Les Mots suspendus
326 pages
Français

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Les Mots suspendus , livre ebook

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Description

L'histoire des Mots suspendus aurait pu être simple si Salim, l'un des personnages du roman, n'avait pas été victime du racisme ordinaire, insupportable pour celui qui le subit, invisible pour celui qui le fait subir et anodin pour un trop grand nombre. L'histoire commence ainsi : Angèle s'est séparée de Marcelin. Pour s'en éloigner, elle déménage dans une autre ville et change de métier. Elle devient vendeuse dans une librairie atypique à l'enseigne des « Mots suspendus » où elle fait la connaissance de Salim, un professeur de philosophie d'origine marocaine, divorcé et père d'un petit garçon, qui habite dans le même quartier qu'elle. Angèle et Salim deviendront amis.



Angèle renoue avec Marcelin. Ils se retrouvent tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. Puis Marcelin abandonne tout par amour pour Angèle.



Quant à Salim, pour son fils dont il a obtenu la garde, il fait face jusqu'au jour où sa vie bascule...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414542666
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-54267-3

© Edilivre, 2021
Du même auteur



Du même auteur
• Fragments de vie …, 2014, Editions Baudelaire
• La petite fille de la ville de S …, 2015, Editions Baudelaire
• L’approche , 2015, Amazone
• Karl ou La Vie retrouvée , 2018, Edilivre
• Le Jésuite et le Colporteur , 2019, Edilivre
• Libre comme le vent du désert , 2020, Edilivre
Les Mots suspendus

On était au milieu du mois de mars. L’hiver s’éloignait doucement et les premières giboulées avaient fait leur apparition. Angèle venait de s’installer dans un appartement, au troisième étage d’un immeuble ancien qui en comptait cinq et était dépourvu d’ascenseur.
L’immeuble était situé dans un quartier multiculturel aux rues animées tout au long de la journée grâce à ses commerces qui étaient nombreux et attractifs. A la belle saison, dès les premiers rayons de soleil, les cafés s’agrandissaient sur les trottoirs qui se retrouvaient encombrés de tables et de chaises. On y échangeait en différentes langues jusqu’à une heure avancée et personne ne s’en plaignait.
Depuis quelques jours, Angèle était locataire d’un deux pièces au confort restreint mais suffisant pour une personne seule. Cet endroit s’était imposé de lui-même et elle se l’était approprié naturellement, sans efforts, contrairement à certains lieux où elle avait vécu auparavant.
A vol d’oiseau, l’immeuble se trouvait à une encablure d’anciennes halles qui avaient été désertées quelques années plus tôt, au profit d’autres, plus modernes et plus en rapport avec la vie actuelle. Les anciennes n’avaient pas été démolies alors qu’elles auraient dû l’être. Avec le temps, elles étaient devenues un lieu de promenade incontournable, au même titre qu’un parc ou les bords d’une rivière. Le dimanche, des familles entières s’y retrouvaient, faisant la joie des enfants qui avaient de l’espace pour s’ébattre. Au printemps ou en été, certaines y pique-niquaient.
Le jour de son emménagement, Angèle fit la connaissance de l’ancien locataire, un jeune homme plein de sollicitude. Comme il avait du temps libre et rien de particulier à faire ce jour-là, il lui proposa de l’aider. Angèle accepta malgré sa gêne. Elle avait toujours peur de déranger. Elle le dit au jeune homme qui se moqua gentiment d’elle. Il s’appelait Maxime.
Maxime n’était pas bavard. Il parlait peu. Toutefois, alors qu’il s’apprêtait à planter un clou dans un mur, il déclara, d’une voix presque solennelle : « De la terrasse qui surplombe l’immeuble, on aperçoit une forêt au loin. L’hiver, lorsque les arbres sont dénudés, on voit se dessiner derrière la forêt, la campagne avec ses champs et ses prairies. Si on veut profiter du spectacle qui est grandiose, il suffit de grimper sur la terrasse. Allez-y. Vous verrez. Vous ne le regretterez pas ». En parlant, il souriait sans aucun embarras. « Ah oui ? », dit simplement Angèle qui ignorait tout des lieux. Après le départ de Maxime, elle voulut constater par elle-même mais ne sachant comment s’y prendre pour accéder à la terrasse, elle renonça.
Maxime était en deuxième année de médecine. Ses résultats n’étant pas particulièrement brillants, il hésitait, ne sachant pas encore s’il allait continuer, changer de matière ou carrément laisser tomber et entrer dans la vie active. Il avait quelques idées en tête mais il n’avait pas encore pris de décision.
— Vous serez bien ici, dit-il alors que le moment de se séparer était proche.
Ils se partagèrent une pizza achetée par Angèle au supermarché du coin, burent chacun une bière et Maxime quitta Angèle.
Les jours qui suivirent, Angèle le croisa plusieurs fois dans la rue. Il avait l’air pressé et ne fit pas particulièrement attention à elle. Angèle en fut d’abord vexée puis elle se fit une raison.
Un après-midi, elle l’aperçut au bras d’une femme plus âgée que lui. Elle pensa que cette femme était sa mère. Elle avait l’âge de l’être. Machinalement, elle lui adressa un signe de la main auquel il ne répondit pas.
Par la suite, elle le rencontra plusieurs fois en compagnie de cette même femme. Puis il disparut du paysage et elle ne le revit plus. La femme non plus. Elle ne la revit pas.
Angèle était nouvelle dans le quartier mais elle fit comme tout le monde. Piquée par la curiosité, elle interrogea la boulangère qui était au courant de la vie de chacun. Elle apprit ainsi que Maxime s’était expatrié à la suite d’un drame sentimental. D’office, elle pensa à la femme qu’elle avait vue à son bras.
La boulangère employa le mot « drame » de façon appuyée. Angèle trouva le terme exagéré, le ton également et se refusa à y croire. La dernière fois qu’elle avait aperçu Maxime, il n’avait pas l’air désespéré.
— Quelle sorte de drame ? demanda-t-elle toutefois.
— Ne soyez pas aussi naïve, répliqua la boulangère devant l’air chagriné d’Angèle. Ça lui pendait au nez. Tout le monde vous le dira.
— Tout de même, rétorqua Angèle qui ne se préoccupait pas de morale. Vous n’avez pas l’impression d’y aller un peu fort ?
— On récolte ce qu’on sème, dit la boulangère. Il faut me croire. Je sais tout de ce quartier. Ne faites pas cette tête-là ! Ça ne vous va pas. Je sais tout parce qu’on me raconte tout. C’est comme ça. Je n’ai pas besoin de demander. Les gens se confient d’eux-mêmes. Qu’est-ce que je peux y faire ?
Elle haussa les épaules et regarda Angèle.
— A force, dit-elle. Ça devait lui arriver.
— A force de quoi ? s’écria Angèle, prenant la défense de Maxime sans s’en rendre compte.
— Je ne sais pas, moi, s’agaça la boulangère. A force de tout ce que vous voudrez. Jouer au plus malin, par exemple. Ou trop aimer les femmes. Est-ce que je sais ?
Elle réfléchit.
— Oui. C’est ça. A force de trop aimer les femmes. Ça lui ressemble bien.
— C’est possible, ça ? demanda Angèle, incrédule.
— Quoi donc ? interrogea la boulangère qui avait un peu perdu le fil de la conversation.
— C’est possible de trop aimer ?
— Pourquoi ça ne le serait pas ?
La boulangère ne quittait pas Angèle des yeux.
— Après tout, ce ne sont peut-être pas les femmes qu’il aime, dit Angèle. Mais aimer et être aimé en retour. Qu’est-ce qu’on en sait ?
— Vous, alors ! s’écria la boulangère. Franchement, je ne sais pas où vous allez chercher tout ça.
— Vous parlez de lui comme s’il avait commis un crime, insista Angèle. Alors, forcément…
Elle se mordilla la lèvre.
— Peu importe, dit-elle pour conclure. C’est sa vie. Ça ne regarde que lui.
— Vous alors ! Décidément… laissa échapper la boulangère.
Elle regarda la rue et soupira.
— Je l’aimais bien, moi, ce garçon, dit-elle, d’une voix sincère. Il va me manquer. Je le voyais tous les jours. Il venait acheter son pain. Il avait toujours un mot gentil. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Angèle remarqua qu’elle parlait de lui au passé.
— C’est drôle, dit Angèle après un bref silence. Il est à peine entré dans ma vie, que je supporte à peine l’idée qu’il en soit déjà sorti. J’aimerais le revoir. Ça me ferait plaisir.
— Comme quoi, répliqua la boulangère, haussant négligemment les épaules.
— D’ailleurs, je crois bien qu’il me manque déjà, avoua Angèle. Il suffit de parler de lui pour que je ressente son absence.
— Après tout, c’est son choix, rappela la boulangère. C’est lui qui a décidé de partir. Ni vous ni moi ne l’avons chassé.
La boulangère marqua une pose.
— Le principal, c’est qu’il n’ait pas de regrets, dit-elle. Il n’y a rien de pire que les regrets.
— C’est à voir, répondit évasivement Angèle.
Elle se reprit.
— Vous avez raison, dit-elle en fronçant les sourcils. Personne ne sait rien mais tout le monde parle. Nous comme les autres. On ne vaut pas mieux. Pauvre Maxime ! S’il nous entendait !
— Il en rirait certainement, poursuivit la boulangère, prenant soudain Angèle en pitié. Il ne faut pas vous en faire. Les hommes comme lui ont de la ressource. Ils s’en sortent toujours et souvent mieux que les autres. Ils sont nés avec la chance de leur côté.
— Vous croyez ?
— Si je vous le dis.
La boulangère resta silencieuse un moment comme si elle réfléchissait à quelque chose d’important puis elle redressa la tête.
— Il finira par revenir, dit-elle avec assurance. Que voulez-vous qu’il fasse d’autre ? Où pourrait-il bien aller ? Il ne serait pas parti sans en parler. Si ça se trouve, il n’est pas loin.
Un sourire apparut sur ses lèvres.
— Pour ce que j’en sais, murmura Angèle. En théorie, on peut vivre partout. Après, ça dépend des gens.
— Peu importe, dit la boulangère. Là ou ailleurs…
— Notre discours n’a aucun sens, se ravisa Angèle. Il ne tient pas debout.
La boulangère fit la moue.
— C’est vrai, vous ne croyez pas ? s’écria Angèle.
Elle regarda la boulangère avec insistance.
— Vous vous trompez, dit la boulangère avec une force surprenante. Vous n’aurez peut-être pas longtemps à attendre.
— Attendre quoi ? demanda Angèle.
— De le revoir.
— Je n’ai pas spécialement envie de le revoir.
La boulangère secoua la tête.
— J’aurais cru le contraire. Dans ce cas, qu’avez-vous à faire de lui ?
— Rien, répondit Angèle.
— Les hommes sont tous les mêmes, se plaignit la boulangère avant de délaisser Angèle pour servir une cliente qui venait d’entrer.
Angèle en profita pour s’en aller. Elle acheta une canette de bière au supermarché et rentra chez elle. Seule dans son appartement, debout devant la fenêtre sans rideau de la pièce principale, faisant face à la rue, elle vida la canette d’un trait, en grimaçant. La bière qu’elle venait d’acheter était trop amère à son goût. Elle retourna plusieurs fois la canette d’un geste nerveux et lorsque plus aucune goutte n’en tomba, elle redressa la tête et ressentit une douleur dans le cou. Elle

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