Le retour , livre ebook
104
pages
Français
Ebooks
2023
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Après, pour la plupart de ses États, plus d’unesoixantaine d’années de « soleil des indépendances» (Kourouma) dont une bonne trentaine de« soleil » de la démocratie, l’Afrique connaît encoredes tensions. Ces tensions sont certes de naturespolitique, militaire (les plus médiatisées), mais aussicultuelle, culturelle et économique, entre autres. Telest le constat que dresse ce livre.Dans ce (second) recueil de douze nouvelles, MamadouKonaté présente, par la littérature, des problèmescontemporains africains. Ainsi les thèmesdes violences cultuelle et culturelle, de l’abus d’autorité,de la cyberdélinquance, de la prostitutionclandestine, du terrorisme, etc. sont-ils traités aveccette touche qui est en passe de devenir son style :l’humour ou la dérision.
Voir
Mamadou Konaté
Le retour Nouvelles
© Sawa éditions Couverture : masque Homme-requin (Bénin) Dépôt légal : Bibliothèque Nationale (Mali), décembre 2022 ISBN : 978 - 99952 - 939 - 6 - 3 Tous droits réservés
« La violence gratuite attisait un peuple qui avait égaré son cerveau ... » Ken Bugul,La pièce d’or
Avertissement : Les textes qui composent ce livre sont des ctions littéraires.
Sommaire
Campus 2
Facebook
Le retour
Condence
La dernière villa
Lamentations
Caporal Abalo
Les policiers d’Entag
Ayouba
Qui sera linceulé ?
Salam !
Mianka
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Campus 2
Nos aînés avaient baptisé notre promo-tion « Les chieurs ». Nous n’avions jamais su pourquoi. Mais, chose bizarre, nous avions accepté ce nom, pour le moins, ré-pugnant. Alors nous nous appelions nous-mêmes ainsi : chieur Maxime, chieur Drissa, chieuse Éva, etc. Notre promotion comptait près de trois cents chieurs et chieuses. Nous occupions le plus grand amphithéâtre du campus 2, où nous assistions aux cours magistraux du tronc commun en propédeu-tique Lettres modernes et Sciences de la communication. La propédeutique, c’était ainsi que l’on appelait les deux premières années des études universitaires, avant l’in-troduction du système LMD.
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Ce jour-là avait commencé comme d’ha-bitude. J’étais arrivé au campus vers sept heures avec Maxime et Drissa. Nous ve-nions de faire une heure de route à pied en traversant des champs de maïs, un bas-fond où coulait un ruisseau et le quartier des jolies maisons en tuiles rouges ; puis nous avions longé la large voie bitumée qui reliait le campus 1 et le campus 2, séparés par la prison centrale et les jardins potagers des détenus ayant purgé la quasi-totalité de leur peine. Nous referons ce même tra-jet en sens inverse, quand les cours pren-dront n. Nous envions nos camarades qui disposaient de chambre à la cité universi-taire. Ils étaient de sacrés veinards car, pour avoir une chambre à la cité, il fallait frapper à mille portes. Certaines ne s’ouvraient ja-mais. Tout compte fait, cela équivalait à ce que l’on entendait au fond des bureaux de celles qui s’ouvraient : « Non, il n’y a pas de chambre disponible. Allez ! Au revoir, l’étu-diant, et bon courage ! » Nous étions donc arrivés aux environs de sept heures. Nous allâmes réserver nos places en plaçant nos classeurs sur les tables. Et en attendant le début des cours, nous formions avec d’autres condisciples un petit groupe d’une dizaine de personnes, devant une des portes de l’amphi. Là, nous
