Le livre des rêves
53 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le livre des rêves , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
53 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un livre extraordinaire perturbe la vie tranquille d'une famille. Il raconte des rêves qui, pour ceux qui savent les lire, peuvent se transformer en véritables cauchemars.

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2013
Nombre de lectures 12
EAN13 9782312008684
Langue Français

Extrait

Le livre des rêves

Lise Quié
Le livre des rêves











LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00868-4
Terre inconnue
Il ouvrit les yeux. Le ciel était d’un bleu délavé tirant sur le gris. Quelques formes floues cernaient son champ de vision encore rétréci. Combien de temps était-il resté endormi ? Et d’ailleurs, était-il vraiment réveillé ? Son corps allongé sur le sol ne lui envoyait aucun signal de douleur. Il fit bouger ses mains et ses pieds : Tout avait l’air de fonctionner normalement. Le sol était dur sous son dos mais sa tête lui semblait légère, comme posée sur un oreiller. Ses sens revenaient peu à peu, il sentait une odeur de terre mouillée, il entendait des voix sans comprendre ce qu’elles disaient. Sa bouche était sèche, il avait soif. Quand ses yeux s’habituèrent à la lumière, il comprit que les formes vagues qu’il avait perçues à son réveil, étaient des visages. Des visages ? Oui mais pas vraiment humains. Le plus proche de lui et dont la « main », qu’il avait pris pour un oreiller, lui soutenait la tête, le regardait de son unique œil gris-vert, cerné de noir et dépourvu de cils. Une membrane jaune le recouvrait à intervalles réguliers. Il n’avait pas de nez et ce qui devait être une bouche ressemblait plus à un orifice sans lèvres. Cette vision le fit sourire intérieurement bien qu’il ne fût pas très rassuré. Où était-il ? Il n’avait aucun souvenir de la manière dont il était arrivé là.
D’ailleurs, il n’avait aucun souvenir du tout. Un sentiment d’angoisse le prit quand il se rendit compte qu’il ne savait pas comment il s’appelait ni où il se trouvait. Avait-il perdu la mémoire ?
Les… « choses » – Comment pourrait-il nommer les êtres qu’il avait sous les yeux ? – le regardaient en émettant des sons incompréhensibles mais il n’y décelait aucune agressivité, plutôt de la curiosité. Il y en avait trois et tous avaient la même tête avec leur unique œil au milieu d’une face petite et ronde, recouverte d’une peau rugueuse verdâtre. Leur bouche, qui évoquait l’étonnement, lui donna une idée : il les appellerait des Oh ! Ils ne ressemblaient à rien de connu mais s’il avait perdu la mémoire, se pouvait-il qu’il ait oublié cela aussi ? Et pourquoi pas ? Non ! Se dit-il. Il fut pris de panique à l’idée qu’il était peut-être parmi ses congénères et qu’il leur était en tous points semblable. Il sentit une sueur froide le recouvrir et tenta discrètement de jeter un coup d’œil à son propre corps… Ouf ! Il vit une main blanche à cinq doigts au bout d’un bras blanc, lui aussi, bien que sale par endroits. Il vit aussi une paire de baskets émergeant d’un pantalon en jeans. Ces constatations concordaient parfaitement à l’idée qu’il se faisait d’un être humain. Au moins là-dessus, sa mémoire ne l’avait pas trahi. Il était donc en présence d’êtres non humains, des extraterrestres ?
Des souvenirs flous remontaient à son esprit. Il revoyait les vagues écumeuses s’écraser sur les rochers dentelés d’une plage de sable blond, d’immenses montagnes recouvertes de neige étincelant au soleil, des champs de fleurs multicolores que le vent chahute en tous sens, le ciel nocturne avec ses innombrables étoiles, les nuages cotonneux filant dans le mauve du crépuscule.
Il vit que les Oh ! cherchaient à communiquer mais aucun des sons qu’ils émettaient ne ressemblait à ce qu’il connaissait. Il se dit qu’il serait peut-être bien de leur parler même si, de toute évidence, ils n’avaient pas le même langage. Il leva une main doucement devant lui en signe de paix et dit « Bonjour ». Sa propre voix lui parut bizarre, comme enrouée. Les Oh ! se regardèrent en silence un instant puis ce fut de nouveau une cacophonie de sons stridents. En se redressant, il remarqua qu’ils avaient un long cou surmontant un corps rebondi dont six membres émergeaient, trois de chaque côté. Leurs pattes se terminaient par quatre doigts très allongés. Ils leur servaient à la fois de pied et de main. Leur corps se prolongeait par une queue dont l’extrémité était recourbée vers l’avant. Ils paraissaient inoffensifs. Tout en échangeant entre eux leurs borborygmes, ils entreprirent de le porter. Chaque Oh ! le soutenant, ils se mirent en route avec l’agilité et la rapidité que leur permettaient leurs multiples pattes.
Ils traversaient des étendues immenses plantées de hautes touffes vertes, montaient de nombreux talus abrupts, franchissaient des ruisseaux où l’eau s’écoulait paisiblement. Il faisait jour bien qu’aucun soleil ne soit visible. La végétation dense était si élevée qu’il ne pouvait avoir une vue dégagée sur le paysage environnant. Il n’avait ni chaud ni froid mais la soif le tenaillait toujours.
Au bout d’un temps qui lui parut relativement long, ils arrivèrent devant une butte de terre dans laquelle une ouverture ronde, assez large pour laisser passer l’un d’eux, avait été faite à la base.
Les trois compères le posèrent et, se tenant debout, il se rendit compte qu’il était plus petit qu’eux. L’un d’eux émit un son aigu, comme un sifflement. Presque aussitôt, une multitude de Oh ! l’encerclèrent en poussant des cris excités de leurs bouches étonnées. Le silence se fit quand l’un de ceux qui l’avaient porté prit la parole. Il écoutait son discours tout en se demandant s’ils n’étaient pas en train de chercher comment ils allaient le manger : Allaient-ils le dépecer vivant ou le faire cuire avant ? Il fut rassuré quand l’un des spécimens lui apporta des sortes de graines blanches parfaitement rondes. Comprenant qu’il ne savait pas quoi en faire, le Oh ! en prit une et la porta à sa bouche. Elle s’adaptait exactement à son orifice buccal et fut engloutie, comme gobée avec un « pop » sonore. De peur de le vexer, il l’imita. Il pensait ne pas pouvoir avaler la graine tout rond mais fut surpris de constater qu’au contact de sa langue, elle fondait en laissant dans sa bouche un agréable goût sucré. C’était leur nourriture et elle leur était bien adaptée puisque, visiblement, ils n’avaient pas de dents. C’était déjà une bonne chose, ils n’allaient pas le dévorer !
Le sucre de la graine accentua sa soif. Comme s’il devinait ses besoins, un autre Oh ! lui apporta une feuille en forme de coupelle, remplie d’un liquide incolore qui semblait être de l’eau. Pourquoi se méfier d’êtres si avenants qui n’avaient, jusqu’à présent manifesté aucune agressivité à son égard. Il but. C’était bien de l’eau et son passage dans le gosier lui fit un bien fou. Il tendit la coupelle à son hôte qui comprit qu’il en voulait encore et s’empressa d’aller en chercher une autre. Tout près d’eux se dressait un arbuste dont les feuilles en coupelles étaient remplies d’eau. Il n’y avait qu’à se servir. Un distributeur végétal d’eau en quelque sorte ! Il y en avait partout, de quoi assouvir la soif de toute une colonie de Oh ! Une autre plante attira son attention : Au milieu de larges feuilles dentelées se dressaient des tiges surmontées de grosses fleurs rouges dont le cœur épanoui révélait une grappe de graines blanches : leur nourriture. Il y en avait à profusion. Chacun se servait selon ses besoins et l’on entendait par moments des « pop » de déglutition.
Maintenant qu’ils l’avaient nourri et désaltéré, qu’allaient-ils faire de lui ? Apparemment, ils semblaient aussi surpris que lui et, sentant qu’ils attendaient qu’il fasse quelque chose, il se mit à parler :
« Eh bien… voilà. Je ne sais pas comment je m’appelle ni d’où je viens, ni comment je suis arrivé ici mais… euh… je suis très content d’être parmi vous. Je vous remercie de votre hospitalité ». Un grand silence régnait dans l’assistance, même les « pop » s’étaient tus. Ses hôtes le regardaient de leurs yeux glauques avec leurs bouches surprises (pouvait-on sourire avec une bouche en cul-de-poule ?).
« Mais j’aimerais bien rentrer chez moi. Si quelqu’un a une idée, je prends ! »
Tout en parlant, il marchait de long en large devant son auditoire attentif en faisant des gestes avec ses bras, comme pour se dégourdir les membres. Il se tut et attendit. Les « Oh » ayant compris

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents