Mon frère d'âme , livre ebook

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« Au lever du jour, un petit moineau se réchauffait au soleil sur les rebords de la boîte à fleurs qui pendait à sa fenêtre. Silencieux, encore engourdi de sa longue nuit, s'étirant à s'en arracher les bras, Claude se leva différent des autres matins. Dans le miroir aux mensonges, ébouriffé, la bouche pâteuse, il porta son regard désintéressé vers un inconnu aux yeux vides titubant de l'autre côté de la rue. Claude commençait son voyage par une journée ordinaire, comme d'habitude, et pour le reste, il allait laisser Bruxelles s'en charger. » Ce livre est un formidable hymne au voyage, à la poésie de l'instant et à l'humanité. Entre le Québec et la Belgique, l'auteur délivre un roman d'aventures entrecoupé d'envolées lyriques délectables, d'enquêtes rocambolesques et de rencontres toujours surprenantes. Sa plume inspirée plonge le lecteur au cœur d'une rêverie faite d'air et de bière, pour un hommage appuyé au « plus grand poète du XXe siècle », Jacques Brel.

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Date de parution

26 novembre 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748397079

Langue

Français

Mon frère d'âme
Alain Claude
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mon frère d'âme
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://www.alainclaude.ca
 
 
 
Ce texte est une œuvre de fiction. L’auteur utilise certains personnages ou événements passés ou fictifs. Ils ne respectent pas l’ordre historique et n’ont pour seul but que de divertir.
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Ce livre est une variation allégorique sur plusieurs tableaux construits au hasard d’un discours emprunté aux thèmes bréliens. Imprégné de son sens de la dérision et à la fois fraternel, je me suis laissé prendre à son jeu. La rage au fond de ses peurs lui interdisait de grandir ; le far-west n’était vraiment pas pour eux, ces adultes petits bourgeois. Hier encore, il chantait ses douleurs émotionnelles sur les planches de toutes les salles de spectacle du monde.
 
Ce livre n’est pas l’histoire de Jacques Brel, il n’est surtout pas mon interprétation de ce qu’a été ce merveilleux artisan, comme il se décrivait lui-même. Ce livre a été écrit sur fond d’une valse à mille temps 1 mais sur le temps qui est le mien. Cet ouvrage est sans doute ma façon de vivre debout . Ce livre est comme une longue complainte pour dire aux miens et aux vôtres que même si nous aussi, nous avons peur, l’amour d’une petite luciole pour un scarabée est plus grand que toutes les guerres du monde. Les scarabées auront beau vouloir nous chercher querelle, il restera toujours une petite lumière dans le ciel qui, un jour, sauvera le monde.
 
Le temps d’une simple histoire naviguant entre rêves et réalité et le doute s’installera. Est-ce si dangereux de rêver et de fuir parfois les vicissitudes de la vie ? Les planchers craquent sous le poids des adultes trop lourds. Ce qui craque sous le poids du présent est déjà brisé par manque de prudence . Mais trop de prudence, et un enfant cesse de jouer aux billes.
 
 
 
Avertissement
 
 
 
Lire ces textes et écouter les chansons de Jacques Brel en même temps peut provoquer une dépendance.
 
 
 
Mon frère d’âme
 
 
 
Dans mon chez-nous de l’enfance, au Lac-Saint-Jean, au hasard des jours en culottes courtes, de rire en rire, j’étais inconscient du temps qu’il me faudrait pour devenir heureux. Le cœur encanaillé entre frères et sœurs, je livrais la fleur de mon enfance, comme lièvre blanc sur neige folle, un collet de métal autour du cou prêt à étrangler mes frêles certitudes.
 
Ouvert sur le monde, inconscient du temps qui m’était imparti, avide de tout voir et de tout goûter, la tête bien plantée sur mes épaules, je découvrais ma filiation d’occasion, ma famille.
 
Enrégimenté dans une vie comme une faïence prête à éclater pour un instant d’inattention, je vieillissais étant faussement certain que la suite des jours serait une perpétuelle félicité. Je suis né à Saint-Félicien, petite ville québécoise du nord, dans un territoire qui me donnait de suaves espérances. Je m’empressais à éloigner de moi la simplicité du cœur sans doute par désœuvrement. Je nichais dans une modeste demeure et j’étais avide d’étaler au reste du monde la grandeur de ma famille.
Une famille, que dire, un clan, portant à l’épaule les armes de l’hospitalité, comme pour se donner une raison d’être là. Avec en poche ce souffle de vie, le regard superbe, on est tous partis vers la grande ville déjà mordue par la bise de l’hiver, certain que le lièvre deviendra fort, pourvu que les chasseurs maladroits se fassent un peu plus silencieux.
 
Coude à coude, comme compagnons d’armes, prêts pour l’assaut. Silencieux, moult fois au hasard des jours, la guerre du silence déchirait nos tripailles et nous étouffait, nous aussi.

Et pourtant,
pourtant,
        se sentir filles et fils de colosses.
 
Après quelques années, on s’est retournés sur nos pas vers le sentier que nous venions d’emprunter et, sans vraiment y réfléchir, le poing levé, une carabine pointée vers le ciel, on était certains d’amadouer les chasseurs de dignité.
 
C’est à ce moment que pour la première fois, j’entendis un homme chanter aussi fort qu’il le pouvait, qu’il voulait rêver un impossible rêve . Légende urbaine ou vérité, pour ma part, j’ai entendu ce jour-là, par chance, ce chanteur qui fit le même type de guerre que moi. Enfin, parfois, je le crois. À chacun sa croisade, direz-vous. Emporté de spasmes, choqué par de multiples appels à la déraison, les mains tendues vers mes compagnons, je hurlais, étouffé.
 
Comme enfiévré, je me tournais donc vers toi, mon frère d’âme. Ma vie qui n’en finit plus d’affaiblir mes os m’a montré combien ta perspicacité pouvait si facilement chambouler mes impossibles rêves. Mais, ce ne sont que des rêves et ma faiblesse pour ton monde fait de passion n’a de valeur que par la force de tes propres mirages, pour atteindre l’ inaccessible étoile.
 
Tu es devenu mon frère d’âme : frère du regard sur le cortège des femmes de nuit ; frère devant la solitude sans regarder derrière son épaule ; frère des mots d’amour qui sonnent comme haine au cœur des jeunes années envolées ; frère de l’ennui caché au fond d’une bouteille ; frère avec ton air canaille ; frère, simplement frère.
 
J’ai cru longtemps qu’il était facile de jouer à la vie et de transmettre à mes enfants le regard aimant d’un père attentif. La vie me réserva bien des désillusions. Que carillonnent les cloches de minuit ! Mes plus beaux souvenirs sont aujourd’hui heurtés par le tremblement de ta voix, Jacques, et par celles de mes enfants.
 
La fantaisie de ton verbe m’accompagne depuis tant d’années. Entre-maillé à la voix de ma mie, plus pure que ses yeux qui se posent sur moi, la quintessence de ton être et la vivacité de tes chants enlacent ma vie, comme le font les bras de ma douce.
 
Je porte avec moi dans les ravissements de mon cœur toutes les raisons pour te garder près de moi, toi aussi. Tu es l’âme de mon âme, toi, mon frère. Comme Jef, tu m’as tant de fois consolé. Tu m’as tant de fois aidé à combattre mes scarabées.
 
Pour un court instant, laisse-moi te parler encore de moi. Laisse-moi profiter, un peu, de ta mansuétude et de ta douceur d’âme pour te livrer l’essence de mes québécitudes.

Je suis…
de terres à labourer et de forêts giboyeuses
de pelleteries et de soutanes trompeuses
d’espaces à perte de vue
de petites guerres à grandes blessures
de Nelligan et de neige qui a neigé trop longtemps
de valets aux Amériques anglaises
d’asphalte aux nids de poule
de petites fleurs sur le macadam.
Et pourtant
 
J’ai …
mes trente degrés Celsius sous zéro dans la peau
mes orteils gelés à trop défendre ma patinoire
la tourtière d’occasion pour un nègre blanc aux labours
des souvenirs de sirop d’érable inoculé au cerveau
du caribou qui m’enivre.
Et pourtant

Tu me…
découvriras au détour d’un ruisseau
laisseras courir pieds nus dans la neige
sauras enflammé consumant mes secrets
diras illettré au détour de quelques jurons
diras sympathique comme un beauceron.
Et pourtant
 
Il y a…
entre nous un océan
ton humour et tes tiraillements
tes voyages autour du monde
les miens au Québec et au Tiers-monde
mes années à t’écouter, à rire et à pleurer
les pauvres riches
une quête de mon absolu
il y a toi, Jacques Brel.
Et pourtant
 
Nous…
de Bruxelles et de Montréal
de Bruges et de Baie-Saint-Paul
de Zaventem et de Québec
nous sommes tous pareils
et notre confrérie masculine
simplement, nous
qui n’existe pas vraiment.
Et pourtant
 
Vous aurez beau…
en rire
frapper dans vos mains
crier à perdre haleine
vous dire qu’il est loin.
 
Je sais que tu seras là tout près, Jacques. Tous les jours, je sentirai ta présence et pourtant, une simple chanson de toi et tout mon univers se transformera. Du bout de ma province, je porterai mon regard vers l’est, vers la vieille Europe. Mon cœur de francophile battra la chamade. Il me tarde déjà d’être là sur ta trace, en quête d’une vérité qui ne viendra sans doute jamais. Mais ce voyage, comme si je souffrais d’un mal intérieur, va jeter un baume sur mes blessures.
 
Ayant parfois l’impression de naviguer sur des eaux calmes dans une embarcation de fortune depuis tant d’années, je laissais ma vie suivre son cours, comme si j’étais guidé par les caprices du courant. Je cherchais l’aventure, espérant un quelconque récif mais en vain. Rien pour y abîmer un tant soit peu la coque de mon embarcation pourtant fragile. La rivière était apparemment sans surprise. Le vent caressait à peine les petites vagues à la surface de l’onde et les nuages se moquaient bien de cette voix d’eau indolente. Malgré cette chagrinante équipée, chaque instant qui s’offrait à moi étalait un nouveau paysage. Peu importait les limites imposées de ce curieux canal, peu importait les moments de plénitude pressentis. Ce voyage me laissera sur ma faim. Des hurlements voilés montaient jusqu’à mes lèvres. Mon regard vers l’horizon, ramant nonchalamment, je dirigeais mon batelet vers l’avant, toujours vers le soleil couchant. Sans doute accostant tout au bout, j’y trouverai une prosaïque paix. Mon cœur battait au rythme des flots. Comme si toute la sagesse du monde était contenue sous la surface de ce courant d’eau, je ne pourrai m’empêcher d’avoir encore tous les espoirs du mo

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