Le Treizième convive
214 pages
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Le Treizième convive , livre ebook

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Description

Jean, éprouvé par son récent divorce, désire renouer avec la foi chrétienne.



Aspirant à la paix intérieure, il choisit d’entreprendre une retraite spirituelle dans un monastère en Espagne.



Le sort, par l’entremise d’un prêtre qui l’a guidé plus jeune, le conduit à l’extrême ouest de la péninsule. L’isolement, la nature sauvage, le climat rude, tout semble propice à la vie de l’esprit.



Cependant, dès la première nuit, Jean se trouve confronté à un fait des plus étranges... Il croit d’abord être le jouet d’un mauvais rêve, ou pis, d’une hallucination. Le même phénomène se reproduit la nuit suivante... Cette fois, l’explication rationnelle ne lui suffit plus. Son anxiété ne fait que croître.



Bien décidé à tirer les choses au clair, réagissant du même coup contre l’omerta ambiante, Jean se confie au Supérieur du monastère.



La quête d’absolu tourne alors au cauchemar ... !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414520473
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52048-0

© Edilivre, 2021
I
Cette année-là, après une série de déceptions familiales suivies d’un divorce houleux, je décidai d’entreprendre une retraite spirituelle dans un monastère. C’était en mars 1967.
Professeur d’espagnol à l’époque, j’enseignais au lycée de F., petite commune de Seine et Marne où j’habitais depuis sept ans. Ma demande de permutation pour Périgueux acceptée, je venais de solliciter un congé libératoire du 13 au 30 novembre, avant ma prise de poste le 4 décembre suivant. Cette période me semblait idéale pour le recueillement.
J’avais choisi pour cadre l’Espagne. J’y étais allé à maintes reprises, excepté sur la côte atlantique que je ne connaissais toujours pas. Deux ans plus tôt, lors d’un séjour en Vieille Castille, je me découvrais une passion pour l’architecture religieuse. Au carrefour d’influences hispano-mauresques, le style gothique régional m’enthousiasmait particulièrement. Cathédrales, églises, abbayes… je n’en finissais pas de m’émerveiller. A mon retour, j’emportais des centaines de prises de vues, outre mes propres croquis relevés sur place. Dans ma frénésie de vouloir faire du prosélytisme, tant vis-à-vis de mes proches que de mes connaissances, je ne devais pas tarder à devenir la cible de leurs amicales moqueries : – En fait de tourisme, ce que tu as entrepris là c’est un véritable pèlerinage ! – Quelques radicaux me donnaient à entendre que je ferais mieux de vivre avec mon époque… Cependant je ne baissais pas les bras.
Restait le choix du monastère.
Des retrouvailles, toute fortuites, guidèrent mes pas.
Bien des années en arrière, j’avais passé toute ma jeunesse à C., dans la proche banlieue parisienne. Le Père Chabrel, prêtre de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, m’enseignait le catéchisme sur les bancs de l’école. Je ne le voyais plus depuis des lustres. Pour autant, il n’était pas de ceux que l’on oublie facilement.
Avant d’être ordonné prêtre, il avait eu un parcours assez peu ordinaire.
Ancien élève de la Faculté de médecine, pianiste de talent titulaire d’un premier prix de conservatoire, puis professeur de grec et de latin, il donnait parallèlement des cours d’escrime. Volontiers il faisait de l’autodérision : – J’avais tout d’un catcheur, mais rien d’un futur homme d’Eglise… – Il parlait espagnol couramment, mieux que l’anglais ou l’allemand qu’il avait appris au collège. Il entre dans les ordres à vingt-quatre ans. C’était en 1939, juste avant le début de la dernière guerre. Conscrit, démobilisé un an plus tard, il fuit le régime de Vichy pour s’enrôler dans les Forces Françaises Libres. Blessé dans une embuscade, sauvé par un de ses camarades, -soldat farouchement anticlérical ! - il rentre en France en 1945. Reprenant la soutane, l’abbé Chabrel se voit nommé à la paroisse de C. La même année, je commençais ma scolarité à l’externat Saint-Vincent-de-Paul.
Prédicateur fougueux, redoutable adversaire dans l’équipe municipale de football, il se consacrait de plus en plus aux déshérités de tous horizons : – Donnons-leur de quoi vivre dignement de leur travail, disait-il, mais avant toute chose, nourrissons leur esprit de Belles-lettres et de grande musique. Alors, ceux que nous appelons « délinquants » se compteront sur le bout des doigts… – A ses yeux, la culture traditionnelle était le remède à tous les maux de la terre. C’était sa façon de voir. A notre époque, il s’exposerait aux sarcasmes des élites avant-gardistes bien pensantes . Mais lui resterait droit dans ses bottes.
Ardent défenseur des animaux, il se disait prêt à en découdre avec ceux qui ne voient en eux qu’une valeur marchande, ou pis, les maltraitent : – Tant que l’abattoir trônera au sein de la barbarie civilisée, les marchands de canons continueront de faire couler le sang et les larmes. – Paraphrasant Bernardin de Saint-Pierre, lui-même disait que notre nourriture ne devait coûter la vie à aucun animal, et il ne buvait que de l’eau. Je l’avais suivi dans cette voie pour ma part. Chacun de nous l’admirait. Certains, en tant que prêtre ou en tant qu’homme ; d’autres, comme moi, sous l’emprise de sa personnalité chatoyante, peut-être ?
En chaire, il ne cessait de prêcher le pardon, l’indulgence. Pourtant, le jour où j’avais brisé la vitre de la grande salle du patronage en jouant au ballon, et qu’au lieu de m’amender, je riais niaisement, il m’avait giflé. Certes, je le méritais. J’allais sur mes neuf ans. Mais depuis, toutes les fois où il pouvait me prendre en faute, il ne se privait pas de me réprimander plus qu’un autre. Pesant sur moi, son regard me désignait toujours comme le fauteur de trouble. Pendant ce temps je faisais le dos rond, tout en ravalant une sourde rancœur. Est-ce à cause de cette inimitié que plus tard, mon service militaire accompli, je devais m’éloigner de l’Eglise ?
Aujourd’hui je repensais à ce prêtre. Avec le recul, je mesurais son empreinte sur mes conceptions. Dans ses causeries, il abordait certaines questions sous un éclairage différent des poncifs du commun des mortels : – Parmi ceux qui se proclament chrétiens, il y en a qui ne ressentent pas le moindre élan envers leurs semblables. Certains assistent à la messe parce qu’ils sont enracinés dans cette pratique ; d’autres, pour le concert spirituel des orgues ; d’autres, enfin, par crainte de brûler en enfer… A tout prendre, ces personnes ne sont-elles pas des athées formalistes ? – Pour lui, fleurir les tombes constituait un geste païen : – « Ce qui est chair est chair, ce qui est esprit est esprit ». Pour le croyant, les cimetières sont vides ! – Parlant de l’abnégation, il évoquait le sort de ces deux frères originaires d’Afrique du Nord, qu’il avait bien connus. Le cadet, atteint d’une grave maladie, se savait condamné : – Jusqu’au bout, l’aîné lui a prodigué un réconfort admirable. S’il avait pu mettre sa vie en balance pour le sauver, il l’eût fait avec joie. Un dévouement comme celui-là, je n’ai vu ça qu’une seule fois dans ma vie. Ce souvenir encore me bouleverse… – Depuis, je prenais mes distances vis-à-vis de la fête des morts, de même que je considérais les étrangers avec moins de préjugés…
II
A la sortie de la messe, le Père Chabrel se tenait toujours sur le parvis de l’église à serrer la main des fidèles. Pour Pâques, surpris de me revoir après tout ce temps, il s’interrompt :
— Tiens, voilà un véritable revenant !
J’allais sur mes 28 ans. Lui devait approcher de la cinquantaine. Toujours aussi mince, vigoureux. N’étaient ses cheveux qui avaient blanchi, il gardait sa fière allure juvénile. Manifestement il ne me tenait plus rancune de mon incartade…
— Je suis très heureux de vous revoir, Père.
— Moi aussi, mon garçon.
Il savait que j’étais professeur d’espagnol. Avant même qu’il me posât une ou deux questions préliminaires, je ne pus m’empêcher de lui dire à quel point il avait orienté ma façon de voir, mes actes. Pour commencer, son attachement à la langue de Cervantès ne m’avait-il pas influencé professionnellement ?
— Ma vocation, je vous la dois elle aussi.
Il souriait :
— Il faut croire que je n’ai pas toujours prêché dans le désert… Je vois que tu es marié ?
Je ne retirais toujours pas mon alliance. Etait-ce par crainte de dissoudre cet ultime lien avec le passé ?… Je songeais que je ne lui avais même pas fait part de mon mariage, lui qui m’avait baptisé, et prenant le soin de mon éducation religieuse, m’administrait plus tard le sacrement de la communion solennelle !
— Disons que je l’ai été.
— Tu es veuf ?
Le dernier groupe de paroissiens s’éloignant, je lui touchai un mot de mes avatars.
Il m’écouta jusqu’au bout, sans m’interrompre. Par instants, il réfléchissait ; à d’autres, il approuvait d’un signe de tête ou il faisait une moue sceptique.
— Voilà, Père… Je vous ai dit l’essentiel.
— Je suis désolé pour vous deux. Vous avez des enfants ?
— Non, c’est une chance, si l’on peut dire.
— Tu entames ta traversée du désert.
— C’est là mon nouveau fief, en effet.
— Je constate que tu n’es pas aigri. C’est déjà énorme.
— Oui et non… Il n’y a pas si longtemps, il m’arrivait encore de souhaiter tout le mal de la terre à celle qui m’a royalement tourné le dos.
Il me considérait avec calme :
— La vengeance n’est-elle pas aussi creuse que la gloire ?
— Cela ne fait aucun doute. D’ailleurs, j’étais injuste… Tout compte fait, j’ai autant de torts qu’elle.
— C’est déjà bien de le reconnaître. Mais encore ?
— Le week-end, je ne pensais qu’à partir avec les copains. On faisait des rallyes, des randonnées, de la bicyclette… On faisait même du vol à voile. Bref, je n’étais jamais là. Pas étonnant qu’elle se soit consolée dans les bras d’un autre…
— En somme, tu ne l’avais pas volé.
— Je le reconnais volontiers.
— Et tu n’as donc plus de rancœur.
— Aujourd’hui j’ai dépassé ce cap… Ce qui ne m’empêche pas de réagir.
Dubitatif, il me regarde :
— De quelle manière ?
Lorsque je lui fais part de ma résolution, il se frotte les mains :
— Tu as pris là une sage décision. La vie spirituelle est notre seule vraie voie. Même si ce n’est qu’une simple approche, tu en retireras une grande paix intérieure.
— C’est justement ce que je recherche. Pour tout vous dire… je ne sais pas trop à quelle porte frapper.
— Tu me demandes de te guider.
— Oui, Père… Si vous le pouviez, je vous en serais très reconnaissant.
— Eh bien, pourquoi pas ?
Après un court silence, il reprit :
— Quand souhaiterais-tu concrétiser ce vœu ?
— Ce ne pourrait se faire que du 15 au 30 novembre, compte tenu de mon congé libératoire.
— J’en prends bonne note. Cependant, sache une chose…
Ce que l’on nomme retraite spirituelle

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