Le marcheur solitaire
58 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le marcheur solitaire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
58 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un homme seul marche sans s’arrêter ; une nature humaine antipathique et désagréable ; un naufrage va transformer sa vie et révéler, dans un tout nouveau monde, un homme, inconnu de lui-même, pris par les démons de la vie qui, finalement, le perdront.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312123493
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le marcheur solitaire
Pierrette Kuhn
Le marcheur solitaire
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-12349-3
L’homme qui marche
L’homme marchait seul sur la route, apparemment sans but précis. Où allait-il ? D’où venait-il ? Personne ne le savait, peut-être même pas lui-même. Le visage impassible, le pas cadencé, il avançait sans réfléchir. Des voitures, des camions le dépassaient en balayant de grands coups de vent. Mais rien ne perturbait son rythme régulier. L’homme semblait en lévitation tout en se déplaçant. Au coucher du soleil, son ombre s’allongeait loin derrière lui, et puis, il disparut complètement avec elle.
Le lendemain, l’homme recommença sa longue marche vers l’inconnu. Son périple semblait interminable. Cela ressemblait au pèlerinage de St Jacques de Compostelle, mais d’avance, je savais que ce n’était pas le cas. Cette marche semblait sans fin.
Cet homme qui marchait, marchait, sans s’interrompre, n’avait pas d’âge ou était entre deux âges. On n’essayait même pas de deviner, peine perdue, on n’en savait rien. Son air grave et revêche interdisait toute estimation.
Alors, mon imagination se mit à galoper. Ce promeneur solitaire m’intriguait. J’ai eu vite fait de lui inventer une vie riche en rebondissements, un parcours tantôt agréable et plaisant et tantôt triste et désespérant. Bref, le constituant d’une vie, avec des hauts et des bas. Et puis, un désespoir ? une insurmontable déception ? le poussaient peut-être à faire le tour du monde, à pied et seul ?
La création de l’homme
Ce fut un bébé grassouillet, souriant et en bonne santé qui fit le bonheur de ses parents. Il passa vite de la crèche à l’école maternelle où bien précocement, on détecta des capacités très particulières.
Au cours préparatoire de l’école primaire, l’enfant sut lire bien avant les autres. Les enseignants hésitèrent à le déclarer surdoué tant il était en avance par rapport aux autres élèves, en tout état de cause, ce petit était précoce.
Au collège, le gamin excellait. Il montrait des possibilités exceptionnelles qui étonnaient les enseignants. Au lycée, il passa son baccalauréat à seize ans avec mention « très bien ». Cet enfant était un pur bonheur.
Il arriva à l’université avec une facilité déconcertante. Il s’était choisi une voie royale, à savoir les sciences. Il était passionné par la recherche fondamentale qui offrait tant de possibilités.
Et le voilà employé dans la recherche d’un grand Institut renommé. Son travail le passionnait. Mais de longues années de recherche, sans trouver ce que l’on cherche, est très frustrant. Cet homme inconnu avait fini par se lasser de cet éternel combat sans triomphe.
Et puis, ses mauvaises humeurs avait rendu cet homme, désagréable. Il n’avait pas d’amis, et pour cause, toujours sourcils froncés et râleur, il ne donnait pas envie d’être côtoyé. Il ne se plaisait que seul car aucune personne de son entourage ne lui convenait. Toujours seul dans son laboratoire, seul à la cantine, seul dans le bureau et bien entendu seul dans les vestiaires car il ne s’y rendait que lorsque tout le monde était parti.
Il pensait à une citation d’Albert Einstein : « nous passons au moins quinze ans à l’école, et pas une fois on nous apprend la confiance en soi, la passion et l’amour qui sont pourtant les fondements de la vie ».
En ce qui le concernait, c’était bien vrai. Il ne connaissait rien aux relations humaines.
Alors le poids de ses échecs lui fit prendre conscience qu’il était grand temps de se remettre en cause. Et pour cela, il avait besoin de s’aérer l’esprit et prendre du recul avec le monde en blouse blanche.
Et un jour de grande lassitude, il se décida à franchir le cap et changer de décor. Il entreprit un long voyage en bateau. Il opta pour une croisière transatlantique sur le « Neptune ».
Le Neptune , un bâtiment naviguant en transportant des milliers d’êtres humains. Cet immeuble voguant offrait de multitudes d’activités. Celui qui aime danser, a les salles de bal, celui qui aime nager, a plusieurs piscines, celui qui aime les jeux d’extérieur, a les jeux de croquet, de cricket, de palets et pour ceux qui aiment les jeux d’intérieur, il y a des cercles de jeux de cartes et autres distractions de casino plus attrayantes les unes que les autres.
Après les dîners dans les somptueuses salles de restauration, les soirées se déroulaient dans les discothèques pour les jeunes et des salles de bal pour les seniors. La plupart du temps, ces soirées se prolongeaient jusqu’au petit matin où chacun, ou à plusieurs, regagnait sa cabine. La brume de la nuit se confondait avec la brume des cerveaux malmenés par l’alcool et la griserie de la charmante compagnie était vite rafraîchie au contact du bol d’air extérieur où les visages se faisaient fouetter par les embruns de l’océan.
Mais notre marcheur solitaire n’était pas un épicurien. Il n’était pas attiré par les plaisirs de la chair, ni par les plaisirs de la table, ni même des simples petits plaisirs de la vie de tous les jours. Il n’aimait pas les enfants, il disait que les petits sentent mauvais, sont braillards et sèment le désordre dans une maison. Pour l’instant, c’est le bruit de la musique qu’il estimait beaucoup trop forte qui lui déplaisait fortement.
Une nature terne et sans attrait se dessinait. Un esprit morose que rien n’arrivait à dérider. Acariâtre et en perpétuelle déprime, cet homme avait du mal à faire face aux exigences de la vie. À se demander ce qui pouvait le rendre heureux !
L’homme préférait les occupations qui appelaient à la réflexion. Il se réfugiait dans les lettres. Les cabines étaient pourvues du réseau Wi-Fi et à partir de là, le monde s’ouvrait sous ses doigts. Il surfait sur le web, découvrait des pays inconnus et étudiait la vie des gens que l’on ne connaît pas. Les habitudes de vie, les us et coutumes de certains étrangers. Des paysages fabuleux s’ouvraient sur des mondes inconnus.
C’est cela qui plaisait à cet homme. Connaître la nature d’autres congénères et voir et constater comment ils vivaient, et cela, dans des paysages magnifiques, des découpes dans les roches, des lacs perdus dans le creux d’une vallée, des montagnes blanches aux pics aléatoirement découpés, et même les populations perdues ou oubliées au fin fond de la jungle.
Il s’était souvenu d’un film qui l’avait marqué qui s’intitulait « la forêt d’émeraude ». Un petit garçon blanc avait été enlevé par les membres d’une peuplade de la forêt amazonienne. L’enfant avait grandi en bonne santé et était devenu un beau jeune homme parmi les autochtones. Ses parents, démolis par la perte de leur enfant, s’étaient mobilisés dans la lutte contre la désertification de la forêt amazonienne. Et dans cette opposition aux autorités, ils avaient non seulement gagné leur bataille, mais aussi retrouvé leur fils… adulte et profondément transformé.
Il est vrai que cette histoire nous parle. Elle nous interpelle sur le respect des autres. Nous ne sommes pas les seuls dans l’univers à avoir des envies de vie qui ne ressemblent pas aux autres. Pourquoi tout le monde ne pourrait-il pas vivre selon son envie ? Ne sommes-nous pas trop exigeants par rapport aux autres ?
En attendant, notre ermite voyageur se demandait pourquoi il avait embarqué sur cet immense navire. Si c’était pour rester seul, confiné dans sa cabine, il n’y avait aucun intérêt à entreprendre un tel voyage.
Seuls les bols d’air pris sur le pont, lui procuraient un certain plaisir, mais plutôt du bien-être faut-il dire car pour éprouver du plaisir, il faut s’y prêter, ce qui n’était pas le cas chez cet homme. Un frisson lui traversa le torse et lorsqu’il commença à avoir froid, il retourna dans sa cabine à ses plaisirs de lettres.
Le naufrage
La croisière poursuivit son chemin. La houle commençait à monter et secoua fortement le navire. À l’intérieur, on ressentait les secousses, ce qui était anormal compte tenu de la taille du bâtiment. On était censé flotter, tranquille, sur une ligne égale et sans remous.
Dans les salles de bal, on s’arrêtait de danser, la sono commençait à vibrer, dans les restaurants, les repas s’interrompaient, sans fromage, sans dessert, dans les salles de cinéma, les nausées prenaient les spectateurs qui ne tardèrent pas à s’en aller en parsemant sur leur chemin les paquets de pop-corn entamés.
À l’extérieur, dans les piscines, on se sauvait en maillot de bain sans prendre sacs et serviettes et les joueurs s’abritèrent à l’intérieur en trébuchant sur les clubs, palets et autres jouets de circonstance.
Les membres de l’équipage s’évertuèrent pourtant à calmer les gens. Ils ne cessèrent pas de rassurer ces vacanciers peu chanceux sur le moment. Le commandant de bord émit un message par radio qui se diffusait entièrement sur le navire, il se voulait confiant et incitait tout le monde à garder son calme et sa bonne humeur. Seuls des précautions d’usage devaient se prendre, à savoir rester dans sa cabine en attendant que les éléments s’assagissent. Il promettait d’informer régulièrement les passagers de l’évolution de la situation.
Ce que cet homme d’autorité n’avait pas dit, c’est qu’ils se trouvaient dans le triangle des Bermudes, endroit maudit par excellence et de notoriété publique.
En effet, cette région maritime se situe entre Miami en Floride, les Bermudes et Porto Rico en formant un triangle tristement réputé. Des avions entiers, des bateaux et même des appareils militaires ont carrément disparu de la circulation sans que l’on ne retrouve jamais de traces. Quelques rares épaves ont été repérées, par la suite, aux fins fonds des abymes, tel le « cotopaxi » où trente-deux marins sont morts.
Il semblerait que la faute revienne aux éléments de la nature.
C’est un lieu de disparitions répétées et inexplicables, un endroit hanté et maudit, une zone de navigation imprévisible et dangereuse. Depuis soixante ans maintenant, le triangle des Bermudes alimente, par ses drames, la culture popul

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents