Paris, un soir de pluie
46 pages
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Paris, un soir de pluie , livre ebook

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Description

Paris, un soir de pluie est un recueil de nouvelles. Chaque nouvelle correspond à un portrait bien précis. Le courage et d'autres qualités sont mises en exergue.

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312006055
Langue Français

Extrait

Paris, un soir de pluie
Clémentine Séverin



Paris, un soir de pluie















LES ÉDITIONS DU NET
70, Quai Dion Bouton – 92800 Puteaux
Du même auteur



Sans visage et sans nom , Atelier de Presse, 2007 (épuisé)

La convocation , Éditions l’Harmattan, 2009

Sombres miroirs , Éditions La plume noire, 2010

Le fauteuil vide , Éditions Mon Petit Éditeur, 2010

Justin le petit malin , Éditions Mon Petit Éditeur, 2010


















© Les Editions du Net 2011
ISBN : 978-2-312-00605-5
À Alexandre,
Marguerite et Alice
Cas de conscience
Marie Guillet, assistante sociale, travaille depuis de nombreuses années dans une Université parisienne.
Elle est très expérimentée. Personne ne le conteste. Bien au contraire.
Elle a été nommée, en janvier dernier, au grade de Chevalier de l’ordre et a été décorée des Palmes académiques. Elle a reçu cette distinction, lors d’une cérémonie organisée pour les vœux de la nouvelle année.
Cette cérémonie s’est tenue en présence de nombreuses personnalités de l’enseignement supérieur : Recteur de l’Académie, Chancelier de son Université, Directeur du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires. Ce grand honneur l’a plongée dans un immense bonheur, pendant des jours.
Ce matin, trois mois après cette cérémonie, Marie est fatiguée. Le visage raviné par le tourment, les yeux cernés, il lui est impossible de masquer sa nuit d’insomnie. Elle a peur. Le tourment la torture.
Elle ne remet pas en question sa conscience professionnelle, mais sa tête.
Marie, seule, devant son café froid, dans la cuisine, se demande, si elle a toute sa tête. Ne souffrirait-elle pas d’une de ces nouvelles maladies au diagnostic épouvantable et aux symptômes sans pitié : perte de mémoire, dégénérescence des neurones, de la myéline ? Dégénérescence précoce. Très précoce, se dit-elle. Cinquante et quelques années, c’est tôt. Elle frappe sa tête de sa main gauche.
Elle tient sa tasse en porcelaine de Saxe, de l’autre main. Elle ne peut pas boire ce café qui lui paraît fade. Elle a la nausée.
Elle se lève et entre dans son bureau. Un petit bureau à côté du salon. Elle s’assoit et ne comprend toujours pas. Impossible de comprendre ce qui lui arrive. Comment un tel événement, a-t-il pu se produire ? Elle qui a été décorée des Palmes académiques !
La tête, la tête, répète-t-elle en ouvrant les tiroirs de son bureau. Que cherche-t-elle ? Elle referme, d’un geste énervé, le tiroir et prend sur la chaise bleue, son sac à main à bandoulières. Elle sort, décroche son manteau marron clair, dans le couloir, éteint les lumières. Non. Elle n’oublie rien. Rien. Ferme la porte à clé de son grand appartement. Elle descend à pied, le majestueux escalier en bois d’ormeaux, recouvert d’un beau tapis rouge foncé. Le vent, la pluie, en ce matin, giflent son visage. Elle court vers le RER. Elle ne se pose plus de questions.
L’anonyme

Lundi 8 mars 2010

Chère Marie,
Je suis perplexe. Vous enverrai-je ma lettre ? Je n’en sais rien du tout. À vrai dire, je vous ai beaucoup écrit. Les lettres sont rangées dans le tiroir de mon bureau. Vais-je ranger, celle-ci parmi les autres ? Je n’en sais rien encore. Je suis arrivé à 7 heures du matin, à mon bureau. Je vais prendre mon temps pour vous écrire. Je vous attends.
Aujourd'hui sera un jour particulier, pour vous et pour moi. Vous devez l’avoir compris depuis hier soir.
Ce n’est pas pour cela que je m’illusionne. Je ne m’illusionne plus sur votre capacité à regarder autour de vous.
Vous ne voyez pas celui qui vous aime, celui qui vous admire, celui qui vous adule en silence. Vous ne connaissez pas mon bureau, en face du vôtre, dans l’Université, la plus prestigieuse de Paris. Vous n’en connaissez pas le silence. Vous ne me connaissez pas. Vous ne me regardez jamais. Vous ne levez jamais votre regard vers le mien.
Je vous attends avec impatience, chaque matin.
Je surveille l’entrée de l’Université. Mon cœur bat très fort quand votre main referme le portail. Mon regard ne cesse de vous suivre. Il vous happe. Il vous dévore, jusqu’à ce que vous refermiez la porte de votre bureau. Je rentre déçu, dans le mien. Pas un bonjour. Jamais, un sourire. Rien. Mes regards sont vains. Vaincus par votre indifférence.
J’aurais dû m’enfuir, solliciter ma mutation dans une autre administration ou simplement dans un autre service.
Impossible, chère Marie.
Je ne renoncerai jamais à cette passion. Je ne peux pas croire qu’elle soit à sens unique. Cette passion me fait vivre. Je le crois encore. Je veux le croire. Un événement, Marie, nous a déjà réunis.
Croyez en mon amour éternel.

L’anonyme.
Marie Guillet ne s’assoit pas sur les sièges du RER B, presque vides, à cette heure. Une odeur nauséabonde emplit l’espace.
Marie est impatiente de descendre à la station Port-Royal pour se diriger vers les services de l’Administration. Ne devrait-elle pas descendre à la station Denfert-Rochereau et poser des questions importantes à la guichetière ? Non ! Pas à la guichetière, mais au service des renseignements. Non ! Pas au service de renseignements. À celui du service des objets perdus.
Elle a noté l’adresse et le lieu sur son agenda noir. Le petit agenda est dans son sac à main à bandoulières. Elle ouvre le sac. Elle n’a pas oublié son agenda de poche. Elle n’a rien oublié, ce matin.
Hier soir, elle a perdu le bien de ses étudiants. Où a-t-elle oublié leurs dossiers ? Les dossiers représentent un bien précieux, se dit-elle. Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Elle ne s’imagine plus les conséquences de son oubli. Où a-t-elle oublié, la mallette qui contenait les dossiers, son agenda et d’autres documents ?
Sa mémoire se heurte à un mal de tête terrible. L’odeur du RER lui donne la nausée. La peur la torture et lui donne la nausée. La nuit d’insomnie a fragmenté sa mémoire.
La veille, elle avait rendu visite à des collègues du Centre Régional des œuvres universitaires.
Elle était repartie, tardivement, et avait hésité, dès sa sortie, sur le choix de son mode de transport. Le RER ? Le bus ? Non, pas le bus. À cette heure, il est souvent bondé. Les embouteillages freinent son allure.
Le RER était un bon choix. Elle n’arriverait pas trop tard chez elle. Elle avait dévalé l’escalier en pierre, à pied, vers les dix-sept heures trente, s’était installée sur les sièges jaunes en métal et avait sorti son livre de son sac à main. Le livre de sa collègue, acheté par Internet. Le livre s’intitule « Sombres miroirs. » Un bien sombre miroir ! Marie ne regardait pas autour d’elle. Elle s’était concentrée sur le livre, en oubliant les passagers du RER. Certains passants se perdaient en allers et venus sur le quai. D’autres étaient installés, à quelques mètres d’elle, sur les sièges de métal. Marie ne voyait rien. N’entendait rien. Elle lisait.
Le RER était entré en gare. Les portes s’étaient ouvertes. Vite, elle avait couru dans la foule et était montée dans le premier wagon. Les portes automatiques s’étaient fermées.
Marie s’était frayé une place sur la plate-forme, pas loin de la vitre. Elle avait repris la lecture des passionnantes nouvelles, écrites par sa collègue, Clémentine. Elle était descendue, à la station de Palaiseau et avait rangé son livre dans son sac à main. D’un pas rapide, elle était arrivée dans son nouvel appartement. Elle avait ouvert la porte, allumé la lampe, aéré le salon. Elle avait contemplé, un moment, le parc et cherché du regard, les oiseaux. Elle s’était retournée et avait posé son manteau et son sac à main sur une chaise du salon, en velours bleu. Elle avait pénétré dans le petit bureau, à côté du salon où son chat Willy l’attendait. Stupeur ! Elle n’avait pas son sac de travail.
Comment revoir ses dossiers pour le lendemain ? Marie était stupéfaite. Elle ne se souvenait pas où elle avait laissé son sac de travail. Un sac de cuir noir, empli de dossiers. Les dossiers des étudiants dont elle s’occupe avec une grande attention, dévotion. Elle avait saisi le téléphone. Composer le numéro de sa collègue. Son binôme. Personne n’avait répondu. Son binôme avait quitté le bureau.
Marie avait gardé son sang-froid et avait composé le numéro de portable de sa collègue binôme. Celle-ci n’était pas loin de l’Université. Une chan

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