Les Territoires protocolaires

Nicolas Bonnal

Description

Il y a Xan, John et Golda. À Goa, ils s'adonnent aux jeux de plage et aux techno-transes. Interdits de terres ancestrales, ils rêvent de sites inconnus, se mettent en route et partent sur la Toile.

Ils traversent l'hypertexte de l'immense zone réelle et virtuelle, défient les désastres climatiques, les espaces aliénés. Ils croisent les tribus, les réfugiés, les attracteurs étranges et naviguent sur les mers intérieures, les continents sidérés.

Mais William veille sur le réseau, en maître du parc d'attractions qu'il a recouvert de son ombre et de ses nombres.
John et les siens trouvent enfin les jardins d'illusions, les îles perdues, les terres épargnées.

Les miliciens de William se sont lancés à leur poursuite. Alors commence la joute finale. Car les trois hackers restent les seuls à contester les protocoles des territoires. Et ils deviennent rois. Un monde libéré va-t-il renaître ?

À mi-chemin d'un jeu vidéo et d'un récit mythologique, Les Territoires Protocolaires relatent le combat des résistants et des usurpateurs d'espace.

Sujets

• Ebooks
• Littérature
• Romans et nouvelles

Informations

• Publié par: Michel de Maule
• Date de parution: 01 janvier 2001
• Nombre de lectures: 34
• EAN13: 9782876234338
• Langue: Français

Extrait

LES TERRITOIRES PROTOCOLAIRES

Nicolas Bonnal

LES TERRITOIRES PROTOCOLAIRES

roman

M ICHEL DE M AULE

D U MÊME AUTEUR aux éditions Michel de Maule Jean Jacques Annaud, un cinéaste sans frontières(2001)

chez d’autres éditeurs : Tolkien, les univers d’un magicien (essai, Les Belles Lettres, 1998) Internet, la voie iniatique (essai, Les Belles Lettres, 2000)

Conception graphique : Les 3TS TUDIO

© É DITIONS TUM /M ICHEL DE M AULE , 2001.

Xan

à Christine

Lorsque Xan Iraola eut atteint l’âge de quinze ans, il lut des livres et décida d’abandonner l’école. Il retourna dans ses montagnes et demeura avec son grand-père qui lui apprit le métier d’éleveur. Xan devint un berger, et il ignorait le monde. Parfois de la ville montaient des rumeurs qui propa- geaient des ombres. Le grand-père mourut. Xan revit sa famille, mais il ne parla pas. On lui laissa le champ. Un jour que Xan était assis devant son refuge, un nuage s’approcha de lui. Xan ne bougea pas. Le nuage l’enserra, et Xan entendit des nuées d’horreurs. Il ne put se lever, privé de toute force. Il ne résista pas et fut absent de lui-même. Le nuage passa, Xan retourna près des bêtes. Le lendemain, des hommes qui parlaient sa langue lui demandèrent l’asile. Xan les accueillit et les servit. Il ne leur posa pas de questions. Ils lui demandèrent s’ils pou- vaient l’héberger pour la nuit. Xan accepta et coucha dans la grange.

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Avant d’être abattu – deux balles dans le thorax, deux dans la nuque – José Luis Lopez de la Calle avait déjà désigné ses assassins. Le 28 février, ce journalis- te basque, correspondant du quotidienEl Mundo racontait comment un groupe de jeunes gens au visa- ge masqué avait attaqué, en pleine nuit, à coup de cocktails Molotov, son domicile d’Andoain, fief sépa- ratiste de la banlieue de Saint-Sébastien.

Pendant la nuit, des soldats encerclèrent la maison. Xan fut réveillé et observa. Son chien et les hommes furent tués. Lui-même fut emmené, fouillé, battu. On l’enferma pendant cinq ans. Xan fut cinq ans dans une cellule et il pensa au nuage, à ses bêtes, à son champ. Des prisonniers lui parlè- rent de sa terre. Xan ne vit que son champ et ses montagnes. Il adopta un rat et des insectes. Sa cellule prit l’allure d’un autre espace intérieur. Il recommença à lire et décou- vrit de nouveaux territoires. Il suivit des cours et apprit d’autres langues. Dès qu’il avait pris connaissance d’un mot et de ses sens multiples, il l’écrivait et l’amplifiait. Xan demeura cinq ans ainsi, à décrypter les protocoles. Un jour – pendant la promenade –, Xan revit le nuage. La nuée ténue s’approcha de lui et l’enserra. Xan en conçut une immense joie. Il lui sembla découvrir le monde qu’il avait jusque-là perçu par procuration. Il s’exprima à voix haute dans une langue étrange. Des détenus s’approchèrent de lui, et des gardiens, tant il paraissait exalté. Mais Xan ne s’en aperçut pas. Il avait fui, expliqua-t-il plus tard au psy- chiatre, fui comme un robinet d’eau courante. On vint le libérer. Des hommes lui proposèrent de militer pour sa terre. Mais Xan se retrouva dehors, dans la ville

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