Sous les fleurs des larmes , livre ebook

icon

43

pages

icon

Français

icon

Ebooks

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

43

pages

icon

Français

icon

Ebook

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Sarah a tout, sauf l'amour de ses parents. Son ami Cyprien la soutient quand elle craque. Sa vie file ainsi entre amitié et frustration, jusqu'au jour où Cyp' quitte la région. Sa cousine va-t-elle la tirer d'affaire avec sa bande de fêtards ? La nuit du réveillon sera décisive!
Voir icon arrow

Publié par

Nombre de lectures

236

EAN13

9782350450773

Langue

Français

Sous les fleurs, des larmes
Maïmouna KONÉ
Le jour vient de se lever. Les doux rayons du soleil s’infiltrent à travers la fenêtre entrouverte et s’accrochent aux moindres recoins de ma chambre qu’ils illuminent progressivement. Ils rendent plus vivantes et plus belles les fleurs roses peintes sur les murs impeccablement blancs. Elles ont alors l’air presque réelles. L’odeur des succulents petits gâteaux de Martine, la cuisinière, monte jusqu’à l’étage et vient comme me narguer.
Je sors du lit et allume la télévision. Les images que me ramène l’écran plasma n’arrivent pas à capter mon attention. Je zappe d’une chaîne à l’autre sans rien trouver d’intéressant. Tout m’ennuie. Je me lève pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. Les gardiens sont, comme à leur habitude, postés devant le grand portail en fer de notre immense maison. Le chauffeur sort déjà la voiture en attendant que je me prépare et qu’il m’emmène au lycée. Henri, le jardinier, nettoie la piscine en chantonnant, j’ai toujours envié sa joie de vivre. Plus loin, l’océan semble se réveiller aussi et ses vagues s’agitent doucement sous les coups du vent frais et matinal. Les oiseaux chantonnent joyeusement et semblent célébrer le lever du jour. C’est une journée magnifique, un tableau qu’on ne peut que contempler la joie au cœur. Mais grand Dieu, que je me sens lasse et mélancolique! Lasse et mélancolique face à toute cette beauté, lasse et mélancolique face à tout ce luxe qui m’entoure et dans lequel je vis. Ce luxe qui me répugne.
Enfin prête pour le lycée, je descends prendre mon petit déjeuner toute seule dans la salle à manger. Je n’ai pas faim. Je laisse mon regard s’attarder sur cette photo de papa, maman et moi, accrochée au mur. Elle reflète l’image de la famille parfaite, des parents parfaits. Me retenant de justesse de la briser, je la serre contre mon cœur. Mon amour pour eux est bien plus fort que ma colère. J’aimerais qu’ils soient là, j’ai tant besoin d’eux. Les coups de klaxon du chauffeur me rappellent que je risque d’être en retard si je ne sors pas maintenant. La minute d’après, nous sommes en route pour le lycée.
Célestin, mon meilleur ami, m’attend devant le portail. Il vient à ma rencontre aussitôt que la voiture se gare.
– Comment te sens-tu? me dit-il en me prenant la main.
– Comme quelqu’un dont les parents n’en ont rien à foutre et qui ont oublié une fois de plus son anniversaire. Et dire que je suis leur fille unique!
Il pose un regard compatissant sur moi et demande :
– Ils n’ont pas téléphoné?
– Non, ils n’ont même pas fait cet effort. Ils avaient promis que, cette fois, ils n’oublieraient pas. Ils avaient dit qu’on dînerait tous ensemble à la maison pour l’occasion, mais ils ne sont pas rentrés. Je les ai attendus toute la nuit en vain, des heures et des heures. Et même ce matin j’espérais encore.
– Essaie de ne plus y penser, Sarah. Regarde dans quel état ça te met.
– Et comment pourrais-je ne pas y penser, dis-moi? Ils me négligent de plus en plus et je le ressens ici dans mon cœur à chaque instant, chaque matin quand je prends le petit déjeuner toute seule à table, chaque fois que j’ai besoin de parler et qu’ils ne sont pas là. Célestin, j’ai l’air d’avoir la vie parfaite. Oui, j’ai tout ce dont peut rêver une jeune fille de mon âge, bien des gens m’envient sans s’imaginer que, dans ma vie parfaite, il y a tout sauf ce dont j’ai besoin : mes parents, leur amour... Et ça, vois-tu, je ne peux l’oublier, car c’est mon quotidien, ma réalité de tous les jours.
– Et si je te dis que j’ai une super bonne nouvelle pour toi? Une nouvelle qui, je le parie, arrivera à estomper cette tristesse que je vois dans tes petits yeux cernés, et aussi à faire disparaître cette mine affreuse que tu as ce matin, me répond Célestin, un sourire au coin des lèvres.
– J’en doute, tu sais?
À peine ai-je terminé ma phrase, qu’il m’entraîne par le bras dans la cour de l’école sans rien dire sur sa fameuse bonne nouvelle.
– C’est quoi tout ce mystère, enfin, Célestin?
– Patience, ma grande, tu vas tout de suite le savoir.
Nous arrivons devant le tableau d’affichage du lycée et il me lance :
– Voilà.
Je pose un regard perplexe sur lui.
– Voilà quoi?
– Lis le tableau, voyons!
Mes yeux s’agrandissent quand je vois mon nom inscrit en premier sur une liste qui porte l’intitulé : « Lauréats au concours littéraire “Jeune plume” au service de la lutte contre le travail des enfants».
– Oh, mon Dieu, je n’y crois pas! Pour une bonne nouvelle, c’en est vraiment une, dis-je en sautant à son cou.
La sonnerie se fait entendre et nous sommes obligés de regagner les classes.
– Rendez-vous à midi? On pourrait rentrer ensemble et se faire un aprèm de cinéma.
– C’est bien tentant, répond Célestin, mais ce que je voudrais que tu fasses et qui serait d’ailleurs mieux pour toi, c’est un bon dodo après les cours.
– Mais je ne fais jamais de sieste, moi!
– Tu as vu ta tête? Prends le temps de te reposer, de dormir un peu et je passerai vers 17 heures, OK?
– Ça marche, patron.
Nous nous quittons sur ces paroles.
Je me mets au lit assez tardivement ce soir-là. Les yeux rivés au plafond, je n’arrive toujours pas à trouver le sommeil. Je repense à la raclée que j’ai donnée au Scrabble tout à l’heure à Célestin lorsqu’il est passé me voir, et je souris.
En fait, il s’est laissé battre pour me faire plaisir. C’est le Dieu du Scrabble et personne ne le bat jamais. À part moi, bien sûr. J’en suis donc là de mes pensées lorsqu’un bruit de moteur dans le garage attire mon attention. Puis j’entends des pas se rapprocher. Ce sont mes parents, ils n’y a aucun doute. Je saute du lit et sors de ma chambre en courant. J’aperçois effectivement maman dans le couloir qui donne sur leur chambre. Le téléphone accroché à l’oreille, comme à son habitude, elle hurle et gesticule.
– Bon sang, est-ce trop vous demander de vous absenter juste une semaine? J’aurai besoin des membres les plus compétents de mon équipe avec moi pour l’organisation de ce défilé. Vous ne pouvez pas me lâcher, Charlie! C’est vrai, je suis désolée de vous demander d’interrompre vos vacances et de vous téléphoner à une heure aussi tardive, mais il se passe que je n’ai pas le choix, vous êtes mon seul espoir.
– Maman?
– Tiens, salut mon ange, me lance-t-elle, tu ne dors pas? Je suis en pleine conversation. On se reparle tout à l’heure, tu veux? me dit-elle l’air de rien, puis elle reprend sa conversation.
– Je vous promets que vous serez dignement récompensé de ce sacrifice. Charlie? Vous êtes toujours là? Charlie...
Elle se tourne vers moi et me dit les yeux grands ouverts d’étonnement:
– Je rêve ou quoi? Il a raccroché. Il m’a raccroché au nez, tu te rends compte? Eh bien, il peut se trouver un autre boulot, ce vieil ingrat. Il y a des millions de personnes qui rêvent de travailler pour moi et je n’aurai aucun mal à le remplacer.
Sur ce, elle entre comme une furie dans sa chambre et claque la porte si fort qu’elle me fait sursauter.
Je descends les escaliers et gagne le salon. Papa est en train d’y boire du vin, affalé dans un fauteuil. Il y a un papier devant lui, qu’il fixe d’un air dur, comme s’il s’attendait à ce que celui-ci prenne feu.
Je demande en m’approchant de lui :
– Papa, tout va bien?
– Re-fu-sé, articule-t-il en brandissant pour toute réponse le fameux papier sous mon nez. Tu peux croire ça? poursuit-il. Ton père est le meilleur dans son domaine et on lui refuse ce contrat. Mais tu sais quoi? Ça ne va pas se passer comme cela. Dès demain cette bande de...
Je ne perçois pas très bien son dernier mot qu’il a comme emprisonné entre ses dents, juste à temps pour empêcher qu’il ne s’échappe de sa bouche.
– En tout cas, ils m’entendront et me diront la raison de ce refus. Quant à toi, tu devrais monter te coucher. On se verra demain, dit-il en se servant un dernier verre.
De retour dans ma chambre, je suis sidérée par l’égoïsme de mes parents. En fait, dans leur vie, il n’y en a que pour eux, leur petite personne et leur boulot. Il n’y a de place pour rien d’autre. Moi qui m’attendais à des excuses, des

Voir icon more
Alternate Text