On l appellera Téhie
220 pages
Français

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On l'appellera Téhie , livre ebook

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Description

Dans la nuit du 25 septembre 1992, un vieux liberty-ship datant de la seconde Guerre Mondiale quitte discrètement un port d’Afrique de l’Ouest. Il emporte dans ses soutes une cargaison de mangues à destination de New York. Mais ce que l’équipage ignore alors, c’est qu’il n’y a pas que des containers de fruits dans les cales … cinq passagers clandestins essayent tant bien que mal de survivre, cachés au fond d’un ballast désaffecté !
Seul rescapé de l’escale new-yorkaise, un homme s’apprête à affronter l’enfer sans savoir si le voyage qui s’annonce le ramènera sain et sauf dans son village. Et cet homme n’est autre que Seydou, le grand-père d’Amina. Il ne le sait pas encore, mais pour tous, il est déjà mort ! Il s’est noyé au large de la Capitale, une semaine très exactement avant son départ pour le voyage le plus extraordinaire et le plus dangereux jamais imaginé par Aboubacar, le marabout : le voyage au bout du monde !
Un destin qui en rappelle étrangement un autre … mais était-ce réellement une coïncidence ?
Le destin, encore lui, qui à la veille du nouveau millénaire qui s’annonce, vient de réunir Jean l’astronaute maudit et Amina la jeune surdouée.
Mais cette terre d’Afrique n’est pas un territoire comme les autres. Ici, l’esprit et les croyances ne connaissent pas de limite.
Tel ce puissant marabout qui éprouve un besoin irrépressible de se soumettre à une analyse, ou ce prêtre missionnaire qui au nom d’un œcuménisme universel prêche indifféremment à l’église et à la mosquée, ou encore ce pilote russe déserteur qui cache au cœur de la forêt tropicale le prototype de l’avion le plus secret de la guerre froide.
Alors qu’ils se croyaient perdus, la magie de l’Afrique les mènera vers la lumière …

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312049229
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

On l’appellera Téhie
Christian Sournia
On l’appellera Téhie
Roman
Tome II – Vers la lumière
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04922-9
Chapitre 1 D ANS MES BRAS !
Les premiers rayons de soleil commençaient à peine à se frayer un chemin à travers le feuillage dense de la forêt. Un jeu de lumière erratique se mettait en place lentement, déformant les ombres à l’extrême. Les bruits de la nuit s’étaient tus. D’autres, encore hésitants, les remplaçaient progressivement. Combien j’aimais cette ambiance si particulière ! C’était un peu comme si la nature effectuait ses derniers réglages avant de lancer un nouveau cycle de vie.
Ils devaient déjà être arrivés. Issa m’avait assuré qu’il ne leur faudrait pas plus d’une heure depuis la voie ferrée. Je pressais le pas. Cela ne me prit que dix minutes supplémentaires pour rejoindre la cabane. La porte n’était pas fermée, je la poussais lentement. Je suis resté ainsi dans l’encadrement le temps d’habituer mes yeux à la pénombre qui régnait dans la pièce. Il n’y avait que deux personnes à l’intérieur. Le Français me faisait face, assis de l’autre côté d’une large table en bois. La jeune fille, quant à elle, me tournait le dos…
« Bonjour, Grand-père ! Tu m’as beaucoup manqué, tu sais. »
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne fus pas surpris qu’Amina ait deviné qui se cachait derrière cette histoire de rapt.
« Bonjour, Amina ! Tu m’as beaucoup manqué, toi aussi.
– Jean, je te présente Grand-père. Grand-père, voici le Jean de ma dernière lettre. Je vois avec plaisir que tu l’as reçue à temps. »
Amina se retourna complètement avant de m’enlacer de ses longs bras minces. Je m’abstins cette fois-ci de lui faire une nouvelle remarque sur sa taille, comme quoi elle avait encore grandi. La futilité de cette phrase consacrée de notre petit rituel de retrouvaille ne s’accordait pas avec la gravité des évènements de ces derniers jours.
« Comment as-tu su, la grande, pour le faux enlèvement ?
– En fait, j’ai commencé à avoir des doutes quand leur chef a pris la décision de m’emmener avec Jean . Quel intérêt de s’encombrer d’un otage supplémentaire sans valeur marchande et au comportement plutôt envahissant ? Et puis, cinq-cents mètres avant la cabane, j’ai aperçu les premiers signes sur les arbres. Et comme tu m’avais juré que je serais la seule à pouvoir les reconnaître… »
Le Français se leva brusquement et commença à arpenter la pièce dans toute sa longueur, passablement énervé.
« Mais enfin, Téhie ! Il y a moins d’un quart d’heure tu m’expliquais qu’ils envisageaient de me décapiter si la rançon n’était pas versée dans les vingt-quatre heures et de te violer aussitôt après ! Tout ça d’après la traduction que tu avais soi-disant faite de leur conversation en dialecte. Depuis , je suis fou d’inquiétude.
– Fou d’inquiétude pour ta tête… ou pour ma virginité ? Et d’abord je ne parle pas très bien le dialecte du coin. Je n’ai compris qu’un mot sur deux. Alors, il a bien fallu combler les vides. Peut-être me suis-je laissé emporter par mon imagination…
– Amina, tu es toujours aussi insupportable ! Monsieur Jean, je vous prie de bien vouloir lui pardonner. Je ne peux malheureusement pas compléter ma phrase par l’excuse habituelle " elle ne sait pas ce qu’elle fait ", puisque comme vous avez eu l’occasion de vous en rendre compte, c’est tout le contraire. Bien, ce canular d’un goût douteux mis à part, vous avez fait bonne route ? Traverser la forêt à pied et de nuit, c’est une expérience oppressante la première fois. C’est uniquement psychologique, car il s’avère que c’est bien moins dangereux que le jour. Ah, Monsieur Jean, vous pouvez m’appeler Seydou puisque notre jeune effrontée n’a pas jugé bon d’achever les présentations. »
Le Français vint se planter à un mètre de moi, sans toutefois prendre la main que je lui tendais ostensiblement.
« Eh bien Seydou, vous me voyez quelque peu surpris que vous ayez jugé de bon goût de faire appel à des brigands pour se charger de notre accueil. Je vous assure qu’un foulard agité sur le quai d’une gare, c’est tout aussi efficace et pour tout dire, un poil moins stressant.
– Mais enfin, de quels brigands parlez-vous, Jean ? Ce n’étaient qu’une poignée de braves paysans du coin, simplement heureux de participer à une gentille blague qui les a beaucoup amusés. À l’heure qu’il est, ils sont tous déjà dans leurs champs en train de retourner la terre.
– Des paysans ? Mais… et les armes alors ?
– Factices ! Aucun d’eux n’a jamais appris dans sa vie à se servir d’une arme. Ils ont juste reçu une petite formation pour savoir la tenir à peu près correctement.
– Permettez-moi de douter encore un peu, Seydou. Leur chef savait parfaitement comment disposer ses hommes, comment les commander et son révolver à la ceinture était tout sauf un jouet. J’ai été moi-même militaire… dans une autre vie. Alors si cet homme est paysan, moi je… je reviens de Mars ! »
Mon vis-à-vis arborait désormais une mine beaucoup plus détendue. Le scénario du faux enlèvement faisait progressivement son chemin dans son esprit et je crus même déceler sur son visage l’ébauche d’un sourire.
« Heureux que le professionnalisme d’Issa vous ait impressionnés, Jean. Le contraire eut été surprenant, Issa n’est autre que le chef de la police de toute la région. N’oubliez pas que l’attaque du train a eu lieu de nuit. Ajouter à cela le stress dû à la surprise, rien d’étonnant à ce que votre lucidité ait été quelque peu altérée. Mais si vous aviez prêté attention aux autres passagers, vous auriez probablement remarqué que quelques-uns avaient du mal à cacher leur hilarité. Bon nombre ont très certainement reconnu Issa sous son déguisement de chef d’une horde de bandits sanguinaires. Et puis, que je sache, Issa n’a jamais dégainé son arme en votre présence ou menacer quiconque avec. J’ai longtemps hésité avant d’accepter sa proposition de commander cette joyeuse troupe, mais il a su me convaincre. Sans lui, aucune chance que l’attaque puisse paraître suffisamment crédible, même de nuit. Et puis il trouvait que ça rajouterait un peu de piment dans la circulation des trains. Depuis trois ans qu’il est le chef de la police, plus aucun brigand ne s’est aventuré à braquer un convoi dans son secteur.
– D’accord Grand-père, mais en dehors d’amuser tout ce petit monde avec cette joyeuse mascarade, c’était quoi l’idée ? Il y a si peu de distractions par ici que les paysans se déguisent en bandits la nuit ? J’avais prévu que nous abandonnerions discrètement le train le lendemain à l’étape suivante au moment du repos. Je savais que tu avais balisé un itinéraire depuis cette gare. Alors, pourquoi cette mise en scène ?
– Tout d’abord jeune fille, tu dois savoir que la rivière est actuellement en crue et vous auriez eu beaucoup de mal à trouver un gué pour la traverser à pied. Ensuite , Issa venait tout juste de recevoir de ses supérieurs l’ordre de vous intercepter à la gare du terminus, à cent-vingt kilomètres de là. Comme il n’était pas sûr que cet ordre n’ait pas été transmis à d’autres services, il fallait faire vite.
– Et où il est Issa maintenant, Grand-père ? J’aurais bien aimé le remercier… personnellement.
– Tu en auras l’occasion Amina, mais plus tard. À l’heure qu’il est, Issa est en train d’organiser la souricière à la gare du terminus. C’est quelqu’un de très efficace, vous n’avez aucune chance de lui échapper… enfin, si vous étiez encore à bord du train, bien évidemment. Hassan va probablement passer un sale quart d’heure, car Issa va devoir le dénoncer à ses supérieurs. Ce qui, vous en jugerez par vous-même, est le comble de l’ironie, quand on sait qu’Hassan n’est autre que… son cousin. »
Amina et Jean se figèrent avec une synchronisation quasi parfaite. Deux paires d’yeux grands ouverts me fixaient désormais. Leur air ahuri, à la limite de la caricature, réussit à m’arracher

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