Moi c est l autre
46 pages
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Moi c'est l'autre , livre ebook

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Description

Elle a tout pour être heureuse, mais tout n'est pas assez lorsque quelque chose d'étrange se passe en vous. Lucie ressemble à une jeune fille ordinaire, mais la vie nous apprend qu'il ne faut jamais croire aux apparences. Elle essaye pourtant tant bien que mal de contrôler ces phénomènes et d'accepter sa différence.

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9791029002304
Langue Français

Extrait

Moi c’est l’autre
Mathilde Flipo
Moi c’est l’autre













Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2014
ISBN : 979-10-290-0230-4
Prologue
C’était un de ces jours ternes, où la lumière du jour est sombre et malveillante. Des journées comme celle-ci Lucie en compte un grand nombre, elle supporte mal la vie en général et les gens qui l’entourent en particulier. Elle aurait presque tout donné pour rester sous la couette ce matin-là et ne pas avoir à supporter le monde autour d’elle et son lot d’injustices. Comme à son habitude, Lucie se réveilla à l’aube, les yeux engourdis par une nuit fortement agitée. Ce temps maussade, obscur, lui rappelle tristement la vision qu’elle devait supporter tous les matins, il y a de cela quelques années, et ce, des mois durant. Elle a toujours eu ce sentiment d’être un cas à part, isolé, quelqu’un qui n’arriverait jamais à s’adapter, qui ne se conformerait pas aux mœurs d’un monde moderne qui lui échappe. Elle se qualifie elle-même d’étrange. Aujourd’hui, elle se retrouve peu à peu avec soi-même, forte d’un passé laborieux. Lucie repense souvent à cet endroit, cette prison ; c’est ainsi qu’elle a rebaptisé l’hôpital qui l’avait accueillie. Ces barres d’acier, ce plafond à la fois blanc mais devenu gris, elle ne savait trop dire si cela était dû à ses sombres pensées ou par le temps qui passait inexorablement. Cette simple planche de mousse qui lui servait de matelas. Un aménagement bien précaire… Aujourd’hui, c’est un tout autre lieu qui l’accueil, mais pour combien de temps encore…

Trois ans auparavant…
1
C’est une belle journée d’été où le soleil brille de mille feux. Un début de printemps ordinaire où, en sortant un peu, on commence à voir les promeneurs fiers d’exhiber leurs habits d’été tout neufs, ou restés trop longtemps dans un placard fermé. Certains courent, d’autres s’assoient sur un banc pour lire le dernier best-seller à la mode ou encore pour profiter des rayons du soleil éclairant un visage devenu trop blanc. On constate donc la réjouissance d’un si beau temps sur tous les minois. D’autant plus que c’est un grand jour pour Lucie. Celui de ses seize ans. Il est vrai que ces derniers jours ont été pluvieux et incertains et l’arrivée impromptue du soleil éveille la bonne humeur communicative.
Lucie se régalait de la chaleur qui fait brûler la peau pâle de son visage et la fait ressembler à une écrevisse juste ébouillantée lorsqu’elle fut troublée par un « Mets de la crème chérie ! » crié par sa mère. Lucie se fiche éperdument de tout ce qu’on peut bien lui dire et elle eut tout d’un coup une furieuse envie d’averse, ce qui aurait fait rentrer tout le monde chez soi. Il est difficile, également pour elle-même, d’expliquer ses envies constamment changeantes.
Juliette est présente en ce jour spécial, c’est sa meilleure amie, celle dont toutes les jeunes filles, en âge de raconter leurs multiples problèmes existentiels, rêvent. En ce jour de fête pourtant entièrement consacré à elle, Lucie se pose mille et une questions qui se bousculent sans cesse dans sa tête, créant un genre de moulin à café compressant son cerveau en ébullition. En effet, elle a l’art et la manière de tout compliquer, à croire que tout est trop simple à gérer.
Bien qu’elle fût tout entourée de ses invités, son esprit vagabonde dans ses pensées cauchemardesques. Elle ne peut oublier ce qu’elle a vu dans ce rêve, tout lui revient en une infinie de détails troublants et menaçants. La nuit, cela la hante, un sentiment constant de peur et d’angoisse. C’est un éternel cercle vicieux.
L’heure de souffler les bougies approche. Cette tradition ne plaît pas du tout à Lucie, elle trouve cela beaucoup trop infantile pour une jeune fille de son âge et, comble de l’agacement, toute l’attention se rapporte vers elle. Nonobstant, elle se doit de leur faire plaisir ; ils ont tous fait de gros efforts pour que cet anniversaire lui soit inoubliable. Elle souffla donc les seize bougies de son gâteau, un fraisier qu’elle avait commandé dans la meilleure pâtisserie de la ville, et, à sa grande surprise, elle remarqua que cela lui faisait le plus grand bien, lui permettant de se libérer de ces multiples tensions dont elle est la cible depuis ces derniers jours. Un bref instant, en s’arrêtant d’exhaler, tout ce qu’elle a ressenti quelques secondes plus tôt s’envola en un éclair, sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’en empêcher.
La remise des cadeaux qui succède généralement la distribution du gâteau arrivait. Encore un moment qui lui fait horreur. Le fait de devoir sourire de manière exagérée et de remercier tout le monde sur des objets dont elle n’a pas besoin ou qui ne sont pas du tout dans ses goûts l’agace rien qu’à l’idée de le faire. Situation qu’elle déteste le plus à dire vrai. Pourquoi personne ne s’en rend-il compte ? Fallait-il vraiment le faire exprès ? On peut donc se rendre compte que famille ne rime pas forcément avec franchise et honnêteté. Les ressentis sont bien trop souvent étouffés, de peur de devoir rendre des comptes, en encore de créer des discordes désagréables.
Lucie cache son caractère sous un masque de bonheur et de politesse issus d’une éducation bien échelonnée. Son triste jeu se joue à la perfection à en croire le peu de réaction de la part de ses parents et de ses amis.
Le plus malheureux dans tout ça, c’est que Lucie a toutes les cartes en main pour être réellement heureuse, mais ce cauchemar l’empoisonne, l’atteint jusqu’au plus profond de son âme et l’empêche de s’épanouir totalement, comme une adolescente de son âge est en mesure de le faire. Ce fût lors de cette journée tout aussi triste qu’elle se devait d’être joyeuse, qu’elle compris la raison de tous ses maux. Cela tient en un seul mot dont elle a mûri l’idée depuis un certain temps : possession.

2
Quand on l’aperçoit, même très brièvement, on ne peut deviner qui elle est réellement. Elle manipule son image à la perfection et par déduction, manipule également les personnes qui l’entourent. Constamment accompagnée d’amis, proches ou non, l’essentiel étant d’avoir un réseau social étendu et d’impressionner les « autres ». Cet « autre » que personne ne connaît vraiment, mais dont tout le monde parle. Tout cela, en réalité, ne la représente pas réellement. Elle se cache derrière cette façade dûment construite pour pouvoir ressasser sans cesse son triste sort ; rien ne peut atteindre son esprit, ni les gens, ni l’argent. On peut la qualifier de compliquée mais cela lui offre un moyen imparable et inexplicable de distinguer les personnes bien intentionnées du reste, celles qui peuvent nuire un peu plus à son mal-être. Une des raisons pour laquelle certaines personnes ne comprennent pas, et surtout ne cherchent pas, à comprendre ses choix.
On peut noter dans ses cheveux blonds de légères touches d’auburn. Un mélange détonant qui met en valeur un teint plutôt pâle avec de jolies pommettes roses. Un déconcertant contraste avec son esprit perdu dans les méandres de la peur. Car dans son âme ses cheveux sont noir corbeau. Noir et gris sont ses couleurs fétiches, ses yeux cernés de noir, ainsi que son teint livide, sans expression, font peur à voir. Comme ces personnes au look gothique dont on croirait qu’ils vous jetteraient un sort si vous avez le malheur de les regarder dans les yeux. Elle se représente toujours triste, toujours en pleurs. Mais toujours cruelle malgré elle.
Elle enchaîne les petits copains, elle joue beaucoup avec eux, profitant de sa beauté pour les rendre complètement dingue. Elle se déteste profondément. Elle se remémora alors sa première fois. Elle avait quatorze ans. Pour elle, la vie n’avait déjà plus d’intérêt donc la perspective d’un acte si important ne l’effrayait plus. C’était juste un pas de plus vers la mort. Elle se trouvait avec deux garçons rencontrés dans un bar à qui elle avait menti sur son âge, s’étant rajouté quatre ans. Elle avait toujours paru plus vieille que son âge et sa parole n’avait pas été remise en question. Elle suivit donc ces deux hommes d’une vingtaine d’années chez l’un d’eux tout en sach

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