Encore jeune, Jeanne vient d’accéder au rang de prieure dans un couvent. Néanmoins, à l’origine de ce parcours dans les ordres, nul appel, nulle vocation… Subjuguant, traînant dans son sillage une réputation libertine, Urbain est le prêtre chargé, à l’occasion, de confesser toutes les sœurs qu’elle dirige… Aucune ne lui résistera. Malgré ses défenses, la prieure tombera elle-même en fascination. Avec plus d’intensité même que ses consœurs, exorcisant ses empêchements sur ces dernières, les forçant à l’humiliation, à l’expiation violente de leurs inclinaisons sentimentales, à la pénitence extrême. Derrière les grilles du couvent des Ursulines de Loudun, la nervosité s’accroît ainsi et se tendra définitivement lorsque la ville sera sillonnée par la peste. Commenceront alors les apparitions, les événements inexpliqués, les accusations qui mettront le feu à toute une communauté et tout un pays… Liant à jamais, face à l’Histoire, les destinées d’Urbain Grandier et de sœur Jeanne des Anges dans une affaire de possession diabolique aux proportions démesurées. "les gorges de l’enfer" aurait pu s’arrêter à une relation de l’engrenage de Loudun et des aberrations vers lesquelles il devait conduire. Toutefois, en s’appropriant la voix de sœur Jeanne des Anges, Dominique Viseux transcende le cadre purement historique et construit un roman-témoignage qui propulse l’intime sur le devant de la scène. Dès lors, parallèlement à une reconstitution à la première personne de l’affaire des Ursulines, ce récit –qui ne pose aucune thèse, aucune explication définitive– se lit comme la trajectoire mystique et sensualiste d’une adoratrice submergée par sa propre passion, emportée par les ambitions des opportunistes.
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