Les Arbres jaunes
206 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Arbres jaunes , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
206 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L'introspection d'un prêtre marié, donc en opposition avec la discipline de l'église catholique, une réflexion sur l'habit religieux entre apparence et vérité, la foi et sa toile de fond tantôt ombrageuse, tantôt lumineuse, le suicide d'un ecclésiastique sont autant de moments et de thèmes qui permettent aux auteurs, dans des récits courts, de composer leurs souvenirs et de penser leur engagement, leur liberté. Pour nourrir leurs réflexions et dans une langue toujours limpide et élégante, les auteurs convoquent tour à tour aussi bien Jankelevitch que Victor Hugo ou encore E. Levinas. Le lecteur ne se lasse pas de ces apports culturels choisis qui densifient la réflexion sans nuire à la poésie et au charme de certaines évocations.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782748350791
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Les Arbres jaunes



Des mêmes auteurs



Chemins de traverse, Récit à deux voix,
Editions Karthala, Paris, 2000

Pierre de Grauw, sculpteur,
Editions d’Art Somogy, Paris, 2001 Pierre et Georgine de Grauw










Les Arbres jaunes

Nouvelles et récits




















Publibook Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook :




http://www.publibook.com




Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les
lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son
impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et
limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou
copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les
textes susvisés et notamment le Code français de la propriété
intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la
protection des droits d’auteur.





Éditions Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : + 33 (0) 1 53 69 65 55






IDDN. FR.010.0114126.000.R.P.2009.030.40000




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2009


Sommaire






Prologue .......................................................................... 11

René................................................................................. 15
L’habit ............................................................................. 27
Le père Léon.................................................................... 31
Le baptême ...................................................................... 35
Le préfet 43
L’image mortuaire........................................................... 53
Le noviciat....................................................................... 57
Le prédicateur.................................................................. 65
Paulinus ........................................................................... 73
Hendrina.......................................................................... 79
Une abbaye presque abandonnée .................................... 83
L’innommable ................................................................. 93
Rudolf et Ilse ................................................................... 97
La fleur blanche............................................................. 113
Mes parents 117
Pourquoi pas ? ............................................................... 151
Le son perdu.................................................................. 163
L’orientation nuptiale.................................................... 179
Les murs ........................................................................ 189

Epilogue 203

9


Prologue



Dans les années cinquante, Dammartin-en-Goële ne se
trouvait pas encore enfermé dans le couloir bruyant de
l’aéroport Charles de Gaulle.
C’était, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris,
un gros bourg tranquille, un peu endormi. Des maisons
lépreuses – on sortait de la guerre ! – formaient la
perspective cahotante de sa rue principale.
A gauche de cette rue, en venant de Paris, on apercevait
une petite place triangulaire, calme, silencieuse, limitée à
edroite par une belle église du XIII siècle, où Jeanne
d’Arc, disait-on, avait prié... En face, se trouvait l’hospice
dirigé par les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, tandis qu’à
gauche, un peu en retrait, quelques anciennes maisons,
appuyées les unes sur les autres, composaient une longue
façade pittoresque. Un peu plus loin, à l’écart, se dressait
une grande villa appelée « La Motte verte », maison
d’accueil pour enfants.
Je fis plusieurs séjours dans cette maison afin d’y
perfectionner mon français avec l’aide de sa directrice,
pédagogue réputée.
J’aimais cette maison et son ambiance. J’aimais aussi
cette région, terre du nord de la France martyrisée par
deux guerres mondiales, terre que je découvris au cours de
longues promenades à travers d’immenses champs de
betteraves entre lesquels perçait tout à coup l’un ou l’autre
village posé çà ou là comme par hasard…
En automne, les paysages souvent voilés de brouillards
persistants respiraient nostalgie et tristesse. Il ne m’était
11 pas difficile, alors, d’imaginer la période dramatique de la
guerre où tout espoir avait semblé perdu.

Un jour, derrière « La Motte verte », je découvris une
ferme et sa cour abandonnées. Sur un tas de ferraille, une
croix de cimetière, renversée mais bien visible, dominant
malgré tout cet amas de fer rouillé.
Je fis un croquis de cette cour. Quelques jours plus tard,
le croquis devint sujet d’une peinture à l’huile. Je copiai
fidèlement l’entassement des bâtiments, mais j’ajoutai au
fond de ma composition quelques arbres jaunes, morts
comme par l’effet d’un poison caché dans la terre, résidu
de la folle violence guerrière. Personne n’habite cette
image. Pas âme qui vive ! Comme si toute cette habitation
était tombée dans l’oubli des temps…
Triste ? Sans doute. Sans espoir ? Non !
Car je crois que mon tableau respire le silence et
l’attente qui précèdent la vie.
Un jour, en effet, on entendra de nouveau dans ce coin
délaissé le piaillement de quelques oiseaux, on y entendra
de nouveau le rire d’un enfant.
Mais les arbres jaunes, retrouveront-ils un autre
feuillage ?
C’est la question que veulent poser ces nouvelles et
récits.

Sèvres, le 25 juin 2009 – Pierre de Grauw
12














Nouvelles



René



Dans le noir de sa chambre à coucher, sa main explorait
tout doucement la table de nuit, glissant sur le livre – un
roman policier dont il avait commencé la lecture le matin,
– effleurant prudemment ses lunettes, avançant vers la
droite, là où il pensait avoir posé le verre d’eau dont sa
gorge martyrisée avait grand besoin. Comme les pattes
d’un gros insecte, ses doigts se déplacèrent l’un après
l’autre, contournèrent la boîte de médicaments pour
toucher enfin la rondeur fraîche d’un vieux pot à moutarde
rempli d’eau minérale. Avec beaucoup de précaution, il
fallait maintenant s’emparer de ce trésor sans le renverser,
le serrer dans sa main, le soulever sans toucher l’abat-jour
de la lampe de chevet, l’approcher de sa bouche sans
trembler et boire, boire enfin pour calmer cette douleur
brûlante dans sa gorge qui l’empêchait de trouver le
sommeil. Comme dans un film au ralenti, doucement,
lentement, en évitant de toucher sa femme, il se redressa,
prit appui sur son coude droit, tandis que sa main gauche
approchait le verre d’eau de sa bouche desséchée.
Goulûment, il but, but encore. S’arrêta, immobile,
s’interrogeant pour savoir si sa gorge en voulait
davantage, but de nouveau.
Avec la même précaution, il posa ensuite son verre, se
glissa doucement sous la couverture, reposa sa tête sur
l’oreiller, ferma les yeux, content de ne pas avoir réveillé
sa femme : une fois réveillée, elle se rendormait
difficilement. Elle se faisait tant de soucis pour lui, mais
aussi pour les deux filles, jumelles de bientôt deux ans qui
ne marchaient pas encore. « Pas étonnant, leur avait dit le
15 médecin, votre appartement est trop petit ; elles n’ont pas
assez d’espace pour trotter ! »
Il avait sûrement raison.
Leur deux-pièces avec cuisine et cabinet de toilette était
trop exigu pour un couple avec deux enfants. Dans la salle
de séjour, ils avaient dû aménager un coin pour les deux
lits d’enfants, le lit conjugal occupant totalement leur

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents