Road Movie
334 pages
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Road Movie , livre ebook

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Description

Sur un coup de tête, Eddie, sa copine Jamie et la jeune cousine de celle-ci Peggy quittent leur petite ville de Tuscaloosa, en Alabama, et s’embarquent dans une folle épopée jusqu’à New York. Peggy, passionnée de photo, les a en effet convaincus d’aller admirer le célèbre cliché de Walker Evans The Drish House pris lors de la Grande Dépression Mais l’aventure tourne rapidement au drame, et Eddie et Peggy sont obligés de quitter au plus vite la Grosse Pomme. Ni une ni deux, Eddie prend la décision de s’enfuir vers l’Ouest mythique. Les miles défilent et au milieu de nulle part, à Jefferson, Iowa, ils se posent dans un vieux motel. Là le patron les prend sous son aile et leur propose de les planquer quelque temps en les faisant passer pour son neveu et sa femme. Le couple s’acclimate si bien qu’il reprend les rênes du vieux motel et en fait une affaire prospère. Cependant, le destin ne tarde pas à les rattraper et une fois de plus, Eddie et Peggy, accompagnés de la petite Jamie-Cathy, sont contraints de prendre de nouveau la route : direction le Canada !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414315390
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-31540-6

© Edilivre, 2019
Chapitre 1
Le Blaupunkt égrène une chanson douce, un air connu au titre sibyllin : Celle qui fuit et celle qui reste , la Chevrolet Impala roule doucement et cherche son chemin dans les rues sombres de Tuscaloosa. Soudain à droite une rue, Eddie veut s’y engager mais à son entrée un panneau Sauf riverains en défend le passage.
– Tu n’auras qu’à prendre la suivante, claironne Jamie. Brusquement une ombre surgit à quelques pas devant sur le passage piéton, une fille apparaît dans les phares, Jamie crie :
– C’est Peggy, freine ! Qu’est ce qu’elle fait à cette heure de la nuit à mâcher la poussière ?
Cette expression que Jamie a ramenée du Texas semble signifier, traîner ses savates en errant lamentablement. Jamie appelle par la fenêtre :
– Peggy vient avec nous, on va se payer une toile, ensuite on ira casser une croûte !
Eddie s’inquiète :
– Eh, Jamie, tu ne connais pas la loi, cette gamine doit avoir tout juste quinze ans, je ne veux pas être accusé de détournement de mineure.
– T’inquiète pas mon gros, j’en prends la responsabilité, Peggy est ma cousine.
– Ok !
Peggy monte à l’arrière de la décapotable et demande :
– Quel film allez-vous voir ?
– La Succession le dernier Coppola, après on ira manger un hot-dog au Petit Pays.
Jamie s’en mêle :
– Non, on mangera végétarien, c’est meilleur pour ta ligne, fais moi confiance pour cela, on ira a la Rhubarbe, c’est un bistrot a la mode, celui qu’ils ont repeint en rouge, il y a quelque temps.
Peggy s’écrie :
– Ah oui, le rouge vif de la façade de la Rhubarbe.
Le film est chouette, avec toujours ces clins d’œil du cinéphile d’exception, aux chefs d’œuvre d’antan. Et dans celui-ci, il y a un hommage appuyé à Chaplin. On se rappelle de ce Charlot en butte au froid, à la faim, à la solitude et au dénuement le plus extrême dans le Grand Nord américain. La danse des petits pains revisitée par Coppola est devenue la danse de l’araignée, deux mygales maniées du bout de leurs fils par un artiste transformé en marionnettiste impromptu. Sublime Coppola qui par cette parodie ridicule, nous fait revivre un Charlot affamé au Klondike, qui au lieu de se précipiter pour avaler ces deux petits pains volés sans doute à plus misérable que lui, va leur donner une certaine considération en les transformant du bout de ses fourchettes en deux poupées animées dans une sarabande hilarante. C’est la dignité du clochard qui va humaniser ces deux croûtons par une sorte de respect dû à des quignons qui vont lui sauver la vie.
En repartant du Drive-In, comme d’habitude, Jamie l’emporte, elle ne supporte pas la contradiction, elle ne tolère pas de ne pas être obéie, ses décisions sont des ordres, Peggy et le driver devront oublier leur fringale et la douce tentation du double-cheese-burger. Écoutez nos défaites, semblent-ils penser a l’unisson, à ce moment. Comme un baume apaisant ce renoncement humiliant, le Blaupunkt entonne le dernier tube des Stones : L’autre qu’on adorait.
Jamie et Peggy fredonnent à l’unisson ce Top Ten des années 70, tandis qu’Eddie rythme sur le volant revenu à une fonction adéquate de grosse caisse, ses doigts transformés en baguettes de batteur, un tempo digne de Keith Richards.
Tandis qu’Eddie finit son omelette, que Jamie et Peggy après une soupe aux épinards, terminent leur riz au curry, le restaurateur, si on peut donner ce titre à ce bouffeur de salade, se pavane en vantant les mérites d’une saine nourriture. Eddie s’en moque pas mal de son baratin, il aurait préféré un Chili con carne ou un large hamburger, enfin quelque chose qui lui tienne au ventre. C’est le problème avec les nanas, il faut toujours qu’elles pensent à leur ligne, lui Eddie, qu’est que cela pouvait lui faire ? Un infarctus à cinquante balais ! cela le faisait marrer, pourquoi ne pas parler de l’an deux mille, pendant qu’on y est !
– Dis donc Peggy, qu’est-ce que tu faisais dans la rue à cette heure, tu n’as pas peur du noir et tes parents ne te disent rien ?
Eddie lorgnerait bien un peu sur Peggy, un brin encore trop jeunette, jolie fille et l’air pas trop stupide, mais Jamie le tient à l’œil, elle connaît son Eddie, toujours prêt à conter fleurette au premier jupon qui passe. En prenant ce ton vaguement moralisateur, il pensait qu’il donnerait le change.
– J’étais à la maison Drish pour prendre des photos.
– Quoi cette ruine ! En quoi elle t’intéresse et qu’est que cela veut dire de prendre des photos de nuit ?
– Tu ne comprends pas, j’ai pris des photos de la maison tout au long de la journée et sous différents angles, pour essayer de retrouver l’âme de Walker.
– C’est qui Walker et que vient faire son âme là dedans ?
– Walker Evans est un des plus grands photographe des States, il a pris en photo la Drish’s House pendant la crise de 29 et cette photo qui est un chef-d’œuvre, est au Moma.
– Le Moma ?
– C’est un musée de New-York, tu ne peux pas comprendre.
Eddie est séché, cette gamine lui parle comme à un bouseux, Jamie sent qu’il vaut mieux intervenir, sinon la discussion risque de tourner vinaigre entre sa cousine et son chéri. C’est vrai qu’Eddie n’a pas beaucoup de culture, pourtant il sait vivre et la faire rire et elle, Jamie la rebelle, sait le tenir à sa botte, Eddie le dur est un toutou qui lui mange dans la main.
– Peggy est une fan de la photo, c’est bizarre pour une gamine de son âge, elle a cela dans le sang depuis toute petite, elle peut passer des heures à guetter une ombre ou refaire un cadrage, quand ce n’est pas attendre une expression sur un visage qui ne vient pas. Elle s’y connaît en plans ou angles de vue. Un jour je l’ai vue tenir la dragée haute à un vieux qui croyait la toiser avec son Nikon de prétentieux, Peggy avec son Kodak pourri lui a montré que ses photos étaient bien meilleures que les siennes.
Eddie n’a pas pas beaucoup de culture, la photo est pour lui un art sans intérêt, s’il veut se souvenir d’un paysage, il achète une carte postale, disons que c’est ce qu’il ferait s’il devait ramener un souvenir, en fait il se fiche pas mal des endroits où il passe, il ne vit pas dans le passé, c’est bon pour les vieux. Mais les manières de Peggy, cette passion saugrenue d’un gamine, cela l’intrigue et lui plaît et il se mettrait presque à l’admirer. Dans son for intérieur il se dit : « Eh Eddie tu ne vas pas tomber en pâmoison devant une petite qui a cinq ans de moins que toi. »
– Dis donc Peggy, parle-nous du Moma et de la photo.
– Mon Eddie, si tu commences à la brancher, on va y passer la nuit, le bistrot va fermer, on va aller causer dans la voiture.
Les trois jeunes retournent à l’Impala, Eddie démarre le moteur machinalement, allume le poste et se met à rouler doucement dans les rues désertes de Tuscaloosa
– Va à la maison Drish et je t’expliquerai.
Eddie la connaît cette grosse baraque qui est occupée par une secte ou une église, c’est un vieux bâtiment à colonnades au centre de Tuscaloosa. La ville n’est pas grande, en quelques minutes ils arrivent, lentement Eddie en fait le tour, la maison est au centre d’une place comme si autrefois, on avait voulu l’admirer de toutes parts.
– Le Moma est un musée de New-York, sans doute le plus grand du monde, il y a de l’art moderne, des photos, des toiles, de la sculpture, tout ce qu’il y a de plus prestigieux dans le monde de l’art s’y retrouve. Hooper, Pollock, Picasso, des peintres européens et il y a des photos d’Evans, c’est mon photographe préféré. Il a photographié « the Drish’s House » avant guerre, cette photo a été repérée par le Moma, alors tout le monde ici s’est mis à trouver cette bicoque belle qui est devenu une célébrité dans la région. Stoppe ici, on est à l’endroit où Evans a posé son trépied en 33. Sur une copie de la photo que j’ai punaisée au dessus de mon lit, il n’y a pas cette construction moderne à droite, par contre il y a une double allée plantée d’ormes qui ont dû être coupés pendant la guerre. Sur la façade un grand panneau Tuscaloosa Wrecking Co indique un récupérateur de vielle voitures, devant il y a deux vieux tacots Ford sans doute prêt à partir à la ferraille.
Eddie bien que captivé ne peut s’empêcher de dire :
– Il paraît que la maison est hantée.
– Oui, c’est la légende du nègre fou. L’Alabama était un état confédéré, esclavagisme et un vieux noir fugitif se serait réfugié dans les greniers de la maison et une nuit dans un cauchemar, il s’est mis à hurler au feu, il a réveillé tout le quartier, mais dans la nuit noire, personne ne l’a vu et c’est ainsi qu’est née la légende de la maison hantée. Quand je regarde la photo au dessus de mon lit, j’ai l’impression de voir le fantôme de ce vieux noir fou.
Quand Jamie parle et parle encore, Eddie augmente le volume de l’auto-radio, mais ce soir au contraire, au fur et à mesure que Peggy parle, Eddie baisse le son.
– En 33 l’Alabama était ruiné, le chômage était terrible, les gens crevaient de faim, le gouvernement avait envoyé des experts pour tenter de trouver des solutions et Walker Evans était l’un d’eux. Walker se fichait complètement de son boulot, ce qui l’intéressait c’était cette opportunité de saisir la misère ambiante, l’Amérique profonde que les New-yorkais ne connaissaient pas, le Sud. La Drish’s House était en ruine et Walker a su montrer par cette simple photo ce qu’était la crise. Aujourd’hui cette maison est plutôt pimpante, elle est occupée par cette école qui lui donne vie, il n’y a plus l’ambiance qu’avait pu saisir Walker, cette âme pour laquelle je passe des heures assise devant en tentant de la retrouver eti pour retrouver le nègre fou criant au feu.
Eddie est un primaire, le flot de

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