Miss Wyoming
168 pages
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Description

Ex mini-Miss et star de sitcom, Susan Colgate est par miracle l'unique survivante d'un crash aérien. Elle pourrait disparaitre, personne ne le saurait jamais... Lors d'une expérience de mort imminente due à une grippe plus qu'à l'énorme quantité de drogues qu'il ingurgite, John Johnson, producteur de films d'actions et sadomaso occasionnel, a une vision et réalise qu'il est temps de disparaitre et de trouver l'amour...

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Publié par
Nombre de lectures 110
EAN13 9791030701531
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ex mini-Miss et star de sitcom, Susan Colgate est par miracle l'unique survivante d'un
crash aérien. Elle pourrait disparaitre, personne ne le saurait jamais…
Lors d'une expérience de mort imminente due à une grippe plus qu'à l'énorme quantité de
drogues qu'il ingurgite, John Johnson, producteur de films d'actions et sadomaso
occasionnel, a une vision et réalise qu'il est temps de disparaitre et de trouver l'amour…

Né en 1961, Douglas Coupland a grandi et vit à Vancouver sur la côte Ouest du canada. Il
est l'auteur du classique culte Génération X. Ses romans sont publiés au Diable vauvert.Douglas Coupland
Miss Wyoming
Roman traduit de l’anglais (Canada) par WALTER GRIPPChapitre un
Susan Colgate était assise à une table en compagnie de son agent, Adam Norwitz, sur la
terrasse en pierre du restaurant Ivy à l’est de Beverly Hills. Susan avait légèrement froid. Un
pull en cashmere fauve sur les épaules, elle lançait en douce des miettes de pain aux oiseaux
qui se ruaient sur le sol. Son visage était maquillé à la perfection, ses cheveux coupés à la
mode du moment. Une vraie femme de couverture de magazine, qui fixe les clients à la caisse
en souriant alors qu’elle est enfermée dans un autre espace-temps, loin du monde réel, de ses
bébés qui braillent, de ses cartes de crédit et de ses vols à l’étalage.
Susan et Adam regardaient deux hommes assis à l’autre bout du restaurant bondé. « Tu
vois le type à gauche ? disait Adam à Susan. C’est “Jerr-Bear” Rogers, dealer de goûters pour
les stars, et l’équivalent humain d’une cuvette de chiottes remplie de merde.
— Adam !
— C’est la vérité. » Adam éventra une part de foccacia. « Oh merde, Sooz, ils nous
regardent.
— Les pensées ont des ailes, Adam.
— Ben voyons… Mais on dirait qu’ils nous fixent tous les deux. »
Un serveur s’approcha pour remplir leurs verres d’eau. « L’autre c’est John Johnson, le
producteur, dit Adam. Un beau vicelard. Il a disparu une longue période cette année. T’as
entendu parler de ça ?
— Ça me dit vaguement quelque chose. Je ne lis plus les quotidiens depuis un bout de
temps, tu le sais bien, Adam.
— Le type s’est complètement volatilisé. Apparemment il a fait une overdose et il a eu une
sorte de vision. Après ça, il a donné tout ce qu’il possédait – maison, voitures, droits
d’auteur, tout, et il s’est transformé en clochard. Il a parcouru le sud-ouest du pays en
mangeant des hamburgers ramassés dans des bennes à ordures de McDonalds.
— Vraiment ?
— Oh oui. Hé… » Adam baissa la voix et parla en coin. « La vache, on dirait que John
Johnson fait une fixette sur toi, Sooz. Il te regarde ahuri comme si t’étais Fergie ou je sais
pas qui. Sors ton plus beau sourire, tu veux bien ? Ce mec est peut-être gaga, mais il a
toujours du pouvoir.
— Ne me dis pas ce que je dois faire, Adam.
— Mon Dieu. Il se lève. Il vient par ici. Montre que t’es une gentille fille, Lana Turner, et
fais gonfler ce pull. Ouah. John Johnson. Ce gros vicelard. »
Susan se tourna vers Adam. « Arrête ton cirque, Adam. Parce que toi, tu es tellement pur ?
Chacun de nous porte sa part de vicelardise à mon avis. »
John s’était déjà avancé à une distance proche mais respectueuse de Susan. Il la regardait
avec le sourire hésitant du lycéen qui rassemble son courage pour inviter au bal de fin
d’année une fille d’un rang social plus élevé, les mains jointes derrière le dos comme un
enfant penaud.
« Bonjour, dit-il, je suis John Johnson. » Il la surprit en tendant brusquement sa main
droite. La prenant dans la sienne, Susan fit reculer sa chaise sur les dalles afin de mieux
l’examiner – c’était un homme d’une beauté triste, ses vêtements usés semblaient avoir été
donnés par un proche : un jean, une chemise vichy bleue effilochée, des Clarks en daim en
cours de désintégration et aux lacets dépareillés.
« Je m’appelle Susan Colgate.
— Salut.
— Salut à vous.
— Et moi, Adam Norwitz », dit Adam en plongeant sa main entre les leurs. John la serra,
sans quitter une seconde Susan des yeux.« Oui, dit John. Adam Norwitz. J’ai déjà entendu votre nom. »
Cette distinction ambiguë fit rougir Adam qui répondit « Félicitations pour Mega Force ».
Mais après le changement de vie radical de John l’hiver précédent, Mega Force, son dernier
blockbuster, ne lui rapportait pas un sou. Les quatre-vingt-dix billets de vingt dollars qui se
trouvaient dans sa poche constituaient toute sa fortune.
« Merci, dit John.
— Adam dit que vous êtes un vicelard », dit Susan. Totalement pris au dépourvu, John
éclata de rire. Adam se figea horrifié et Susan sourit en ajoutant : « C’est le mot que tu as
employé, Adam.
— Susan ! Comment oses-tu…
— Il a raison, dit John. Vu mes antécédents, il tape dans le mille. Je vous ai vue nourrir des
oiseaux sous la table. C’est sympa.
— Vous le faisiez aussi.
— J’aime bien les oiseaux. » Les grandes dents blanches de John faisaient penser à des
grains de maïs nacrés. Ses yeux étaient bleu pâle, comme un ticket de parking délavé au
soleil, sa peau ressemblait à du cuir marron.
« Pourquoi ? demanda Susan.
— Ils s’occupent de leurs affaires. Aucun oiseau n’a jamais essayé de me fourguer un
scénario ou de me débiner dans le dos. Et même quand vos films font des bides, les oiseaux
continuent de vous tenir compagnie.
— Je connais.
— Susan ! interrompit Adam. Tes projets marchent très bien !
— Mes films sont merdiques, Adam. »
À l’autre bout de la terrasse, Jerr-Bear voulut attirer l’attention de John et imita le «
ahoooo-gah, ah-oooo-gah » d’un sous-marin qui coule, mais seuls parmi la foule agitée de
l’heure du déjeuner, Susan et John l’ignorèrent.
Adam cherchait un moyen de se sortir de cette situation qui lui apparaissait comme un
carambolage affreux de maladresses, de signaux contradictoires et de tartes à la crème mal
lancées. Il dit : « Aimeriez-vous vous joindre à nous pour le déjeuner avec votre, euh,
collègue, M. Johnson ? »
John se rappela soudain qu’il était en public, dans un restaurant, entouré de gens
déterminés à se nourrir et à échanger des ragots, et que c’était pile l’opposé de là où il voulait
être. Il balbutia : « Je…
— Oui ? » Susan le regarda gentiment.
« Il faut vraiment que je sorte d’ici. Ça vous dirait de venir avec moi pour – je sais pas –
une promenade ? »
Susan se leva sous le regard stupéfait d’Adam. « Je t’appelle plus tard, Adam. »
Le personnel se précipita et plus rapidement que dans un film monté à la va-vite, John et
Susan se retrouvèrent sur North Robertson Boulevard, parmi les Saab et les Audi endormies,
sous un soleil éblouissant qui faisait pétiller leurs yeux comme s’ils étaient remplis de soda
ginger ale.
« Vous pouvez marcher avec ces chaussures ? demanda John.
— Celles-ci ? Je pourrais grimper les Alpes avec ces beautés. » Elle sourit. « Aucun
homme ne m’a jamais demandé ça.
— Elles ont l’air italiennes.
— Je les ai achetées à Rome en 1988, et elles ne m’ont jamais laissé tomber.
— À Rome, hein ? Qu’est-ce qui se passait à Rome ?
— Je tournais une série de publicités pour une sauce spaghetti en bouteille. Vous en avez
peut-être vues. Elles sont passées pendant des années. La production avait dépensé une
fortune pour déplacer toute l’équipe là-bas mais l’ensemble a été tourné dans un studio
décoré avec des trucs italiens ringards, ce qui fait qu’en fin de compte ça avait l’air filmé
dans le New Jersey.
— Bienvenue dans l’économie magique du cinéma.— Ce n’était pas ma première expérience, mais certainement une des plus étranges. Vous
n’avez jamais fait de publicité, si ?
— J’ai commencé directement par les films.
— C’est bizarre la pub. Vous pouvez passer des années à jouer chaque semaine dans une
honnête série télé sans que personne vous en parle, mais il suffit d’apparaître à trois heures
du matin dans un spot lamentable pour de la sauce pour pâtes et les gens vous réveillent au
téléphone en criant : “Je viens de te voir à la télé !” »
Un facteur les dépassa en marchant. D’un même élan, Susan et John singèrent sa démarche
empressée avant d’échanger des regards diaboliques.
« Il faut reconnaître qu’il tient la forme pour son âge, dit Susan, alors que le facteur était
déjà trop loin pour l’entendre.
— Quel âge pensez-vous que

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