pidaure

Num_Onevision

Description

Cinq histoires de notre temps. Des histoires vraies ou quasiment. Elles font écho aux péripéties d'Ulysse et quelques grands thèmes du théâtre grec. Quelques passerelles, en clin d'oeil, suggèrent que les principaux personnages sont enchaînés au même drame familial. Depuis la nuit des temps, se joue le même scénario: la peur et la violence des préjugés, la jalousie meurtrière, l'abandon et le méprisé d'autrui. Sans oublier la confusion des fonctionnaires de Dieu quand ils se mêlent des amours et des désirés humains.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Romans

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2012
• Nombre de lectures: 26
• EAN13: 9782296482289
• Langue: Français

Extrait

DanielCohen éditeur

www.editionsorizons.fr

Littératures,unecollection dirigée par DanielCohen

Littératuresest unecollection ouverte,toutentière,àl’écrire,
quelle qu’ensoitlaforme: roman,récit,
nouvelles,autofiction, journal;démarche éditorialeaussivieille que
l’édition elle-même.S’il estdifficile deblâmerles ténorsde
celle-ci d’avoireule goûtdesgenresqui lui ont ralliéun
large public, ilreste que, prescripteursici,concepteurs
de laformeromanesque
là,comptablesdecesprescriptionsetdeces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un degré
critique,asséché levivierdes talents.
L’approche deLittératures,chez Orizons, est
seimple — ilûtétévain de l’indiqueren d’autres temps :
publierdes auteursque leurforce personnelle, leur
attachement auxformesmultiplesdulittéraire, ont conduits
audésirde faire partagerleurexpérience intérieure.Du
texte dépouilléàl’écritporté parlesouffle de l’aventure
mentale etphysique, nous vénérons, entretousles critères
supposantdéterminerl’œuvre littéraire, lestyle.Flaubert
écrivant:«J’estime par-dessus toutd’abord lestyle, et
ensuite levrai »;plus tard, le philosopheAlain professant:
«c’est toujoursle goûtqui éclaire le jugement», lesdeux
mentors savaientavoir raisoncontre nosdépérissements.
Nousen faisonsnotrecredo.D.C.

ISBN :978-2-296-08817-7
©Orizons,Paris,2012

Épidaure

PatrickDenys

Épidaure

2012

Dans lamêmecollection

FaridAdafer,Jugement dernier,2008
MarcelBaraffe,Brume de sang,2009
Jean-PierreBarbier-Jardet,EtCætera,2009
Jean-PierreBarbier-Jardet,Amarréàuncorps-mort,2010
MichèleBayar,AliAmour,2011
Jacques-Emmanuel Bernard,Souslesoleil deJérusalem,
2010
FrançoisG. Bussac,Lesgarçons sensibles,2010
FrançoisG. Bussac,Nouvellesde larueLinné,2010
Patrick Cardon,LeGrandÉcart,2010
Bertrand duChambon,Loin deVārānasī,2008
Bertrand duChambon,Lalionne,2011
DanielCohen,Eauxdérobées,2010
MoniqueLiseCohen,Le parchemin dudésir,2009
Éric Colombo,Lamétamorphose deAiles,2011
PatrickCorneau,Îles sansocéan,2010
MauriceCouturier,Ziama,2009
OdetteDavid,LeMaître-Mot,2008
JacquelineDeClercq,LeDitd’Ariane,2008
CharlesDobzynski,lebal debaleinesetautresfictions,
2011
SergeDufoulon,LesJoursde papier,2011
TouficEl-Khoury,Beyrouth pantomime,2008
Maurice Elia,Dernier tangoà Beyrouth,2008
Raymond Espinose,Libertad,2010
Raymond Espinose,Pauline ouLa courbe duciel,2011
Jean Gillibert,Àdemi-barbares,2011
Jean Gillibert,Exils,2011
Jean Gillibert,Nunuche,suivi deLesPompesnéantes,
2011
GérardGlatt,L’ImpasseHéloïse,2009
GünterGrass,PrixNobel,La Ballerine,2011

CharlesGuerrin,La cérémonie des aveux,2009
HenriHeinemann,L’Éternité pliée,Journal,édition
intégrale. (4volumesparus sur6);L’Éternité pliée,
tomeI;La Rivière entre lesdoigts,tomeII;Graine
de lumière,tomeIII;Dialectique de l’instant,tome
IV,2011
FrançoisLabbé,LeCahier rouge,2011
DidierMansuy,Casde figures,2011
GérardMansuy,LeMerveilleux,2009
Kristina Manusardi,Au toutdébut,2011
LucetteMouline,Fauxet usage de faux,2009
LucetteMouline,Ducôté de l’ennemi,2010
LucetteMouline,Filages,2011
AnneMounic,(X)de nom etprénom inconnu,2011
LaurentPeireire,Scènesprivées,2011
RobertPoudérou,La Sanseverina,2011
GianfrancoStroppini,Leserpentde mord laqueue,2011
IlseTielsch,Plage étrangère,2011
BéatrixUlysse,L’écho ducorail perdu,2009
Antoine deVial,Deboutprèsde lamer,2009

Nosautrescollections: Profilsd’unclassique,
Cardinales,Domaine littérairesecorrèlentau substrat
littéraire.Lesautres,Philosophie –Lamain d’Athéna,
HomosexualitésetmêmeTémoins, ne peuventpasy
être étrangères.Voirnotresite (décliné en page2de
cetouvrage).

Châteauxdesable

LE MESSAGER: Remplissezdetrésors
un palais, menez untrainroyal:làoù
manque le plaisirdevivre,toutlereste,
encomparaison, nevautpasl’ombre
d’une fumée.
CRÉON:Égarementsde masagesse, ô
mortelle obstination !Voyezle même
sang produire lesmeurtriersetleurs
victimes!Ômon fils, entafleurnouvelle
fauché par un destin nouveau.Hélas!
Hélas!Tu t’esdélié de lavie etc’estma
faute.Ah, fouque j’étais,c’estmafaute.
LECORYPHÉE:Hélas, il estbientard pour
voirclair, je lecrains.
Sophocle —Antigone

itôtdescendue ducar, elleaprisleraccourci de
S
lavillebasse.Enarrivantàlavilla, elleahésité
un momentdevantla clôture enboisblanc; tout
est silencieuxetles voletsfermés.Peut-êtrea-t-elle
eu tortdes’inquiéter, maislalettre deJulien était
tellementconfuse.PauvreJulien !Toutestdevenu
sicompliqué pourlui;de là às’enfermerdans
une maison glaciale, en plein hiver…Peut-être
estil préférable de ne pasbrusquerleschoses ;elle

10PATRICKDENYS

attendralafin de l’après-midi pourlui faire
lasurprise deson passage etl’inviteràdînerauKayoc.
Elle aremonté larue ducinémaet seretrouve
seulesurl’avenue qui
mèneàl’océan.Encettesaison, lesboutiques sontfermées,àsecroire dans un
décordewesternabandonnéaux ventsdudésert.
Les rafalesde noroîtfontclaquerlesdrissesdumât
dresséaupied duposte desecours.C’estlàqu’elle
avait rencontrésescousinspourlapremière fois.
Ce matin là, enarrivantà Bordeaux, elleavaiteu
commeun pressentiment.Partie d’une gare pas
comme lesautres,àlapériphérie de laville,
peutêtre disait-onalors une garesecondaire ou une
annexe, entouscas, elle l’avaitbiensenti,ce
départn’étaitpasordinaire.Un parcoursinitiatique
danslapinède, lavoie étroite etleballastensablé
entre lesdunescouvertesd’aiguillesde pin.Deux
yeuxénormes s’écarquillaient surle frontde la
micheline, elle devaitêtrerougebrique,avecdes
bandeauxivoire.Satante l’attendaitàl’arrivée,
vêtue de gris,commetouslesautresjours,
d’ailleurs.Ellecroit sesouvenirqu’elle ne l’avaitpas
embrassée;pasdansleshabitudes.Maisc’étaitle
grandbleuetelle étaitéblouie par sadécouverte
de l’océan.Sansdoutes’étaient-ellesattardées un
instanten hautdugrand escalierenrondinsqui
donnaitaccèsàlaplage.Desodeursdechaud et
de poix, desucreaussi,un méli mélo de friture
etde gaufres,avecdeseffluvesd’ambresolaire;

ÉPIDAURE

11

letumulte de lamer, levrombissement soudain
etcontinudes vagues,àperte d’horizon,avecles
sautesdeventqui faisaientclaquerce drôle de
drapeau rougeau sommetd’un grand mât. Elles
ontdescendul’escalier,« notre parasol estlà-bas,
aditlatante, prèsdumirador».Lespremières
vagues, lebonheurdesentirlesablechaudsous
lespiedsnus…Deuxenfantsontcouruàleur
rencontre, l’un d’eux tenait une pelle et unsceau.
«C’estça, mescousins? »Elleadûdire quelque
chosecommeça.Alors,
ilyaeulagifle.Imprévisible etbrûlante. «C’estcommeçaquetamère
t’a apprisàdirebonjour? ».SoncousinJulien lui
tendaitlesbras«Jete prête mapelle, onvafaire
unchâteau».
Ellearrivaitlàpourles vacances ;en fait, elle
venaitd’entrerdans sanouvelle famille.Ilavait
dû se passerquelque-chose,c’étaitcommeune
pesanteurdiffuse; samère était restéeà
ClermontFerrand oùelleshabitaientalorsmaiselleavait
compris,àmotscouverts, qu’elle nes’occuperait
plusd’elle, qu’elle ne le devraitplus, qu’il ne fallait
plusen parler.
Ce jour- là, ilsavaientbâtiavec Julien, leur
premierchâteaudesable.Un
petitblondteigneuxlesavait rejointspourle plaisirde piétiner
l’ouvrage. «Laisse doncjouer ton frère »,avait
hurlétanteAline;etc’estainsi qu’elleavaitfaitla
connaissance d’Arnaud, l’aîné descousins.

12PATRICKDENYS

Lesimagesluireviennentenvrac,comme
des séquencesdevie qu’elleauraitfilméesdansle
désordre,sansjamaislesmonter.Lasalleàmanger
de lavilla,austèrecommeun parloir ;çaempeste
l’encaustique.Ilyauntaureauenbronzesurle
buffet.Ilsaimeraientyjouer, lesjoursde pluie,
maisl’accèsleu