Terreur sourde
43 pages
Français

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Description

Emprisonnée dans mes désirs sans jamais pouvoir les accomplir, j’ai survécu ma vie durant aux ordres de ma mère, cette femme glaciale et autoritaire. Tous la craignaient. Je ne souhaite à personne de vivre l’enfer que j’ai traversé. Même après la mort de cette mégère, sa camisole m’étouffe encore.
À l’automne de ma vie, je peine à essayer d’exister.

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029009334
Langue Français

Extrait

Terreur sourde
Anièce Pérase
Terreur sourde
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0933-4
À tous ceux qui ont cru en moi.
Préface
Chères lectrices, chers lecteurs,
Heureusement, la vie ne se déroule pas de la même façon pour tous. L’histoire que vous allez découvrir au fur et à mesure de ces pages est la mienne. Elle raconte ma naissance, ma jeunesse, mon adolescence, ma vie d’épouse, de mère et celle de veuve.
Une suite viendra peut être compléter le récit de ce semblant d’existence mais pour l’instant, parcourez ces quelques pages que j’ai écrites comme un exutoire à mes souffrances. Puissent-elles apporter soulagement à celles et ceux d’entre vous qui y reconnaîtront des similitudes avec certains fragments de leur vie.
La nature, la vie, les hommes, la force ou la faiblesse, tout cela fait de nous des sujets jetés dans une jungle où, bien sûr, le plus fort gagnera, quoi qu’il ait pu faire…
Naissance , jeunes années
Un après-midi de novembre, dans une petite chaumière des Hauts-de-France, une maman, Jacqueline, donne le jour à une merveilleuse et adorable petite fille prénommée Anièce.
Je dis « une maman » puisque neuf années plus tôt, naissait un frère, Dominique, qui était rejoint trois ans après par une petite sœur répondant au prénom de Mariette.
Me voici donc née entourée de deux « garde du corps », près d’un papa maintenant rassuré et de son épouse délivrée.
Le médecin et la sage-femme – que père n’avait pas réussi à joindre – arrivèrent après le travail, juste pour l’ouverture de la bouteille de champagne : tous trinquèrent à l’inéluctable arrivée du bébé.
Le lendemain, la vie reprit son cours, en dépit du mauvais temps : la neige n’arrêtait pas de tomber et le froid glacial persistait.
L’atmosphère commençait à peser dans la maison : les parents, épuisés par le travail auquel s’ajoutaient les pleurs incessants du nouveau-né, avaient décidé de se relayer pour le bercer. Dominique aussi prenait de son temps pour essayer de distraire Anièce. Une voisine, parfois, venait aussi aider la famille.
Un beau jour, n’y tenant plus, un rendez-vous à la maternité fut pris afin de savoir pourquoi ce bébé pleurait tant.
Après consultation et analyses, le diagnostic tomba : bébé souffrait de très douloureuses coliques. Il ne supportait pas le lait maternel. S’en suivit l’essai au lait de vache, le résultat restait identique. Donc, plus de lait. Mais comment nourrir un bébé sans lait ?
La solution fut trouvée par le gynécologue : on allait cuire des bananes à l’eau, les laisser refroidir et ensuite, les éplucher, les écraser pour faire une purée.
Je réagissais bien à cette nourriture, prenais du poids sans « repousser » ces pleurs que le gynécologue avait qualifiés de « hurlements ».
Bien sûr, l’épisode des coliques me fut rapporté par maman.
Ma venue au monde sans assistance et cette étonnante allergie alimentaire au lait de toute origine s’avèreront être comme des signes annonciateurs des combats que j’aurai à livrer tout au long de ma vie.
Maman avait-elle été heureuse de ma venue ? Et papa, mon frère, ma sœur ? Cette question cessera de hanter mon esprit le jour où ma mère me précisera sans ménagement le contexte émotionnel entourant ma venue au monde.
Aucun souvenir de ces temps-là n’est propice à la rêverie. Il me semble avoir vécu des mois, des années comme un temps perdu. Rien ne me revient à l’esprit. Cela me pèse comme un « bloc » dur, persistant et très prégnant.
Ma mémoire conserve le souvenir du déménagement que nous avons effectué lorsque j’avais quatre ans.
Je suivais péniblement le tombereau qui transportait nos modestes meubles. Dick, notre chien était attaché à l’arrière, à mes côtés. Papa chevauchait Bijou, le boulonnais du fermier chez qui il travaillait. Arrivés à notre nouvelle demeure, tout était déchargé, le chien et moi compris. Le reste de la famille s’affairait à l’intérieur.
La maison était froide, il y régnait une odeur de peinture fraîche. Les murs n’étaient pas encore tapissés mais un apprêt blanc éclairait un peu ces lieux. Des petites finitions restaient à faire, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Cela allait d’ailleurs prendre un certain temps car les parents devaient terminer les travaux des champs avant l’hiver : nature oblige !
Dominique aidait papa au jardin et terminait avec les finitions extérieures. Ils avaient commencé à monter la véranda. Les parpaings fabriqués manuellement dans des moules spéciaux, leur abimaient la peau des mains. Il fallait encore aller chercher l’eau à la pompe. Mon frère était de corvée.
Ma sœur, Mariette, s’affairait aussi à l’intérieur : peinture, tapisserie, tout le travail habituellement qualifié de féminin, lui était réservé. J’avais six ans en ce temps-là. Je restais toujours seule à la maison. Papa partait travailler tôt le matin, aux alentours de trois heures, revenait déjeuner vers douze heures, se reposait un peu puis, vers treize heures trente repartait travailler aux champs ou dans la ferme au bas de la rue. Il rentrait dîner aux alentours de dix-neuf heures et repartait à nouveau jusque vingt-deux heures environ, plus tôt l’hiver et plus tard l’été.
Maman, elle, faisait du ménage, préparait les repas et travaillait aux champs, presque tous les jours, sauf certains après-midi où elle rendait visite à ses parents. Mes frère et sœur étaient à l’école.
Le dimanche était scrupuleusement réservé à toute la famille : à treize heures, nous prenions le chemin du village et commencions par les grands-parents maternels pour finir par la grand-mère paternelle.
Papa avait treize ans quand il perdit son père qui mourut à l’âge de trente-cinq ans suite à un effondrement du sol sous ses pieds survenu alors qu’il œuvrait au fond de la mine.
En sa qualité de fils de mineur de fond, mon père dut accomplir son destin et prendre à son tour le chemin de la mine pour gagner sa vie. Sa mère s’opposa toutefois à ce qu’il descende au fond afin de lui épargner le triste sort de son père.
Après les grands-parents, c’était au tour des oncles et tantes, cousins et cousines. Tous nous recevaient chaleureusement. Nous discutions de tout et de rien. À ces moments-là, j’avais l’occasion de rire un peu avec mes cousines. La journée passait beaucoup trop vite et l’heure arrivait où il nous fallait rentrer. Au loin, la maison m’apparaissait comme un édifice doté d’une puissance maléfique invisible dont la mission était de m’attirer vers un abîme de mal-être. Une fois arrivés, chacun se consacrait à sa tâche. L’un faisait sa toilette, l’autre s’occupait du feu, un repas vite préparé par maman, les devoirs du collège de mon frère, du rangement pour ma sœur. Ensuite, une fois tout nettoyé, nous allions nous mettre au lit. Bizarrement, chez nous, on ne s’embrassait jamais…
Notre vie était programmée ainsi, comme si nous étions soumis à l’automatisme régulier d’une horloge qui égrène inexorablement et inlassablement les secondes, les minutes, les heures, sans que nous n’ayons la moindre opportunité d’y changer quelque chose, si petite, si simple ou si raisonnable soit-elle.
Tout ce temps passait, sans couleur, sans goût, sans bonheur. Il semblait un fardeau à porter, fatalement inutile, comme quelque chose de très prenant qui me fait encore mal et qui refuse de disparaître.
Maman commença à être malade. Durant ses courts séjours à l’hôpital, les tâches qui pesaient quotidiennement sur elle m’étaient dévolues : préparer les repas du père, laver le linge à la main, et réaliser d’autres petites choses que je m’appliquais à assumer. Comme à l’accoutumée, quand maman revenait, j’étais la cible de ses remontrances : linge mal repassé, vaisselle pas assez bien essuyée, maison poussiéreuse etc.… Les jours suivants, une tension quasi-permanente me donnait l’impression de toujours faire mal : normal que suite à une de ses admonestations, une tasse glisse de mes doigts. Mon sang se glace, je regarde tout de suite ma mère qui hausse les &

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