Tourbillon
342 pages
Français

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Description

... La mine catastrophée de la deuxième infirmière intrigue forte- ment Fondjô. Elle s’arrête pile, fixe les deux jeunes femmes, l’une après l’autre, dans le blanc de l’œil. Son regard est insoutenable. Elle voit, à cet instant, sortir un charriot de la chambre numéro 10. Une forme humaine, emballée de la tête au pied, y est allongée. Le sang de Fondjô se fige instantanément. Elle tend les bras vers le charriot dans un geste désespéré. Elle ouvre la bouche, mais sa gorge n’émet aucun son. Elle pivote sur elle-même et perd l’équilibre. Monsieur le Directeur Général ― il se tenait tout juste derrière elle ― réussit à prévenir la chute qui aurait pu s’avérer dangereuse. Les infirmières viennent à son secours. Fondjô a perdu connaissance...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 373
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tourbillon
Maquette& mise en page :KOUASSI K. Marc / OUATTARA Awa Suivi éditorial :OZÉ G. Roger Couverture :ARE / SILUÉ I. Kassem
e © Africa Reflets Éditions, 4 ISBN : 978-2-36997-044-6
trimestre 2018
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
CAMARA Nangala
Tourbillon
e 3 édition
Africa Reflets Éditions 01 BP 3648 Abidjan 01 E-mail : areflets.editions@gmail.com
Ne prenez donc pas la mort tant au sérieux. Ne vous ai-je pas dit que les artistes n’étaient pas du tout des gens sérieux ? C’est évident qu’un petit entretien comme ça au sujet de la mort ne plaît à personne. À moi non plus, d’ailleurs. Pas toujours. Mais aujourd’hui, cela me plaît. Et pourquoi ? Parce que mon heure est arrivée… L’heure merveilleuse du travail. Maintenant que je suis de bonne humeur. Peut-être d’une humeur quelque peu surprenante, extraordinaire, mais joyeuse. De mon humeur. Et quand je suis de cette humeur-là, tout ce qui existe, et même n’existe pas, est pour moi plein de beauté et de vie. Tout est vie. Même la mort…
Ciril KOSMAC
Du même auteur Romans (adultes) La ronde des hyènes L’autre versant La Nouvelle Conscience Dévoilement Le printemps de la liberté Zaouli Procès dans les entrailles de la terre
Romans (Jeunesse CAMARA Nangala) La poupée Le trio de choc Les filles au grand cœur Vacances mouvementées Princesse Èbla Le Messager La dernière chance Le médaillon magique Don du ciel La Belle au sac en croco
Recueils de nouvelles Histoire de fous Symphonies de l’enfer Révélation
Recueils de poésie Mélancolie Monotonie Chants incantatoires Amarres rompues
Première partie
Chapitre 1
T rois ans se sont écoulés. Trois ans que Péfi est cloué sur ce lit d’hôpital, dans l’incapacité de se mouvoir par lui-même. Trois longues années qu’il regarde ces rideaux à la propreté douteuse qui lui barrent la vue. Fondjô, son épouse, est sans nul doute lassée de demander qu’ils soient enlevés et lavés. Elle ne dit plus rien à ce sujet. Elle s’en est déjà chargée elle-même de nombreuses fois. Elle est si occupée, ces derniers temps ! Force est de reconnaître qu’elle est on ne peut plus exténuée, partagée comme elle est entre l’hôpital, son travail et l’éducation des enfants. Les garçons de salle et autres petits employés de l’hôpital promettent souvent de s’occuper des rideaux de la chambre, mais ils remettent tou-jours à demain. Ils attendent, selon toute vraisemblance, qu’on leur mouille la barbe avant de s’exécuter. La gangrène de la corruption se glisse, hélas, de façon inattendue, dans les sphères de la société les plus insoupçonnées. Peut-être en ont-ils simplement assez de le voir ! pense Péfi. Trois ans, c’est long ; c’est même affreusement long. La rumeur confuse et innombrable de la ville s’engouffre de manière brutale par la fenêtre entrouverte. Elle exacerbe la tension nerveuse de Péfi. Trois ans d’inactivité et d’immobilité. Trois ans à attendre, il n’a de cesse de se demander quoi. Peut-être la guérison. Peut-être la mort. Il est
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couché là, à l’image d’une masse inerte et inutile, le cœur en proie à une mélancolie sans égale. Péfi se voulait, au début, optimiste. Il était convaincu que ce ne serait qu’une affaire de quelques jours, tout au plus une petite semaine. Il a été, à la vérité, rarement malade. Ses parents se sont souvent félicités de ce qu’il était le plus robuste de leurs enfants. Force brute de la nature, il les a épargnés de bien des soucis, en ce qui concerne la santé. Il s’est, tout au long de son adolescence, toujours porté ainsi qu’un charme. Il jouissait tout naturellement, à l’éclosion de l’âge adulte, d’une santé de fer. Ô, tout juste de temps en temps un petit rhume, des petits riens, comme il arrive à tout être humain d’en connaître ! Hélas, cette fois-ci, la situation s’est avérée préoccupante, à mesure que passait le temps. Les semaines ont succédé aux semaines, les mois aux mois. Trois années se sont ainsi écoulées. Trois fois hélas, Péfi en est au même point. État stationnaire. Coup d’arrêt sur une carrière professionnelle exemplaire qui se déroulait sans heurt et promettait des lendemains si enchanteurs ! Coup d’arrêt sur ses projets. Les rêves ont pris du plomb dans l’aile. Coup d’arrêt, pour tout dire, sur sa vie. Il a depuis les nerfs à fleur de peau. Péfi déteste de toutes ses forces le parfum de l’infirmière au teint bizarre et aux gestes d’amazone. Cette jeune femme ne lui plaît vraiment pas. Toute sa personne lui hérisse le poil. Quelle idée de se décaper la peau ? s’indigne-t-il en son for intérieur. Surtout quand on appartient au corps médical ! Quelle idée ? Pour ressembler à quoi ? À un tigre ? À une panthère ? Péfi s’étonne qu’il se trouve des hommes pour accueillir de tels zèbres dans leurs lits ! Il est vrai que goûts et couleurs ne se discutent pas. Péfi sait, au demeurant, gré à Fondjô pour n’avoir jamais prêté attention à cette pratique dévalorisante de décapage de la peau. Il remercie le ciel d’avoir placé une femme aussi consciente et raisonnable sur le chemin de sa vie amoureuse. Fondjô tient à son teint naturel comme à la prunelle de ses yeux. Elle a toujours mis un soin particulier à choisir son savon de toilette, ses pommades et autres crèmes. Elle vise à éviter tout accident fâcheux. Rien de plus beau et de plus agréable qu’une peau noire, amou-
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