelque chose coinça dans le pommeau et elle l’entendit grincer. Il fallait qu’elle se calme si elle ne voulait pas déjà endommager son précieux joyau. Derrière eux, un automobiliste pressé se mit à klaxonner, ce qui n’aida pas Lisa à se décrisper. À la hâte, il la doubla, venant presque percuter sa portière ; ce qui lui fit une belle frayeur. Quand elle retrouva ses esprits, elle se retourna vers son père qui, lui, demeurait impassible.
— Bon, je t’écoute ! Et dépêche-toi ! Vous avez réussi à m’énerver et ce n’est pas très judicieux quand je conduis.
— Lisa, il y a une chose que tu dois savoir : ta maman est vivante.
La jeune femme appuya un peu trop sèchement sur le frein et se décida à se ranger sur le trottoir. Elle allait finir dans le décor si cela continuait.
— Tu te fous de moi, j’espère ?
— Non Lisa… Quand j’ai connu ta mère, j’ai toujours su qu’il y avait quelque chose de particulier chez elle. Régulièrement, elle disparaissait pour des périodes allant de quelques heures à quelques semaines. Quand c’est devenu sérieux entre nous, je ne pouvais évidemment plus accepter cela. Elle m’a alors raconté une histoire complètement folle à propos d’un endroit où l’on vivait comme autrefois, il y a bien longtemps, quand les progrès de la civilisation n’avaient pas encore commencé à pourrir les hommes. Un lieu où elle pouvait aller mais pas moi. Pour moi, c’était radicalement impossible. Évidemment, je ne l’ai pas crue ; comment pouvait-il exister un endroit inaccessible pour l’un et pas pour l’autre ?
— C’était un espace pour les femmes, c’est cela ? questionna Lisa sur la défensive.
— Pas exactement. C’était un lieu réservé à des « élus » ainsi qu’à leur progéniture.
— Tu veux dire que moi…
— Oui, je veux dire que toi, tu peux accéder à cet endroit.
— Comment ?
Soudainement, une forme d’excitation s’empara de Lisa.
— Avec cette voiture. À vrai dire, ce n’est pas par hasard que tu rêves depuis toujours de cette dernière en particulier. Ta mère a suffisamment planté ses graines avant son départ. Elle a tout programmé et moi je ne peux qu’exécuter ses ordres, même si cela me déplaît au plus haut point.
— Je ne comprends rien papa ! Pourquoi ça te déplairait que j’aille voir ma mère ? Si toutefois elle était vivante ! demanda-t-elle à la fois perplexe et énervée.
— Cet endroit est étrange, tu le découvriras par toi-même si tu choisis de t’y rendre. Mais surtout, un jour, tu risques d’y rester coincée et je ne te reverrai plus jamais.
— OK, tu me fais marcher ! Où est la caméra ? Tu m’as bien eue ! On peut aller chercher Ach maintenant ?
— Écoute, voilà ce que l’on va faire : je vais sortir de la voiture et toi tu vas continuer à rouler. Tu prendras la nationale et tu passeras la quatrième vitesse. S’il ne se passe rien, reviens me chercher et nous irons récupérer Achille.
Lisa soupira à n