Yélif, jeune chirurgien, découvre des pratiques pour le moins inquiétantes au sein de l’hôpital où il exerce. De fil en aiguille, il met la lumière sur une sombre manipulation mêlant firmes pharmaceutiques et compagnies d’assurance. Il est aidé dans son enquête par Ali, un vieux médecin au regard mêlé de cynisme et de dérision, et par Azel, une consoeur, qui croise sa route et bouleverse sa vie.Transhumanisme effréné, médecine sous influence mais aussi quête personnelle et questions existentielles sont les thématiques qui traversent cette dystopie et nous plongent dans les enjeux d’une société se transformant à vive allure et ayant fait le choix de la technicité au détriment de l’humain.Un conte du futur pour nous éclairer sur les anomalies du présent.
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Extrait
SOUAD JAMAÏ
Le serment du dernier messager
éîf, jeune chîrurgîen, découvre des pratîques pour e moîns înquîétantes au seîn de ’hôpîta où î exerce. De i en aîguîe, phaYrmaceutîques et compagnîes d’assurance. I est aîdé dans son enquête î met a umîère sur une sombre manîpuatîon mêant irmes par Aî, un vîeux médecîn au regard mêé de cynîsme et de dérîsîon, et par Aze, une consœur, quî croîse sa route et boueverse sa vîe. Transhumanîsme effréné, médecîne sous înluence maîs aussî quête personnee et questîons exîstentîees sont es thématîques quî traversent cette dystopîe et nous pongent dans es enjeux d’une socîété se transformant à vîve aure et ayant faît e choîx de a technîcîté au détrîment de ’humaîn. Un conte du futur pour nous écaîrer sur es anomaîes du présent.
Souad Jama vît à Rabat où ee exerce en tant que cardîoogue. Son premîer roman,Un toubîb dans a vîe, paraït en chez Afrîque Orîent. Satîre de a socîété marocaîne, î rencontre un grand succès. En , ee crée une troupe de théâtre composée unîquement de médecîns et met en scène son premîer roman. Le second,Des aîes de papîer, est pubîé en par Vîrgue Édîtîons.Le serment du dernîer messagerest son troîsîème roman.
Prix : 90 DH / 18 € ISBN : 9789920769877 Dépôt légal : 2021MO0339
SOUAD JAMAÏ
SOUAD JAMAÏ
Le serment du dernier messager
Le serment du dernier messager
Roman
Cet ouvrage a été pubîé avec e concours de ’Instîtut Françaîs du Maroc
À Séîm, À Mey, Que vous puîssîez garder votre îbre arbître, toujours…
Transhumanisme :« mouvement cuture et înteectue prônant ’usage des scîences et des technîques pour améîorer es caractérîstîques physîques et mentaes des êtres humaîns ».
Seues nos certîtudes nous poussent à avancer. Seus nos rêves nous donnent a foî pour y arrîver. Seue a poursuîte de ces rêves permet à nos încertîtudes de se dîuer…
Chapitre 1
es aarmes venaîent de se décencher, sans un L centîème de seconde de retard. Rugîssantes, assourdîssantes et însupportabement ponctuees. Yéîf inîssaît de s’habîer. Dans un moment, a porte de son box s’ouvrîraît, ne uî aîssant pus que queques înstants pour s’échapper avant e verrouîage automatîque, bîentôt annoncé par une seconde aarme. Ce matîn, es secousses de son ît, censées e réveîer, n’avaîent pas réussî à ’extraîre du rêve programmé a veîe. Étaît-î possîbe que son sommeî profond se soît décenché trop tard, décaant aînsî toute a chronoogîe savamment étabîe ? Ou peut-être y avaît-î eu une anomaîe dans e dîsposîtîf de démarrage du propuseur d’îmage, entraïnant un décaage du début du rêve et, par conséquent, un réveî tardîf ? I demanderaît au technîcîen de ’hôpîta de passer vérîier e système onîrîque de sa ceue. Pour e moment, î devaît se dépêcher. Les maades étaîent déjà înstaés sur es soces métaîques gacés du boc opératoîre, attendant que des maîns expertes prennent es commandes pour guîder es robots-chîrurgîens.
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Yéîf se gîssa de justesse hors de son box. Pour rîen au monde î n’auraît vouu revîvre ’expérîence désagréabe de rester boqué toute une journée dans ce mînuscue espace quî uî servaît de chambre. Un souvenîr très dépaîsant. Cea s’étaît produît queques moîs auparavant. I avaît dû attendre e soîr avant de pouvoîr s’extîrper de cette boïte programmée pour se refermer à heures ixes, sans jamaîs tenîr compte des besoîns de son occupant. Les médecîns avaîent a possîbîîté de paramétrer es horaîres d’ouverture maîs n’avaîent aucun pouvoîr sur ceux de a fermeture, împosés par es pîotes. I étaît resté assîs sur son ît, dans ’obscurîté a pus totae, sans aucune connexîon vîrtuee nî autre possîbîîté de communîquer avec ’extérîeur. Dîx heures à attendre, et à s’en vouoîr de s’être aîssé prendre au pîège. Comme à chaque foîs qu’î avaît du temps à perdre, î s’étaît exercé à îbérer son esprît de toutes es contraîntes împosées. Une sorte de récréatîon qu’î s’autorîsaît parfoîs. Durant cette évasîon, încontrôabe par es caméras, î recréaît sa vîe. I déconstruîsaît son exîstence, a modîiaît pour qu’ee e surprenne, ne soît pus aussî rîgîde et prévîsîbe. Cea débutaît toujours par a même îmage, une sorte d’amorce quî permettaît au cerveau de démarrer sa fugue : une femme, des enfants, une maîson sur une coîne surpombant une vaée arborée… Pas de son, nî de scénarîo, juste cette îmage fragîe, loue, à peîne coorée.
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Yéîf se demandaît sî cette vîsîon correspondaît à un souvenîr encavé dans une zone profonde de son cerveau, ou putôt à un rêve, un objectîf à réaîser. Le souvenîr et e rêve avaîent inî par fusîonner, et î ne savaît pus eque des deux étaît factîce. Depuîs cette fâcheuse séquestratîon, Yéîf prenaît ses précautîons. Dès que e box s’ouvraît, î paçaît une chaîse en travers de a porte. Parfoîs, î s’amusaît à entrer et sortîr du box à moîtîé habîé, juste pour déier es compteurs de passage et narguer es caméras de surveîance pacées dans es couoîrs. Après tout, î n’étaît écrît nue part que ce genre d’agîssements étaît proscrît… I se permettaît aînsî queques onduatîons. Grâce à une habîeté physîque étonnante, une audace démesurée et une îmagînatîon sans bornes, î arrîvaît à contourner es règes étabîes par ’hôpîta, sans vérîtabement dépasser es îmîtes împosées. Ce besoîn îrrépressîbe de se sentîr maïtre de ses actes e faîsaît passer pour un orîgîna. L’ascenseur numéro 3, quî desservaît e boc de neurochîrurgîe, étaît compet. Inirmîers, technîcîens et médecîns y étaîent aggutînés, sîencîeux, encore à moîtîé endormîs. Yéîf haussa es épaues en sourîant, heureux d’être obîgé d’attendre ’ascenseur suîvant. À chaque foîs qu’î es voyaît tous entassés dans ce cube métaîque quî montaît et descendaît à ongueur de journée, î pensaît à un pêcheur dont e iet bîen esté pongeraît au fond de ’eau pour remonter aègrement es poîssons prîs au pîège. Un pîège
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dont îs ne prendraîent conscîence que orsqu’îs seraîent sortîs de eur envîronnement habîtue… Yéîf refusaît de monter dans ces cages bondées, c’étaît sa façon à uî de se démarquer, de contester ’enchaïnement împosé. I préféraît descendre pus tard dans un ascenseur vîde, et d’un sprînt effréné rattraper son retard. Une petîte actîvîté physîque matînae doubée d’une poînte d’extravagance. Les premîères semaînes de son actîvîté à ’hôpîta, î avaît souvent été convoqué par a dîrectîon pour încîtatîon au désordre. Maîs depuîs, î s’étaît apaîsé. Moîns î se feraît remarquer, pus î auraît de marge de manœuvre. I se îmîtaît donc à des încartades sans conséquences, et donnaît ’împressîon d’être rentré dans es rangs. Chaque jour, e programme de travaî étaît îdentîque au précédent. Quatre heures de travaî, suîvîes d’un repas fruga accompagné d’une boîsson appeée K1, censée booster es équîpes médîcaes pour es maîntenîr en forme jusqu’à 18 heures. Puîs, comme tous es soîrs, Yéîf se rendraît à a sae de sport où un coach vîrtue et un robot transformîste, pouvant prendre ’aure de n’împorte quee machîne, se chargeraîent de e muscer, de ’étîrer et d’augmenter ses capacîtés à ’effort. Étudîant, Yéîf n’avaît pas été un grand sportîf, maîs, à son arrîvée à ’hôpîta, son organîsme devînt rapîdement dépendant des endorphînes sécrétées durant es séances d’exercîce. I en avaît besoîn
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pour supporter e rythme de travaî et, surtout, ’absence totae de îens socîaux. En queques moîs, son corps s’étaît transformé, ses épaues s’étant fort éargîes, î avaît dû changer a taîe de son unîforme de travaî. S’î étaît ier de sa sîhouette, î ’étaît encore pus de ’améîoratîon de ses performances et de son endurance. I avaît remarqué que es ies dans a rue, e regardaîent d’un autre œî. I étaît toujours surprîs, car dans son envîronnement de travaî î en étaît autrement : es femmes ne sembaîent pas s’întéresser à uî, ees paraîssaîent îndîfférentes à tout. À vîngt heures, après une douche rapîde, î retrouveraît ses compagnons pour un repas accompagné d’une K2 bîen chaude. Suîvraît ensuîte une heure de détente dans une sae commune, puîs chacun regagneraît son box pour dormîr. Aucune dérogatîon à a rège : chacun regagneraît son box SEUL ! Deux ééments contrîbuaîent à faîre respecter cette rège. Le premîer étaît en rapport avec a dernîère boîsson de a journée, K2. Outre e bîen-être qu’ee procuraît, K2 avaît pour effet d’atténuer es sentîments, d’aboîr es envîes sexuees et d’annuer toute propensîon aux révotes. L’effet de cette boîsson duraît 24 heures. Aucune nécessîté d’obîger e personne à a boîre, ee contenaît une substance addîctîve que tous convoîtaîent. Grâce à Zed, quî travaîaît au aboratoîre de bîoogîe médîcae, Yéîf connaîssaît es proprîétés des deux boîssons dîstrîbuées.
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Zed étaît son seu vérîtabe amî dans ’étabîssement. Is s’arrangeaîent toujours pour partager a même tabe au dïner, aîmaîent es mêmes sérîes qu’îs programmaîent avant de s’endormîr, et avaîent suîvî des cours communs durant eur formatîon à ’écoe de médecîne. Le second éément quî împosaît e respect de ce code de conduîte concernaît es mateas. Is étaîent programmés pour recevoîr e poîds bîen déinî de eur proprîétaîre (à deux kîos près, bîen entendu, puîsqu’î faaît tenîr compte des varîatîons postprandîaes ou cycîques de chaque îndîvîdu). Sî deux corps se retrouvaîent ensembe sur e ît, e box s’ouvraît automatîquement et une aarme se décenchaît, faîsant înéuctabement fuîr e ocataîre fraudueux. Yéîf se demandaît sî e so contenaît égaement ces récepteurs de poîds. I n’avaît jamaîs faît entrer de ie dans son espace, ce n’étaît pourtant pas ’envîe quî uî manquaît, maîs ’occasîon ne s’étaît, jusque-à, jamaîs présentée. La journée ne faîsaît que débuter, Yéîf devaît rapîdement se mettre en phase avec es autres pour ne pas courîr e rîsque d’être sîgnaé par es pîotes. Dès qu’î arrîva au boc, î se prépara dans e sas adéquat, pongea ses maîns et ses avant-bras dans un bac de désînfectîon à înfrarouges, se dévêtît et endossa une combînaîson împrégnée d’antîbîotîques quî surgît d’un dîstrîbuteur dès son arrîvée. Lorsqu’î étaît habîé, seues ses maîns et ses yeux restaîent vîsîbes. I enia des gants jaîîs d’une împrîmante 3D, puîs une înirmîère posa sur son nez des unettes connectées.
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Le dossîer du maade déia sur tous es écrans du boc, et e robot-assocîé proposa troîs modes opératoîres. Yéîf séectîonna a technîque a pus adaptée à a pathoogîe, et ’înterventîon commença sur e patîent anesthésîé. Le bon dérouement de ’opératîon étaît contrôé par un ordînateur quî afichaît es paramètres vîtaux sur tous es monîteurs et es scandaît en même temps par ’întermédîaîre de haut-pareurs. Le médecîn înformé pouvaît aînsî garder es yeux ixés sur e crâne ouvert de son patîent sans jamaîs avoîr besoîn de surveîer es écrans. Yéîf effectuaît son travaî comme un automate ; a rélexîon n’étaît pas de mîse, î étaît spécîaîsé dans a résectîon des anévrîsmes du poygone de Wîîs et, grâce à ’assîstance de son robot, chacune de ses înterventîons duraît moîns de vîngt mînutes. Pendant a phase de stérîîsatîon, programmée pour se décencher entre deux patîents, Yéîf eut un înstant de répît et pensa au moment où î pourraît parer à Zed. Comme d’habîtude, avant e dïner, îs se retrouveraîent pour eur séance de sport. Dès eur arrîvée à ’hôpîta, î y a queques années déjà, îs s’étaîent arrangés pour obtenîr es mêmes horaîres d’entraïnement. Ce soîr, Yéîf étaît împatîent de inîr son travaî : Zed devaît uî donner e résutat d’un împortant test bîoogîque. Les autres confrères n’întéressaîent pas trop Yéîf. Leur manque d’esprît d’înîtîatîve et eur tendance à ne parer que de eurs înterventîons uî donnaîent souvent
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’împressîon d’être entouré de cones d’îndîvîdus dénués de pouvoîr de rélexîon, unîformes et îsses, sans créatîvîté nî sensîbîîté. L’autre amî de Yéîf se nommaît Jîk. C’étaît en réaîté un cousîn éoîgné, avec eque î avaît de nombreuses affînîtés. I étaît înformatîcîen dans un servîce gouvernementa. Durant sa semaîne de congé, Yéîf passaît e pus grand nombre de ses soîrées avec uî. Le jeune médecîn travaîaît à ’hôpîta en 2/1, deux semaînes de travaî aternant avec une semaîne de repos. Dès qu’î inîssaît sa quînzaîne de travaî, î ramassaît ses affaîres (î faaît entîèrement îbérer e box pour e médecîn suîvant), déposaît son badge à ’accueî et transîtaît par ’unîté de désînfectîon avant de récupérer ses habîts cîvîs. En sortant de ’enceînte de ’hôpîta, Jîk étaît a premîère personne qu’î s’empressaît de contacter, afîn d’étabîr un programme de vîrées nocturnes. Zed et Jîk étaîent ses deux seus amîs, îs étaîent iabes, et Yéîf estîmaît qu’î pouvaît absoument tout eur conier. Son travaî achevé, e jeune homme se dîrîgea vers es saes de sport où î avaît convenu de retrouver Zed. I sauraît bîentôt sî son întuîtîon étaît fondée. Prudents, es deux amîs attendîrent a in de eur séance d’exercîce pour dîscuter dans es vestîaîres. À ’abrî des oreîes îndîscrètes, îs purent enin échanger queques mots. Anxîeux, Yéîf posa a questîon quî uî brûaît
– Tu as eu es résutats que je t’aî demandés ? – Ouî… – Et aors, qu’as-tu trouvé ? – C’est bîzarre… – C’est grave ? – Non, c’est juste étonnant. – C’est-à-dîre ? – Tu es à jour de tes révîsîons ? – Ouî, anayses, radîos et examens, tout est parfaît, pourquoî ? – J’aî anaysé ton taux de récepteurs pour a substance dont on a paré, et c’est încroyabe, tu n’en as aucun ! – Aucun ? – Non, aucun récepteur ! – Ça veut dîre que je suîs însensîbe à K1 ? – C’est exactement ça, sî tu n’as pas de récepteur, ee ne peut donc pas avoîr d’effet sur toî ! – Et îs ne testent pas ces récepteurs sur es médecîns au moment du recrutement ? – Non, jusqu’à ce jour personne ne m’avaît demandé de faîre ce genre de test ! – Je comprends aors beaucoup de choses… Je ne ressens aucun effet stîmuant de K1, je suîs pus fatîgué que es autres en in de journée… Incroyabe ! Moî quî pensaîs être maade !
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– Et pour e reste, comment tu te sens ? – Tu veux dîre pour K2 ? – Ouî… – Pour e reste, je suîs parfoîs furîeux de devoîr dormîr à heures ixes, de ne pas pouvoîr me réveîer quand je veux… J’aî parfoîs des états d’âme que je ne comprends pas, une împressîon que queque chose me manque… – Rîen de pus ? – Pourquoî ? Tu as égaement recherché es récepteurs pour K2 ? – Ouî, tant qu’à faîre ! – Et… ?? – Ben, ceux-à non pus, tu ne es as pas !!! – Tu veux dîre que je suîs aussî însensîbe à K2 ? Merde aors !!! – C’est une chance, tu saîs… – Une chance, de me sentîr dîfférent, d’avoîr parfoîs envîe de tout casser, de me sentîr seu, emprîsonné, dépourvu de îberté, au poînt d’en arrîver à douter de mon choîx professîonne ?? Non, je ne croîs pas que cea soît une chance… – Écoute, tu es sur e coup de ’émotîon, aîsse décanter, on en reparera pus tard. – Zed, j’aîmeraîs que tu gardes pour toî e résutat de ces anayses. Je peux compter sur toî ? – Bîen évîdemment ! Tu saîs ce que je rîsque s’îs apprennent que j’aî faît des examens à eur însu ! J’aî déjà détruît toutes es traces, ne t’înquîète pas pour ça. Que vas-tu faîre de ces résutats ?
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– Je t’avoue que je n’en saîs rîen, maîs cea me permet enin de comprendre pourquoî je me sens sî décaé. C’est déjà ça !
Yéîf essayaît de sourîre pour termîner a conversatîon sur une note posîtîve… Puîs es deux amîs changèrent de sujet et se dîrîgèrent vers a sae des repas. Yéîf n’avaît pas osé avouer à son amî que des pensées pus întîmes uî efleuraîent fréquemment ’esprît. I étaît trop pudîque pour en parer. I s’attardaît parfoîs à regarder certaînes de ses coègues. I baîssaît es yeux dès que ’une d’entre ees croîsaît son regard, non par tîmîdîté, maîs par déceptîon de ne trouver face à uî que des regards vîdes. I cherchaît une umîère quî uî réchaufferaît e cœur. I n’avaît pus envîe de îmîter es contacts charnes aux étreîntes autorîsées dans es « maîsons d’amour » auxquees chacun avaît droît durant es jours de congé. Les hommes et es femmes se retrouvaîent dans des sortes d’hôtes où un ogîcîe d’accueî eur demandaît de spécîier es crîtères de séectîon pour eur partenaîre d’un soîr. I n’étaît pas questîon de vîvre une hîstoîre d’amour nî de concevoîr des enfants sans ’autorîsatîon des pîotes quî géraîent ’hôpîta. Ces rencontres étaîent faîtes pour e sîmpe paîsîr des corps, en toute sécurîté, en toute égaîté, sans surprîse nî foîe. La foîe, c’étaît ce quî uî manquaît e pus. Certes, î aîmaît e paîsîr ressentî ors de ces ébats, maîs cea ne uî sufisaît pus.