Une bouteille jetée à la terre
159 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une bouteille jetée à la terre , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
159 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Élise Pierry aurait pu vieillir paisiblement dans la maison dont elle est propriétaire. Mais c’était sans compter sur la présence de sa locataire, Clara Xavier.
Celle-ci va, du jour au lendemain, à cause d’une bouteille retrouvée dans son jardin, faire ressurgir le passé et mettre à mal le personnage qu’Élise s’efforce d’incarner depuis des années au sein de la paroisse dont elle est un des membres les plus actifs.
L’évocation de ses années de jeunesse va fissurer l’image qu’elle a patiemment façonnée. Car quelle femme est-elle réellement ? Celle qui essaye quotidiennement de gommer son âge ou une vieille dame prête à aider son prochain ?
Clara, par sa quête obstinée de la vérité, est loin de soupçonner l’ampleur de la tempête qui gronde dans le cerveau d’Élise. Une tourmente pleine d’anciens sentiments amoureux, de jalousie et de remords.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2021
Nombre de lectures 20
EAN13 9782370117021
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE BOUTEILLE JETÉE À LA TERRE

Catherine Messy


© Éditions Hélène Jacob, 2021. Collection Littérature . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-702-1
Plus la patience est grande et plus belle est la vengeance.
Massa Bakan Diabadé
Sans la médisance, combien de personnes n’auraient rien à dire !
Jean Baptiste Blanchard
Prologue
Elle a bu ce qui lui restait de bière il y a deux jours. Elle tente de s’extirper de son fauteuil. Ses jambes ne la soutiennent plus. Elle n’a rien mangé depuis près d’une semaine et n’a absorbé aucun liquide en dehors d’un peu d’alcool, qu’elle a rationné. Une odeur d’urine et d’excréments flotte dans la pièce.
Elle se laisse glisser de son siège pour se retrouver sur la dalle cimentée. Il n’y a plus que la faible lueur d’une bougie pour l’éclairer. Elle voit mal et a laissé tomber au sol le cadre d’une photo posée sur ses genoux, ainsi qu’un petit cahier. Elle se traîne dans la quasi-obscurité de l’endroit où elle se trouve emprisonnée. Trop faible pour se tenir debout, elle se met à ramper en gémissant. Des geignements de bête blessée.
Cela fait six jours qu’elle essaie de sortir. En vain. Elle a usé ses premières forces à tambouriner, à hurler.
- À l’aide ! Je suis enfermée !
Après la stupeur, puis la colère, c’est la frayeur qui s’est emparée d’elle.
Des cris, des pleurs, des coups de poing et de pied assenés contre la porte. Le silence en guise de réponse.
L’écho de sa voix dans le vide.
- Alors ? C’est ce que tu voulais, Richard ? Tu es satisfait ? Tu l’as, ta vengeance !
Le troisième jour, elle s’est mise à converser avec René, puis Sam a fait son apparition. Elle a pu le voir assis sur le coffre, occupé à consommer de la bière.
Elle n’a, à présent, même plus la force d’écouter sa mélodie fétiche, celle qui se trouve sur la cassette d’un magnétophone posé à proximité de son siège, et qu’elle a fait tourner en boucle. La voix du chanteur lui a tenu compagnie pendant quelque temps.
Elle a réussi à atteindre la porte. Elle gît devant, inerte. On ne perçoit plus que sa faible respiration. Sa dernière plainte n’est qu’un vague murmure.
- Richard… Je t’en supplie… Aide-moi…
- 1 -
Le sol est dur, assoiffé par de nombreuses semaines sans pluie. La végétation n’offre plus au regard qu’une pelade qui recouvre çà et là une carcasse desséchée et craquelée. Seul un petit parterre fleuri réussit à subsister au milieu de la pelouse jaunie. L’herbe, ou tout du moins ce qu’il en reste, pique sous les pieds.
Pas question, cependant, d’ignorer ses potées fleuries. Clara leur permet de survivre en les arrosant quotidiennement. Certaines fleurs n’ont pas résisté, comme sa suspension de verveine bleue. Pourtant, elle est aux petits soins pour elles. Elle s’attelle à leur arrosage consciencieusement matin et soir, comme pour faire un pied de nez à cette saison estivale caniculaire qui ne semble pas vouloir prendre fin.
Elle aspire au retour de l’automne. Mais comment oser le dire à ceux qui apprécient les joies nautiques dans leurs piscines individuelles ? Ils ne comprendraient pas. Après tout, c’est l’été ! Saison maudite pour elle, qui ne supporte pas la chaleur et sent les rigoles de sueur dans son dos. L’effet d’une douche froide n’est que très temporaire. Trois mouvements, et la racine de ses cheveux est déjà moite. Des gouttelettes viennent couler dans ses yeux. Elle en arrive à ne plus pouvoir porter ses lunettes. Elle a toujours des feuilles d’essuie-tout dans ses poches pour éponger son visage et son cou. Elle n’est bien qu’à l’abri d’un ventilateur, calfeutrée derrière ses volets.
Elle se remémore la fois où elle était passée devant une vitrine de magasin après avoir fait un long trajet à pied. Pure folie que d’avoir tenté la balade ce jour-là ! Plus grande folie encore que d’avoir voulu entrer dans la boutique où une petite robe avait attiré son attention. Le vêtement avait juste les couleurs et la forme qui lui convenaient. La commerçante a vu pénétrer une femme au visage écarlate et transpirant, occupée à le tamponner à l’aide d’un petit mouchoir en papier. Une aide bien dérisoire par rapport à tout ce qu’elle devait essuyer en permanence, balayant par la même occasion le maquillage qu’elle avait consciencieusement appliqué avant de sortir. Le soulagement s’est lu sur le visage de la vendeuse quand Clara a déclaré ne rien vouloir essayer.
- La taille de la robe doit me convenir !
Ce qui s’est, par chance, avéré. Clara s’est juré de ne jamais renouveler l’expérience.
Elle rêve d’une pièce climatisée, un endroit où elle serait assurée de trouver la fraîcheur à laquelle elle aspire. Un air constamment frais qui l’envelopperait et lui permettrait de se défaire de cette humidité permanente dans laquelle elle flotte quotidiennement.
Mais voilà ! Elle a de grands principes écologiques. Serait-elle prête à les battre en brèche ? Rien que pour son confort personnel ? Pour l’instant, elle résiste. Mais elle essaie de se donner bonne conscience en se disant qu’elle le ferait aussi afin que les autres se sentent bien en sa compagnie. Car la transpiration excessive la met dans un tel état qu’elle en devient très énervée, voire agressive. Cela rendrait service à tout le monde. Bon ! Bah, pour le moment il n’y a pas de clim. Alors, cesse de rêver, maligne !
Il est tôt le matin. Elle a tiré le tuyau accroché au mur et s’apprête à en faire jaillir l’eau quand ses yeux sont attirés par un éclat lumineux à proximité du frêne pleureur. Elle s’interrompt et se dirige vers l’arbre où un enchevêtrement de plantes desséchées, de racines et de cailloux recouvre le sol. Cette partie du terrain n’a jamais été vraiment travaillée.
Clara s’attend à découvrir un gros morceau de verre. Il est assez loin et semi-enterré sous le juniperus, un arbuste volumineux très étalé. Les chats aiment s’y cacher. En écartant les branches, elle a découvert le cadre d’une vieille remorque sans fond, aux roues impeccables, ainsi qu’un amoncellement de grosses pierres qui bouchent l’ouverture d’un énorme fût métallique, si profondément enfoui que l’on n’en distingue le bord que difficilement. Elle a sélectionné quelques-uns des cailloux, mais préféré laisser les autres au ras du sol pour maintenir le récipient bouché. De toute façon, l’en extraire demanderait une force herculéenne !
La remorque trône à présent à l’ombre, et plusieurs vasques de plantes fleuries y ont été déposées sur des planches installées entre les barres du véhicule repeint en noir.
Clara est à présent à plat ventre, les bras tendus vers ce qui brille. Car il a suffi d’un rayon de soleil perdu sous l’ombrage pour venir éclairer le verre, et sa lumière est venue ricocher jusqu’à elle pour capter son regard. Elle aime ramasser toutes sortes de minéraux, ou autres échantillons de brique et de bois, dont elle agrémente un jardin en cours d’aménagement. Ça ne sera pas possible sans l’aide d’un râteau pour le dégager !
Grâce à l’outil qu’elle est allée chercher dans un abri de jardin construit peu de semaines auparavant, elle parvient à traîner l’objet de sa quête jusqu’à elle et voit alors arriver une petite bouteille sale, dans laquelle elle semble distinguer un bout de papier. Elle se saisit de sa trouvaille, un Coca d’autrefois, et décide de rentrer pour l’examiner de plus près.
- 2 -
La feuille jaunie est posée devant elle, sur la table de cuisine. Clara a réussi tant bien que mal à l’extraire du flacon. Le document, roulé tel un parchemin, est relativement bien conservé, quoique déchiré aux angles sur lesquels elle a dû tirer à l’aide d’une pince à épiler. Un bouchon l’a protégé de l’humidité. Elle découvre une écriture enfantine sur des lignes prétracées.
« le 15 septembre 1980
je m’appelle Monique Danaud. j’ai 10 ans. aujourd’hui papa nous a quittés. j’ai tout vu. »
Un message vieux de trente-cinq ans ! Une belle trouvaille ! Clara est curieuse de nature. Dans une autre vie, elle se serait bien vue détective

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents