110
pages
Français
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2014
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Ebook
2014
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Publié par
Date de parution
08 septembre 2014
Nombre de lectures
0
EAN13
9791029001284
Langue
Français
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Date de parution
08 septembre 2014
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0
EAN13
9791029001284
Langue
Français
Mythomane Tropical
Christian Copay
Mythomane Tropical
La Nostalgie légère du départ
Livre II
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
« Entre la nostalgie légère du départ et le bonheur anticipé, mais tout aussi léger, de l’arrivée, il se sent en équilibre… »
D ARYUSH S HAYEGAN ,
La lumière vient de l’Occident,
pp. 212-213, novembre 2013.
Editions de l’Aube, Editeur.
© Les Éditions Chapitre.com, 2014
ISBN : 979-10-290-0128-4
1
Montevideo & Co.
Henri s’était réveillé lourdement à l’atterrissage à Boston. Il arrivait en Nouvelle-Angleterre à la saison de l’été indien, en ce début d’automne 2006 qui avait vu la déchéance d’une lignée séculaire de juristes au service de Deville.
Il avait décidé d’éviter à sa famille l’opprobre de sa déchéance sociale, en prenant la décision de disparaître, au moins pour une période raisonnable d’exil volontaire, qui puisse être considérée comme une pénitence sévère, mais proportionnée à ses déviances.
Quelques semaines auparavant, lors des élections à Deville, il avait engagé un détective pour surveiller Jean Dinaire.
Les honoraires, chers, du détective privé, garantissaient l’utilisation des techniques les plus modernes de surveillance.
Ce furent néanmoins des méthodes classiques qui apprirent au détective que Jean Dinaire avait hébergé Véronique, l’épouse du maire, Jean-Marie Aufflard.
Henri lui avait précisé qu’il était victime de Jean Dinaire, maître chanteur qui disposait d’un dossier le concernant, l’empêchant d’occuper la position politique qui aurait dû être la sienne à Deville. Ce dossier devait être capté, d’une façon ou d’une autre.
Le détective avait suivi les déplacements de Jean de façon discrète ; il avait noté ses allers retours entre Deville et Grande Bastide, dont le dernier, accompagné de Véronique Aufflard, qu’il avait logée dans une garçonnière à proximité de la rédaction de son journal.
Il l’avait surveillé de près, et, au passage, son scanner lui avait permis de capter la fréquence du téléphone portable de Jean Dinaire, et donc de surveiller, d’enregistrer, ses communications les plus intéressantes, notamment celles relatives au dossier recherché par son commanditaire, Henri Plot.
Il savait que Jean se sentait surveillé, sans avoir identifié l’espion. Il savait que le dossier recherché se trouvait chez son épouse, Marie-Thérèse, à Deville.
Logiquement, suivant sa lettre de mission, il décida de récupérer le dossier. Il s’introduisit dans la maison de tuffeau de Jean, et visita son bureau. Prudemment, très prudemment ; notant la position des objets, l’ordre d’empilement des documents, cherchant un coffre-fort ; tout cela en vain. Il repartit en étant sûr de ne laisser aucune trace de son passage – et bredouille !
Henri ne montra pas sa déception, et remercia le détective en lui payant son dû, à regret.
Il fallait qu’il intervienne directement. Sa haine pour Jean, et tout à la fois la peur de l’emprise que celui-ci pouvait avoir sur lui, motivèrent sa décision : coûte que coûte, le dossier devait être récupéré, et Jean Dinaire mis hors d’état de nuire.
Dans tous les sens du terme. Physiquement.
Selon les dernières écoutes du Détective, Jean devait transférer le dossier de Deville à Grande Bastide dans la soirée – Dieu seul sait où il avait pu le faire cacher pour qu’il puisse échapper aux recherches du limier.
Il ne lui vint pas à l’esprit que sa propre épouse, Elisabeth, ait pu participer à cet escamotage.
Ce jour-là il décida de surveiller personnellement les activités de Jean à Deville, depuis l’Étude notariale qu’il s’apprêtait à quitter définitivement. Par ses connections au sein de l’équipe de campagne de José Mathurin, le très probable futur maire, il sut tout des déplacements de Jean. Dans l’après-midi, Henri fit un aller-retour rapide à Grande Bastide, au commissariat central, où il déposa une plainte relative au vol fictif de sa voiture. Une Mercédès CL noire, un modèle rare, très puissant, une 65 AMG, plutôt reconnaissable, si chère que même lui n’avait pu l’acheter neuve.
De retour à Deville, il se posta en embuscade près de la maison de tuffeau, attendant le départ de sa victime.
La soirée était très avancée lorsque Jean quitta la maison de tuffeau pour se diriger vers Grande Bastide, rejoindre sa maîtresse et, laissant son épouse, déposer son dossier de haine à La Libre Tribune.
Henri suivit Jean à distance.
D’abord tous feux éteints, mais la route est trop sinueuse, trop boisée, la chose est imprudente. Il dut donc allumer les feux de la Mercédès.
Un moment, cet imbécile de Jean ralentit le rythme, sans raison. Cela agaça Henri, il poussa les six cent douze chevaux de sa voiture, dépassa Jean, et, lui coupant la route, le poussa vers le bas-côté.
Henri réalisa l’absurdité de l’action où sa haine pour Jean l’avait poussé et, pris d’un remords, recula vers le lieu de l’accident pour éventuellement lui venir en aide.
La première décharge qui émailla l’arrière de la voiture le surprit, sans qu’il en comprît la raison ; la seconde éclata la lunette arrière, engageant le cockpit dans un tourbillon de verre et de mitraille qui y rebondissaient en le lacérant de toute part ; il freina brutalement, avant qu’éclatent deux décharges potentiellement mortelles, qu’il évalua être de la balle à sanglier, perforant le pare-brise sans le blesser. Sans réfléchir, il envoya toute la puissance possible aux douze cylindres du moteur et s’enfuit vers Grande Bastide où il devrait se débarrasser de l’indésirable évidence que constituait ce tas de ferrailles.
Dans une sablière, à l’écart de la ville, il y mit le feu sans avoir cherché à éliminer ses empreintes. La perte de la voiture l’affecta plus que la perte de sa famille.
Le lendemain, il rencontra ses pairs du Parti Confessionnel National, confessa sa situation au Secrétaire Régional.
La rencontre fut tendue, aussi agacée qu’embarrassée. Le PCN avait obtenu de La Libre Tribune que Jean Dinaire disparût de la scène locale dès après les élections.
Henri avait déjà été couvert par le PCN, il y vingt ans, lors de la mort de Roxane Dinaire, la première épouse de Jean.
Le PCN avait également couvert les écarts d’Henri, concernant les employées de son Étude, qu’il avait forcées depuis cette époque ; en moyenne, une par an.
Il n’était pas question d’aller plus loin. Couvrir la stupidité de la veille ne pouvait être envisageable que dans la mesure où Henri, lui aussi, disparût de la vie publique locale et régionale.
Après avoir rencontré son avocat dans le cadre de son divorce d’avec Élisabeth, lui avoir confié pleins pouvoirs et donné les coordonnées de contact nécessaires à la fin raisonnablement bonne du dossier, il prit le premier avion en partance pour une destination suffisamment lointaine.
Il atterrit chez des cousins maternels, qu’il avait hébergés, en vacances, quelques années auparavant à Deville, et qui lui devaient la pareille.
Son cousin exerçait les fonctions de Shérif d’un comté du Connecticut – le comté de Newtown. Situé entre Boston et New-York, la ville d’à peine deux mille âmes semblait être aussi éloignée de ces deux métropoles que n’importe quelle ville de l’Iowa ou de l’Arkansas. Probablement pire que Deville, c’est tout dire.
Henri avait été séduit par les méthodes aussi expéditives qu’autoritaires du Shérif, il était par contre un peu déçu par la considération, voire la compassion, qu’il pouvait à l’occasion marquer au contrevenant.
De ce point de chute, Henri acheta une Chevrolet Trailblazer remorquant une caravane Airstream rutilante pour entamer un long parcours du pays, qui dura trois mois, le temps alloué par son visa touristique.
Après quoi, il gagna le Canada via les chutes du Niagara ; le pays semblait lui être culturellement plus proche, son titre notarial y était reconnu, il s’y établit de façon permanente, la conclusion de son divorce et la vente de son Étude lui ayant ramené quelques fonds qui lui permirent de s’associer à des avocats locaux.
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Jean et Véronique atterrissent à Buenos-Aires, à peu près à l’époque où Henri é