Nouvelles d'absence , livre ebook

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Les séquences cliniques de ce livre explorent les confins de la pratique psychanalytique. Entre nos antécédents (Freud, Lacan…) et nos maîtres, le créateur littéraire et le poète (Neruda, Baudelaire, Paz, Nietzsche…) défile un paysage lagunaire qui noue le transfert au rêve, le discours de l'obsessionnel à la question de la guérison, la vérité au savoir… Le lecteur est pris à partie par ces cas qui se lisent comme des Nouvelles.
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Publié par

Date de parution

01 avril 2008

Nombre de lectures

50

EAN13

9782296268913

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Nouvelles d’absence

Collection Psychanalyse/Littérature/Ecriture
dirigée par Cosimo Trono

« Lespoètes sont nos maîtres», disait Freuils disent tod, car «ut de
même les choses avant les auajotres »,u! La collectiontait Lacan
Psychanalyse/littérature/écriturepart duconstat que la psychanalyse
actuelle est devenue étrangère audiscours poétique et littéraire ausens large.
Les analystes, dans leur grande majorité, écrivent désormais en ayant pour
modèle les disciplines scientifiques. L’écrivance –ausens oùl’entendait
Barthes – a remplacé l’écriture. Le refoulement de la dimension littéraire de
l’analyse a conduit les auteurs à ne plus donner libre cours àune écriture
subjective, seule à même de dévoiler la part inconsciente de l’auteur et, par
cela même, interpeller celle dulecteur. La collection tenteun rééquilibrage
de l’axe de la parolevivante dont l’écrit se doit d’en sauvegarder la source. Il
enva de la transmission de la psychanalyse comme discipline langagière,
donc écrivante. A la manière de savoie royale, le rêve !

PENTAÉditions

« Iln’ya de psychanalyse que dans son questionnement de l’Autre-Scène.
Les éditions PENTA se proposent d’interroger cette psychanalyse dite –à
tort –appliquée (à tort car «il n’ya de psychanalyse appliquée que sur le
divdit Lacan), en inan »vestissant ses cadres extérieurs qui lui insufflent,
avec la clinique ducabinet, ses plus brillantes avancées : l’art, la littérature,
la philosophie et les phénomènes de société. Loin de l’auto-engendrement
stérilisant, la psychanalyse àvenir se doit de se référer à ces autres discours
qui expriment lesmalaises(Unbehagen, disait Freud) qui bouleversent les
assises identitaires de l’homme moderne et de ses cultures. »

DANIELBONETTI

Nouvelles d’absence

La pratique du psychanalyste
aux confins de la parole et de sa lacune

PENTA
Éditions

PENTAÉditions
59 rue Saint-André des Arts
75006 Paris
penta.editions@orange.fr
ISBN :978-2-917714-00-3
EAN :9782917714003

Lemme, à l’entame, pour elle,
une, celle-là, qu’une,
celle qui, telle la lune,
illumine quand je bêle
à l’infini de la brune.

Il n’est, ne sera jamais,
bruine à mesyeuxrebelles,
aube toute claire et belle.

Ni souffle devoixouregrets…

Et si pleure l’asphodèle,
zéphyr, en passant, l’appelle.

Mais que n’ai-je d’elle écrit
à l’aimer de mon sang frêle,
ressac d’une onde qui gèle
qui, sans bruit, à tire d’ailes
unit l’ombre avec la nuit ?

Et, dusilence, me hèle
zéro pointant à mi-dit.

A Teo qui, de naître,
eut l’excellente idée
et me trouva à n’être,
dessous l’ombre étoilée
de savuevoilée,
qu’un stupéfait ancêtre
à le regarder être.

NDO U V E L L E S’A B S E N C E

Cet homme serait assis dansun coin, presque invisible. Immobile
aussi, la tête entre les mains, les coudes posés sur les genoux.
On se serait inquiété de lui aubout d’un temps. On se serait
approché de lui.
J’imaginaisune hôtesse qui l’aurait remarqué. Elle aurait averti
deuxemployés qui seraientvenutrouver cet homme. Ils lui auraient
demandé s’il se sentait bien, s’il n’avait pas besoin d’aide.
L’homme n’aurait pas bronché, tout d’abord. Un des employés lui
aurait touché l’épaule et l’homme aurait levévers lui desyeux vitreux,
sans expression.
L’homme n’aurait rien réponducomme s’il ne comprenait pas.
On aurait remarqué sa tenue négligée. On ne lui aurait pasvude
bagage, hormis peut-êtreun objet curieux,un plumier de couleurs
vives. On l’aurait ouvert. Dedans touteune panoplie de feutres
surligneurs, deuxoutrois crayons,un mini carnet auxpages encore
vierges. Rien de plus.

Les idées neviennent pas de nulle part.
Voici quelques mois, surune plage anglaise, on a effectivement
trouvéun homme qui semblait avoir perdutous ses repères. Cet
homme ne parlait pas. Cependant il dessinait. On levit esquisserun
piano. Je crois me souvenir qu’il recommença plusieurs fois le même
dessin, toujours des pianos. Cette obstination conduisit ceuxqui
l’avaient recueilli à lui fournirunvrai piano et l’homme s’était mis à
en jouer. L’étrange était qu’il en jouait à la perfection. J’ignore
aujourd’hui ce qu’est devenucet homme. Les médias, que je sache,
n’en ont plus parlé.

J’ai jeté ces premières réflexions sur l’écran de mon ordinateur.
Quelques lignes à peine.
J’ysuis revenupar la suite, bien plus tard. J’avais oublié ce prurit
scripturaire.

Faire le récit d’un homme oublieuxde sa langue maternelle
m’intrigue. Je ne sais d’oùm’estvenueune idée aussi extravagante.
Quand j’étais jeune, bien avant de m’adonner avec passion aux
écrits freudiens et lacaniens –ce qui me conduisitvers l’analyse
personnelle et ensuite à la fonction de psychanalyste, je m’intéressais
quelque peuà la parapsychologie. Je lisais beaucoup de livres et de
revues sur ce sujet. J’étais évidemment tombé sur des articles

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NO U V E L L E SD’A B S E N C E

racontant des cas étranges dits dexénoglossie,soit cette faculté
qu’auraient certaines personnes à parler tout à coupune langue
inconnue d’elles-mêmes ouencore à comprendre des langues qu’elles
n’auraient jamais étudiées par le passé. Une sorte de traumatisme bien
étonnant et éminemment lourd d’affects en serait la cause.
J’ignore, bien évidemment, si les cas répertoriés dans ce genre de
littérature sont des réalités cliniques et objectivables. La pensée que
cela puisse être, je l’avoue, me plait, me laisse rêveur en fait. J’ai
oublié tous les récits qui en faisaient état ainsi que ce qu’ils étaient
censés prouver auxlecteurs. Me restent seulement la mémoire de leur
existence comme écrits et mon intérêt non dissimulé pour ce genre de
thème.
Cet intérêt ne m’a pas poussé à investiguer plus avant,voire, qui
sait, à en faireun fil conducteur de ma propre existence quoi que, ày
bien repenser, ce n’est pas si sûr que cela. J’avoue cependant que
durant mes études de psychologie j’avais introduitune demande en
vue de faire mon mémoire de fin d’étude sur le thème de la
parapsychologie. J’ai, depuis lors, oublié ce que jevoulais étudier en
particulier. Quoi qu’il en soit ce choixm’a été refusé car trop éloigné
duchamp des disciplinesuniversitaires traditionnelles. Qu’en serait
devenue mavie professionnelle si l’on avait accepté mon
inclination de l’époque ? Mystère !

De ce souvenir de ma jeunesse estudiantine, il me resteun goût
prononcé pour l’apprentissage des langues étrangères. Plus qu’un goût,
une énigme.
En effet qu’est-ce qu’apprendreune langue étrangère ?
Qu’appellet-on le goût des langues ?
Dansun livre précédent (L’arbre effeuillé et autres brindilles) j’en
avais présenté quelques traits saillants et éminemment personnels en
indiquant, d’une façon allusive, que mon attrait pour les langues
étrangères tenait pourune bonne part à ma double origine linguistique
belge (francophone) par ma mère et italienne par mon père. Ce tissu
linguistique m’offrait sans aucun doute toutun champ à la fois
symbolique et imaginaire propice audéploiement de mes escapades
identificatoires pour ne citer qu’elles.
Cependant jamais je n’ai eula prétention de croire que j’étais,
comme l’on dit, parfaitement polyglotte, bilingue en la circonstance.
Loin s’en faut. Je me suis mis à la languqe italienne –u’on ne

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NO U V E L L E SD’A B S E N C E

pratiquait plus d’ailleurs dans ma famille– qu’aprèsun premier
voyage en Italievers l’âge de dixans.
Sans doute en avais-je éprouvé commeune gêne qui n’était pas
sans rapport avec mon patronyme, italien bien évidemment, dans la
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mesure oùla conna

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