Sauvage-sauvageon
91 pages
Français

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Description

Prix Champlain, Lauréat 1984
Sauvage-Sauvageon relate la quête spirituelle d’une jeune femme à la recherche d’elle-même. Dégoûtée par la vie, elle remet en cause son existence et la relation paternelle qui a transformée la petite fille enjouée en un bourreau de sa propre vie et de celle des autres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 novembre 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896118625
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les ditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accord dans le cadre des subventions globales aux diteurs et reconnaissent l aide financi re du minist re du Patrimoine canadien (PADI et PICLO) et du minist re de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activit s d dition.
uvre sur la couverture : " Winter geese , Lida Zurawsky
Conception de la maquette couverture et mise en page : Relish Design
Catalogage avant publication de Biblioth que et Archives Canada
Primeau, Marguerite-A., 1914-
Sauvage sauvageon / Marguerite Primeau. - 2e d.
(Les crits de l Ouest)
Publ. l origine en 1984.
ISBN 2-89611-006-2
I. Titre. II. Collection.
PS8581.R546S39 2004 C843 .54 C2004-905308-6
Tous droits r serv s
Marguerite Primeau, ditions des Plaines, 2004
382, rue Deschambault
Saint-Boniface (Manitoba) R2H 0J8
D p t l gal : Biblioth que nationale du Canada,
Biblioth que provinciale du Manitoba et
Biblioth que nationale du Qu bec.
Sauvage-Sauvageon
Du m me auteur

Dans le Muskeg
Contes et sc narios
Maurice Dufault, sous-directeur
Le Totem
Ol Man, Ol Dog et l enfant et autres nouvelles
LES CRITS DE L OUEST
Sauvage-Sauvageon
roman
MARGUERITE PRIMEAU
PLAINES
Pr face
Sauvage-Sauvageon a paru pour la premi re fois en 1984. Marguerite Primeau avait d j sign deux autres romans, Dans le muskeg (Fides, 1960) et Maurice Dufault, sous-directeur (Plaines, 1983 1984), tous les deux favorablement, voire logieusement accueillis par la critique. Ainsi, lorsque Sauvage-Sauvageon a valu son auteure le prix Champlain 1986, attribu au meilleur ouvrage d expression fran aise en Am rique du Nord, on aurait pu croire que la cons cration institutionnelle m nerait une r ussite commerciale. On conviendra avec aise, cependant, que cette premi re r dition ayant lieu vingt ans plus tard, il ne s agit gu re d un succ s fulgurant. Mais tel est le statut que l Ouest francophone a tendance conf rer la litt rature des siens, du moins jusqu ici. Relativement parlant, donc, il faut reconna tre que, peu peu, Marguerite Primeau s est impos e comme l crivain contemporain le plus prolifique et important des francophonies albertaine et colombienne. (Il faut bien parler des deux francophonies puisque, originaire de St-Paul en Alberta, l auteure r side Vancouver en Colombie-Britannique depuis 1954.) En 1988, son recueil de nouvelles, Le totem, para t aux ditions des Plaines, et en 1996, son dernier recueil de nouvelles, Ol Man, Ol Dog et l enfant et autres nouvelles para t aux ditions du Bl . En 1999, Sauvage-Sauvageon para t dans sa traduction anglaise (Savage Rose, traduit par Margaret M. Wilson et publi aux ditions Ekstasis), suivi, l ann e suivante, par celle du Totem (The Totem, lui aussi, traduit par Margaret M. Wilson et publi par les ditions Ekstasis). Au moment o je r dige cette pr face, la traduction anglaise de Monsieur Dufault, sous-directeur a t entam e, la seconde dition de Ol Man, Ol Dog et l enfant et autres nouvelles est sous presse, et le milieu anticipe cette seconde dition de Sauvage-Sauvageon.
Or, si l int r t pour l uvre de Primeau est constant, sinon la hausse, cela est d non seulement la qualit de son criture, mais aussi la modernit des th matiques choisies pour chacun de ses ouvrages, surtout du point de vue de la repr sentation des femmes et du traitement de la question identitaire. Dans les ann es 1980 et 1990, la plus grande partie de la production romanesque de l Ouest prenait encore pour mod le le roman romantique d une part et, d autre part, le roman du terroir. Les textes de Primeau, en revanche et ce, d s son premier roman crit pendant les ann es 1950, mettent en sc ne des personnages f minins allant l encontre d un certain discours traditionaliste ax sur l appartenance une communaut homog ne et s dentaire o le r le des femmes soumises et passives consistait pauler les hommes dans leur vie en tant que filles ob issantes ou bien m res de famille asexu es. Sauvage-Sauvageon, notamment, exploite, entre autres, les th mes de la femme rebelle, de l errance, des contacts interculturels et du pouvoir de l imaginaire. Si l id e de la communaut et, par cons quent, les modalit s dictant l appartenance la communaut s av rent in vitablement transform es, son importance n en dispara t pas pour autant. Cela se voit dans le fait que, en faisant son propre proc s tout le long du roman, la narratrice protagoniste se juge coupable et se condamne mort. Toutefois, au d nouement, elle ne meurt pas. De quoi se sent-elle coupable ? La question est bien trop complexe pour y r pondre convenablement dans l espace dont on dispose ici, mais disons qu elle regrette fortement, entre autres, d avoir r pudi ses origines. Lorsqu elle quitte son village d enfance, c est pour ne plus y mettre les pieds, tant il voque pour elle de mauvais souvenirs. Mais en se coupant ainsi de son pass , non seulement son rapport aux bons moments et souvenirs devient probl matique, mais aussi le pr sent semble d nu de sens. Dans cette perspective, on pourrait dire que, dans ce roman, il s agit de trouver une solution au probl me qui consiste s loigner des racines sans les perdre tout fait, ainsi qu devenir autre tout en demeurant fonci rement soi.
Depuis le d but du roman, le " je narratif, tendu sur une chaise longue dans une des les de la c te du Pacifique, se rem more son pass v cu dans diff rents espaces allant de la prairie albertaine jusqu la M dit rran e. Le texte op re des va-et-vient entre l espace de l nonciation et les espaces nonc s jusqu au moment o , par la magie des paroles et de la m moire, l espace de l enfance fusionne avec celui de la narration, c est- -dire l le et l infini sur lequel elle s ouvre. Du coup, l ailleurs n est plus culpabilisant, parce qu il ne signifie plus l abandon de la premi re communaut : le sentiment indestructible de celle-ci, Maxine-Sauvage-Sauvageon le portera en elle o qu elle aille. Ainsi, la toute fin du r cit, plut t que de dispara tre dans la mer, la protagoniste " r ve , mot qui au sens tymologique signifie " vagabonder .
Pamela V. Sing, Facult St-Jean,
University of Alberta
Homme libre, toujours tu ch riras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton me
Dans le d roulement infini de sa lame ,
Et ton esprit n est pas un gouffre moins amer .
Baudelaire
Premi re partie
- 1 -
Tout est calme sur la baie. Les eaux se retirent lentement. Le l ger clapotis de la mar e remontant vers la haute mer est peine troubl par le cri du go land isol sur un tronc d arbre demi submerg . Il s envolera bient t la suite des autres pour faire, avec les traversiers, la navette entre les les. Je les retrouverai ce soir, dans ce coin de baie, striant de leurs longues ailes les reflets du soleil couchant peu peu envahis par l ombre des pins.
Le h ron est son poste. Sans son brusque coup de bec vers l eau qui fuit, l on pourrait croire un tron on de bois enfonc dans la vase, incrust d innombrables mollusques que l air frais du matin et la distance teintent de bleu.
Mon p re passait des heures l pier, attendant le moment o , sans doute d courag par le peu de p ture que lui offrait la mar e basse, l oiseau survolerait un instant de plus la masse d eau refluante avant de tourner vers la for t.
quoi songeait alors mon p re? Rien chez cet chassier au cou mince, au long bec, ne pouvait lui rappeler les modestes oiseaux de la plaine, " ceux d chez nous , comme il disait. Le bald-headed eagle du Pacifique et sa fausse calvitie n ont rien de commun avec les oies sauvages et leur sillage dans le ciel d automne de l Alberta. tait-ce leur cri m lancolique annon ant chaque ann e, au milieu des fastes de la moisson, le retour imminent de l hiver qu il entendait? Il ne l a jamais dit, et je ne lui posais pas de questions. Mais il n aimait pas voir planer au-dessus de la baie " c t oiseau d malheur , et j ai vu plus d une fois son regard se d tourner au plongeon en bolide de l aigle et sa remont e pesante vers son nid, les serres enfonc es dans la chair vivante d un saumon.
Moi, les yeux riv s sur le corps corps sinistre, je scandais les hauts et les bas d une lutte dont le d nouement ne pouvait tre que fatal. Ma respiration aussi haletante que celle du poisson suspendu dans l air, j avais l impression que je battais, moi aussi, les flancs de l oiseau jusqu ce que celui-ci, ailes noires contre le ciel bleu, e t disparu en direction de son aire.
Un jour, surprise! la victime eut raison du rapace. Et j ai vu, de mes yeux vu, un norme saumon tout argent par le soleil de midi entra ner, de minute en minute, l aigle des mers vers les profondeurs ouvertes sous lui. Ils disparurent tous deux dans un creux de vague, l oiseau et sa proie, d sormais ins parables, unis pour toujours au fond des eaux. J ai aper u le bec entrouvert de l aigle happer son tour un dernier souffle d air avant de s enfoncer dans l cume. Et j ai ri.
Sid r , peut- tre moins par le drame qui venait de se d rouler que par mon r flexe peu humain, mon p re me contemplait.
" Maxine!... Sauvageon! comment peux-tu?
Je l ai regard mon tour, l air innocent, comme si je ne comprenais pas.
Au fond de ses yeux bleu gris, l horreur a soudain fait place la piti .
Tiens! l oiseau-mouche est revenu se percher au bout de la branche morte dans le gen t en fleurs. Et je songe : n est-ce pas l ce que je suis dans cette profusion de pins, d arbrisseaux et de fleurs? Une brindille dess ch e au milieu d un monde qui foisonne?
Au feu la brindille s che!
Mon regard reste attach ce colibri qui fascinait aussi mon p re. Le coup de pinceau rouge de sa gorge flamboie chaque mouvement. Sans cesse aux aguets sur son bout de branche, il s lance illico sur l tranger qui ose s approcher de l appareil contenant le sirop nourricier. Ce sirop rouge comme sa gorge est lui, rien qu lui. Il y a droit de propri t par l usage sinon par h ritage.
Mon short rouge lui brouillait les id es car, petite intelligence, il ne sembla

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