La lecture à portée de main
73
pages
Français
Ebooks
2018
Écrit par
Romain Jankowski
Publié par
Les Éditions du Net
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Publié par
Date de parution
09 novembre 2018
Nombre de lectures
0
EAN13
9782312063577
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
09 novembre 2018
Nombre de lectures
0
EAN13
9782312063577
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Les constellations
Romain Jankowski
Les constellations
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06357-7
Prologue
Les vagues s’écrasent sur les rochers, battantes au rythme de mon cœur qui risque d’imploser d’un moment à l’autre. N’étant plus qu’une âme errante il y a quelque temps encore, ma vie a décidé de prendre un virage qu’aucun individu sensé ne pourrait imaginer. Ces satires nuages au-dessus de ma tête, décidant d’attirer la lumière terne sur moi, n’ont plus l’importance qu’ils avaient autrefois. Comme des visages moqueurs, décidant de changer le cours des choses comme ils se modifient avec le vent, ils me narguent en désirant ardemment de me rappeler une réussite qui n’en ait pas une.
L’histoire que j’ai décidé de raconter n’a rien d’imaginaire même si le traitement se rapproche d’un assemblage de destinées que je ne parviens toujours pas à saisir. À quel moment tout a basculé ? Pourquoi la vie a décidé de prendre cette tournure ? Il y a des visages et des voix que l’on n’oublie pas, des mots et des passages qui restent gravés comme si on les revivait encore et encore. J’étais planté là, subissant une existence comblée de non-sens, désirant plaire à tout le monde pour mieux m’oublier moi-même. L’importance de la connaissance c’est de ne pas savoir. Ne pas savoir ce qu’on s’autorise, plongé dans un abîme quotidien totalement hypocrite, ne pas savoir ce qu’on désire puisque les autres le font pour vous.
Quelle irréalité que ce monde qui n’abat ni justice, ni miséricorde. Les Hommes ont créé la religion pour se donner un espoir, prêcher la vérité dans le mensonge tout en dénonçant des péchés qui existent uniquement dans nos consciences. L’histoire que j’ai décidé de raconter n’est ni belle, ni émouvante, ni horrible, elle est juste représentative de notre monumentale impuissance, enfouie au cœur des ténèbres qui nous entourent partout autour de nous.
Des destins ont basculé, des constellations sont tombées, mais nous sommes toujours debout, plus ou moins en vie. Je suis romancière, mais l’histoire que j’ai décidé de raconter n’aurait jamais pu être inventée…
Chapitre 1 : Deux jours
1
Une fausse constellation orne le plafond, celui que Dylan fixe depuis déjà plus de huit ans maintenant. Les étoiles représentent ce qu’il désire, il se plonge en elles pour pouvoir mieux récupérer un avenir qu’il voit déjà dans l’espace.
Sa mère frappe à la porte de sa chambre.
– Toc, toc ! s’exclame-t-elle. Il faut te lever jeune homme.
Dylan soupire et l’appelle doucement.
– Maman…
Amélie connaît bien les nuances de sa voix. Elle entre car elle sait que son fils veut lui parler.
– Qu’est-ce qu’il y a mon chéri ?
– Pourquoi j’aime les étoiles comme je les aime ?
Elle sourit, détournant son regard sur les étoiles factices.
Dylan est attentif à la réponse que sa mère va lui donner.
– Personne ne peut vraiment savoir. C’est vrai, tu as bien vu que je n’étais pas particulièrement passionnée par le ciel et ton père non plus. Mais parfois, une passion naît comme ça, en toi, sans que tu ne puisses réellement la contrôler.
Le garçon plisse ses yeux marron.
– C’est trop dur ce que tu viens de me dire, maman, je ne comprends pas !
Il se tourne alors sur le côté avec un air taquin et Amélie le comprend.
– Oh toi, tu vas vite sauter du lit sinon je vais devoir te lever de force.
Elle l’agrippe alors par les hanches et le chatouille fortement, donnant des spasmes au jeune garçon qui ne peut plus se retenir de rire.
– Allez, on y va sinon tu seras en retard ! Je te rappelle que pour être astronaute il faut travailler dur donc ce n’est pas le moment de chômer.
2
Les volets s’ouvrent lentement, trop lentement.
Il faut dire que cela fait un moment qu’ils ont du mal à se relever.
Le magasin de friandises tenu par Michel et Sylvie n’a plus beaucoup de raison d’être pour eux. Voici une vie qui n’est plus la leur et, pourtant, ils sont encore là, tous les matins, à se lever pour servir des bonbons. Une force inexplicable les pousse à continuer une activité qui ne les passionne plus.
C’est avec cette réflexion que Michel se lève tous les matins. Replaçant rapidement sa mèche grisâtre sur le côté, il fixe ses soixante-six ans dans le miroir. Quand il a ouvert ce petit magasin avec sa femme il y a quarante ans tout juste, ils s’étaient promis tous les deux qu’ils partiraient vivre à la Réunion, une île qui les fait tous les deux rêver. Chaque matin, Michel se demande pourquoi ils sont encore là.
Dans la petite boutique, il replace les bonbons correctement tandis qu’il prépare les bacs pour les nettoyer. Une tâche quotidienne qui devient un supplice. La même morosité anime Sylvie.
Elle replace convenablement ses lunettes et regarde au dehors une rue qui commence déjà à s’animer. Il faut dire que c’est une route très fréquentée et bruyante, lieu de transit entre la France et la Belgique.
Même cette activité, le couple ne la supporte plus.
– C’est reparti pour un tour ! dit Sylvie de manière théâtrale.
Michel acquiesce presque machinalement.
Sylvie prend un bac en vidant les bonbons dans un plateau en plastique à la profondeur raisonnable.
– J’appréhende déjà notre soirée, dit-elle dans un souffle.
– D’habitude ces repas ils se font le week-end, non ?
– Tu sais bien que nous n’avons pas les mêmes spécimens que les autres.
– Ils vont encore passer la soirée à s’engueuler !
Sylvie hoche la tête avec un dépit non feint.
– Je me demande bien pourquoi on est encore là, poursuit Michel. J’ai l’impression qu’on est passés à côté de quelque chose.
– Moi aussi. Mais que veux-tu qu’on y fasse ? Il est peut-être déjà trop tard.
– On a fait le choix de se sacrifier pour nos trois enfants et ils ne nous regardent même pas quand ils viennent dîner.
– Tu es trop sévère là.
Michel arrête de nettoyer le bac pour regarder sa femme.
– Non, je ne le suis pas. Est-ce que l’un d’entre eux te demande vraiment comment tu vas ? Est-ce qu’ils se soucient de ce que tu ressens ? Je reste certain qu’on leur donne trop. On s’est oubliés dans l’histoire.
Sylvie ne répond pas, mais elle sait, au plus profond d’elle-même, qu’elle partage l’avis de son mari.
3
Le soleil commence à se lever à l’Est de la France.
Richard le regarde avec un sourire. Il a soixante-deux ans aujourd’hui.
– Joyeux anniversaire, lui souffle Monique dans l’oreille.
Son épouse depuis plus de trente ans, le serre dans ses bras. Richard l’embrasse puis la taquine.
– Tu t’en es souvenu !
– Dis donc, je m’en souviens toujours.
– Pas toujours, non.
– Tu fais référence à ton cinquantième, n’est-ce pas ?
– C’est exact.
– Tu connais les raisons.
Cette discussion l’amuse. Oui, il sait très bien pourquoi elle ne lui avait pas souhaité.
– Bien sûr que cinquante ans c’était un cap à passer.
– Un cap ? Tu m’as presque fait une dépression !
– Franchement, cela fait trente-cinq ans que je vous connais Monique et vous avez conservé votre sens de l’exagération.
Elle rit. Ella aime toujours autant l’humour de son mari même si elle le connaît par cœur.
Dans le même esprit humoristique, elle lui répond.
– Je vous rappelle, jeune homme, que c’est ce sens de l’exagération qui m’a dressée contre l’avis de mes parents, eux qui pensaient qu’épouser un routier n’était pas une bonne idée.
Richard fait la moue, ses yeux bleus allant d’un coin à l’autre de la pièce.
– Vous marquez un point, Monique.
– Je gagne la partie Richard !
Elle se dirige vers la cuisine au moment où les tartines sortent du grille-pain.
Aimant beaucoup les couleurs vives, Monique avait décoré les pièces avec différents coloris : bleu clair pour la cuisine, orange pour le salon, rouge pour la salle de bains, vert pour la chambre. Richard, n’ayant aucune aspérité en termes de décoration, lui avait laissé faire ce qu’elle voulai