Neretva
243 pages
Français

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Description

Après Lettre à mes fils qui ne verront jamais la Yougoslavie (France, 1997, et Québec 2000) - sur sa vision de la tragédie yougoslave -, Aline Apostolska nous offre ici une fiction qui, de 1929 à nos jours, retrace l’histoire européenne sur quatre générations, de l’éclatement des empires austro-hongrois et ottoman à la monarchie serbe, et de la fédération yougoslave à l’Union européenne, à travers le prisme de la poudrière européenne que sont les Balkans.
De Mostar à Vienne, de Sarajevo à Thessalonique, de Negotino à Paris, l’histoire de Bernarda incarne les idéaux et les désespoirs qui ont porté puis noyé le XXe siècle, tandis que la Neretva, le fleuve, transporte encore et toujours la vie, malgré les petitesses et les absurdités humaines.
Neretva, un roman-fleuve au plus noble sens de l’expression.
1929. Le monde occidental est poussé aux confins de lui-même, saturé de lamentations, du crissement des coffres-forts éventrés, du déclic mat des revolvers et de son cortège de suicides et d’assassinats. La face atlantique du globe renvoie les échos d’une faillite collective qui ne laissera nulle conscience individuelle ne restera intacte. Pourtant, de cette année, Bernarda ne gardera qu’un souvenir, un écho impérissable. Le souvenir d’un chant dans la nuit.
Ainsi commence cette fresque qui, de 1929 à nos jours, invite le lecteur à vivre l’épopée du XXe siècle européen, à travers les quatre générations d’une véritable dynastie, de Mostar à Vienne, de Negotino à Thessalonique, de Sarajevo à Istanbul puis à Paris.
En cet hiver 1929, Bernarda, austro-hongroise et catholique, fuit les siens pour lier sa vie à celle d’un homme qui chante sous ses fenêtres, Teodor, sombre Byzantin orthodoxe et sujet du dernier sultan. Pleine d’amour et d’idéal, elle croit partir sans se retourner, poussant ainsi la roue d’un destin qui bientôt lui échappe, autant qu’il entraîne, quand il ne les broie pas, son cœur, sa vie et ses descendants ; Georgi son fils, Tea sa petite-fille, et tous ceux, célèbres ou inconnus, qui croisent leur sillage.
L’historie est racontée par l’arrière-petite-fille française de Bernarda, qui n’a jamais connu ses ancêtres et qui, à partir de photos et de cahiers, se doit de récrire leur histoire dans l’histoire. Ainsi, à travers le prisme de la «poudrière européenne» que sont les Balkans depuis plus de 2000 ans, l’auteure nous offre une relecture du XXe siècle et donc une réflexion sur l’état actuel de l’Occident, de l’éclatement des empires à la monarchie serbe, et de la fédération yougoslave à l’Union européenne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764416976
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tous Continents
De la même auteure
 
Les Larmes de Lumir , Paris, Mots d’homme, 1986.
Étoile-moi , Paris, Calmann-Lévy, 1987.
Sous le signe des étoiles , Paris, Balland, 1989.
Mille et Mille Lunes , Paris, Mercure de France, 1992.
Le Zodiaque ou le Cheminement vers soi-même , Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1994 (série de 12).
La Treizième Lune , avec Raphaël Weyland, Gambais, Bastberg/Jeunesse, 1996.
Lettre à mes fils qui ne verront jamais la Yougoslavie , Cherbourg, Isoète, 1997 : Montréal, Leméac, 2000.
Les Grandes Aventurières , Montréal, Stanké/Radio-Canada, 2000.
Tourmente , Montréal, Leméac, 2000.
Au joli mois de mai , Montréal, VLB éditeur/poésie, 2001.
De ma nuit naît ton jour , livre d’artiste avec Bernard Gast et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 2001.
L’Homme de ma vie , Montréal, Québec Amérique, 2003.
Maître du jeu , Montréal, Québec Amérique, Titan+, 2004.
 
Collectif:
La Maison du rêve , hommage aux libraires, Montréal, VLB éditeur, 2000.
Le Métro , Montréal, VLB éditeur, 2002.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
 
Apostolska, Aline Neretva (Tous continents) ISBN 978-2-7644-0383-9 (Version imprimée) ISBN 978-2-7644-1345-6 (PDF)
9782764416976
I. Titre. II. Collection. PS8551.P644N47 2005
C843’.6
C2004-942035-6
PS9551.P644N47 2005


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
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Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1 Téléphone: (514) 499-3000, télécopieur: (514) 499-3010
 
Dépôt légal : 1 er trimestre 2005 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages : André Vallée Révision linguistique : Diane Martin
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2005 Éditions Québec Amérique inc. www.quebec-amerique.com
Sommaire
Tous Continents Page de titre Page de Copyright Dedicace 1929 – 1941 - Incantation
Environs de Mostar – Herzégovine Hiver 1929 Sarajevo – Bosnie Juillet 1930 Sarajevo – Bosnie 1931-1935 Sarajevo Décembre 1935 Sarajevo 4 février 1936 5 février 1936 Sarajevo – Bosnie Février - mars 1936 Arrivée à Negotino – Macédoine Domaine des Abramovi – Macédoine 1936-1938 1939 – 1940 Juin 1941
1954 – 1963 - Chant
Retour au village natal de Bernarda République socialiste de Bosnie-Herzégovine Mars 1954 Village natal de Bernarda Août 1954 Dubrovnik – Dalmatie Septembre 1954 Skopje République socialiste de Macédoine Juillet 1961 Negotino République socialiste de Macédoine Juillet 1961 Skopje République socialiste de Macédoine Juillet 1961 Belgrade République socialiste de Serbie Juillet 1961 Skopje République socialiste de Macédoine 26 juillet 1963
1979 – 1985 - Contre-chant
Environs de Mostar République socialiste de Bosnie-Herzégovine Août 1979 Sarajevo République socialiste de Bosnie-Herzégovine Août 1979 4 mai 1980 Enterrement de Tito À Belgrade Skopje République socialiste de Macédoine Fin juin 1981 Île de Hvar – Dalmatie République socialiste de Croatie Juillet 1981 Skopje République socialiste de Macédoine Février 1984 Village natal de Bernarda Environs de Mostar République socialiste de Bosnie-Herzégovine Juillet 1984 Skopje République socialiste de Macédoine Février 1985
Quelques-unes de mes références bibliographiques : Aline Apostolska
À Georgi Apostolski, mon père
Empire austro-hongrois et autrichien

Source : Garde, Paul, Vie et mort de la Yougoslavie , troisième édition augmentée, Paris, Fayard, 1992.

République fédérative socialiste de Yougoslavie

Source : Garde, Paul, Vie et mort de la Yougoslavie , troisième édition augmentée, Paris, Fayard, 1992.
Tu t’assois et regardes l’eau, Tu vois le monde qui recommence
Carles Duarte i Montserrat, Le silence
 
 
 
 
 
Les Balkans produisent plus d’histoire qu’ils ne peuvent en consommer.
Winston Churchill
O n écrit parce que la vie n’est jamais ce qu’elle devrait être et que l’on n’y peut rien. Du terrain de jeu de l’invisible qu’est notre corps, on tente d’extirper la mémoire, en suivant les méandres de l’encre sur le papier. La vie reste insensée, écrire n’y change rien, mais à défaut de mieux, un certain calme chasse peu à peu la terreur de l’oubli. L’innommable épouse les contours d’un visage, intègre les octaves d’une voix et finit par suivre la trace des pas de ceux qui, avant nous, ont cru de leur empreinte défier le hasard. On écrit pour se prouver que rien n’est écrit et que nul en notre nom ne déterminera l’almanach du temps. Puis on se lasse et avec ce repos vient la force du renoncement. L’écriture comme le monde nous échappent. Qu’il en soit ainsi.
 
C’est cela sans doute qui, dans un sursaut, m’a réveillée en pleine nuit et fait marcher dans la noirceur jusqu’au fleuve. J’y ai attendu l’aube. L’eau se trouvait à ma portée, en moi, autour de moi, mais je ne la voyais pas. L’eau n’est pas un élément visible, on n’y parvient pas par la volonté, encore moins par la raison. L’eau, on y retourne, en fermant les yeux du dehors, les yeux du soleil. Cette nuit, je l’ai sentie sourdre en moi comme autant d’échos insondables. Et face à la traîne indigo qui annonçait l’aube, j’ai vu se lever le visage de ceux dont le souffle veille toujours à la pliure de mon cou. Le cou. Cette tige frêle qui relie le cœur au cerveau et assure la circulation de la sève. Ce cou qu’il faut trop vite apprendre à tenir droit pour toiser le monde.
En plus des cahiers et des feuilles, j’ai apporté des photos, pensant les passer en revue pour assurer nos retrouvailles, mais les images de mes souvenirs restent infiniment plus vivantes. J’ai commencé à écrire dans l’obscurité, mais je suis sûre que mes mots sont lisibles. L’encre sur le papier épouse les contours des visages, intègre les octaves des voix et suit les méandres de ceux qui avant moi ont affronté le destin. La terre est ronde pour que l’horizon sans cesse nous échappe. Le jour est venu de mettre un terme au long travail de recomposition que j’ai mené pendant des mois, sans savoir s’il deviendra véritablement un livre. Cela, comme l’eau qui court à mes pieds, continuera sans moi.
 
 
La majorité de mes ancêtres m’est inconnue, mais leur histoire n’en est pas moins mon histoire. Elle est aussi, peut-être surtout, une parcelle de l’Histoire du monde. Dans le moindre de leur geste retentit tout ce à quoi ils n’ont jamais pu atteindre, mais dont leurs chairs ont fidèlement, jusqu’au plus intime, retransmis les résonances. De leur vécu, il reste ce qui m’a été transmis, et puis ce qui en existe parce que j’ai décidé qu’il en était ainsi. Je suis d’autant plus moi que mes aïeux se tiennent tous à mes côtés, moi qui ai patiemment reconstruit leurs existences sur l’échiquier du temps. Je suis venue leur rendre hommage, restituer leur histoire pour en dégager la mienne, et lui permettre de se dissoudre à son tour.
 
Comme moi ce matin, mes ancêtres ont attendu l’aube au bord de leurs fleuves tutélaires. Comme moi ils ont espéré que la futilité humaine se fonde dans les tourbillons de l’immuable. À l’aube de ma vie de femme, j’attends moi aussi. Fleuve, ô fleuve, j’attends ta réponse. Le cou dressé, le regard disponible et le stylo ferme sur le papier, j’attends que le vent sur tes berges rapporte l’écho de leur chant, de l’incantation de leurs désirs au contre-chant de leurs désespérances.
 
Alors, alors seulement, je les laisserai aller au fil de l’eau, avec tout l’amour qu’ils m’ont donné.
1929 – 1941
Incantation
Environs de Mostar – Herzégovine Hiver 1929
L’histoire commence en 1929.
 
1929. Le monde occidental est poussé aux confins de lui-même, saturé de lamentations, du crissement des coffres-forts éventrés, du déclic mat des revolvers et de son cortège de suicides et d’assassinats. La face atlantique du globe renvoie les échos d’une faillite collective dont nulle conscience indiv

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