Un destin chamboulé
138 pages
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Description

Nous sommes quelques années après la Révolution française. Théophile Croissandeau, l’Abbé de l’église Saint-Michel du village de Terres-Plates exerce son sacerdoce normalement, malgré les évènements consécutifs à la Révolution. Sans que cela puisse s’expliquer, il a été complètement ignoré des autorités révolutionnaires, lui évitant ainsi les contraintes dont le clergé fait l’objet depuis la Constitution civile du clergé. Étant sans instructions de son autorité ecclésiastique, défaillante pour cause de maladie, cela lui a ainsi permis de poursuivre son activité comme si de rien n’était.
Un jour, une missive officielle lui est adressée l’informant de la venue d’un Représentant en mission, commissaire politique, envoyé extraordinaire de l’Assemblée législative, mandaté pour veiller au maintien de l’ordre et à l’application des lois dans les départements et les armées.
Se doutant qu’il devra maintenant faire face aux obligations liées à cette Constitution civile, il se résout à demander conseil au Comte, le châtelain du village chez qui il est invité régulièrement. Il entretient d’excellentes relations avec le Comte et la Comtesse qui ont toujours montré une attitude humaniste et altruiste, pratiquant un mode de vie discret et effacé vis-à-vis des autorités révolutionnaires, loin des fastes supposés de la noblesse.
Malheureusement, avec son épouse, ils ont perdu leur fille Apolline à l’âge de 15 ans de la rougeole et ne s’en sont jamais remis.
À l’occasion d’un dîner se présentant judicieusement, l’Abbé évoque auprès du Comte ce courrier laconique et reçoit ses conseils sur les conséquences éventuelles de cette visite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 janvier 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312130972
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un destin chamboulé
Daniel Coutanceau
Un destin chamboulé
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13097-2
« Pour pouvoir contempler un arc-en-ciel, il faut d’abord endurer la pluie »
Proverbe chinois
Chapitre I
Messidor, Prairial, Frimaire, Ventôse, Decadi, Sextidi, Sanculotide, ah ! mais vraiment, qu’est-ce que ça signifie ! s’écria-t-il ? Comment des gourdiflots pareils ont-ils pu inventer de telles sottises !
L’Abbé de Saint-Vincent-du-Pré ne cessait de pester de la sorte. Il ne pouvait toujours pas comprendre pourquoi tant de bouleversements ne cessaient de se produire depuis ces événements « révolutionnaires ». Encore pouvait-il concéder et assimiler qu’une certaine évolution soit nécessaire, appelée « Régénération » par certains, « Révolution » par d’autres. Mais pourquoi changer les mois et jours de l’année et surtout supprimer le dimanche, le « jour du seigneur », synonyme de repos pour beaucoup. De plus, le village de « Saint-Vincent-du-Pré », en raison de sa connotation religieuse avait été renommé en « Terres Plates » ce qui n’était vraiment pas compréhensible, plutôt dévalorisant même. A ce point que le gentilé devenant « Terreplatins et Terreplatines », était considéré comme largement péjoratif par les villageois !
Mais que vont-ils encore imaginer ces soi-disant « révolutionnaires » ! pensait-il presque tout haut.
Théophile Croissandeau avait été nommé Prieur depuis près de trois ans, en remplacement de l’austère Curé Antoine Nouvellon. Celui-ci, soudainement atteint d’une maladie inconnue et vraisemblablement incurable s’était retrouvé cloué au lit, entièrement paralysé du corps et des membres. Malgré les soins attentifs prodigués par sa fidèle gouvernante, l’évêque s’était résolu à le déplacer vers l’hospice du diocèse sans nourrir de grand espoir de guérison selon les praticiens consultés.
Notre nouveau Prieur avait bien eu connaissance de la Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790, décrétant les nouvelles dispositions imposées à l’Église et ses serviteurs. Cependant , aussi étrange que cela puisse paraître, aucune autorité supérieure n’était venue l’informer d’une modification quelconque de son statut et c’est ainsi qu’il poursuivait son sacerdoce comme d’ordinaire.
Toutefois, il se méfiait tout spécialement du Comité de surveillance révolutionnaire nouvellement créé dont le président, un dénommé Liphard Courtemanche, fieffé anticlérical se décrivant lui-même comme « curophage » lorgnant vers plus de responsabilités au sein du canton et même sûrement plus haut encore.
Notre nouveau Prieur n’avait pas encore atteint la trentaine, bien que les traits de son visage affichassent sa jeunesse encore proche, on pouvait y discerner une évidente autorité associée à une humanité qui se confirmait dans son approche et son écoute des autres. Le regard paisible de ses yeux bleus charmait ses interlocuteurs, sa voix douce, posée mais assurée imposait le respect et il savait toujours trouver les mots justes pour ses paroissiens. D’ailleurs, bien que son arrivée à la paroisse soit encore relativement récente, il avait su très rapidement se faire apprécier. Ses conseils, jugements étaient fortement estimés et sollicités. Ses sermons n’étaient jamais provocants, hostiles ou donneurs de leçons, ses fréquentes références religieuses ou historiques démontraient une culture et une érudition qui prouvaient non seulement son instruction mais aussi son humanisme. Il savait les rendre intelligibles, les adapter à l’époque présente, résolument transformée par tous ces évènements récents et les paroissiens fréquentaient assidûment l’église en très grand nombre à chaque occasion, non seulement pour la messe, mais notablement pour les écouter et s’y conformer.
Il était déjà midi et demie passé. Il avait fini de ranger ses missels destinés au catéchisme, suivi ce matin comme toujours par la quasi-totalité des enfants concernés, à part deux ou trois dont les parents désiraient s’affranchir totalement des contraintes religieuses ou craignant quelques représailles de la part des responsables du Comité révolutionnaire. Il s’apprêtait à gagner le presbytère quand il perçut le grondement approchant de la malle-charrette qui s’engageait vers la route du lac. Avec la brume qui ne s’était pas encore levée, il pouvait l’entendre mais ne la distingua seulement quand elle fut à une centaine de pieds. Elle s’arrêta devant l’Abbé et depuis sa position élevée sur le cheval de gauche, le postillon l’apostropha en lui lançant de sa voix rocailleuse :
– Hé Monsieur l’Abbé, il y a une missive pour vous ! Pas le temps de m’arrêter mais vous la donnerai à l’auberge. Dépêchez-vous, ça paraît important à ce qu’on m’a dit !
La malle-charrette reprit instantanément son chemin à destination de l’auberge des « Quatre pinsons », halte imposée, où le postillon avait ses habitudes de fréquentation, notamment pour y déguster quelque vin local accompagnant un repas frugal. Il était déjà très en retard sur l’horaire de passage habituel, devant repartir au plus vite vers la destination suivante à près d’une dizaine de lieues de là.
L’Abbé ne finit même pas de ranger ses missels, désireux de se rendre au plus vite à l’auberge, tellement impatient et surtout intrigué par ce mystérieux courrier. Il prévint rapidement sa gouvernante, Madame Champenois, qu’il devait partir en urgence et déjeunerait plus tard, ce qui provoqua la colère à peine refoulée de cette dernière car le repas était prêt depuis quelque temps.
L’auberge se trouvait à quelque distance du presbytère, demandant malgré tout une bonne demie-heure de marche.
En effet, paradoxalement, l’église et son presbytère étaient éloignés d’une demie-douzaine de lieues du village, ce qui était plutôt exceptionnel et inaccoutumé quand on sait qu’une église est toujours située au centre d’un village.
Un phénomène impondérable et effroyable en est la cause. Comme cela se produisait malheureusement trop régulièrement, une forte épidémie de peste survint en l’an 1670, décimant la quasi totalité des habitants du village de Saint-Michel. Les efforts de désinfection des maisons qui furent dispensés à l’aide de fumigation furent sans résultat. De même, à l’aide d’autres remèdes de l’époque, en brûlant des cornes de bêtes, d’ongles, de vieux cuirs de poils, d’herbes odoriférantes et même de poudre à canon, rien n’y fit, la peste était toujours présente. Pour preuve, la majorité des pauvres non contaminés rescapés qui avaient regagné leurs demeures ne purent échapper à une infection fatale.
N’étant pas en mesure d’éradiquer totalement la maladie, il fut alors décidé de brûler toutes les maisons du village, de les détruire et de les raser afin de n’en laisser aucune trace. Toutefois , nul n’osa prendre la responsabilité de mettre le feu à l’église et de l’abattre à ras de terre. Ainsi elle resta seule et isolée sans aucune habitation autour, habitée par le curé de l’époque, seul survivant de cette catastrophe.
Concomitamment, il se trouve que le village le plus proche, celui de Saint-Vincent-du-Pré distant d’à peu près cinq lieues n’avait plus d’église depuis cette épidémie de peste.
En effet, subissant les mêmes dévastations, son église fut transformée en hospice, celle-ci étant assez vaste pour y accueillir les nombreux malades.
Prenant exemple sur les moyens de protection utilisés à Londres lors de la grand peste de 1665, des braseros furent allumés autour de l’église afin de purifier l’atmosphère des miasmes de la maladie. Par malchance, un soir de vent violent, des braseros furent renversés, mettant le feu à l’église. Fort heureusement, la plupart des malades purent être sortis et évacués dans plusieurs granges, mais l’église brûla entièrement, laissant le village sans lieu de culte.
Par la force des choses, une fois l’épidémie passée, les habitants du village, sans moyens immédiats pour reconstruire une autre église, choisirent tout naturellement de fréquenter celle de Saint-Michel, malgré son éloignement.
Après sa marche rapide, inquiet de découvrir les termes de la missive, l’Abbé arriva enfin à l’auberge. La malle-charrette était arrêtée, les trois chevaux, buvant dans l’abreuvoir en bois placé sur la placette à droite de l’auberge.
Celle-ci était tenue par un couple de cultivateurs qui amélioraient ainsi leurs maigres revenus. Elle était assez renommée à la ronde car expressément recommandée par de nombreux voyageurs non seulement pour l’excellence de sa cuisine mais aussi pour son gîte confortable. Elle était même régulièrement mentionnée dans un de ces manuels de conseils aux voyageurs que consultaient les itinérants de passage aisés et amateurs de bonne chère.
L’Abbé entra dans l’auberge, lui qui ne la fréquentait jamais, d’une part n’en ayant pas la nécessité et surtout en raison d’une réputation de lieu de mauvaise vie colportée par certaines commères du village, mais qui, pour certains, restait toutefois à prouver. De nombreux habitués étaient présents et une bonne odeur de cuisine renseignait sur la qualité des mets.
La tenancière de l’auberge, Madame Tardin fut toute surprise de voir l’Abbé franchir la porte de son établissement.
– Eh bien ! Nom d’un petit bonhomme, Monsieur le Curé, on ne vous voit pas trop souvent ici, c’est-y que vous venez nous confesser ?
La surprise de la tenancière n’était pas feinte, jamais l’Abbé ou quiconque de ses prédécesseurs ne s’était hasardé à fréquenter l’auberge, ne fut-ce que pour se désaltérer pendant les chaudes journées estivales. Ce n’est pas que l’envie lui ait manqué. Il aurait pu indubitablement y rencontrer certaines de ses ouailles et apprendre ou discuter des derniers potins du village, ce qui est toujours instructif, ne serait-ce que pour étayer le contenu de ses sermons. Cependant, il redoutait surtout les potins qui n’auraient pas manqué de circuler sur ses fréquentations, en raison des caquetages sur ces rencontres féminines tarifées, qui, tout comm

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