Les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ?
326 pages
Français

Les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ? , livre ebook

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326 pages
Français

Description

"Le téléphone mobile, les messages téléphoniques, Internet, la télévision (...) le vin rouge, le café, l'alcool fort, l'inflation ne sont pas de simples mises en scène de la modernité. Les objets du quotidien, et surtout le vin et l'alcool, sont les doubles des personnages, véritables jumeaux cantonais des yuppies new-yorkais. (...) Nous assistons comme Européens au remake chinois des Trente Glorieuses des années 1960 en France, mais pas tout à fait. Les enfants sont absents." (Dominique Desjeux)

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 60
EAN13 9782296530850
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À
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L
î
LesFemmeschinoises ontelles besoin ? des hommes
Mou Xiao Ya
Roman Préface de Dominique Desjeux
Les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ?
Traduit du chinois par Camille Richou et Sylvain Morestin Les traducteurs souhaitent remercier Wu Bo et Wang Wenqi pour leur aide précieuse.
Conception Graphique : Desjeux Créations® - www.desjeuxcreations.fr
Mou Xiao Ya
Les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ?
Préface de Dominique Desjeux
© L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29210-6 EAN : 9782336292106
P r é fa c e
Le livre de la jeune auteur chinoise Mou Xiao Ya,les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ? , n’est ni un livre politique, ni un livre anthropologique et pourtant son roman peut se lire comme un palimpseste qui recèle d’autres récits cachés sous le texte visible et qui eux relèvent de la vie quotidienne et du politique.
A première lecture il est écrit comme un roman sentimental qui aurait pu être publié chez Harlequin ou Duo. La remarque n’a rien de péjorative. Bruno Péquignot dans son livre surLa relation amoureusepublié en 1991 montrait déjà que l’imaginaire des romans sentimentaux était l’expression apparente d’une demande souterraine des femmes françaises, celle de concilier vie amoureuse, vie de travail et égalité. Unedes clés du livre est dans cette demande souterraine à décrypter sous le roman.
Pour la vie quotidienne,Les femmes chinoises ont-elles besoin des hommes ? est écrit dans le style des feuilletons de la veine deDesperate housewifes, Sex and the cityvoire duJournal de Bridget Jones, une trentenaire américaine proche des trois amies chinoises du roman, mais en moins désabusée.
Le téléphone mobile, les messages téléphoniques, Internet, la télévision, l’ascenseur, le frigo, le klaxon des voitures, les problèmes de taxi, les embouteillages, les coûts de journée à l’hôpital, les centres commerciaux, le maquillage, les karaokés, les boîtes de nuit, les restaurants KFC, le vin rouge, le café, l’alcool fort, l’ination
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ne sont pas de simples mises en scène de la modernité. Les objets du quotidien, et surtout le vin et l’alcool, sont les doubles des personnages véritables jumeaux cantonais des yuppiesnewyorkais, les célèbres jeunes urbains professionnels américains. Lemahjong, les baguettes et le calendrier traditionnel chinois n’apparaissent plus qu’en transparence comme des personnages du théâtre d’ombres, mais ils sont encore là. Nous assistons comme européen auremake chinois des trente glorieuses des années 1960 en France, mais pas tout à fait. Les enfants sont absents. Le premier intérêt indirect du roman de Mou Xiao Ya, est de montrer l’ambivalence de la révolution silencieuse consumériste en train de se dérouler en Chine.
Pour la politique, même si apparemment le livre de Mou Xiao Yan n’est pas écrit comme un livre de combat contre les hommes mais plutôt comme une chronique douce-amère sur la relation entre hommes et femmes, entre parents et jeunes adultes, et au nal entre femmes, il relève bien d’une lecture féministe. Les hommes ne sont pas présentés à leur avantage. Ils ne sont ni courageux, ni des bons amants, ni des bons parents dominés qu’ils sont par le qu’en dira-t-on et la peur de perdre la face. Les femmes n’ont d’autres recours que d‘être solidaires entre elles, par-delà les brouilles et les blessures qui scandent leur vie quotidienne. Elles ne sont pas sûres des hommes. Elles sont sûres de leur amitié. C’est le message féministe écrit à l’encre sympathique qui transparait au détour d’un conit avec les parents ou d’une séparation amoureuse.
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Ce roman est peut-être l’annonce de l’émergence de nouveaux rapports entre hommes et femmes en Chine, avec des femmes plus autonomes, plus réalistes, mais peut-être moins heureuses. Il est peut-être le signe cachée et avant-coureur des changements politiques qui secouent la Chine.
Dominique Desjeux, anthropologue, professeur à la Sorbonne (université Paris Descartes), professeur associé à l’université Guangwai à Guangzhou (Chine) Paris le 5 novembre 2012
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Je suis encore endormie lorsque Wenjing me téléphone. L’esprit embrumé, je décroche : – Xiaobei, j’ai une nouvelle à t’annoncer, dit-elle. Je me lève immédiatement du lit, et me compose une mine grave, dans l’attente d’une déclaration extraordinaire : – Je vais devenir homosexuelle. – Et quoi d’autre ? – Rien, c’est tout. Rassurée, je pousse un long soupir de soulagement : – C’est tout ? Tu vas devenir homosexuelle ? La dernière fois que Wenjing m’a appelée pour m’annoncer quelque chose, elle avait décidé de couper tous liens avec ses parents pour partir avec son amant africain vivre d’amour et d’eau fraîche dans quelque tribu primitive. Je lui dis : – Wenjing, tu n’es pas homosexuelle, tu as un petit ami, il s’appelle Chuan. – J’ai décidé de le quitter. J’ai perdu toute conance dans les hommes. – Arrête un peu. Tu es bisexuelle, tout au plus. Elle me répond surprise : – Qu’est-ce que ça veut dire « bisexuelle » ? – Une personne bisexuelle est toujours heureuse de ce qu’elle découvre lorsqu’elle baisse le pantalon de son ou sa partenaire.
Je raccroche le téléphone et replonge dans un sommeil profond. Je fais un cauchemar dans lequel je suis ligotée au fond d’une grotte gigantesque et lugubre. Les quatre murs suintants émettent une lumière glauque. Je suis entourée de tous côtés par une multitude de serpents de la même couleur verdâtre. Me faisant face, ils semblent tous brûler d’impatience de fondre sur moi. Acculée à un coin de la caverne, je me recroqueville désespérément. Au moment où ma peur atteint son paroxysme, un grand serpent coiffé d’une couronne apparaît, sans doute leur chef. D’un cri, il fait reculer les petits serpents, et semble vouloir me protéger. Obéissant à leur souverain, les serpents s’éloignent l’un après l’autre en ondulant. Je suis rassurée. Le grand serpent glisse lentement vers moi. À mesure qu’il s’approche, je me rends compte qu’il s’agit en réalité d’un monstre à tête
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