Taïnos
146 pages
Français

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Description

Dans une petite cité de province en République Dominicaine, un drame fratricide millénaire se déroule de nos jours dans la plus grande indifférence tant il est devenu banal que l’on s’entretue dans les banlieues. Ici ou ailleurs il existe au regard du plus grand nombre deux types de lois. D’un côté celles appliquées par le système judiciaire selon un code de procédures, de l’autre celles de la cité qui nous apparaissent comme des lois issues d’un droit naturel. À cette confrontation des oppositions, s’ajoutent celles qui régissent le droit de la collectivité dont s’emparent généralement les média et celle de la sphère privée représentée par les intérêts d’une famille. Ainsi, c’est toujours parce que l’on estime être dans son bon droit que dans certains milieux l’on choisit de faire justice soi-même. L’expérience nous prouve pourtant que la révolte qui s’est nourrie de la haine, même pour de bonnes raisons, est le plus souvent vouée à l’échec.

Informations

Publié par
Date de parution 24 septembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312069067
Langue Français

Extrait

Taïnos
Hilaire de l’Orne
Taïnos
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur :
Aux éditions du Net
L’Exilé Volontaire tome I, « Convictions et Circonstances ».
L’Exilé Volontaire tome II , « Les Fiancées du Ministre ».
L’Exilé Volontaire tome III , « La Résurrection du Réel ».
Les Baladines Malgaches .
Les Colères d’Hippocrate .
Nota : Toutes les valeurs exprimées en chiffres dans ce livre sont des valeurs réelles, vérifiées et vérifiables.
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06906-7
Avertissement
Ce roman est une œuvre d’imagination, qui ne saurait être considérée comme une source d’informations infaillibles. Tous les lieux décrits dans cet ouvrage sont réels, certaines situations et événements le sont aussi. Les personnages choisis dans cette intrigue demeurent néanmoins fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, existantes, ou ayant existé, ne serait bien sûr, que pure coïncidence.
H. De L’O.
Introduction
Depuis les époques les plus reculées, des écrivains classiques au talent immense se sont essayés à la création de leur propre Antigone .
De Sophocle à Ost en passant par Cocteau , Anouilh , Brecht , Bauchau , Garnier , de Rotrou ou Alfieri pour ne citer que les principaux, ils nous ont offert au travers de leurs pièces et de leurs romans, leur vision d’une certaine pureté contre les mensonges des hommes. Une révolte de l’âme contre la vie. Cette figure imposée de la littérature nous propose des personnages plongés dans une situation défendant des opinions légitimes, les amenant à mutuellement se détruire.
L’aspect tragique de cette situation est renforcé par le fait que les points de vue des personnages sont à la fois défendables, bien qu’opposés et irréconciliables, suivant tous une voie privée d’intentions raisonnables. Cette histoire est celle de la révolte du droit naturel contre le droit social sur un fond d’hypocrisie, d’égoïsme et d’orgueil, en fait cette histoire aurait très bien pu nous arriver à nous aussi.
Hilaire de l’Orne
1
Pour lui, « trop n’était jamais suffisant ! ».
Abel avait entendu son père rabâcher cette expression depuis son plus jeune âge. Le vieux la servait à son entourage cent fois par jour, histoire de motiver ses troupes. Les jours de grande insatisfaction, il ajoutait : « vous me devez bien plus que la peur, vous me devez l’obsession du malheur ! » . Il estimait sans doute avec juste raison, que nous vivions une époque ni sage ni sauvage, juste barbare.
Louis avait élevé ses fils à coups de formules entre deux séances de gifles et de coups de pieds au cul afin d’être certain qu’ils deviendraient des hommes avantageusement fournis en attributs virils.
L’heure était aux explications, Abel était bien décidé à obtenir des excuses de la part de celui qui se prenait pour un chef mafieux, bien plus qu’un père. Le vieux devrait reconnaître qu’il était conscient d’avoir manipulé son fils et pris le risque de l’envoyer en prison à sa place en dissimulant de la drogue dans sa voiture.
En faisant ça, son père espérait sans doute que le statut de maire d’Abel éviterait que les flics fouillent son véhicule porteur d’un macaron officiel. Mais contrairement aux idées reçues, ils avaient osé faire leur travail consciencieusement.
Le temps de prouver son innocence et celui de vérifier son alibi, Abel avait inauguré sa première nuit de garde à vue.
Louis les avait élevés à la dure, Osner et lui. Cela faisait partie des leçons selon lui, que les plus humbles devaient connaître de manière à se faufiler sans heurts à travers l’existence lorsque l’on était pauvre, faible et noir dans une société en pleine mutation.
Contrairement à ce que pouvaient penser les bourgeois, ici l’argent faisait le bonheur des pauvres. Le vieux avait trouvé dans la profession de voleur un exutoire l’aidant à supporter la méchanceté, le désenchantement social, comme la malveillance de sa propre communauté devenue craintive et jalouse de la réussite de ses voisins. De quoi nourrir des envies de meurtre, dès votre plus jeune âge.
Dieu dont il était souvent question dans les phrases des Dominicains semblait de plus en plus distrait, évitant de se laisser toucher par la foi des hommes et les prières sincères du peu de fidèles lui accordant encore leur confiance.
Il y avait deux sortes de voleurs, ceux qui volaient pour s’enrichir et ceux qui comme son père n’avaient trouvé que ça pour donner du sens à leur vie et se vantant d’avoir braqué la petite souris dès leur première dent de lait.
Osner , incapable d’avoir ses propres rêves, avait hérité des gènes sordides de son père. Se prenant pour un enfant martyr, il compensait en s’appliquant à faire souffrir ceux de son entourage avec la ferme intention de surpasser un jour son géniteur à la tête du clan.
Maria, leur mère, incapable de théoriser ce qu’était la richesse, se contentait de veiller sur le confort du foyer et la bonne santé de sa couvée, évitant d’affronter les hommes de la maison sur les sujets qui leur étaient réservés.
L’amour qu’elle portait aux fruits de ses entrailles l’amenait souvent à pleurer en silence, redoutant de voir son mari et ses fils victimes d’un règlement de compte ou d’un braquage qui tourne mal.
Heureusement qu’il lui restait Alisson, sa petite dernière pour adoucir la violence des hommes qui n’arrivaient jamais à se contenter de ce qu’ils avaient. Avec l’âge, Maria avait acquis que ce que l’on aimait avec violence, finissait toujours par vous tuer.
Abel venait de dépasser la ville de Puerto Plata et l’entrée du résidencial de Playa Dorada alors que le crépuscule diluait les contours du paysage. La rampe des phares longue portée sur le toit de son Hummer aurait été bien utile pour distinguer les motos, les cyclistes ou les piétons circulant inconsciemment sans éclairage dans le noir. Il soupçonnait un des membres du cartel de son père de s’être servi sans vergogne parmi les accessoires de sa voiture. Il dut refaire le plein à la station-service de Montellano, car non content de lui avoir volé ses phares, on avait aussi siphonné son réservoir.
Des champs de cannes à sucre, émanait une bonne odeur de foin brûlé après qu’on eut volontairement incendié les parcelles bordant la route pour faire monter dans les tiges leur taux de sucre.
Il repartit sans perdre plus de temps et emprunta le pont de fer du bourg de Cangrejo ne tenant plus que grâce à ses innombrables couches de peinture. Abel n’aurait pas été étonné d’apprendre qu’il s’y produise une catastrophe.
Insensiblement, il accéléra pour arriver à l’heure du repas chez ses parents. Ils avaient l’habitude de dîner de bonne heure avant de faire un tour sur la plage pour sa mère, pendant que Louis, faisait la tournée des dealers et relevait ses compteurs.
À l’embranchement pour l’aéroport, la police avait dressé un barrage et vérifiait si ceux qui circulaient avec une arme dans leur véhicule étaient en règle. Ici la législation sur les armes était libérale, seuls les circonstances d’en faire usage étaient réglementées.
Puis il repartit à vive allure, conscient qu’à présent il arriverait sans doute trop tard pour arracher une explication à son père ce soir. À l’approche du quartier d’Abajo inondé par l’orage naissant, il dut faire fonctionner ses essuie-glaces. La pluie tropicale redoublait d’intensité. Les lumières de la ville étaient éteintes, les feux de signalisation avaient dû être victimes eux aussi de guetteurs qui préféraient opérer dans l’ombre.
Lorsque le choc se produisit, Abel n’eut pas le temps de réagir. Il avait heurté quelque chose ou quelqu’un sous un déluge d’eau lui masquant toute visibilité. Il poursuivit sa route sur une centaine de mètres jusqu’à trouver un endroit pour se garer. Il regarda dans son rétroviseur pour s’assurer qu’il ne risquait pas de provoquer un suraccident et fut surpris par l’absence d’attroupement où s’était produit l’impact.
Sous l’averse toujours plus intense, il descendit de son 4X4 pour se rendre rapidement sur place et constata avec surprise qu’il n’y avait rien sur la route qui témoigne d’un accident. Pas de corps blessé, pas de trace d’un engin quel qu’il soit. Il ne s’attarda pas d’avantage, revint à son véhicule et repartit à faible allure observant encore une fois dans son rétroviseur ce qui lui paraissait inexplicable.
Il était pourtant certain d’avoir provoqué un accrochage, ou pour le moins heurté quelque chose. En arrivant au domicile de ses parents, face à la petite école primaire de Charamicos, il trouva porte close. Comme il

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